Pas de guerre contre l'Iraq : envoyez une lettre ouverte au Secr. gén. de l'ONU by Catherine Friday September 13, 2002 at 09:52 PM |
Lettre ouverte au Secrétaire général de l'ONU
Lettre ouverte au Secrétaire général de l'ONU
par lettre ouverte
le 21 août 2002
21 août 2002
Chers Amis,
Dans l'intérêt de contester la ruée actuelle vers la guerre, nous avons composé la lettre ci-dessous intitulée « Lettre ouverte au Secrétaire général des Nations Unis, M. Kofi Annan, et aux Représentants des Etats membres sur l'intention déclarée des Etats-Unis de commettre une agression contre l'Irak ». (Voir ci-dessous)
La lettre remet en question la légalité et la justice des plans de guerre américains ainsi que le rôle joué par les Etats-Unis et par l'ONU dans leur rapport à l'Irak ces derniers temps. En conclusion elle exhorte l'ONU et ses Etats membres à agir maintenant afin d'éviter cette guerre en accord à la fois avec la Charte de l'ONU et avec le désir de la grande majorité des peuples du monde.
A ce jour, cette lettre a été signée par plus de 1 000 personnes dont
Francis Boyle (professeur de droit, Etats-Unis), Noam Chomsky (linguiste, Etats-Unis), Prina Firestone (Coalition des femmes pour la paix, Israël), Gore Vidal (écrivain, Italie), Bernhard Graefrath (ancien membre de la Commission de droit de l'ONU, Allemagne), DeeDee Halleck (réalisateur et media activiste, Etats-Unis), Louis Horvath (La Fédération hongroise des combattants pour la liberté 1956, Canada), Gabriel Kolko (historien, Pays Bas), Les Avocats contre la guerre (avec des membres de neuf pays), Michael Mandel (professeur de droit, Canada), Margarita Papandréou (Les femmes pour une sécurité mutuelle, Grèce), John Pilger (écrivain et réalisateur, Grande Bretagne), Arundhati Roy (écrivain, Inde) et Howard Zinn (historien, Etats-Unis).
Nous avons l'intention de disséminer largement cette lettre aux individus, aux groupes et aux médias.
Nous vous demandons vivement de signer cette lettre et de la transmettre à d'autres pour qu'ils la signent aussi. Si vous êtes d'accord de la signer, S'IL VOUS PLAIT mettez votre nom, votre affiliation ou profession et/ou votre ville et pays. Renvoyez ensuite votre signature à David Peterson soit par fax au +1.708.425.10.83 ou par courrier électronique à : davidpet@mindspring.com
Nous vous remercions pour votre temps et votre considération.
Edward S. Herman, professeur émérite, Ecole Wharton, Université de Pennsylvanie Philadelphie, coauteur avec Noam Chomsky de "Manufacturing Consent: The Political Economy of the Mass Media" (« La fabrication du consensus : la politique économique des médias ») (Pantheon, 2ème édition, 2002) et auteur de "The Myth of the Liberal Media: An Edward Herman Reader" (« Le mythe des médias libres : recueil d'Edward Herman ») (Peter Lang, 1999) hermane@wharton.upenn.edu Tél. : +1.610.642.50.95
Anthony Arnove, éditeur de "Iraq Under Siege: The Deadly Impact of Sanctions and War" (« Irak assiégé : l'impact mortel des sanctions et de la guerre ») (South End Press, 2000), New York arnove@igc.org
Rahul Mahajan, auteur de "The New Crusade: America's War on Terrorisme" (« La nouvelle croisade : la guerre américaine contre le terrorisme ») (Monthly Review Press, 2002), New York rahul@peaches.ph.utexas.edu
David Peterson, auteur et chercheur, Chicago davidpet@mindspring.com Tél. : +1.708.425.10.83
Lettre ouverte au Secrétaire général des Nations Unis, M. Kofi Annan et aux Représentants des Etats membres sur l'intention déclarée des Etats-Unis de commettre une agression contre l'Irak
Chères Mesdames, chers Messieurs,
Bien que le gouvernement des Etats-Unis prépare ouvertement une guerre contre l'Irak, les officiels et les représentants de l'ONU ne se sont pas élevés contre cette guerre et n'ont pas agi afin d'empêcher les Etats-Unis de s'embarquer dans ce chemin de violence. Les Nations Unies ont été créées explicitement pour « sauver les générations à venir du fléau de la guerre » (préambule de la Charte de l'ONU) et pour « prendre des mesures collectives efficaces pour la prévention et la suppression de toute menace à la paix.. » (article 1,1). La Charte des Nations Unies condamne des attaques unilatérales et transfrontalières lorsqu'elles ne sont pas justifiées par l'autodéfense, faisant ainsi référence à la nécessité de détourner une attaque en cours ou clairement imminente. Dans le cas contraire, il est obligatoire d'obtenir l'approbation du Conseil de sécurité pour toute action militaire semblable. Lorsqu'un pays prend lui-même l'initiative d'enlever par la force des armes un régime qu'il désapprouve, c'est une agression telle que décrite par le député américain au procès de Nuremberg, Robert Jackson comme « le crime international suprême se distinguant d'autres crimes de guerre seulement par le fait qu'il contient en lui-même le mal accumulé de l'ensemble. » L'affirmation récente des Etats-Unis du droit de s'engager dans des attaques « préventives » contre des Etats, y inclus l'Irak, n'obvie pas à ces considérations ; c'est une autre expression d'intention d'enfreindre la loi internationale.
Les prétentions concernant la poursuite ou la possession réelle des « armes de destruction massive » (ADM) de la part de l'Irak ne peut pas justifier une attaque américaine, pas plus qu'une attaque irakienne sur les Etats-Unis pourrait être justifiée de la même manière basée sur la seule possession de telles armes (et d'une plus grande menace quant à leur usage). Des résolutions existantes abordant le problème, telle que la Résolution 687 du Conseil de sécurité de l'ONU, ne donnent pas le droit aux Etats-Unis de lancer des frappes sans l'autorisation spécifique du Conseil de sécurité. L'idée que les Etats-Unis sont menacés par la possession prétendue des ADM par l'Irak est intenable. Il n'existe aucune preuve que l'Irak possède des systèmes de lancement à longue portée ou que ses dirigeants sont assez irrationnels que pour préparer des actions qui provoqueraient le déchaînement de toute la puissance militaire américaine sur leur territoire.
Les Etats-Unis n'ont pas les mains propres dans la question des ADM puisque eux tout comme la Grande Bretagne ont facilité l'acquisition et l'usage des ADM par l'Iraq dans les années 80 y inclus la livraison de la part des Etats-Unis de germes de haute qualité de microbes d'anthrax et d'autres maladies mortelles à un moment où l'Irak livrait une guerre contre l'Iran et servait les intérêts des Etats-Unis. Les Etats-Unis ont aussi compromis le travail de la Commission spéciale des Nations Unies pour l'inspection des armes (UNSCOM) en l'utilisant à des fins d'espionnage et en la retirant avant les frappes américaines en Irak en décembre 1998. Plus récemment encore, en cherchant à préserver les raisons pour partir en guerre, les Etats-Unis ont repoussé les propositions faites par l'Irak de négocier le retour des inspecteurs.
Sous une forte pression américaine et britannique, l'ONU a imposé et a maintenu des sanctions sur l'Irak pendant les 12 dernières années dans l'intérêt prétendu d'empêcher l'Irak d'acquérir des ADM. Mais le prix de ces sanctions a été payé par des millions de civils innocents, non pas par le régime, ni ses dirigeants. L'embargo rend difficile à l'Irak la reconstruction du pays après la guerre du Golf de 1991, minant sa capacité de reconstruire les systèmes sanitaires et les stations d'épuration d'eau ciblés et détruits par les bombardements américains. Ces frappes intentionnelles sont une infraction de l'article 54 du Protocole supplémentaire de la Convention de Genève de 1977.
Bien que le Président George Bush père ait proclamé en 1991 que « nous ne cherchons pas… à punir le peuple irakien pour les décisions et pour la politique de ses dirigeants (…) nous faisons tout notre possible avec un grand succès de minimiser les dommages de guerre) (New York Times du 6 février 1991), les effets nécessairement ravageurs de tels bombardements sur les civils étaient bien compris à l'époque et en réalité voulus par les planificateurs américains. Le Washington Post a rapporté peu après la guerre que « Les planificateurs disent maintenant que c'était leur intention de détruire ou d'endommager des installations vitales que Bagdad ne pourrait pas réparer sans l'aide étrangère. » (23 juin 1991). Nous savons maintenant qu'incluses dans celles-ci étaient des stations d'épuration d'eau dont l'absence « créerait des incidences accrues de maladies, sinon d'épidémies » (Defense Intelligence Agency, "Iraq Water Treatment Vulnerablities", Service de renseignements militaires, « Les vulnérabilités du traitement d'eau en Irak » 21 janv. 1991, cité dans Thomas Nagy, "The Secret Behind the Sanctions: How the US Intentionally Destroyed Iraq's Water Supply", « Le secret derrière les sanctions : comment les Etats-Unis ont détruit intentionnellement les provisions d'eau irakiennes », The Progressive, sept. 2001). Détruire ces installations et empêcher leur réparation ou leur remplacement donnerait plus d'atouts dans la négociation en intensifiant les effets adverses des sanctions sur le bien des civils.
Le rapport publié récemment par plus d'une douzaine de groupes religieux et pour les droits humains – "Iraq Sanctions: Humanitarian Implications and Options for the Future", « Les sanctions en Irak : implications humanitaires et options pour l'avenir », 6 août 2002 – a fait remarquer que « Les Protocoles aux Conventions de Genève de 1977 sur les lois de guerre incluent l'interdiction de sièges économiques contre les civils comme méthode de guerre. » Dans leurs actions qui touchaient à l'Irak, Les Etats-Unis, la Grande Bretagne et les Nations Unies ont violé ces lois de guerre d'une manière sans précédent historique. Dans un article paru dans "Foreign Affairs" ("Sanctions of Mass Destruction", « Les sanctions de destruction massive », 78: 3 mai/juin 1999), John et Karl Mueller soutiennent que « les sanctions économiques ont certainement provoqué la mort de plus de personnes en Irak que tous ceux tués par tous les soit disant armes de destruction massive à travers toute l'histoire ». Le Fonds pour l'enfance de l'ONU a enregistré une augmentation du taux de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans en Irak de 56 à 131 pour mille pendant les années de sanctions 1990-1998 avec un taux de mortalité infantile estimée à plusieurs centaines de milliers.
Ayant contribué à ces morts massives à travers une guerre économique, les Nations Unies restent silencieuses maintenant devant la préparation ostensible d'une guerre d'agression contre l'Irak. La guerre sera sanglante et aura des répercussions beaucoup plus larges et potentiellement désastreuses. Si le Secrétaire général et les membres des Nations Unies ne s'élèvent pas, n'opposent pas et ne tentent pas d'arrêter ce qui serait une agression flagrante, ne serait-ce pas clair que les Nations Unies ne sont pas une institution au service de la prévention de guerre, mais plutôt un instrument politique des Etats-Unis et quelques alliés choisis ?
Nous exhortons le Secrétaire général de l'ONU ainsi que les membres de l'ONU à agir maintenant ou bien être condamnés en tant que complices d'une agression au mépris à la fois du langage clair de la Charte des Nations Unies et des désirs de la grande majorité des peuples du monde.