arch/ive/ief (2000 - 2005)

Papon n'est pas Eléazar
by steph Sunday September 22, 2002 at 12:17 PM

On s'attendait à le voir sortir sur un brancard, ou dans une chaise roulante, mais c'est un nonagénaire ingambe et énergique qui a émergé des portes de la prison.

Je ne suis pas juriste, et sans doute vais-je dire des bêtises, mais, qu'on me pardonne, je ne comprends pas cette justice à géométrie variable, ce droit qui se courbe devant un complice de crimes contre l'humanité, assez chanceux et fortuné pour échapper à toute condamnation durant plus de deux décennies, puis se sauver en Suisse, enfin ne purger que le tiers de sa peine, en profitant d'un récent amendement à la loi qui accorde une suspension de peine à des condamnés "dont il est établi qu'ils sont atteints d'une pathologie engageant le pronostic vital ou que leur état de santé est durablement incompatible avec le maintien en détention".

Est-ce bien le cas de Papon ? Vous et moi pourrions en douter après avoir vu le géronte s'engouffrer sans peine à l'avant de la Safrane venue accueillir cet amnistié de luxe. - «C'est parce que vous jugez sur les apparences a expliqué, sentencieux, aux journalistes, l'un des avocats de l'inusable prévenu. Et puis, il y a les rapports des experts…»
C'est vrai, je les avais oubliés, ceux-là. J'avais mal évalué leurs prérogatives exorbitantes, plus grandes que celle du Jury populaire, et que celles du Pilate en toge, qui a dû se laver les mains, ce jour-là, de la parodie de justice à laquelle le contraignait la loi elle-même.

Je suis resté longtemps incrédule, prostré devant mon poste de télévision, aux hautes heures de la nuit... Dans un demi sommeil accablant, j'ai cru entendre une rumeur surnaturelle. Elle montait de la foule invisible des déportés qui ne revinrent jamais des camps où Papon les expédia, malades ou bien portants... Ils étaient tous là, hommes, femmes, enfants, qui avaient le tort d'être Israélites aux sinistres temps où un Préfet français sacrifiait des Juifs vivants au Moloch nazi.

C'était une psalmodie funèbre. J'avais du mal à en percevoir les paroles à cause des cris de Français d'aujourd'hui (« Salaud ! A mort, Papon !… »)... Quelque chose comme ceci : Malheur à la génération qui bafoue la justice. Ses fils, demain, condamneront le juste, broieront la face des pauvres, écraseront l'innocent. Leurs pères, privés, par leurs mauvaises actions, du droit moral de leur faire des reproches, ne pourront que pleurer en les voyant courir vers l'abîme…

Curieusement, cette foule spectrale n'a rien dit à Papon. Pas une invective, pas une malédiction n'ont franchi leurs bouches décharnées. Ces spectres aux orbites sans yeux se sont contentés de darder sur le fournisseur des Camps nazis leur regard mort, et Papon a détourné le sien, comme s'il avait compris cette condamnation, muette, terrible…

Et moi, réveillé, tremblant et suant, je me suis souvenu de l'exclamation du saint vieillard et docteur de la Loi, Eléazar, à qui l'on proposait, pour sauver sa vie, de faire semblant de manger des mets sacrifiés aux idoles : «Et quand j'échapperais pour le présent au châtiment des hommes, je n'éviterai pas, vivant ou mort, les mains du Tout-Puissant» (2e Livre des Maccabées 6, 26).

Mais Papon n'est pas Eléazar.
Sauvé, pour l'heure, du châtiment des hommes,
il ne semble pas qu'il craigne celui de D.ieu.

Trop d'honneur
by R.B. Sunday September 22, 2002 at 12:52 PM

Vous lui faites trop d'honneur, à ce vieux salaud. qu'il crève en silence n'importe où
Et mieux vaut peut-être que ce ne soit pas en prison, parce qu'on n 'aurait pas fini des lamentations indignées sur ce méchant pays qui a laissé mourir en prison un pauv'vieux type.
Enterrez-le sous le silence qu'il mérite. Et fichez la paix à Aléazar

J'irai cracher sur vos tombes
by K Monday September 23, 2002 at 11:01 AM

Toujours aussi ambigu Monsieur RB...

Papon a peut-être échappé à la justice, mais ses responsabilités dans la déportation des Juifs pendant la deuxième guerre mondiale, et dans les massacres des algériens à Paris le 17 octobre 1961, le poursuivront à jamais.

Les crimes du préfet Papon sont aussi ceux de l'Etat français.

En quoi Papon mérite-t-il le silence ?


Le sang qu'il a versé retombera sur sa maison !

Le fracas des crimes qu'il a commis contre les Algériens retentira dans toute la France !

Nous irons cracher sur sa tombe !


http://17octobre1961.free.fr/
http://www.humanite.presse.fr/journal/97/97-10/97-10-15/97-10-15-077.html
http://www.humanite.presse.fr/journal/2002/2002-07/2002-07-10/2002-07-10-037.html

Aucune ambiguité
by R.B. Monday September 23, 2002 at 01:57 PM

Parlant de Papon à tout vat, on donne à ses avocats l'occasion de dire combien son procès fut injuste et qu'ils vont en demander la révision. (Etes-vous soudr ? Ils se sont répnadus sur toutes les antennes et... personne n'a bronché !)

Les crimes de ce vieux c... sont imprescriptibles : mais lui n'est pas éternel.

Le procès qui a eu lieu, et dont on ne peut qu'espérer qu'il ne sera pas jugé digne de la révision, s'inscrit dans l'Histoire et c'est le plus important.

Pour tous ceux qui sont morts dans ces conditions ignobles - mais rappelez-vous, qui a crié son indignation à l'époque ? - il n'y a rien à faire : nous mourrons tous avec nos plaies encore béantes. Procès, repentance, indemnisation ou pas.

Oui j'affirme qu'il faut actuellement que Papon crève dans son coin (qui bien qu'il ait organisé sa faillite personnelles reste confortable) et sans publicité.

Précision
by R.B. Monday September 23, 2002 at 02:04 PM

Omis de dire ceci : je ne fais pas d'amalgame entre l'état pétainiste et la Cinquième République. Sinon, je ne vivrais pas en France et pas d'avantage en Israël, qui une fois de plus a mêlé son grain de sel à cette histoire Papon histoire de réactiver le victimisme qu'il exploite contre d'autres. Mais de que ldroit Israël serait-il porteur de la mémoire des miens et de mon pays ?