le 8 août 1956, 262 hommes mouraient à Marcinelle by Mugemangango Germain Thursday August 08, 2002 at 09:25 PM |
germainm@swing.be 0473/21.85.72 31 rue de Nimy 7000 mons |
Aujourd'hui s'est tenue une commémmoration à la mémoire des 262 disparus de la catastrophe de Marcinelle. Ce fût l'occasion de parler à d'anciens mineurs et de visiter l'exposition permanente qui se tient sur le site du Bois du Cazier, à Marcinelle.
Il y a 46 ans, 262 travailleurs mouraient dans la mine à Marcinelle….
Aujourd'hui, 8 août 2002, est la date d'un triste anniversaire. Deux wagons mal engagés à 875 mètres de profondeur provoquèrent un incendie dans un des puits du Bois du Cazier ou mois d'août 1956. Il est aux environs de 8h10. En quelques heures c'est la catastrophe. On arrive à récupérer quelques hommes.Vers 15h00, il devient clair qu'on ne récupèrera plus que des cadavres. Le premier jours on en trouve 85. On continuera à chercher jusqu'au 22 août et on arrivera à un total de 262 victimes. Plus de la moitié de ces victimes sont italiennes. 95 victimes sont belges. Mais il y a aussi des Grecs, des Arabes, des Polonais, des Russes ,… qui disparaîtront dans cette catastrophe.
Aujourd'hui s'est tenue une commémoration à la mémoire de ces diparus. Elle a commencé sur la place de Marcinelle par le dépôt d'une gerbe de fleur au pied du monument érigé à la mémoire des victimes. Des syndicalistes, des hommes politiques, le consul d'Italie et des travailleurs italiens étaient présents. Dans une ambiance solennelle, plusieurs gerbes de fleurs sont déposées au pied du monument.
Ensuite nous nous sommes rendus au cimetière de Marcinelle où un certain nombre de mineurs sont enterrés. Une forte délégation italienne est présente. Elle est composée d'officielles et de syndicalistes. Il y a aussi une délégation d'une région d'Italie. Ils se sont cotisés pour offrir une cloche symbolique en l'honneur des disparus. Elle sera installée sur le site du Bois du Cazier et sonnera 262 fois…
La demi-journée se termine sur le site du Bois du Cazier où des membres de comités de mineurs nous attendent. En parcourant l'expo permanente, on apprend que le gouvernement belge a fait venir les mineurs italiens, après la seconde guerre mondiale, car les mineurs belges ne voulaient plus travailler dans les mines. A l'époque le travail était considéré comme très dure, peu salubre et surtout peu sûr. Depuis 1920, le peu d'investissement fait dans les mines rendait ce travail très dangereux. Au lieu de faire ces investissement on invite la population d'un pays particulièrement appauvri par la guerre à venir faire ce que les travailleurs belges ont le bon sens de refuser. Chronique de 262 morts annoncées….
Le discours des autorités communales insiste surtout sur le culte du souvenir. C'est la raison pour laquelle ils ont beaucoup investit, après 20 ans d'abandon, dans la réhabilitation des infrastructures minières du Bois du Cazier.
Le 10 juin 2002, Pol Urban, sidérurgiste carolo, est mort des suites d'une chute de 7 mètres dans l'exercice de son travail. Depuis lors, Marc Rollier est mort à Fafer, de la sidérurgie carolo, et il y a encore eût deux blessés graves dans le même secteur. Il ne s'agit pas de souvenir, mais d'actualité.
« Qu'est-ce qui a provoqué l'incendie » demande une dame à un ancien mineur présent. « Nous travaillions avec du courant dans la mine. A un voltage de 6000 voltes. Un cable s'est rompu et a provoqué des étincelles. C'est ça qui provoqué le feu ». « Est-ce que les mesures de sécurité était respectées ? » continue la dame. « En fait, non. Un cable électrique rompu, c'est déjà arrivé dans d'autres mines. Normalement, le disjoncteur aurait du fonctionner et couper directement le courant. Il n'y aurait pas eût d'incendie. Ici, le disjoncteur n'a pas fonctionné. Il n'était pas réglementaire. A cette époque, c'est le charbon qui comptait et pas l'humain. »
« En Italie, il y a encore beaucoup de questions qui se posent sur ce qu'il s'est vraiment passé » nous explique un accompagnateur de la délégation italienne. « J'ai entendu qu'un des responsables de l'époque a fui au Canada. Pourquoi est-il parti s'il n a rien à se reprocher ? »
A l'époque comme maintenant, on insiste beaucoup sur la fatalité et sur le hasard pour décrire cette catastrophe. Certaines mesures de sécurités ont néanmoins été prises d'après les anciens mineurs.
En 1956, la Belgique était dans une période appelée « la guerre du charbon ». Pour reconstruire le tissus économique belge, pas forcément au bénéfice du travailleurs, il fallait produire toujours plus de charbon. La mine du Bois du Cazier était prévue pour produire 160.000 tonnes de charbon annuellement. L'année avant la catastrophe, elle en a produit 170.000 tonnes. Une mine, où comme dans la plupart des mines de l'époque, les derniers investissement dataient des années 20. Il n'y a donc pas que le hasard qui est impliqué là-dedans…
Actuellement nous sommes aussi dans le cadre d'une guerre économique. Les partis gouvernementaux nous appellent tous à rendre le pays et l'Europe plus compétitive. On ne pourra pas éviter catastrophes et accidents si on ne sort pas de ce cadre.