Reportage en Irak - les USA bombardent chaque jour by Brian Becker (Workers World) Monday September 09, 2002 at 01:02 PM |
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Un voyage à travers l'Irak dans la chaleur de la fin août permet de voir clairement que l'administration Bush mène déjà une "pré-guerre". Les bombardements sont quasi quotidiens.
Destinés à casser le potentiel irakien de défense aérienne et à évaluer sa réponse militaire aux attaques aériennes, ces bombardements exigent un lourd tribut. Des gens sont régulièrement tués ou blessés, mais vous n'en saurez rien si vous cherchez vos informations dans les médias occidentaux.
L'auteur s'est rendu en Irak le 25 août, en compagnie d'une mission d'enquête contre la guerre, dirigée par l'ancien ministre de la Justice américain, Ramsey Clark. La délégation s'est rendue dans les zones "de non-vol" au Nord et au Sud du pays, pendant cinq jours. Durant ces cinq jours, les USA ont bombardé l'Irak à cinq reprises différentes.
Fidèles à leurs maîtres, les médias US n'ont presque rien dit de ces bombardements quotidiens. Chaque fois que nous revenions du lieu du dernier bombardement, nous avons consulté les sites internet des médias occidentaux. Pas le moindre écho de cette agression sans foi ni loi perpétrée depuis le ciel par les avions de guerre américains. Au contraire, les médias US focalisent leurs reportages sur "pourquoi Saddam Hussein est une telle menace pour la paix mondiale."
DES BOMBES CHAQUE JOUR
Le 25 août, des avions US ont bombardé Bassorah, la deuxième ville d'Irak. Huit personnes sont mortes sur le coup et 10 autres ont été blessées. Quand nous sommes arrivés à Bassorah le 27 août, nous avons appris que l'un des blessés graves venait de décéder des suites de ses blessures.
Quand la presse américaine parle des bombardements réguliers contre l'Irak, elle enterre l'information dans un tout petit article très loin de la une. Le Pentagone est presque chaque fois cité, expliquant que ces attaques étaient de la légitime défense. Ils disent que c'était contre des cibles militaires et un radar irakien, installé pour suivre les avions de guerre américains et britanniques qui survolent l'espace aérien irakien dans deux grandes régions au Nord et au Sud de l'Irak.
Mais les civils sont autant touchés que les soldats.
"Nous avons entendu une terrible explosion dimanche matin ici à l'hôtel" nous a raconté un travailleur de l'hôtel Sheraton à Bassorah. "C'était tout près, nous avons pu l'entendre et le sentir. Des milliers de civils vivent dans ce quartier, et beaucoup des victimes sont bien sûr des civils."
La décision de créer des zones "de non-vol" n'a pas été approuvée par les Nations Unies. C'était plutôt une décision des grands pays impérialistes Etats-Unis, Grande Bretagne et France pour refuser le droit à l'Irak de survoler avec sa propre force aérienne les régions du pays où presque tout son pétrole est localisé. Les impérialistes se sont évidemment arrogé le droit de survoler ces zones. Ces zones ont été créées en 1992. La France a changé par la suite sa politique envers l'Irak et a retiré ses appareils au milieu des années 90.
Alors que la délégation rendait visite à l'un des blessés à l'hôpital universitaire de Bassorah, les avions américains ont frappé à nouveau, attaquant Mossoul, dans le Nord, et Al-Nukhayb, au sud de Bagdad.
La délégation a pu se rendre à Mossoul 36 heures après la frappe. Mossoul est une belle ville historique, tout au Nord de l'Irak, au bord de la région kurde. Elle est située dans la zone de non-vol.
L'aéroport civil est sans radar depuis la guerre du Golfe de 1991. Il n'était presque plus fonctionnel, jusqu'à une période très récente, où le gouvernement a décidé de défier la zone de non-vol et de reprendre les vols quotidiens en liaison avec Bagdad. La supposition était que la chasse américaine ne tirerait pas sur des avions civils.
Les avions US n'ont pas encore abattu d'avion de ligne, mais le 27 août, deux missiles puissants ont mis hors d'usage le radar qui guide les avions civils au décollage, à l'atterrissage et pendant leur survol de l'espace environnant.
La délégation a vu les restes du radar totalement détruit, qui gît en ruines pas loin de la piste. Le radar était très vieux, bricolé à partir de pièces provenant d'anciens systèmes de radar rudimentaires. Ce n'était visiblement pas un radar sophistiqué à usage militaire.
Le terminal civil était à moins de 200 mètres du lieu d'impact des missiles. La force de l'explosion a fracassé les vitres des salles d'attentes.
DROIT A LA SECURITE AERIENNE
Privé de la plupart de ses relations commerciales depuis 12 ans, l'Irak a dû soumettre ses demandes de contrats d'équipement à un comité des sanctions, sous l'égide de l'Onu. L'Irak avait introduit auprès de ce comité des sanctions une demande d'importation pour un radar moderne afin d'équiper l'aéroport de Mossoul, mais les USA l'avaient bloquée. Des techniciens irakiens ont rafistolé le vieux radar et installé cette relique électronique le 4 juin. Maintenant que les missiles américains l'ont mis hors d'usage, les avions transportant des civils doivent voler à l'aveuglette vers Mossoul, une région qui connaît plus d'intempéries que la plupart du pays.
Alors que nous marchions à travers les débris de métal dans l'aéroport, il était difficile de ne pas se demander quel serait l'effet du scénario inverse. Quel serait l'impact émotionnel et psychologique sur la population des Etats-Unis, si, en l'absence de toute provocation, le radar dont elle dépendait pour sa sécurité aérienne était détruit sans crier gare par des avions de combat d'une puissance étrangère?
Poser la question, c'est y répondre. Mais l'administration Bush espère que la diabolisation et les représentations racistes de l'Irak sauront empêcher la population de se poser cette question.
Depuis décembre 1998, les USA ont régulièrement bombardé l'Irak, sans protestations massives. Les USA ont retiré les inspecteurs militaires onusiens du pays le 16 décembre 1998 et ont déclenché quatre jours de campagne comprenant le lancement de 400 missiles de croisière et le largage de 600 bombes de précision sur l'Irak.
L'Irak soutient que plus de 1.500 personnes ont été tuées par des bombes US depuis la fin de la Guerre du Golfe.
Alors que l'administration Bush prépare une invasion massive et une campagne de bombardement sous prétexte d'une guerre préventive, il est clair pour tout le monde que ces mots masquent une réelle agression.
La visite de Ramsey Clark en Irak voulait explicitement transmettre un message contre la guerre. Dans le monde, les médias ont couvert ce voyage, et il y a eu des reportages, limités, aux Etats-Unis. Clark est intervenu en direct trois fois de suite sur CNN le 29 août, où le journaliste Wolf Blitzer l'a accusé d'être «utilisé par Saddam Hussein".
Clark a ridiculisé l'accusation, en répondant: «Vous pouvez toujours dire ce que vous croyez, vous pouvez toujours défendre ce qui est juste. Si vous ne le faites pas, qui êtes-vous, que défendez-vous, et que va-t-il arriver au monde?»
Dans ses entretiens avec les médias, Clark a expliqué avec insistance que le facteur décisif pour arrêter la guerre est la mobilisation de l'opposition à l'intérieur des Etats-Unis. «Nous pouvons arrêter Bush, mais il faut agir maintenant. Il faut mobiliser partout pour la Marche sur Washington du 26 octobre. Nous ne pouvons pas laisser parler le gouvernement en notre nom et mener cette guerre dont le but est de dominer les peuples du Moyen-Orient et les ressources naturelles de cette région."
[Brian Becker est co-directeur de l'International Action Center. Il faisait partie de la délégation US contre la guerre qui a voyagé à travers l'Irak du 25 au 30 août. Etaient également membres de la délégation: Ramsey Clark, Johnnie Stevens, co-directeur du Peoples Video Network, et Mara Verheyden- Hilliard, juriste et co-fondatrice de Partnership for Civil Justice.]
Source: Workers World, 55 W. 17 St., NY, NY 10011.
Merci by R.B. Monday September 09, 2002 at 01:23 PM |
Merci de rappeler qu'en effet les bombardements anglo américains sur l'Irak n'ont jamais cessé
L'embargo non plus
Mais Bush veut faire oublier qu'il n'a toujours pas mis la main sur B. Laden, ni sur le mollah Omar, il veut aussi contrôler les ressources en pétrole dans le secteur et ce n'est pas Israël, le porte-avion des Etats-Unis, qui peut faire baisser la tension
Quel Scoop! by un mois et on y sera... Monday September 09, 2002 at 03:11 PM |
On se doutait pas que desert fox c'était le nouveau pseudo de dana scully...
Manuel anti-manipulation by Tommy le loup Thursday September 12, 2002 at 08:43 AM |
Pour tout connaître sur les mensonges (avec preuves à l'appui) orchestrés par les médias occidentaux lors de la Guerre du Golfe, je vous suggère de lire un manuel richement illustré et d'une clarté cristaline :
Attentions Médias ! - Les médiamensonges du Golfe / Manuel anti-manipulation. (Michel Collon) Editeur EPO.
Des articles de Le Monde, CNN, TF1, A2, FR3, Le Soir, RTL, etc. y sont décortiqués, analysés et on y démontre de manière irréfragable les contradictions, partis pris, manipulation, truquages d'images, etc. qui ont servi aux médias dans leur volonté de masquer une réalité gênante.
Tristement passionnant !