Délire sécuritaire: le droit d'asile aliéné! by mathieu Friday September 20, 2002 at 11:07 AM |
mathieu.bietlot@ulb.ac.be |
Présentation de l'atelier "Délire sécuritaire : le droit d'asile aliéné" lors de la journée de lancement du forum social de belgique
Dans le cadre de la journée de lancement du
1e Forum Social de Belgique, nous vous convions à l'atelier
DROIT D'ASILE
Délire Sécuritaire :
le droit d'asile aliéné !
De la garantie des droits de l'individu à la criminalisation des étrangers et l'institutionnalisation de la xénophobie…
Des Droits de l'Homme et de la Convention de Genève à la gestion managériale des expulsions (FIFO)…
De l'aide aux personnes en détresse à l'instrumentalisation électorale des statistiques migratoires…
D'une terre d'accueil pour les réfugiés fuyant la persécution à la Forteresse soi-disant assiégée par la misère du monde…
Sa. 21 sept 2002 – De 9h30 à 12h
Au Campus de la VUB – Auditorium Q
1050 Bruxelles, métro Delta, Bus 71
Programme:
<sum> Introduction et déconstruction des discours sécuritaires en matière d'asile, par Isabelle Stengers et An Verlinden
<sum> Témoignage de deux sans-papiers déboutés de leurs droits et " rescapés " d'un centre fermé
<sum> Libre discussion en vue de mettre en place un espace d'échange et de réflexion apte à déconstruire les discours officiels et produire des contre-arguments.
Atelier co-organisé par :
Le Collectif de Résistance aux Centres Fermés et aux Expulsions (Bruxelles) ;
Le Collectif de Résistance Au Centre Pour Etrangers (Liège) ;
De Vluchteling Aktie Comitee (Gent) ;
Les Piments Rouges ;
Kairos Europe ;
P.C.A
Optique de l'atelier :
Introduction
Bien qu'il débordera inévitablement sur des questions plus larges, cet atelier se focalisera sur le droit d'asile.
D'abord, parce que depuis la fermeture des frontières en 1974, la demande d'asile demeure la seule porte d'entrée officielle (excepté le séjour limité aux études et le regroupement familial) dans la plupart des pays européens.
Ensuite parce que les politiques en place répandent et entretiennent la confusion entre le droit d'asile et l'immigration, ce qui amène facilement à dénaturer les enjeux fondamentaux de la question.
Il importe donc de commencer par rappeler que l'asile est un droit imprescriptible de l'être humain en situation de détresse.
L' Europe Forteresse
La construction de l'Union européenne et l'instauration de la libre circulation au sein de l'Espace Schengen ont d'emblée nécessité des " mesures d'accompagnement ". Sans celles-ci, la libre circulation risquait de favoriser les trafics illégaux (drogues, armes), les réseaux mafieux, les filières d'immigration clandestine, etc. Les acteurs de la construction européenne n'ont pas manqué d'accentuer, voire de surévaluer, les menaces adjacentes à l'ouverture afin de cautionner la mise en place d'une " Europe forteresse ". Très vite, un continuum s'est établi – par transfert ou contagion d'illégalité – entre le terrorisme, la drogue, la mafia, la criminalité, la clandestinité, les étrangers (non européens) et finalement les demandeurs d'asile. Processus assez classique de criminalisation des étrangers…
Vu sous cet angle de la menace, appréhendés en termes de risques, de fraude et d'envahissement, on oublie que les demandeurs d'asile sont avant tout des êtres humains qui fuient la persécution, qui ont tout quitté dans des conditions pénibles pour trouver un refuge et un havre de paix dans nos pays. Oubliant tout cela, les politiques officielles (relayées par les médias), présentent les demandeurs d'asile comme des menaces autant pour la sécurité extérieure (terrorisme international) et intérieure (ordre public) que pour la sécurité sociale (droit au travail et à l'aide sociale). Ce qui ne manque pas de créer une situation de fausse concurrence entre les étrangers et les travailleurs ou allocataires sociaux nationaux, selon le célèbre adage du " diviser pour régner ".
Le droit d'asile aliéné
En réalité, ce sont ces politiques et discours qui créent eux-mêmes l'insécurité qu'ils prétendent combattre.
D'abord, par l'image et la définition du demandeur d'asile qu'ils véhiculent, et par les amalgames entre criminalité et immigration qu'ils entretiennent.
Ensuite, ils instaurent, dans l'esprit des citoyens, une confusion délibérée entre les notions d'" insécurité ", d'" insûreté " et d'" incertitude ". Invitant ceux-ci à traduire en terme d'insécurité leurs angoisses face à l'incertitude que leur réserve l'avenir (les règles du jeu sont de plus en plus floues) et l'insûreté où les plonge la précarité galopante (aucun choix ne peut plus être sûr, tout est précaire).
Pour les pouvoirs publics, des réponses fortes contre l'insécurité sont évidemment plus faciles à prendre, plus visibles ou spectaculaires, donc plus rentables électoralement, que des politiques qui s'attaqueraient aux causes de l'incertitude ou du malaise social…
Enfin les politiques migratoires actuelles (contrôle renforcé des frontières et d'identité, auditions bâclées, enfermement, expulsions,…) placent les demandeurs d'asile dans de telles situations d'incertitude et d'insécurité, qu'elles poussent souvent ceux-ci à " se débrouiller " selon des voies pas toujours légales, faisant ainsi le jeux des filières clandestines. On pourrait même affirmer qu'aujourd'hui la gestion restrictive de l'immigration fabrique officiellement des illégaux (dont l'exploitation en noir s'avère vitale pour certains secteurs de l'économie).
Lors de cet atelier, se confronteront deux logiques : celle de la défense des droits et prérogatives de l'Etat et celle du respect ou de la sauvegarde des droits fondamentaux de l'individu.
Face à ce processus de surévaluation de la menace et de criminalisation du demandeur d'asile afin de justifier la mise en place de dispositifs répressifs, nous voulons réaffirmer que ce sont, en réalité et avant tout, les demandeurs d'asile eux-mêmes qui sont menacés et insécurisés. Ils l'étaient déjà dans le pays qu'ils fuient, ils le redeviennent sur leur " terre d'asile "…
Pour Finir
L'objectif premier de cette séance de lancement vise à créer, au sein du Forum Social de Belgique, un espace de rencontre et d'échange entre activistes de terrain, intellectuels ou spécialistes et citoyens concernés à dessein de déconstruire les discours officiels et de produire des arguments pertinents et cohérents pour contrer ceux-ci.
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