arch/ive/ief (2000 - 2005)

Pour le droit du peuple palestinien à l'auto-détermination !

Pour la lutte de libération sociale des peuples de Palestine et d'Israel !

Avec toutes celles et tous ceux, israélienNEs et palestinienNEs, qui se battent contre l'ordre patriarcal, étatique et capitaliste !

Les négociations et le retrait limité des troupes israéliennes ne changent pas l'essentiel. Sharon poursuit sa sale guerre coloniale avec l'aide ou la complicité de toutes les puissances, Etats arabes compris. La construction du Grand Israel ne revêtira sans doute pas la forme barbare d'une nouvelle expulsion massive du peuple palestinien des territoires occupés en 67. Mais cette guerre veut réduire le futur et inévitable Etat palestinien à un protectorat où serait enfermé et contrôlé le prolétariat qui travaille en Israel ou est exploité sur place par une bourgeoisie palestinienne subalterne. Cette guerre est aussi une guerre sociale contre l'insurgence des masses palestiniennes !

Pas de guerre entre les peuples !

La lutte du peuple palestinien pour son auto-détermination est légitime et nécessaire. En particulier, la mobilisation populaire et la guerre de partisanEs qui frappe les structures militaires et policières de l'Etat d'Israel, ses centres de pouvoir économique et politique, sont justes. Mais cette guerre ne peut être conçue comme un affrontement du peuple palestinien contre le peuple israélien. Aucun peuple n'est inexorablement et entièrement soumis à son appareil étatique. Il faut combattre les conceptions qui postulent qu'il est légitime et efficace d'affaiblir un Etat en frappant le peuple qui lui est assujeti.

L'Etat sioniste mène une guerre contre tout le peuple et non seulement contre l'Autorité palestinienne. Mais il est faux politiquement et moralement que des secteurs de la résistance palestinienne répondent à la guerre coloniale en frappant de manière indiscriminée la société israélienne. C'est un moyen barbare et injuste de rendre coup pour coup à l'Etat sioniste. Une telle démarche rend plus difficile l'affirmation des contradictions internes de la société israélienne, renforce " l'unité nationale " et légitime les cours autoritaire et répressif de l'Etat israélien contre ses propres citoyenNEs. Mais ceci ne peut faire accepter les symétries hypocrites. La violence matérielle de l'appareil et militaire et policier sioniste est infiniment plus forte que celle qu'exerce contre la population de l'Etat d'Israel les jeunes femmes et les jeunes hommes qui choisissent la voie désespérée de l'attentat-suicide.

Pas de paix avec les maîtres !

Parce que nous sommes internationalistes, révolutionnaires et libertaires, nous combattons la logique d'une guerre peuple contre peuple et nous lui opposons la voie de la guerre sociale où les dominéEs, quelle que soit leur appartenance ethnique, nationale ou confessionnelle, combattent ensemble les classes dominantes et les Etats.
Le peuple palestinien ne lutte pas seulement pour son droit à l'auto-détermination. Le problème n'est pas seulement de fonder un Etat et de libérer une terre. Le peuple palestinien mène aussi une lutte de libération sociale moins visible, peut-être plus souterraine, mais tout aussi essentielle : la lutte des femmes pour leur émancipation, le combat des prolétaires contre l'exploitation des patrons israéliens et palestiniens, la lutte de très larges secteurs de la société contre l'arbitraire et la corruption de son propre Etat, contre les violations par le pouvoir des droits fondamentaux et à l'inverse, pour l'auto-institution démocratique et l'émancipation sociale. Des espaces démocratiques, certes fragiles et limités, existent dans les territoires gouvernés par l'Autorité palestinienne. Ils sont le fruit de tous ces combats qui configurent une véritable politique de libération.

Pour vaincre, le peuple palestinien a besoin de s'allier avec les secteurs de la société israélienne qui refusent la logique de la guerre coloniale, qui veulent la paix et qui s'opposent au démantèlement des espaces démocratiques profondément remis en cause par la logique étatique de la guerre.

La lutte du peuple palestinien a également besoin pour gagner d'une alliance avec le mouvement de contestation de l'ordre capitaliste du monde. Ce mouvement est le seul à pouvoir s'opposer à la politique pro-sioniste des Etats et des classes dominantes. La très grande majorité du peuple israélien veut vivre en paix. C'est là un éléments positif sur lequel la lutte du peuple palestinien peut et doit s'appuyer pour vaincre.

Deux peuples otages

Les puissances, en en particulier l'américaine, tendent à transformer la société israélienne tout entière en une gigantesque armée auxiliaire de l'Empire, ce syndicat des grandes institutions étatiques et supra-étatiques et des principaux groupes du capitalisme mondialisé. L'Empire impose au peuple d'Israel de vivre dans un état de guerre larvée, menace les libertés démocratiques et maintient au pouvoir le parti de la guerre.

La société israélienne, tout comme la société palestinienne, est traversée de contradictions significatives, de nombreux conflits sociaux, d'importantes luttes de classes. Les luttes des sujets sociaux dominés, à partir d'un travail qui sera sans doute long et difficile, peuvent et doivent converger et fusionner Les intérêts du monde du travail israélien et du prolétariat palestinien peuvent et doivent s'allier dans le combat de classe.

Le peuple palestinien et le peuple israélien sont en fait deux peuples otages, frappés par des tragédies parallèles. Le peuple juif, après avoir été abandonné par les classes dominantes d'Europe et des USA et livré à l'horreur de la Shoah, a été encadré et orienté par l'appareil sioniste vers une entreprise de colonisation de la Palestine. Ainsi, le peuple du Yiddishland révolutionnaire, de l'Holocauste et de l'insurrection du Ghetto de Varsovie a été contraint de devenir le peuple otage de l'étatisme sioniste, mis au service des intérêts du capitalisme international dans la région du Moyen-Orient.

Il en est résulté, pour les citoyenNEs juifs/ves d'Israel et dans une certaine mesure pour les citoyenNEs arabes israélienNEs, une société contradictoire, à la fois Etat de séparation ethnique proclamé et de libertés démocratiques limitées et sous contrôle, fragiles et sans cesse remises en cause. Les mouvement pacifiste israélien, les objecteurs et déserteurs témoignent de cela.

De son côté, par la violence et par la guerre, le peuple palestinien a été chassé de sa terre. Il a subi un déni essentiel. Il a été instrumentalisé,contrôlé et réprimé par les régimes arabes qui ont tenté d'en faire une troupe supplétive pour leurs desseins. Le peuple palestinien a du s'affirmer de haute lutte, au prix de sacrifices immenses. Il a du combattre contre les Etats arabes, contre l'Etat sioniste, contre les bourgeoisies, les blocs et les impérialismes, y compris contre sa propre bourgeoisie et les bureaucraties politico-militaires, devenues aujourd'hui l'Etat de l'Autorité palestinienne.

Les deux peuples, palestinien et israélien, doivent se libérer et ils devront le faire ensemble. Le peuple d'Israel doit affronter la soumission aux intérêts de l'Empire et la logique de guerre coloniale qui ouvre la voie à l'extrême-droite sioniste et au fascisme. Le peuple palestinien doit lui aussi vaincre la tentation de la guerre " peuple contre peuple " et les logiques autoritaires ou fondamentalistes qui voudraient l'amener à situer son auto-détermination exclusivement sur un terrain étatique et de surcroît anti-démocratique.

Libertaire, égalitaire, une révolution reste à faire !

Ce sera une longue lutte. Il faut tabler sur l'ensemble des démarches de libération et de revendication de la paix des sociétés palestnienne et israélienne et sur la solidarité directe de celles et ceux qui luttent contre l'ordre du monde. Seule l'action du mouvement anti-capitaliste pourra contraindre les Etats à agir dans la région dans le sens d'une protection du peuple palestinien et de la paix.

1. Soutenons toutes les luttes sociales et démocratiques, émancipatrices contre le militarisme, le fascisme et le fondamentalisme

2. Appui à la lutte du peuple palestnien pour son autodétermination : territoire, eau, autonomie économique, institutions

3. Evacuation des territoires occupés en 67, fin des colonies, droit au retour généralisé, Jérusalem capitale commune aux deux Etats

4. Appui à tout ce qui peut permettre une Confédération des peuples : par exemple double nationalité, coopérations et surtout luttes sociales communes

5. Combat contre l'antisémitisme et contre le racisme qui frappe partout les immigréEs du monde arabe

6. Appui à celles et ceux qui dans la région, agissent sur des bases socialistes, libertaires et fédéralistes

Lausanne, le 10 mai 2002
OSL / Organisation Socialiste Libertaire / Case postale 687 / 1000 Lausanne 9