arch/ive/ief (2000 - 2005)

Compte-rendu du GeneSpotting1: Bérésina sur le front de la guerre au vivant
by Des inspecteurs du CAGE Saturday September 14, 2002 at 03:04 PM
genespotting@altern.org

Samedi 7 septembre 2002, une cinquantaine de personnes se rassemblent à Florennes pour le premier GeneSpotting. Nous apprenons qu'Aventis-Bayer CropScience met fin à ses champs d'OGM en Europe.

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Compte-rendu du GeneSpotting 1
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Bérésina sur le front de la guerre au vivant:

Nous apprenons qu'Aventis-Bayer CropScience met fin à ses champs d'OGM en
Europe.


Samedi 7 septembre 2002, une cinquantaine de personnes se rassemblent à
Florennes pour le premier GeneSpotting. Ils rejoignent un champs d'OGMafin
d'inspecter parcelle contaminée dans son environnement en vue de se forger
une propre opinion sur les conséquences. Cette parcelle se trouvait à
Saint-Aubin (Florennes); Il s'agissait de l'une des 22 parcelles de colza de
printemps mises en culture par Aventis-Bayer pour 2002 (1). Cette
implantation, d'un genre unique en Belgique, présentée comme une évaluation
environnementale de la dissémination, est en fait destinée à une évaluation
des conséquences économiques de la commercialisation dudit colza.

Le contenu de notre première intervention a fortement évolué. En septembre,
l'avancée de la saison culturale ne nous permettrait pas de constater de
visu l'aberration des mesures biosécuritaires en vigueur — qui sont, selon
termes même du protocole, "pratiquement inapplicables et peu réalistes". Le
projet de "repérage" de la parcelle contaminée, sorte de jeux de piste, se
heurte rapidement à des impossibilités logistiques dues à la configuration
du terrain. Quand aux marquages du champ et de la zone contaminée ils ne
peuvent avoir lieu, faute de temps.

Une expérience interrompue

GeneSpotting n'en fut pas moins pertinent et particulièrement efficace. En
effet, peu après la diffusion de l'invitation, la récolte connaît un coup
d'accélérateur soudain sous la pression des autorités communales. Le champ
est fauché précocement le dimanche 25 août. Restait à vérifier si cela
signifiait l'interruption d'une expérience dont l'une des particularités est
de se dérouler sur deux années consécutives. Nous apprenons que
l'agriculteur a pris l'engagement de cesser ses relations avec
Aventis-Bayer, pour, sur place, constater que le champ a été labouré. Ce qui
confirme l'interruption de l'expérience.

Ce premier résultat, prometteur pour nos prochaines initiatives, infirme
l'incapacité des autorités communales à s'opposer à une contamination de
leur territoire. Une absence "formelle" de compétences peut aisément être
compensée par des relations interpersonnelles entre acteurs locaux
(bourgmestre et agriculteur). Un coup de pied dans la fourmilière de ces
interactions se révèle efficace et les rencontres se sont révélée
fructueuses: c'est sûrement sur ce plan là que cette intervention fût la
plus riche.

Des rencontres passionnantes

À notre arrivée à Florennes, le bourgmestre et son premier échevin nous
accueillent et nous servent le discours de circonstance. Ils nous assurent
de leurs convictions contre les biotechnologies (la commune a adopté la
motion de Nature et Progrès (2) ); ils n'ont d'ailleurs appris que par la
presse la présence de telles cultures sur leur commune. Évasifs lorsqu'il
s'agit de savoir si l'expérience était bel et bien terminée, ils n'en
connaissent pas les conséquences pratiques: une contamination massive de
l'environnement lors de l'année qui suit celle de la mise en culture. Ils
soutiennent sans ambages le principe de la liberté d'expression et de
manifestation dans le respect de l'"ordre public", en l'occurrence l' "ordre
privé", du bon déroulement de l'événement cycliste qui suit le même parcours
que nous. Nous assurons notre pleine collaboration, néanmoins divers moyens
répressifs sont déployés: plusieurs Iveco et leur contenu, des civils qui
relèvent les plaques d'immatriculation et la police locale, avec laquelle
nous interagirons en toute cordialité.

L'agriculteur fait rapidement son apparition. La discussion s'engage d'un
définitif "Lorsque vous aurez travaillé un an sur ma ferme vous aurez
quelque chose à dire" assorti d'une diatribe bien sentie sur le pouvoir de
Bruxelles, les politiciens, les citadins, ... Nous poursuivons sur
l'évolution du monde agricole. Son discours est conscient et informé mais
fataliste. On aborde les spécificité du champs pour continuer sur les
alternatives. Sa décision d'accepter la parcelle semble trouver deux
raisons, l'une financière, l'autre dans une longue fréquentations avec
Aventis (son fournisseur d'intrant). On apprend que les fonctionnaires
compétents n'était pas présents lors de la mise en culture et de la récolte
(une obligation biosécuritaire de plus qui n'est pas respectée).

Une déroute prévisible

Une salve d'applaudissement salue l'agriculteur lorsqu'il annonce la
décision d'Aventis-Bayer CropScience d'arrêter son programme de culture
d'OGM en Europe. On pouvait s'y attendre: plusieurs éléments vont en ce sens
en Belgique mais cela s'inscrit aussi dans une tendance générale en Europe.
Deux articles ont récemment fait sensation dans le petit monde des acteurs
du projet transgénique. Le premier (voir ci-dessous), il y a quelques mois,
basé sur l'exemple hollandais et d'Advanta, qui annonce cesser toute
activité transgénique en Europe (3). Des activistes sont depuis intervenus
pour les aider à respecter cet engagement en décontaminant une parcelle en
Belgique à moins de 10 km de la Hollande. Le second article daté de fin août
relate, à partir de la situation en Angleterre, la diminution simultanée des
programmes de tests, des crédits de recherche privé et public et de la
quantité de centres de recherche et de personnel (4). Ça commence par "Le
lobby vert a gagné le débat sur les OGM et le commerce des plantes OGM
quitte l'Angleterre". Plus loin, il cite le directeur de la recherche et des
technologies chez Syngenta, David Evans: "Le travail dans les champs en
Angleterre est maintenant difficile (...) Nous avons eu des dégâts sur nos
sites anglais. Nous avions un projet d'arbres transgénique (...) il a été
refusé. Cela a un effet désastreux sur le moral."

Pour ce qui concerne la Belgique, depuis le début en d'avril de la polémique
sur les nouvelles autorisations de cultures OGM, le spectre d'une
délocalisation et le chantage aux 250 emplois concernés est régulièrement
avancé par les responsables d'Aventis. Certaines déclarations laissent
entendre que la fermeture serait en balance. D'autre part, les programmes de
test sont en diminution constante, seuls 22 champs (contre 144 en 2000, à
l'apogée du projet) ont été annoncés pour cet été. Des champs sont
régulièrement décontaminés, les dégâts considérables — 1/4 des parcelles de
colza d'hivers 2002 éliminées (5), puis 13 des 31 parcelles de la saison
d'été dores et déjà refusées par les autorités <5>, abandonnées <4>,
détruites <2>, ou interrompues <1>. Et enfin, pour la première fois depuis
de nombreuses années, aucune autorisation n'a été demandée pour la saison
d'hiver.

Après une journée passionnante qui a largement débordé du cours initial de
son programme. Florennes est définitivement libéré des OGM et au plus tard
au mois de novembre les dernières expérimentations cesseront (6), .... La
Belgique saisira t'elle cette occasion pour s'engager dans des aventures
plus enrichissantes que celle du Meilleur des mondes transgénique ? Le 17
octobre, un bras de fer s'annonce au niveau Européen lors du Conseil
environnement autour d'une éventuelle levée du moratoire sur les OGM. Nous
serons fixés lorsqu'il s'agira d'introduire les demandes pour la saison
d'été 2003 (fin décembre - début janvier)

Quelques inspecteurs du CAGE

NOTES:
(1) La liste des communes belges contaminées par des OGM durant l'été se
trouve sur
http://archive.indymedia.be/local/webcast/uploads/ogm_be_liste2002.pdf. La
description des expériences se trouve dans les "fiches d'information du
public" disponible sur le site du Service de Biosécurité et Biotechnologie
http://biosafety.ihe.be.
(2) La motion et la liste des communes qui l'ont adoptées se trouve sur
http://www.natpro.be. En Flandre voir http://www.velt.be
(3) "R.I.P. les champs d'ogm", Jan Paul Smits, Initialement écrit pour 'Land
en Stad': http://www.ddh.nl/duurzaam/landbouw.
(4) "The Grim Reaper", The Economist du 22 août 2002, disponible sur
http://www.agbioindia.org/archive.asp.
(5) La liste des champs de colza d'hivers 2002 se trouve sur
http://archive.indymedia.be/front.php3?article_id=26406
(6) En 16 ans, 522 champs d'expérimentation ont distillé leurs transgènes
dans l'environnement sur le territoire belge. Toutes ces communes auront à
en gérer les conséquences notamment en terme de présence d'adventices
contaminées.

LIEN WEB:
Documents sur la résistances pratique aux OGM en Belgique sur
http://sbb.collectifs.net
Listes de diffusion sur les OGM en Belgique sur
http://archive.indymedia.be/front.php3?article_id=26110
"Le petit décontaminateur de champs d'OGM" sur
http://france.indymedia.org/local/webcast/uploads/jardinage.pdf
Liste des produits alimentaires contaminés par les OGM sur
http://www.greenpeace.be
Actions en Flandre contre les OGM et leurs lobbys http://www.jnm.be