arch/ive/ief (2000 - 2005)

"A tous les chefs d'organisations palestiniennes militaires, paramilitaires ou de guérilla

A tous les soldats de groupes militants palestiniens :

Je m'appelle Marek Edelman. Je suis l'ancien commandant adjoint de l'Organisation militaire juive en Pologne, l'un des chefs de l'insurrection du ghetto de Varsovie. Dans l'année mémorable de cette insurrection, en 1943, nous luttions pour la survie de la communauté juive à Varsovie.

Nous nous battions pour notre vie, pas pour un territoire, ni pour une identité nationale. Nous nous battions avec une détermination désespérée, mais nos armes n'étaient jamais dirigées contre des populations civiles sans défense, nous n'avons jamais tué des femmes et des enfants. Dans un monde dépouillé de principes et de valeurs, malgré le danger constant de la mort, nous sommes justement restés fidèles à ces principes et valeurs.
Nous étions isolés dans notre combat et, néanmoins, l'armée puissante à laquelle nous faisions face n'a pas réussi à détruire les garçons et filles à peine armés que nous étions. Notre lutte à Varsovie a duré plusieurs semaines, puis nous nous sommes battus dans la clandestinité et pendant l'insurrection de Varsovie, en 1944.

Cependant, nulle part au monde, un groupe de partisans ne peut remporter une victoire définitive, nulle part une guérilla ne peut être défaite par des armées, aussi bien équipées soient-elles. Votre guerre ne peut non plus apporter une solution. Le sang sera versé pour rien, et des vies seront perdues des deux côtés.

Nous n'avons jamais manqué d'égards pour la vie. Nous n'avons jamais envoyé nos soldats à une mort certaine. La vie est éternelle. Nul n'a le droit de l'ôter à la légère. Il est grand temps pour tout le monde de comprendre précisément cela.

Regardez autour de vous. Regardez l'Irlande. Après cinquante ans d'une guerre sanglante, la paix est arrivée. D'anciens ennemis mortels se sont assis à la même table. Regardez la Pologne, Walesa et Kuron. Sans coup férir, le système criminel communiste a été défait. A la fois vous et l'Etat d'Israël devez changer radicalement d'attitude. Vous devez vouloir la paix pour sauver des centaines et peut-être des milliers de gens, pour créer un meilleur avenir pour ceux que vous aimez, pour vos enfants. Je sais de ma propre expérience que l'actuel déroulement des événements dépend de vous, les chefs militaires. L'influence des acteurs politiques et civils est beaucoup plus petite. Certains d'entre vous ont étudié à l'université de ma ville, Lodz, et certains d'entre vous me connaissent. Vous êtes assez sages et intelligents pour comprendre que, sans paix, il n'y aura pas d'avenir pour la Palestine, et que la paix ne peut être obtenue qu'au prix de concessions des deux côtés.

Je demande aussi à [l'ex-] président Bill Clinton, à [l'ancien] ministre Bernard Kouchner et au [député] Daniel Cohn-Bendit de soutenir mon appel. Je voudrais vous rappeler notre position commune au sujet de la guerre en Yougoslavie.

Peut-être cette guerre, la guerre qui ne peut être gagnée, peut-elle être stoppée et remplacée par des pourparlers qui mènent à un accord.

Peut-être devrions-nous chercher un médiateur, qui n'a pas besoin d'être un politique, mais plutôt une personnalité d'autorité morale irréfragable, quelqu'un qui place la vie dans la dignité et la paix pour tout le monde au-dessus de tout objectif politique.

Marek Edelman"

Mon Marx ( :-) ), que c'est vain. Dommage, l'idée était bonne de faire le parallèle entre les deux situations (même si, "toute chose restant égale", elles n'ont pas grand'chose à voir).

Est-ce que ce type s'est aussi adressé aux gugusses qui squattent les territoires palestiniens en brandissant le drapeau blanc et azur à l'étoile de David?

Comme je ne crois pas à la sociale-démocratie, la cause des persécutions contre Juifs, Tziganes, homo, etc. aurait été la seule raison valable pour laquelle je me serais engagé dans la résistance en 1940 (si j'en avais eu le courage; on ne peut pas préjuger de ce genre de choses). Mais quoi? Ce bonhomme réalise-t-il ce qu'il dit quand il appelle à une espèce de Père Noël?

A propos, oui, je n'aime pas beaucoup les attentats, et je n'aime pas du tout ceux qui touchent les civils. Mais les colons adultes consentants sont-ils des civils ou des fous de Dieu?

Edelman mérite le respect. Mais je ne l'ai pas entendu protester - et là sa voix aurait pu se faire justement entendre - quand de hauts responsables militaires israéliens déclaraient, il y a peu que"contre les Palestiniens on peut s'inspirer des méthodes de nos ennemis passés Y COMPRIS LES METHODES QU'ILS UTILISERENT DANS LE GHETTO DE VARSOVIE".
Par ailleurs, il faut avoir vu ler eportage sur els colons d'Hébron diffusé le 2 août dernier sur Arte (et quelques autres antérieurement) pour comprendre que les colons ne sont plus seulement des fous de dieu, mais des fous, simplement des fous.
Cette femme colon par exemple déclarant (entre autre) ".. que les soldats ne se battent plus, c'est aux femmes et aux enfants de se battre. Je suis heureuse que mes enfants et moi participions à ce combat".
La plupart des Israéliens n'ont pas envie de la paix. Ils n'ont envie que de guerre, que de conquérir le "grand Israël". Si en effet, cette guerre prenait fin, maintenant, par un miracle, ils ne sauraient pas quoi en faire.
Edelman peut se rendormir, de toute façon Sharon l'a envoyé au diable, lui et sa proposition

Quelques précisions pour comprendre d'intérêt de la déclaration de Marek Edelman.

Marek Edelman a toujours été très critique envers Israël, qu'il qualifie d'erreur historique. Après la guerre, il a continué a vivre en Pologne malgré certaines attaques antisémites dirrigées contre lui par les Néo-Nazis.
Donc, monsieur le professeur RB, vos leçons de morale, vous pouvez vous les garder.

Thito, je suis d'accord avec toi. La situation des Palestiniens et celle des Juifs du ghetto de Varsovie sont très différentes.

L'intérêt de cet appel n'est pas de proposer une solution "miracle". L'intérêt, c'est qu'un vétéran de la révolte du ghetto de Varsovie interpelle les combattants Paestiniens en les qualifiant de "Partisans".

C'est une reconnaissance de la légitité de la lutte des Palestiniens.
Pour nous c'est une évidence, mais dans le contexte de la société israélienne, c'est une révolution idéologique...

Comment pourrait-on faire confiance en un message de paix venant d'un gars qui appelle à sa rescousse un fauteur de guerre, Clinton, un pantin de l'OTAN, Kouchner et à une vert-de-gris, Cohn-Bendit ? Franchement ...

Merci monsieur Marek Edelman, vous pouvez rentrer chez vous, et ne reviendrez pas en deuxième semaine.

[ Pour le reste, on peu critiquer ce message sur un grand nombre de points ... ]

Bon je vais encore faire mon moralisateur, mais soyons un peu polis. Je serais Monsieur Edelman, je n'ose pas penser comment j'accueillerais vos commentaires. J'en suis gênée pour l'image que donne la nouvelle jeune gauche à ceux qui furent la jeune gauche d'il y a quelques décennies.

Moi ce que je retiens de la lettre de monsieur Edelman, c'est:

"Nous nous battions pour notre vie, pas pour un territoire, ni pour une identité nationale."

C'est superimportant dans les temps actuels de remontée du nationalisme, où de prétendus gauchistes veulent déplacer des frontières, créer des Etats, inventer des langues, prouver que le sol ne parle pas la même langue que ceux qui habitent dessus, priver de citoyenneté ceux de l'ancien Etat "impérialiste" qui sont sur le territoire du nouvel Etat créé...
Comme si le nationalisme et le gauchisme avaient jamais fait bon ménage.
J'aurai toujours envie de rentrer dans le lard de ces nouveaux gauchistes du Volksgeist, quelle que soit la légitimité apparente qu'ils se taillent dans l'espace public.

Cette lettre de Marek Edelman, parue hier, qualifiant pour la première fois, les combattants palestiniens de "partisans" - fait historique! n´est pas restée longtemps au "marbre" du journal Le Monde. Aujourd´hui, vous auriez beau la chercher sur la page "analyses et forums" de leur web site, vous ne la trouverez pas.
En revanche, vous trouvez le "Face à la barbarie", de l´avocat Arno Karlsfeld, y séjournant depuis déjà quelques semaines. Mais la lettre ouverte de l´ancien chef historique de l´insurection du ghetto de Varsovie, qui vous l´avez bien noté, dans son contenu, est plutôt nul, non!
Tout ca à cause d´un mot. Un mot de trop. Un mot scandale. Partisans.
"Cette révolution idéologique", dont tu parles K., je dirais plutôt "sémantique", est loin d´être arrivée jusqu´aux oreilles du journal Le Monde...
C´est pourquoi les résistances palestiniennes ont parfaitement raison de poursuivre leur insurrection, de manière opiniâtre et bruyante, jusqu´au jour, où tous et toutes, d´accord ou pas sur les raisons de leur cause, les nomment PARTISANS.
Et que la Naqba (la catastrophe) soit autant connu et utilisé dans le langage courant que la Shoa.