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Népal: les mensonges de Michel
by david pestieau Monday August 26, 2002 at 06:59 PM

«Moi, je prétends que la décision est éminemment éthique», déclare Louis Michel à propos de l'accord du gouvernement belge concernant la livraison de 5.500 mitrailleurs au gouvernement népalais. «Il y a là-bas un système démocratique jeune, fragile, imparfait certes, mais démocratique.» Vraiment? De quelle démocratie s'agit-il?

Les quatre gros mensonges de Louis Michel
Népal rime-t-il avec démocratie?

«Moi, je prétends que la décision est éminemment éthique», déclare Louis Michel à propos de l'accord du gouvernement belge concernant la livraison de 5.500 mitrailleurs au gouvernement népalais. «Il y a là-bas un système démocratique jeune, fragile, imparfait certes, mais démocratique.» Vraiment? De quelle démocratie s'agit-il?

Le Népal, une jeune démocratie?
En mai 2002, le nouveau roi Gyanendra a ordonné la dissolution du parlement népalais suite à la visite du Premier ministre Deuba à Bush. Deuba n'avait pas réussi à faire approuver par son propre parti (le parti du Congrès) une nouvelle extension de l'état d'urgence. Or, avec l'état d'urgence, les libertés élémentaires d'expression, d'association, de réunion ont été totalement suspendues en novembre 2001. L'armée a reçu le pouvoir de détenir des personnes sans aucune forme de procès. Entre novembre 2001 et février 2002, plus de 5.000 personnes ont été arrêtés dont de nombreux avocats, étudiants, professeurs, journalistes en raison de leurs sympathies communistes. Le nombre de prisonniers politiques est estimé à 2.500. Les élections annoncées pour novembre 2002 auront-elles lieu dans ce contexte? Et dans quelles conditions?

L'actuel roi Gyanendra est arrivé au pouvoir suite à une tuerie au Palais royal au cours de laquelle le roi Birendra a été assassiné. Or, Birendra refusait l'entrée de l'armée népalaise dans le conflit et tout indique que c'est Gyanendra qui a tiré les ficelles du massacre de juin 2001.

Aujourd'hui, le roi est dans les faits commandant suprême de l'armée royale népalaise. Il a résolument tourné le pays vers la guerre. Dans un pays où le PIB est de 200 euros par an et par habitant, le budget de l'armée représente plus de 10% du budget national. Avec l'état d'urgence, un plan massif pour fermer des écoles, des hôpitaux, pour baisser les salaires des fonctionnaires a été décidé.

Les ONG travaillent-elles librement au Népal?
«Les ONG y travaillent librement, les organisations des droits de l'homme aussi. Et le pays est en proie à une guérilla qui s'adonne à l'enlèvement de parlementaires, à du racket sur les paysans, à des tortures, à des actes terroristes», affirme Louis Michel.

Pourtant, selon l'ONG pro-occidentale Amnesty International «des groupes de défense des droits de l'homme ont rapporté que les possibilités pour opérer librement ont été sapées, particulièrement depuis la déclaration de l'état d'urgence. Dix militants des droits de l'homme ont été arrêtés» .Et Le Soir du 26 août écrit: «Notre interlocutrice est française et veut garder l'anonymat pour ne pas mettre en péril la vie du personnel local de l'ONG avec qui elle travaille - ce qui en dit long sur le climat de violences régnant dans le royaume himalayen.»

La source du problème: le «terrorisme» de la guérilla communiste?
Le Knack du 7 août annonce «quatre mille morts au Népal dont la grande majorité tué par l'armée sans procès». Quant à la Française, membre d'une ONG népalaise, et qui témoigne dans Le Soir, elle affirme que «La «rébellion maoïste» n'est en réalité rien d'autre que le soulèvement du peuple népalais, pauvres misérables qui en ont assez de la corruption, de l'incurie des gouvernements qui se sont succédé, de leur misère, alors qu'ils voient défiler des milliers de touristes et leurs devises. Mais ces revenus ne sont pas redistribués: c'est l'une des raisons principales de la révolte! (…) Aujourd'hui, les Népalais ont peur. De qui? Ils redoutent l'armée et la police, qui «tirent sur tout ce qui bouge».»

La terreur vient donc bien de l'armée népalaise, soutenue par les conseillers militaires US. Les Etats-Unis admettent eux-mêmes que 30% de la population soutient les maoïstes. Si 30 des 75 districts du Népal sont aux mains de la guérilla, c'est parce que «leurs partisans sont partout, alors que les guérilleros armés, eux, ne seraient que quelques milliers (pour une population de 23 millions d'habitants)», ajoute la coopérante française dans le Soir.
La coalition internationale contre le «terrorisme»
Le Népal, comme l'Inde et le Pakistan, font partie de la coalition internationale contre le terrorisme et, à ce titre, ils doivent être soutenus, précise Michel. En réalité, tout régime qui lutte contre les mouvements de libération nationale dans le Tiers-Monde est déclaré démocratique. Ainsi, le Népal est démocratique, mais Cuba subit la dictature de Castro.

Depuis le 11 septembre, le tournant vers la guerre s'accélère partout dans le monde. Depuis la visite du secrétaire d'Etat américain Powell au Népal, en janvier 2002, l'administration US a systématiquement oeuvré pour justifier une intervention armée dans le pays et y construire ainsi une base militaire permanente. C'est aussi un moyen d'imposer la mainmise des Etats-Unis sur une région voisine de la Chine. Ainsi, le 7 mai, Bush a reçu le Premier ministre népalais et a qualifié le mouvement de résistance populaire de «terroriste». Le lendemain, l'Union européenne reprenait les mêmes propos dans un communiqué. La Grande-Bretagne augmentait son aide militaire à l'armée népalaise, la faisant passer de un à plus de dix millions d'euros. L'Allemagne, elle, livrait déjà des armes en 2001. Quant à la Belgique, elle suit, à son tour…

La chasse au réseau Al-Qaïda n'a été qu'un prétexte pour s'attaquer aux mouvements de libération dans le Tiers-Monde. L'attaque se concentre aujourd'hui sur les mouvements de libération d'Asie. Début août, le Parti communiste des Philippines a été mis sur la liste noire des organisations terroristes. Le 21 août, les six chefs d'Etat de l'Asie du Sud comprenant l'Inde, le Pakistan et le Népal se réunissaient pour intensifier la lutte contre le «terrorisme», en fait contre les mouvements communistes de ces trois pays, qui se soutiennent mutuellement.

Pour combattre le danger de guerre, pour travailler à la paix, il est urgent de soutenir tous les mouvements de libération du tiers monde (dont le PCN (m) au Népal) qui sont aujourd'hui mis sur la liste noire de Washington. Toutes les livraisons d'armes aux pays en guerre contre les organisations de libération (comme le Népal, les Philippines, la Colombie...) doivent être interdites.

Aah Big Loulou...
by Mme C Tuesday August 27, 2002 at 12:21 PM

Ce matin sur la Première, il a quand même sorti : "Et avec tous ces maoïstes, communistes, terroristes qui s'en prennent à la population..." Toujours le mot pour rire... Son espace-temps est resté bloqué à la période Mac Gyver-éliminons-ces-méchants-communistes-qui-menacent-l'avenir-de-notre-si-belle-civilisation...

Mouais...
by FrançoisH Tuesday August 27, 2002 at 01:47 PM
frhaidon@ibelgique.com

C'est sûr que la phrase sur les "maoïstes-communistes-terroristes" c'était osé... N'empêche, qualifier d'éthique un truc pareil, ça force le respect question courage politique, quoiqu'on en pense (répugnant à rejoindre le choeur hypocrite des pacifistes d'un jour (au moins sur Indymedia, les gens le sont toute l'année), j'ai décidé de ne rien en penser, évitant tant que possible les indignations à la mode).
Mais franchement, nous qui croyions que la FN ne fournissait que de paisibles collectionneurs de chars d'assaut, nous voilà pour nos frais.

Enfin! Louis tu te déshabilles!
by Brunelleschi Tuesday August 27, 2002 at 04:57 PM

Enfin, notre Bon et Glorieux Louis National se montre à nous dans toute sa splendeur... son attitude me rappelle étrangement celle d'Aznar, en Espagne, qui au cours de sa première législature était un parfait petit élève poli, diplomate, qui ne voulait froisser personne, et que tout le monde trouvait un peu réservé mais très correct... Aznar est à présent en passe de devenir un petit dictateur qui n'écoute personne. Louis serait-il sur la même voie? Sommes-nous déjà tellement amadoués par ses discours sur la primauté de l'éthique sur les affaires, sur l'importance capitale des droites de l'homme etc.?
C'est ce qu'il pense... et il teste ses hypothèses... à nous de lui montrer que nous ne sommes pas dupes et que bien qu'il tente désepérément d'effacer le terme "droite" du langage commun (souvenez-vous des paroles de notre cher Guy: il n'y a plus de droite ou de gauche, il y a à présent les progressistes et les conservateurs), il est clair qu'il n'efface pas le terme "droite" de son idéologie. Louis! ne te caches plus! On sait que tu es de droite! On sait que ta priorité ce sont les affaires et pas les droits de l'Homme...alors ne vient pas faire la vierge effarouchée qui s'évanouirait à la vue d'une goutte de sang népalais dégoulinant d'une blessure causée par une mitraillette de la FN.

Le roi de la mauvaise foi est bel et bien belge...
by jm Caris Wednesday August 28, 2002 at 11:07 AM

Je pense que nous avons dans notre petit pays le "roi de la mauvaise foi"...en la personne de"Louis Michel". Passé maître dans l'art de la communication, celui-ci fait preuve d'une arrogance rarement égalée et d'une prétention peu commune ! Fin stratège celui-ci se retranche derrière une décision collégiale du "kern"... Sacré Louis va... A retenir lorsque nous irons votés prochainement !