Tulkarem : Une semaine d'une extrême violence by K Friday August 23, 2002 at 07:28 PM |
Il est difficile de résumer ce récit ! ce qui a été observé durant cette semaine sanglante à Tulkarem. La violence a été si dure, et les détails brutaux. (texte transmis par les objecteurs de conscience israéliens)
Tulkarem : Une semaine d'une extrême violence
Ce texte ne peut être soupçonné d'un point de vue partisan. Il nous est communiqué par les objecteurs de conscience israéliens. Il est terrible, mais je crois qu'il faut vraiment savoir tout ce qui se passe dans les territoires occupés pour en prendre la mesure politique. C'est aussi un moyen de rompre l'isolement du peuple palestinien.
Par ailleurs, CNN faisait état hier soir de l'utilisation de jeunes palestiniens comme boucliers humains (human shields) quand les soldats vont arrêter des gens dans les maisons. Washington a protesté contre cette pratique.
Tulkarem : Une semaine d'une extrême violence Par Rebecca Murray
14 août 2002
Je viens de passer la semaine à Tulkarem. Tulkarem se trouve à cheval sur la ligne entre la Bande de Gaza et Israël, d'où l'on peut voir les lumières de Netanya et la mer au loin. Mais la ville est complètement isolée, et cet enfermement est massivement renforcé par les militaires israéliens qui l'encerclent.
C'est une ville où l'extrême violence des militaires israéliens contre tous les citoyens palestiniens est étouffée. Les journalistes sont strictement proscrits de la "zone militaire".
Les hélicoptères Apache ont survolé la ville à basse altitude jour et nuit toute cette semaine, faisant feu dans dans le camp et la ville de Tulkarem avec une fréquence routinière. Des chars ont occupé le centre et les alentours de la ville, en faisant eux aussi feu fréquemment. Et les soldats en jeeps, souvent druzes, tournent en permanence, hurlant que s'ils voient qui que ce soit dans la rue, ils tireront.
Les militaires sont très occupés à arrêter et mitrailler des civils, souvent des enfants de sept ans. Des journalistes ont été menacés d'être arrêtés s'ils ne quittaient pas la ville, leurs films étant confisqués sur place. Cette semaine la voiture du reporter Gideon Levy de Ha'aretz a été mitraillée sans qu'il y ait eu provocation (une balle au beau milieu du pare-brise), il doit la vie au verre pare-balles.
Exécutions de sang-froid
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Mardi 7 août, les militaires ont exécuté un homme figurant sur leur "liste de personnes recherchées", Ziad D'ayas, 28 ans, de sang-froid. Ils ont aussi assassiné deux civils palestiniens non loin de là, affirmant après-coup qu'ils étaient "recherchés". Cette déclaration militaire officielle est une contre-vérité absolue.
L'un d'entre eux, Mahair Jesmawi, 17 ans, était un étudiant qui venait d'apprendre qu'il avait réussi ses examens de fin d'année. Fou de joie, il est sorti un instant dans la rue et a été tué. L'autre était Mohammed Saidz, 24 ans, un mécanicien travaillant dans son atelier qui a eu le malheur de croiser des soldats pourchassant Ziad. Il a été abattu et est mort lentement après que les ambulances se soient vu interdire de lui porter secours.
Cette action militaire a été conduite d'une manière particulièrement atroce. Selon des témoins oculaires se trouvant dans les bâtiments voisins, elle a commencé vers 9 heures ce matin-là. Des snipers, des soldats, dont beaucoup en civil, ont encerclé la zone du toit de l'atelier de mécanique où dormait Ziad. Ils ont visé et fait feu, touchant Ziad à la jambe et au cou. Ziad est tombé du toit dans l'atelier, se cassant les membres, mais toujours vivant. Ils l'ont alors passé à tabac avec leurs fusils, avant de lui tirer une balle dum-dum de 9 mm en pleine tête, le tuant instantanément. Ils ont laché leurs chiens sur le cadavre, puis ont répandu de l'acide sur ses bras, ses jambes et son estomac.
Les ambulances ont été empêchées de circuler pendant cinq heures ce matin-là. l'une d'entre elle a essayé de récupérer les trois corps que les militaires gardaient dans un champ à côté de l'atelier du mécanicien, mais elle a été mitraillée et a dû faire demi-tour. Finalement, une voiture civile a ramené à toute vitesse les corps à l'hôpital gouvernemental dès que les soldats ont quitté le voisinage.
J'ai vu les corps lorsqu'ils sont arrivés. Le corps de Ziad était grotesquement torturé, les membres brisés, et sa peau pelait par larges sections à cause de l'acide. Sa tête était à moitié arrachée. Mahair, l'étudiant de 17 ans, a été abattu d'une balle dans la tête. Et Mohammed, le mécanicien, d'une balle dans le torse.
Pendant le même temps, les maisons dans la zone des meurtres ont été vidées des familles, alors que les soldats allaient de l'une à l'autres, endommageant les meubles, volant de l'argent à deux reprises. Un groupe d'environ trente hommes a été arrêté et emmené en Israël, y compris deux blessés par des balles de guerre.
L'hôpital et les ambulances assiégés ------------------------------------
Le centre de répartition des ambulances est à côté de l'hôpital gouvernemental de Tulkarem. À trois reprises cette semaine, à la fois l'hôpital et l'entrée des ambulances ont été bloqués par des tanks et des jeeps. Apparemment, c'est tout à fait normal !
À ces occasions, les soldats hurlent aux gardes des portes de l'hôpital de fermer les portes. Une fois, pour affirmer leur point de vue, les soldats ont fait feu avec des munitions de guerre à travers les trous dans les portes, en direction de l'entrée des urgences, touchant une voiture. Heureusement, il n'y avait pas d'occupants à ce moment.
Ces trois fois la croix rouge avait été informée par les militaires que les ambulances ne pouvaient pas bouger DU TOUT. Tirer sur des ambulances en mouvement n'est malheureusement pas chose rare à Tulkarem.
Une ambulance décimée
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Il y a trois jours, le centre des ambulances voulait livrer au centre principal à Ramallah une ambulance qui avait été décimée par un tir de char le 7 mars.
L'attaque de cette ambulance-là a causé la mort du chauffeur, Ibrahim. Le véhicule a été touché sans sommation par un char alors que Ibrahim rentrait vers l'hôpital après avoir raccompagné un patient. Il a été tué par de nombreuses balles dans la tête. Sa passagère, un médecin nommée Sophia, a été plaquée à au sol par Ibrahim quelques instant avant qu'il soit tué, et a donc heureusement survécu, blessé par des shrapnels sur tout le corps.
Le centre des ambulances a du négocier avec les soldats au check point de Tulkarem pour faire passer cette ambulance sévèrement endommagée. Quand un soldat a vu les 30 impacts de balles dans le pare-brise et la carrosserie, ainsi que le sang et les cheveux d'Ibrahim répandu à l'intérieur de la porte du conducteur, il a demandé ce qui s'était passé. Lorsque l'histoire lui a été racontée, la réponse du soldat a été : "Ils ont dû être mitraillés par des gens de chez eux". "Non, c'était assurément un char israëlien", ai-je dit. [la scène a été filmé, vu par des témoins, et il y a aussi le récit du médecin] "Bien... ça devait être des terroristes", a répondu le soldat, inflexible."
Le camp d'été pour enfants continue sous le feu -----------------------------------------------
Le camp d'été pour enfants est très populaire, mais souvent pris dans les affrontements. Les enfants ont souvent été dans le camp dans la ville basse lorsque que des chars y sont entrés et ont fait feu.
Les enfants présents (de 7 à 10 ans environ) viennent à la fois de la ville et du camp. Chaque matin les enfants, escortés par les enseignants courent en file indienne le long des immeubles pour atteindre le camp d'été. La même routine reprend lorsqu'ils rentrent chez eux.
En courant vers les maisons des enfants un après-midi nous avons rencontré un char et avons dû plonger dans une maison voisine. les enfants étaient terrifiés, une fille de 8 ans sanglotait, prise par une peur incontrôlable. le char a fait feu à l'extérieur de la maison lorsque nous nous sommes couchés sur le sol.
Heureusement, il y avait un petit chaton lové sur le sol. Nous l'avons utilisé pour détourner l'attention des enfants du bruit à l'extérieur, en tirant le queue du chat en disant "regardez, regardez". Ils se sont concentrés sur le chat et et la petite fille a cessé de pleurer. Nous sommes partis quand les rues sont redevenues calmes, et nous avons couru vers leurs maisons.
Pour résumer
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Il est difficile de résumer ce récit ! ce qui a été observé durant cette semaine sanglante à Tulkarem. La violence a été si dure, et les détails brutaux.
- traduction germinal pinalie, samizdat.net -
http://hns.samizdat.net/
Source/auteur : Rebecca Murray
http://www.gush-shalom.org/temp_pics/diary31.html
qutres infos sur Tulkarem
http://www.indymedia.org.il/imc/israel/webcast/35789.html