arch/ive/ief (2000 - 2005)

REVOLUTION : émeutes ou non-violence ?
by Pauline Michel Monday September 16, 2002 at 09:56 AM
paulinem@ouvaton.org

Laissons la violence aux pouvoirs, seule une révolution intérieure peut permettre de tout changer. On ne peut pas éliminer le capitalisme et les systèmes de domination, mais on peut arriver à ne plus les soutenir en vivant autrement.

Dans les cercles du pouvoir et des médias commerciaux, on ne conçoit de révolution que violente, à coup d'émeutes, de bombes et de destructions diverses. Il n'est pas étonnant que les dominants cherchent à amalgamer systématiquement les mots révolution, violence, émeutes et terroristes. Ils veulent à la fois assimiler les révolutionnaires à des assassins et dissuader tout le monde de remettre en cause le système radicalement en laisant croire que la révolution ne peut être que sanglante, destructrice et sans issues.
Cette manipulation est renforcée par le fait que la plupart des gens qui se présentent comme révolutionnaires appellent à l'émeute, à la casse et au pillage ciblé. On peut néanmoins proposer une autre voie.

La révolution est d'abord intérieure, spirituelle même, il s'agit d'une remise en cause, complète et radicale, en nous et autour de nous, de toutes les structures de domination, de violence et de mensonge et d'auto-destruction. Ensuite, on aura deux types d'action révolutionnaire, la critique et la construction.

Il n'est pas nécessaire ni efficace de détruire des propriétés capitalistes pour montrer le néant des prétendues "sociétés" dans lesquelles nous sommes prisonniers. La critique radicale et l'appel à la dissidence peuvent très bien se faire par la parole et l'action non-violente. Le pacifisme n'est par forcément réformiste et consensuel. L'émeutier qui détruit un distributeur de billet n'est pas forcément plus révolutionnaire que celui qui s'assoit devant la banque avec une pancarte. Tout dépend de ce qu'il y a sur la pancarte... et surtout, tout dépend de comment vit la personne au quotidien.

Ensuite, la construction d'un autre monde n'a pas besoin de reconquérir des espaces publics par la force pour s'affirmer. Un monde vraiment humain se construit par la rupture avec le "système" (qui va bien au delà du capitalisme et de ses mutliples conséquences meurtrières) et la mise en place de modes de vie ensemble très différents, en se rendant capable d'aller le plus loin possible dans l'application des idées. Il ne sert à rien d'avoir des grandes idées sur l'égalité et le partage si on n'est pas capable des les vivre concrètement dès maintenant.

Etre non-violent, c'est forcément être dissident et révolutionnaire. Et une révolution ne peut réussir et durer que si elle est non-violente. Ce qui ne veut pas dire que les révolutionnaires non-violents seront épargnés par la répression policière, ni qu'ils doivent se faire réprimer sans protester. Dès qu'on formule une critique radicale et un rejet argumenté de l'ensemble du système, les chiens du pouvoirs se jettent sur vous, que vous brandissiez une banderole ou une masse. Dès que vous êtes révolutionnaire, les réformistes, ceux qui veulent améliorer le goulag par petites touches, les partis et syndicats traditionnels... risquent de vous exclure et de vous pourchasser, ils n'aiment pas que leurs illusions soient brisées.

Il ne faut pas pour autant entrer dans le jeu absurde de la violence. La violence, c'est leur terrain, leur arme, laissons là aux Etats et à leurs milices, on ne peut pas jouer avec eux sans se perdre et se détruire. Même si on n'est pas opposé à la violence par principe, on devrait y renoncer pour avoir plus de chance de mener à bien une vraie révolution.

Il ne s'agit par de renverser des pouvoirs ou de conquérir des droits, mais de supprimer, en nous et autour de nous, les fondements de ces pouvoirs et d'acquérir une liberté intérieure indomptable. L'immense majorité de la population accepte et soutient plus ou moins consciemment la servitude volontaire de ce monde à la Big Brother, et on ne peut pas supprimer le capitalisme et les Etats en s'attaquant aux structures ou à leurs représentants (quel que soit leur rang), mais en se rendant capable de se passer de leur tutelle totalitaire. En construisant collectivement une autre voie, en privant les diverses structures de domination de leurs racines, de leurs soutiens et de leur légitimité, elles disparaîtront d'elles-mêmes. Pour ça, il faudrait bien sûr que les minorités révolutionnaires, celles qui se sont transformées de l'intérieur par une vie ascétique et spirituelle, deviennent des majorités.

Pauline Michel

hmm...
by Andrew Crosby Monday September 16, 2002 at 12:39 PM
punkanarhchist@hotmail.com

Hmmm... je crois que une révolution violente sera comme même plus efficace. Comment se défendre d'une contre révolution sinon? A Paris en 1871 et en Espagne en 36 on a fait la révolution, puis en manque d'armes et tout, les contre-révolutionnaires on pus massacrer les communards et les révolutionnaires espagnols.
Je ne suis pas un violent moi, mais il faut être réaliste. Quand il faut se défendre, il faut se défendre, toi tu te fais des scrupules, mais les bâtards ils en ont rien à foutre. Alors là où il y a moyen de ne pas devoir faire la révolution violente, tant mieux, mais pour le reste si on veut supprimer et abattre le pouvoir et le capitalisme, ce n'est pas en signant des pétitions. tu dis qu'il faut sensibilité les masses, je suis d'accord car 5millons, feront une meilleur révolution que 1millon. mais aussi que comme ça après le révolution ils savent ce qu'il veulent et que personne alors leurs puisse imposer un système qu'il ne comprennent pas, comme ça ce passe de nos jours.
mais si on ne détruit pas le capitalisme et l'autorité ils renaîtrons de nouveau, alors tous nos efforts seront gaspillés.

bon je me repete,


salut

Youpie
by sasa Monday September 16, 2002 at 01:16 PM

Youpie...
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Superbe.. tendons l'autre joue. Les capitalistes finiront bien par abandonner leurs privilèges un jour, tout de même.

La violence n'est pas forcément mauvaise
by arty Monday September 16, 2002 at 01:23 PM
arty@ARTivisme.net

réflexion très intéressante sur la violence comme moyen de contestation :

http://users.skynet.be/cadtm/pages/francais/baillyviolence.htm

Vive la violence révolutionnaire
by do Monday September 16, 2002 at 02:06 PM

http://www.cs3i.fr/abonnes/do/journal/N55/16juin2001.htm#v

Propos inadéquats sur Indymedia
by Arno Monday September 16, 2002 at 04:09 PM

Pauline Michel, c'est un nom que l'on retrouve de temps en temps sur Indymedia mais aussi sur des sites politiques comme anarchy99 (qui ont fait campagne contre lui/elle)...

Lors de la première publications sur Indymedia, Pauline Michel (qui publiait alors sous le nom de David Myriam) se plaignait de la censure de Google contre son site qui mélange de façon très habile, une rhétorique politique de type révolutionnaire et des idées purement mystiques qui ne concernent en aucun cas la pression sur un système pour changer les normes sociales.
Cette ambiguïté de l'auteur lui permettait de se poser comme une victime du système. A l'époque Google avait supprimé l'accès à leur site sur une base légale (le groupe en question est considéré par l'Etat français comme une secte). Au delà de ça, une simple visite sur leur site permettait de retrouver, entre autres bondieuseries, des textes plus que "maladroits" sur une certaine éducation sexuelle pratique des enfants par des adultes.
Indymedia Belgique avait alors jugé préférable de cacher l'article pour ne pas faire une publicité pour un site dont l'ambiguïté pédophilique et les propos mystiques sur Dieu et les hommes étaient loin de convenir aux thèmes d'Indymedia qui sont la politique (sociale, économique, écologique et autres), l'information et le changement de cette politique et de cette information par des réflexions et des actions…

Un mois, plus tard, le brave David Myriam réitérait une publication sur Indymedia sous le nom de Pauline Michel et il travestissait un thème de son site (l'hermaphrodisme en l'occurrence) pour l'adapter aux ambitions égalitaires entre Hommes et Femmes véhiculées sur le site Indymedia.

Maintenant, revoici ce bon vieux David (sous le nom de Pauline) qui vient parler de révolutions non-violentes. C'est vrai que c'est troublant et presque intéressant, mais à lire ce texte de plus près, on notera encore une fois que le texte est là pour tromper le lecteur d'Indymedia. Ce n'est pas un militant politique qui l'a écrit, ni même un stratège de la révolution réussie, c'est seulement un illuminé qui souhaite que l'on se rapproche plus de Dieu pour réussir notre propre révolution, intérieur cette fois-ci.
L'auteur pense sincèrement que nous devons nous tourner vers Dieu pour trouver le bonheur social. Il n'a que faire de démonter un système qui fait que les mille participants aux World Economic Forum aient plus de voix dans l'organisation du Monde que le reste de la planète réunis. Il ne se tracasse pas non plus de l'avancée des dirigeants fascistes dans le monde et des morts qu'ils provoquent, ni de la pauvreté qu'ils imposent.

Riches, pauvres, acteurs ou non, David Myriam ne souhaite qu'une seule chose, une nouvelle forme de religion, un mysticisme qui fera « avancer » les hommes. C'est pourquoi ses propos sont inadéquats ici et d'autant plus troublants que l'auteur refuse de se révéler au grand jour pour continuer de répandre ses réflexions personnelles sur un site qui n'a aucun rapport avec des croyances personnelles.

Sa présence sur Indymedia n'est là que pour profiter de la garantie de liberté d'expression.

Personnellement, je n'ai pas envie de juger ses propos, ni le contenu du site sur lequel il travail, je pense sincèrement que la liberté de culte est nécessaire mais je pense aussi que la présence de telles contributions est malsaine et surtout inadéquate sur un site Indymedia.

De plus, je trouve le procédé plus qu'odieux. Utiliser des sites d'informations libres et à la censure contrôlée (cfr. Au travail de l'équipe édito) pour diffuser sous couvert d'anonymat des thèmes inadéquats avec une rhétorique bien étudiée pour s'adapter aux contestataires que nous sommes (par exemple, il sait très bien que citer le terme « Dieu » –très abondant sur son site- le discréditerait directement sur Indymedia).

Sur Indymedia France, la censure était directe grâce à l'absence de règle éditoriale (la réponse à l'époque était simple : « Pas de secte ! »). En Belgique, l'équipe édito doit motiver sa décision en cas de censure et elle ne peut pas se limiter à l'auteur dans sa décision. C'est pourquoi, les lecteurs doivent rester vigilant face à ce qu'ils lisent.

Je n'ai pas spécialement besoin de voir disparaître ce genre de contributions mais par-dessus tout, je souhaite que les lecteurs ne se laissent pas berner par les dires et les tentatives de manipulation de David Myriam. Je n'aurais pas envie que les règles éditoriales d'Indymedia Belgique se renforcent pour se protéger de se genre d'infiltration car je pense que la multiplications des règles et donc de la censure ne peut que rendre le site de moins en moins libre.


Ps : pour ne pas faire de publicité inutile, je me dispense de citer le nom du site incriminé.
Ps2 : Merci à Andrew Crosby et Arty pour leurs commentaires intéressants… malgré l'attitude regrettable de l'auteur originel.

Visions différentes de la révolution, de la politique...
by Pauline Michel Monday September 16, 2002 at 06:33 PM
paulinem@ouvaton.org

Pour Arno :
Je ne vois pas ce que mon texte peut avoir d'inadéquat. Il n'est pas écrit dans le règlement d'Indymedia que seuls les athées convaincus ont le droit de poster et de parler de révolution.

Chacun sa vision de la révolution, il n'y a rien de si extraordinaire à ce que je dise que la révolution collective n'est qu'une conséquence d'une révolution intérieure, et que cette révolution intérieure sera d'autant plus profonde, durable et efficace si elle est spirituelle (et donc liée à une relation directe avec Dieu). Je suis aussi un militant politique, mais je vois et je pratique les choses différemment.

Cette révolution intérieure et ses fruits sont on ne peut plus politique et sociale, et va sans doute bien plus loi que les idées préconisées par la gauche traditionnelle (sans prétention, je parle de faits). Par exemple : abolition des genres, partage du travail et de ses fruits, égalité absolue, démocratie directe à taille humaine, etc…

Ce n'est pas mépriser ou ignorer la pauvreté et les inégalités que de dire qu'un vrai changement ne peut venir que d'une révolution individuelle préalable. Je dis ça justement parce que je pense que c'est la seule manière d'en finir pour de bon avec toutes les dominations. Je suis tout autant préoccupé que vous de la montée des totalitarismes économiques et politiques, j'y répond différemment c'est tout.

Je ne vois pas ce qu'il y a d'odieux à exprimer des idées en tenant compte des diverses contraintes extérieures. Ce qui est odieux ce sont les censures arbitraires pour cause de pensée non-conforme à la doxa gauchiste traditionnelle, et ce sont ceux qui prétendent que seul un certain type de contestataire bien calibré a le droit de s'exprimer librement.

Pour les diverses accusations et déformations que vous faites (en m'identifiant à David Myriam), je pense que les lecteurs sont assez grands pour se faire une idée par eux mêmes (et me demander par mail, et/ou demander à d'autres des explications s'ils le désirent).

Pauline Michel

Vraies violences sont sans issues
by Pauline Michel Monday September 16, 2002 at 06:39 PM
paulinem@ouvaton.org

La violence est inadéquate comme moyen d'action pour 2 raisons :
- on ne peut pas, structurellement et quelles que soient les époques et le contexte social, faire disparaître un système souhaité et soutenu par une majorité des gens. Si vous faites tomber 10 têtes, il en repoussera 100. Malheureusement, même les personnes qui souffrent le plus refusent de s'engager dans une démarche révolutionnaire. Tout est lié dans cette pseudo-société : occuper certains espaces ou détruire quelques trucs ne pourra jamais atteindre l'ensemble.

- L'usage de la violence, même si elle est utilisée de manière mesurée pour une juste cause (et je suis la première à avoir envie de détruire des banques à coup de masse), a forcément à la longue un effet « contaminant » (sans parler du prétexte en or fourni aux polices pour vous éliminer du circuit). Si on utilise les mêmes moyens que les adversaires (en sachant qu'en plus les adversaires ne sont pas seulement les responsables du système, mais aussi tous les sous-fifres et ceux qui préfèrent rester peinards et profiter des quelques avantages matériels quand il y en a), on finit par devenir comme eux alors qu'en réalité l'objectif est plutôt de s'écarter à la fois de leurs méthodes et de leurs façons de penser.

Je crains que le recours à la violence puisse être pour certains une solution de facilité, qui évite de vraiment se remettre en cause personnellement (en ne tuant pas vraiment racines qui nous relient au système), qui engage dans des combats sans fin contre les molochs étatiques et multinationaux au lieu de chercher à se transformer et à construire avec d'autres.
Quand on voit l'horreur du capitalisme et la monstruosité du système totalitaire dans lequel on est obligé de vivre, il y a de quoi avoir la rage et l'envie de détruire les riches profiteurs, les patrons d'armées et leurs propriétés, mais ce n'est pas une solution. On peut utiliser sa rage et son énergie autrement que dans des combats stériles et finalement auto-destructeurs si on les pousse trop loin.

Je ne crois pas du tout qu'une quelconque révolution (qui ne répète pas très vite les structures de domination-exclusion-profit actuelles) puisse naître d'une révolte de l'une ou l'autre catégorie de population qui ne supporte plus ses conditions de vie et ne voit pas plus loin. L'idée et la pratique de la révolution sont indépendantes du groupe social auquel on appartient, c'est un choix personnel. De plus, il vise à briser toutes les barrières sociales, culturelles ou autres pour construire une solidarité planétaire. Il ne s'agit pas d'une simple révolte conjoncturelle pour réclamer des moyens de vie un peu moins indécents, il faut plutôt viser une rupture profonde avec les mentalités d'appropriation, de domination et de violence, qui permette de lutter autrement (globalement et sans violences) et de construire vraiment.

Maintenant, il faut voir aussi ce qu'on appelle violence. Ca peut dépendre du contexte et ce n'est pas la définition que peut en faire le capitalisme (pour qui une manif ou un sitting est une violence).
Le meurtre d'un humain (quel qu'il soit) est une violence inacceptable (sauf cas très particulier de légitime défense)
Une manif qui tente de bloquer temporairement l'entrée d'une banque par des moyens non-violents n'est pas un acte de violence.

C'est vrai qu'il n'y a que des cas particuliers et qu'il est difficile de faire des définitions définitives, ce qui compte c'est l'esprit général dans lequel on agit et les buts qu'on s'assigne.


Le capitalisme et les systèmes de domination renaîtront tant qu'il y aura des gens pour les soutenir (même passivement) et les faire marcher.

quelques idées sur la révolution.
by ap Monday September 16, 2002 at 09:01 PM

1) la non violence c'est la méthode coue
2) personne ne prend au sérieux les engagements revo de la thebaide qui fait sa petite op de racolage
3) la violence c'est une option parmi d'autre
4) la rebellion est l'antithèse de la révolution
l'insurrection spontannée c'est du pipeau.
5) la question revolutionnaire c'est de briser la rationnalité de l'ordre social pour le renverser en apportant par la violence l'energie suffisante et nécessaire au changement social.
6) la révolution culturelle n'a jamais montré historiquement d'efficacité.
7) techniquement et sans considération idéologiques péjorative une révolution c'est d'abord un coup d'etat, la conquète d'un centre de controle.
8) il serait bon que nos camarades releguent leur antimilitarisme, idealement légitime peut être, mais pragmatiquement desastreux, pour s'interesser de près aux techniques, doctrines, et technologies militaires...
il n'est pas sans doute judicieux de laisser l'appareil militaire qui plus est professionalisé, aux milifan d'extreme droite et à une poignée de généraux conservateurs et pour la plupart traditionnalistes...