arch/ive/ief (2000 - 2005)

Infos sur les fachos d'Unité radicale
by Flore Wednesday August 07, 2002 at 11:14 PM

Du rock à Gramsci, un fourre-tout idéologique...

C'est une chanson qui dit : «Une balle pour les sionistes, une balle pour les cosmopolites, une balle pour les yankees, une balle pour les élus, et une balle pour la p... (police, ndlr).» A l'origine de ce morceau, en 1996, il y a le groupe Fraction Hexagone - rebaptisé depuis Fraction - et son leader Fabrice Robert, à l'époque conseiller municipal FN de La Courneuve (Seine-Saint-Denis) avant de passer au MNR (lire page suivante). Le titre a survécu aux velléités de poursuites de l'Observatoire de l'extrémisme, une association de vigilance anti-extrême droite. Fabrice Robert est devenu l'un des leaders d'Unité radicale (UR), qui a fait du rock identitaire français (RIF) une de ses vitrines où l'on retrouve des groupes comme Fraction.

Bras musclé. Le RIF n'est pas un attribut anecdotique dans l'histoire d'UR. Il lui a permis d'incarner et de véhiculer la vision du monde qui ont préparé sa naissance, en 1997, quand émerge une alliance tactique entre le Groupe Union Défense (GUD) et l'Union des cercles résistances, qui englobe la Nouvelle Résistance de Christian Bouchet, les écologistes d'extrême droite de Résistance verte ou encore Résistance ouvrière. Le but est d'élargir l'assise militante des «nationalistes-révolutionnaires», tout en se dotant d'un bras musclé incarné par le GUD. «En l'occurrence, il ne faut pas parler du GUD mais des GUD de Paris, de Nice, de Bordeaux, de Lille. Chaque groupuscule a ses spécificités, son autonomie», explique un spécialiste de l'ultradroite.

La mouvance sur laquelle Unité radicale tente d'asseoir son hégémonie s'inspire notamment des idées extrémistes de Jean Thiriart. Durant la Seconde Guerre mondiale, ce Belge fut membre des Amis du Grand Reich allemand (Agra). Dans les années 60, il a créé le mouvement Jeune Europe, où il a développé un discours d'extrême droite classique, raciste et xénophobe, prônant une Europe blanche ethniquement pure tout en prêchant l'ouverture en direction des pays du tiers-monde, opprimés, selon ses thèses, par le grand capitalisme incarné par l'Amérique et le sionisme. Adepte de ce double discours, le Front européen de libération (FEL) qui rassemble plusieurs groupuscules, dont Unité radicale, prône par exemple l'alliance avec la Libye. Tout est bon, selon les instigateurs d'Unité radicale, pour promouvoir la «révolution identitaire» contre «le syndicalisme apatride, le libéralisme exploiteur et le jacobinisme métisseur». «Nous sommes les héritiers des bras-nus de 1793, de Blanqui et de Proudhon, de Barrès, de la Cocarde et du cercle Proudhon. Mais aussi des "non-conformistes des années 30" et de Valois», déclarait Fabrice Robert dans une interview à une revue extrémiste.

Café arabe. La nébuleuse «nationaliste-révolutionnaire entend aussi s'inscrire dans la lignée d'Action directe comme elle célèbre l'insurrection des Communards», insiste un connaisseur d'Unité radicale. Même le terroriste Carlos a eu droit de cité dans une publication de la mouvance. Un Comité d'entraide aux prisonniers européens a aussi été créé, à Rennes le 21 mars 2002, pour venir en aide à des détenus comme Michel Lajoye, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir posé une bombe dans un café arabe du Petit-Quévilly (Seine-Maritime) en 1987.

En France, Unité radicale a voulu incarner cette pensée rebelle et «antisystème» en la diffusant sur l'Internet (lire ci-dessus) et sur la scène du rock identitaire français (RIF). «Le rock identitaire s'adresse à une jeunesse contestataire et radicale décidée à rompre avec les dogmes de la soft-idéologie, ceux qui veulent faire en sorte que leur vie soit un combat, ceux qui sont attachés à leur histoire, leur terre, leur honneur, ceux qui sont conscients des dangers qui guettent la civilisation européenne», écrit un adepte du RIF sur l'Internet. Suivent les textes interprétés par Fraction. Extrait de la chanson Désordre international : «Au sein d'un puissant front uni / Contre le nouvel ordre mondial / Nous sommes les sentinelles aguerries/ Du désordre international.» Les albums s'intitulent Le fléau, Yankees, go home !, Rejoins nos rangs.

Bleu Blanc Rock. Le groupe affiche clairement son objectif dans une interview à Jeune Résistance (hiver 2001), l'une des publications d'Unité radicale : «Diffuser un message politique clair sur un support musical susceptible de toucher le plus grand nombre.» Pour ce faire, les adeptes du RIF disent s'inspirer des théories de l'un des fondateurs du Parti communiste italien, Antonio Gramsci, et citent les exemples de «SOS Racisme et du groupe Zebda» pour souligner la nécessité d'élaborer une «propagande intello-culturelle qui doit servir la mobilisation électorale et politique». Il y a deux ans, UR a créé Bleu Blanc Rock (BBR) pour diffuser disques, cassettes, autocollants et affiches. Maxime Brunerie fut le responsable parisien de cette association jamais à court d'idées quand il s'agissait de faire la promotion du rock identitaire et de ses messages extrémistes : «Il faut faire un effort personnel, une bière en moins, c'est une K7 achetée. Dès que j'ai cinq minutes, je colle des autocollants dans les toilettes de la fac. Je ne sais pas si ça a un effet, mais, croyez-moi, que trois autocollants par toilette mis tous les jours pendant une durée suffisamment importante, ça se voit.»
Reste à savoir si un décret de dissolution aura raison d'une telle opiniâtreté.

Manipulations
by Jean-Michel Thursday August 08, 2002 at 10:14 AM

Cette article, signé par le journaliste Jacky Durand, est paru dans le journal francais Libération du 7 août.
Il serait souhaitable que Flore, dans sa publication, l´indique.
Il y a un angle, qui est loin d´être de l´information, que je voudrais dénoncer dans cet article: l´amalgame, les racourcis et les manipulations.
Ce n´est pas parce que le groupuscule d´extrême-droite francais pratique, tantôt par connerie tantôt par prosélitisme, les amalgames (comment peut-on ranger, voyons, la Commune de Paris dans une tradition d´extrême-droite?) que le journaliste Jacky Durand se doit de justifier ces amalgames, en les citant abondemment, sans le moindre commentaire ni digressions. Il suffirait simplement que le journaliste demande à Mégret ou à Le Pen (les chefs), pour dissiper tout malentendu: ce qu´ils pensent de la Commune de Paris, d´Action directe, de Proudhon, de la révolution francaise, etc. - car n´oublions pas, et ce n´est pas dit dans l´article, ce qui différencie, fondamentalement, le fascisme de l´anarchisme, par exemple, c´est la relation à l´autorité, aux institutions; ce qui le différencie du communisme, c´est son viscéral anticommunisme et sa relation à la propriété privée. Les jeunes membres de ces groupuscules "turbulents" n´ont jamais été des "penseurs grammsciens" mais des gros bras des forces de droite institutionnalisées; les plus "intelligents" (étudiant à la faculté de Droit d´Assas, Paris) se destinent à la magistrature ou à être officiers; les plus "cons", à être vigiles dans un supermarché; les plus "aventureux" à être manipulés...
Davantage que pour l´ultra-gauche, l´extrême-droite francaise, dans ses franges et sa nébuleuse, a toujours constitué un laboratoire d´expérience, un vivier de provocateurs et de mercenaires, une marge à la solde des offcines obscures de l´appareil d´Etat.
Il est évident, pour l´observateur, que la Pensée unique (j´entend par pensée unique, celle qui s´aligne sur les intérêt du capital, des Etats-unis et de ses vassaux) a tout intérêt, à entretenir ce confusianisme entre les projets authentiquement révolutionnaires de gauche et l´extrême-droite. Les extrêmes se touchent, ne dit-on pas.
Cette manipulation a débuté sous Mitterrand avec la guerre du Golfe; à cette époque, rares (pour ne pas dire quasi-inexistants) ont été les journaux à s´opposer à la guerre -Libération comme les autres; seuls des feuilles de choux d´extrême-gauche, et aussi d´extrême-droite - il faut avoir le courage de le dire!, avec au milieu (sponsorisé clandestinement par des gens du PCF) le journal satyrique L´Idiot international, créé par Jean-Paul Sartre, dirigé par son ancien secrétaire, "l´incroyable" Jean-Edern Hallier (1) ont osé s´opposer à la guerre contre l´Irak. En fait, tout ce qui touche aux pays du Golfe, Israel, Palestine, Etats-Unis, bouleverse, fracture, à l´infini tout l´échiquier politique francais. Les sociaux-démocrates comme les libéraux qui alternent au pouvoir, et qui bien souvent sont les chiens d´arrêt de l´impéralisme américain, se doivent, face aux interrogations de leur base, à épurer, à recomposer, à reprendre en main "idéologiquement", à chaque minute, leurs bases, afin de leur faire accepter tout: Etat policier, impérialisme aventureux, soutien à Israel, aux sionismes, golpe sud-américain, mondialisation, etc.
Leur plan est simple:
1-Désarmorcer toute révolte contre les édiles et les Etats-majors; pour ce faire, on connote négativement le populisme (il fait toujours le lit de l´extrême-droite)
2- On crée, on provoque, on suscite, de soit-disantes passerelles entre l´extrême-droite et l´ultra-gauche, afin de criminaliser toute dissidence, puis, petit à petit on l´élargit à tout le champs de la gauche...
3- On instaure un maccarthysme permanent...

(1) En ouvrant le site Franc-tireur contre le fascisme, j´ai eu la surprise de trouver le nom de Jean-Edern Hallier, parmi une kyrielle de nazillons; dans cette logique, il faudrait classer Jean Genet, Jean-Paul Sartre, Vergès, tous les auteurs qui ont écrit dans l´Idiot International chez les nazis...