Un cri dans la nuit (Une histoire de la musique populaire) by Red Ant Tuesday August 27, 2002 at 12:51 PM |
Parlons musique, parlons de la musique que nous aimons tous : la musique populaire.
Malgré qu'elle soit légèrement pompeuse, je préfère utiliser cette dénomination de musique populaire que le terme Pop, mot qui, au fil du temps s'est dénaturé et est devenu trop restrictif au niveau du style et du temps. Par musique populaire, j'entends musique accessible à tous et dont l'impact est immédiat tant au niveau culturel que financier (même si aujourd'hui c'est moins vrai). Cette musique essentiellement destinée aux jeunes dans un but non académique, juste pour prendre du bon temps ; la musique populaire c'est à dire l'antipode de toutes les musiques sérieuses réservées aux parents (ou aux grands-parents). La musique populaire, cette musique faite avec trois francs six sous et qui rapporte des millions. Cette musique aussi choquante pour les oreilles fragiles que pour les esprits poussiéreux. Mais aussi musique populaire dans le sens de musique faite par le peuple pour le peuple ce qui implique une revendication et un constat politique et social.
Toute musique, tout art, tout mouvement naît souvent d'un manque réel au niveau social ou politique. C'est ce manque qui provoque le besoin de se distraire, de s'évader d'un quotidien trop dur. Pourquoi croyez-vous que la plupart des mouvements musicaux prennent leur source dans les ghettos noirs ? Parce que la musique est l'expression de la souffrance, de l'appel à l'aide à Dieu (tout vient du Blues mais le Blues vient du Gospel). La musique des noirs américains a toujours été étroitement liée à la religion et à la politique. Ces trois choses ne font qu'un pour leur communauté. Le Gospel, cette forme de prière chantée et même dansée, se pratique depuis la nuit des temps sous d'autres formes en Afrique, leur terre d'origine. En effet les cérémonies religieuses et initiatiques du continent noir sont indissociables de la musique et de la danse. Même si l'on en a fait un divertissement, la musique reste une chose directement liée à l'âme, une chose spirituelle. C'est pour cette raison que même le plus gros coup de marketing ne remplacera jamais les plébiscites du public. Vous pourrez toujours avoir les meilleurs artistes et les meilleurs musiciens ainsi que la promotion la plus performante, si le public n'est pas réellement touché, cela ne durera pas. Pour qu'une vraie culture existe et marque les esprits, il faut que de nombreux facteurs soient réunis et certains de ces facteurs sont impossibles à recréer par l'homme, heureusement. L'un de ces facteurs que l'on retrouve dans la plupart des mouvements de musique populaire est la relation avec des événements socio-politiques et/ou spirituels.
Dès le début du siècle, le Blues fut le premier cri de souffrance, un cri que l'on essaya d'étouffer,
heureusement en vain. C'était le cri de l'esclavage, le cri des répercussions de la grande crise de 1929, la révolte de la misère. Mais le blues était une musique bâtarde indigne aux oreilles des blancs et il fallut longtemps avant que celles-ci ne s'ouvrent. Le Jazz poursuivit cette impossible quête de la libération du peuple noir américain de la mainmise blanche. Là les blancs pensèrent qu'il y avait de l'argent à se faire alors le jazz fut plus ou moins accepté dans des milieux aisés. C'était aussi la naissance de l'hypocrisie blanche par rapport aux musiciens noirs qui durera près d'un siècle. Cette hypocrisie d'accepter la race noire rien que par leur musique parce qu'ils ont le rythme dans la peau. Oui, ce fameux mythe qui dit que les noirs ont naturellement le rythme vient de cette époque et il fut inventé par un blanc qui avait sûrement besoin d'un slogan publicitaire efficace. Ce rythme leur vient simplement du fait qu'au lieu de rester assis à contempler une croix le dimanche matin à l'église, ils chantent et dansent à la gloire de Dieu. Et cela tous les dimanches, de quoi donner le rythme à un paraplégique. Ils ont de l'entraînement, voilà tout. Ce complexe d'infériorité rythmique durera près d'un siècle jusqu'à l'apparition des machines qui explose les possibilités techniques et ouvre les yeux des blancs sur l'égalité des races évidemment valable pour le rythme aussi.
L'hypocrisie était absurde à cette époque, aussi absurde que le racisme. Ainsi le Coton Club, célèbre club de Jazz des années 30, proposait des concerts de musiciens noirs mais l'entrée au club était réservée exclusivement aux blancs. Et la clientèle était composée de gens fortunés mais souvent de milieux plus ou moins marginaux, les gens biens ne fréquentaient pas ce genre d'endroit. Mais la popularité du Jazz s'intensifiait d'années en années. Le fait que ce soit scandaleux participa à son développement et l'on peut remarquer que cette attirance vers l'interdit est souvent source de popularité pour un art. L'homme aime goûter au fruit défendu.
Ce n'est que pendant la seconde guerre mondiale que le Jazz fut introduit en Europe par les militaires américains. Cette arrivée tardive (on considère que le jazz est né en 1925) est due justement à ces barrières raciales et culturelles érigées par l'establishment américain qui voulait montrer une Amérique propre comme... aujourd'hui. Et oui, le Jazz longtemps considéré comme une musique profane par les classes bien-pensantes américaines, éclata véritablement sur le Vieux Continent. Et sa popularité se propagea partout dans le monde ainsi qu'aux Etats-Unis par après. La Techno subit aujourd'hui le même phénomène, cette reconnaissance tardive par le pays originel de ce style, les Etats-Unis, alors que l'Europe est plongée dedans depuis longtemps. Nul n'est prophète en son pays...
Mais le Jazz, même si c'était une musique de rébellion restait quand même réservé aux initiés et était trop académique pour devenir une musique appréciée largement par la jeunesse et par le grand public. Dans les années 50, le Rock fut l'incarnation d'une certaine révolte de cette jeunesse par rapport aux adultes et aux valeurs morales rétrogrades de l'époque. Ce fut un bouleversement générateur de conflits de générations liés à l'incompréhension et l'angoisse des parents vis à vis de quelque chose qui était pour eux tout sauf de la musique. Les jeunes, avec un nihilisme gentil et une apologie de la violence et de la délinquance symbolisées par le blouson noir, réussirent à faire peur aux parents, sans plus. Mais par le biais de la musique, ils s'étaient recréé des valeurs plus proches d'eux et s'étaient libérés pour quelques instants d'un monde trop morose régi par les adultes.
Le mouvement Hippie fut dés le départ plus organisé politiquement et, comme les autres, toujours en réaction contre une injustice : cette fois, la guerre du Vietnam. Est-ce dû à la véracité de cette injustice, à une meilleure organisation des jeunes, à une plus grande prise de conscience, au fait que c'est la fin des golden sixties ? Un peu de tout ça, sans doute, plus mille autres choses ont fait durer l'esprit du mouvement et engendré Mai 68 la première (et dernière ?) vraie révolte politique de la jeunesse. Il fallut attendre cet événement avant de faire bouger (vraiment ?) les choses pour les jeunes et leur assurer certains droits (ou tout au moins assurer son propre avenir professionnel et politique en participant aux manifestations des universités parisiennes- voir certains députés européens actuels anciens soixante-huitards). Mais avec le recul on peut voir que cette révolution fut surtout sexuelle et que l'argent a rattrapé toutes les utopies sociales et politiques de cette génération. Les conséquences réelles sont la contraception et une certaine idée de la liberté sexuelle mais le désir de changement social et politique furent balayés par le pouvoir de l'argent.
Si on regarde l'évolution de la musique dans les années 60, on remarque une explosion des sens, un sentiment de libération totale et ambitieuse de la créativité artistique avec l'apparition de la fusion des genres, du psychédélisme et des albums concepts. Evidemment cela correspond à l'essor économique des années soixante et au sentiment que rien de mal ne pouvait arriver.
Cette explosion connut son apogée juste après 68 avec Woodstock et les Who cassant leur 248ème matériel de scène avant que Jimi ne gratifie l'hymne américain de son génie. Mais cette liberté créatrice fut rattrapée par la réalité destructrice. En effet, en une seule année l'illusion de la révolution s'évanouit avec les morts tragiques de Janis, Jim et Jimi. La liberté a ses limites elle aussi. The Dream is over.
La période qui suivit fut un mélange de passivité et de béatitude dans le rock créé par les blancs comme si Mai 68 avait apaisé les esprits. Mais les noirs ont toujours les même problèmes et deviennent de plus en plus virulents face à l'esclavage mental que leur impose la société américaine. C'est à cette époque que Martin Luther King est assassiné, que les Black Panthers naissent et que des maisons de disques 100% black apparaissent. La Soul et le Rhythm'n'Blues, par exemple, à l'instar des labels Motown ou Stax démontre encore une fois que la souffrance engendre les plus belles musiques. Quelques perles de la musique Black sont de cette période et c'est une des plus grandes influences de la musique actuelle avec tous les autres styles de musique noire. Autant au niveau de la production que de l'interprétation, les années 60 furent les plus inventives du siècle. La musique populaire devient un spectacle à part entière avec ses règles et ses rites. On découvre les arrangements avec orchestres symphoniques, les synthétiseurs, la mise sur pied de super groupes réunissant des stars du moment, les chorégraphies,... Et puis, les plus grands artistes ont éclaté à cette époque, des artistes qui resteront dans l'histoire. Les années 60 ce sont aussi les prémices du funk, du punk et du reggae. Le Funk, mouvement black par excellence, apparut dès la fin des années 60 avec des gens comme Sly & the Family Stone, Parliament ou bien sûr James Brown.
Ce mouvement, très proche des mouvements politiques comme les Black Panthers, devint la voix du peuple noir qui criait toute sa colère et sa sensualité. Quand la musique transpire de tous ses pores grâce à la rébellion d'un peuple victime d'injustice qui a décidé de tout oublier en bougeant son cul sur le rythme. La musique pour danser est née aussi d'une prise de conscience que le monde peut être meilleur. On peut considérer que le punk, avant de devenir un mouvement très populaire et une mode à la fin des années 70, trouve ses fondations à la fin des années 60. En effet, des groupes
américains influencés par le rock garage prennent une attitude de plus en plus anarchiste et rebelle. MC5, les Stooges et une poignée d'autres sont un véritable rafraîchissement par rapport à la mièvrerie ambiante aux Etats-Unis. Mais leur provocation et leur esprit autodestructeur ne toucheront que quelques rares fans et seront aussi les causes de la fugacité du mouvement. Certaines barrières, comme celle de la décadence, seront quand même franchies grâce à eux.
Une autre barrière tombe dans ces années-là : la barrière géographique et économique Nord-Sud. Rhythm'n'Blues à la sauce Caraïbes, le Reggae émerge de Jamaïque et on découvre que le tiers-monde aussi est une source de talent. Ici, la relation avec le spirituel est directe puisque le reggae est lié au rastafarisme, religion jamaïcaine basée sur des croyances venant du continent africain, terre originelle des anciens esclaves installés sur l'île. Même si, on le saura plus tard, nombre d'artistes jamaïcains ont été spolié pendant ces années, on retient l'ouverture du monde occidental sur la culture du tiers-monde qui prélude tout le mouvement World Music apparu dans les années 80.
Milieu des années 70, la mode est au Glam rock, sorte de rock à l'esthétique décadente mais un peu trop strassée pour créer un réel impact social. C'est aussi l'époque des dinosaures, ces monstres sacrés intouchables comme Yes, Deep Purple et autres qui ont poussé les clichés du rock'n'roll jusqu'à la caricature. Ces années marquées par la crise du pétrole de 1973 n'engrangèrent pas grand chose à part quelques albums conceptuels pompeux et le retour de vieux briscards qui aurait mieux fait de rester dans le passé. L'apologie de la technique instrumentale amena une morosité créative qui fit pâle figure devant l'électrochoc qui suivit. En réaction totale à la l'ennui et à la misère sociale des grandes cités, le Punk fut cet électrochoc.
L'Angleterre de Thatcher puis le monde reçurent ce coup en pleine tronche, un uppercut qui faillit même déstabiliser la couronne britannique. Mode montée de toutes pièces par un manager au flair incroyable ayant des ambitions de star, le punk fut un coup fumant. Ce fut une révolte contre l'ordre établi ainsi qu'une preuve que le musique populaire était accessible à tous même si vous ne saviez pas aligner trois accords et même si vous n'étiez pas physiquement ou intellectuellement gâté. Cette notion du "tout le monde peut le faire" fut reprise à la fin des années 80 par le mouvement Techno-House. Les punks voulaient tout tout de suite, ils l'ont eu et se sont brûlé les ailes dans l'histoire. Décadence et provocation apportèrent leur lot de scandales, de procès, de décès si fréquent dans le monde du rock. Les Punks voulaient incendier le Rock et ils le faisaient avec l'essence même de celui-ci : la révolte.
Depuis la fin des années 60 avec le rhythm'n'blues et la soul, la musique faite dans le but de danser se développe. Parallèlement à cela, les discothèques ont fait leur apparition et se sont multipliées. Petit à petit celles-ci ont engrangé un public typé et de plus en plus nombreux. Les gens attendent le samedi soir avec de plus en plus de ferveur et celui-ci arrivé, ils se préparent pendant des heures pour faire sensation. Les artistes branchés et les vedettes se côtoient dans ces endroits et un certain romantisme décadent s'installe dans les mœurs de ces gens. Cette atmosphère de strass et de paillettes mêlée à une certaine ambiguïté plaît à la communauté homosexuelle qui adopte le Disco comme musique de prédilection. Grâce à la musique, elle trouvera une identité et la force de défendre ses droits face à un monde hétérosexuel qui a malheureusement besoin de ce genre d'étiquette culturelle pour accepter l'autre.
Les années 80 virent l'apparition de deux choses qui vont bouleverser la musique populaire : la démocratisation des instruments électroniques et la musique dans un but exclusivement commercial. Ce deuxième point va évidemment édulcorer la musique et ôter tout caractère social à celle-ci. Il créa aussi toute une série de phénomènes pécuniaires tels les boys bands ou les méga concerts en faveur d'une œuvre de charité mondiale de préférence pour se donner la conscience tranquille. Passons sur ce point qui est, hélas non négligeable dans l'évolution de la musique actuelle mais trop ennuyeux et dégoûtant pour s'y attarder. L'apparition d'instruments électroniques à des prix accessibles influença la musique de manière autrement intéressante. Les synthétiseurs et le sampling ont amené une liberté de création que seul le punk avait revendiqué.
Parallèlement à cela, le Hip-Hop et toutes ses disciplines sortent des ghettos noir américains et de nouvelles formes d'art apparaissent issues de la rue. Outre la musique, la danse et l'art pictural font partie intégrante du hip-hop avec le break-dance et le graffiti ou le tag. Jamais un mouvement musical n'avait été aussi pluridisciplinaire et autant porteur en matière d'éducation sociale. C'est le mouvement le plus révolté socialement depuis dix ans et c'est comme un coup de fouet revigorant. L'expression de la souffrance du peuple noir ne s'est jamais éteinte depuis les premiers negro spirituals. C'est le chant de Dieu, Il est éternel*. Mais l'argent détruit de nombreuses cultures par la perte de son authenticité ou de son âme vendue au diable dollar. Et les années 80 furent les années yuppies dans la musique aussi, la créativité musicale s'en fit ressentir. La richesse musicale est souvent inversement proportionnelle à la richesse financière. Heureusement certains artistes l'ont compris ou ont su prendre le coté business de la chose en main et ont ainsi pu innover mais ceux-ci restèrent très underground jusqu'à la fin des années 80 (Electro, Body, Industriel, Breakbeat,...)
Fin des années 80, l'électronique musicale entre dans une nouvelle dimension, elle se perfectionne et se démocratise encore. Elle permet à un artiste seul de reproduire toutes les possibilités sonores et instrumentales de tout un orchestre, classique ou non. De nouvelles formes de musique instrumentale apparaissent influencées par tous les styles de musique ayant pu exister. Le sampling pouvant être exécuté à partir de n'importe quelle source et savoir jouer de plusieurs instruments à la fois n'étant plus une barrière, tout devient possible et une nouvelle scène explose. Porteuse d'espoir et de craintes semblables aux craintes face à l'imprimerie, à la télévision, à Internet, aux robots, la musique électronique explose dans mille directions. Née aux confluents de la musique électronique allemande et du funk dans une ville américaine post industrielle à 80% noire, la techno fait peur comme faisait peur le rock, le punk, le blues,... toutes ces musiques à forte connotation sociale. La peur de l'inconnu, la peur du changement. Mais grâce à l'Europe, la musique électronique va émerger et partir dans tous les sens évoluant au rythme de la technologie c'est-à-dire rapidement. Les années 90 seront le berceau de cette explosion des rites du Rock'n'Roll. Mais ça, c'est une autre histoire...
Main mise des majors by Dominique Tuesday August 27, 2002 at 03:03 PM |
dominique_pifpaf@hotmail.com |
Deux remarques: la première est que les majors ont à l'heure actuelle une main mise sur la musique "populaire" qui fait que dans la majorité des cas cette musique n'est que de la musique commerciale. La révision en cours des droits de copyright ne va faire qu'accentuer cette main mise.
Ce phénomène est accentuée par la difficulté de mise sur pied de festivals alternatifs, difficulté dues à la réticence autant des sponsorts que de la part des autorités pour accorder les autorisations.
Malgré cela en Europe, nous pouvons assister en été à de nombreux festivals permettant à un large public de découvrir quantité d'artistes inconnu du grand public.
Pourquoi j'ai mit des guillemets à populaire. Car les musiques électrifiées sont un phénomène récent et que si je regarde la production musicale suisse par exemple, ce qu'achète les touristes en visite en Suisse et ce qui se vend le mieux à l'étranger n'est pas la musique moderne électrifiée, c'est le Yodel et le cor des alpes. Le Yodel est la musique traditionelle des vachers des alpages, musique qui se joue avec des instruments aussi bizarres que de la vaisselle et accompagne des airs incompréhensibles à celui qui ne connaît pas les vieux dialectes d'avant la réforme.
De là, il est sur que dans le cas des USA, la musique populaire tire ses origine dans le blues des noirs et la country des blancs. Pour ce qui est de l'europe, il faut remonter aux musiques populaires des campagnes pour trouver les véritables racines de cette musique populaire.
Encore une chose. Contrairement à ce qui est communément admis, la musique des troubadourds ou trouvères et des ménestrels ou ménestriers du moyen âge, n'a rien de populaire. Les troubadours ou trouvères étaient des nobles, ceux qui trouvent, les seuls qui savaient écrire et lire la musique, et les ménestrels ou ménestriers étaient leurs domestiques qui étaient chargés de jouer les morceaux composés par leurs maîtres. Il n'y a qu'à lire les textes de ces chansons pour se rendre compte que leurs thèmes sont bien éloignés des préocupations populaires de l'époque.
La musique populaire de cette époque était l'affaire du peuple, se transmettait de génération en génération par l'exemple et la pratique, et n'avait pas grand chose à voir avec celle des nobles. Cette musique populaire subsiste encore de nos jours à travers le Yodel ou la musique celtique, le flamenco ou la musique gitane.
music for the masses by Tanguy Tuesday August 27, 2002 at 04:39 PM |
cette idée de "musique par le peuple et pour le peuple" est proprement aberrante, elle révèle un parfait mépris et une belle condescendance à l'égard des petites gens qui n'ont peut-être pas accès à des oeuvres plus originales ou moins "formatées" tout simplement en raison de facteurs socio-économiques (manque d'éducation musicale, insuffisance de concerts de qualité à prix réduits, techniques de marketing trop efficaces, ...). Tout le monde a droit à une musique de qualité !! (pour les autres arts idem)
Qu'on dénonce la "musique par le fric et pour le fric", ou l'appauvrissement culturel, d'accord, mais relever que les troubadours et trouvères étaient des nobles coupés du "bon peuple" composant des oeuvres n'ayant rien de populaire revient à mettre en doute que des oeuvres musicales plus élaborées puissent "convenir" aux petites gens. Au-delà de critères purement objectifs (ou prétendument tels) avec lesquels on peut apprécier une oeuvre musicale, je ne vois pas pourquoi il y aurait des différences de perception d'une classe sociale à une autre... la musique se situe bien au-delà de ça, non ?
Les deux derniers paragraphes du commentaire de Dominique fleurent bon (ou plutôt mauvais...) un certain paternalisme qui viserait à décider ce qui est bon pour les masses, et ce qui ne l'est pas. Les "préoccupations populaires", c'est quoi, au juste ? L'amour courtois, ce n'est donc pas populaire ? Ca ne donne pas de plaisir aux gens, ça ne les fait pas rêver ? Et puis, bon nombre de chansons composées par des "grands" compositeurs se transmettent de génération en génération aussi, il n'y pas que la musique traditionnelle ou folklorique. De grâce, évitons les classements et les cloisonnements, en musique comme ailleurs.
troubadours by Alison Tuesday August 27, 2002 at 07:11 PM |
La question des orgines sociales des troubadours est intéressante. La plupart des auteurs soulignent le fait que bcp de ces personnes étaient issues de la très petite noblesse et des classes assez humbles.
Il est vrai que Guillaume d'Aquitaine était un très grand seigneur, mais il faut quand même avouer que la majorité de ces poètes et chanteurs n'étaient pas aisés.
p.ex. Ils travaillaient dans les chateaux des principaux nobles (Les Raymonds de Toulouse, Alfonse de Castille etc...) Alors, pourquoi se mettre au service d'un seigneur si on était soi-même riche.
Lire les vidas : l'expresion "fils d'un pauvre cavalier" revient souvent.
categories? by Alison Tuesday August 27, 2002 at 07:19 PM |
John Coltrane :
"the term classical music, in my opinion, means the music of a country that is played by the composers and musicians of the country, more or less, as opposed to the music that the people dance to or sing, the popular music. So in other words, there are different types of classical musics all over the world.
[...]
If you ask me what we are playing, [...] you could name it a classical music."
interviewed by Frank Kofsky in "John Coltrane and the Jazz Revolution of the 1960's"
-_-; by Mü Tuesday August 27, 2002 at 07:31 PM |
bushido@fr.fm |
[19:25] <Mu> destinée aux jeunes?
[19:25] <Mu> pop = commercial
[19:25] <Mu> c tt
[19:26] <Mu> Pourquoi croyez-vous que la plupart des mouvements musicaux prennent leur source dans les ghettos noirs ? | portnawak
[19:26] <Mu> Parce que la musique est l'expression de la souffrance, de l'appel à l'aide à Dieu | et mon Q, c du poulet
[19:26] <Anonyme> hum du poulet ;)
[19:26] <Mu> La musique des noirs américains a toujours été étroitement liée à la religion et à la politique | Hey motha fucka... très religieux, en effet :|
[19:27] <Anonyme> huh :)
[19:27] <Mu> Le Gospel, cette forme de prière chantée et même dansée, se pratique depuis la nuit des temps sous d'autres formes en Afrique, leur terre d'origine | entre tamtams et orgue, j'vois pas le lien
[19:28] <Mu> Le mouvement Hippie fut dés le départ plus organisé politiquement et, comme les autres, toujours en réaction contre une injustice | super organisé, oué -_- bourrage de fion et c tt
[19:28] <Mu> c ki l'abruti k écrit c'te merde?
[19:28] <Anonyme> c moi ;/
[19:28] <Mu> hu² -_-
rapport de chan irc :|
Raccourcis by FrançoisH Tuesday August 27, 2002 at 09:06 PM |
frhaidon@ibelgique.com |
Condamner la musique classique sous prétexte qu'elle serait la musique de la classe dominante c'est finalement accepter de se faire dicter ses goûts par la convention et la stratification sociale, c'est donc l'accepter indirectement, il me semble. Moi j'écoute 90% de musique classique, ça ne veut pas dire que j'aie ma carte au PRL, loin de là. Je me fous de qui est dans le public avec moi, et puis quoi, vous voulez "leur" laisser l'exclusivité des bonnes choses, vous?
Quant à la question de l'accessibilité, je peux trouver n'importe quoi en musique classique pour trois fois moins cher que, au hasard, le dernier Manu Chao. Alors, qui est populaire?
Thanx Red Ant ! by Bun-Zer0 Wednesday August 28, 2002 at 12:16 PM |
Tu as peut-être pondu un article qui permettra à plus d'un de savoir que la musique actuelle vient de quelque chose d'assez ancien et que les origines de tout ça ne se limitent pas à l'apparition de l'Electro, de la Techno ou de la Drum 'n Bass...
Explications by AF aka Red Ant Wednesday August 28, 2002 at 01:16 PM |
Le but de ce texte est simplement de montrer que tout mouvement musical a toujours une ascendance sociale (peu importe le milieu) et que, souvent, plus cette ascendance est forte, plus le mouvement sera fort. Je voulais aussi lancer le débat sur les relations musique et politique.
Je ne me prétend ni historien, ni écrivain mais juste un passionné de musique. Donc c'est sur que ce texte contient des erreurs. Pour moi, c'est juste un petit texte pondu une nuit d'insomnie où j'ai entendu un cri dehors...Un cri dans la nuit.