Ceux qui soutiennent la Palestine comme la corde soutient le pendu by david pestieau Tuesday August 06, 2002 at 05:27 PM |
L'arc-en-ciel approuve l'interdiction des organisations de résistance palestinienne. Lors des «6 heures pour la Palestine» à Bruxelles, le 16 juin, quelques personnalités du PS et d'Ecolo ont apporté leur soutien à la cause palestinienne, notamment à l'épouse de Marwan Barghouti, dirigeant palestinien emprisonné par les Israéliens. Soutien sincère ou hypocrisie absolue?
Le lendemain même du 16 juin, les ministres européens des affaires étrangères ajoutaient les deux principales organisations de la gauche palestinienne, le Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP) et la branche armée du Fatah (Brigades des martyrs d'Al-Aqsa) sur la liste noire des «organisations terroristes». Les Brigades des Martyrs dont Israël accuse précisément Bargouthi d'être le chef.
Le principe d'une liste des «organisations terroristes» avait été adopté le 4 octobre par le Parlement européen. 417 voix pour, 44 contre, socialistes et écologistes votant pour. Pourtant il était clair, dès le début, que la lutte contre le terrorisme visait aussi des organisations qui veulent réaliser un changement social par une lutte populaire révolutionnaire armée, comme les FARC en Colombie.
Le 27 décembre 2001, le conseil des ministres européens des affaires étrangères, dirigé par le Belge Louis Michel, approuve une définition des actes terroristes et établit une première liste d'organisations terroristes. Cette liste a été «mise à jour» les 2 mai et 18 juin derniers, sans débat.1 Aujourd'hui, cette liste est quasiment identique à celle publiée le 5 octobre 2001 par les Etats-Unis. Autrement dit, tous les gouvernements européens, y compris les gouvernements rose-vert, ont accepté cette liste.
Interdiction des quatre principaux partis palestiniens
Résultat: avec le Hamas et le Jihad islamique, les quatre principaux partis politiques palestiniens sont dans les faits interdits aux Etats-Unis et en Europe.
Les comptes en banque des organisations palestiniennes sont gelés et les poursuites judiciaires à leur encontre peuvent être entamées. Ainsi, Abu Khalil, représentant du FPLP, présent à la dernière fête du 1er mai du PTB, est maintenant interdit de séjour en Europe. Il ne peut plus y faire de tournées de solidarité. Des fonds récoltés pour soutenir ces organisations palestiniennes ou apparentées peuvent être saisis et les associations de solidarité poursuivies.
Le 27 juin 2002, Louis Michel confirme au Sénat belge que les Brigades des Martyrs et le FPLP sont des organisations «terroristes». Personne dans l'assemblée, ni au PS, ni chez les Verts, ne prend la défense des organisations de la résistance palestinienne.
Michel déclare: «Les États membres réunis au sein du Conseil sont juges des propositions d'inclure des organisations sur la liste. Ils jugent collectivement de façon à distinguer l'acte de résistance à l'occupant de l'acte terroriste en fonction des critères retenus par les textes européens en vigueur.() L'Europe est plus susceptible de conserver son influence si elle fait dûment la distinction entre acte légitime de résistance contre l'occupant, d'une part, et acte terroriste qui frappe arbitrairement des civils et aggrave le conflit, d'autre part.»2
Michel ment à propos de la définition européenne de l'«acte terroriste»: la décision du 27 décembre 2001 du Conseil européen, dirigé par lui, définit l'acte terroriste de manière très large, tellement large qu'elle peut toucher tout mouvement social ou politique un peu radical. Ainsi l'occupation d'une centrale électrique par des ouvriers pour obtenir l'arrêt des privatisations peut-elle être considérée comme acte terroriste.3
Sacré distingo
Ensuite, Michel distingue l'acte de résistance de l'acte terroriste qui «frappe arbitrairement les civils». Comment peut-il justifier, par exemple, l'ajout du FPLP sur la liste noire? On se le demande. Le FPLP a comme stratégie de mener des actions militaires contre les militaires israéliens et les colons (qui sont des civils armés jusqu'aux dents) dans les territoires occupés après 1967 par Israël. Il mène des actions militaires en Israël uniquement en réponse aux attaques de l'armée israélienne contre la population de Gaza et de Cisjordanie. N'est-ce pas une stratégie de résistance légitime à l'occupation?
Et quel est d'ailleurs le principal «acte terroriste» reproché au FPLP? L'action militaire qui a entraîné la mort du ministre fasciste israélien Zeevi, farouche défenseur de l'expulsion de tous les Palestiniens vers les pays arabes. Ce type d'action n'est-il pas l'exemple même de la résistance armée à l'occupation?
Et les attentats suicides alors, objecte Michel? Bien que les attaques suicides ne fassent pas partie de la stratégie des communistes dans le monde, ni de celle du FPLP, ils ne peuvent être qualifiés d'actes terroristes si on comprend l'évolution de la guerre d'Israël contre le peuple palestinien.
Les Palestiniens ont manifesté pacifiquement et ont été réprimés. Lors de la première Intifada (1987-1993) et au début de la deuxième, ils ont jeté des pierres pour se défendre, ils ont été assassinés. Israël a coupé toutes les possibilités d'organisation politique entre les villes palestiniennes en bouclant systématiquement les territoires. Quand l'armée israélienne a attaqué avec des chars et des F-16, les Palestiniens se sont défendus avec les maigres troupes de l'Autorité palestinienne et les combattants du Fatah, du FPLP et du Hamas. Ils ont été massacrés.
Dans ces conditions extrêmement difficiles, que reste-t-il aux Palestiniens aujourd'hui pour poser un acte de résistance à l'occupation? Souha Béchara, résistante communiste libanaise, a ainsi expliqué pourquoi elle comprenait l'action des «kamikazes» palestiniens: «Les gens n'en viennent à commettre ces actes que lorsqu'ils n'ont plus que leur corps et leur souffrance pour se défendre contre la terreur.» Selon elle, ces bombes humaines vont se multiplier. «Car nous sommes déjà morts. Nous sommes enfermés dans des camps, dans des prisons, on nous chasse de nos terres. Cela incite de plus en plus de gens à donner leur propre vie pour que d'autres, un jour, puissent enfin vivre.» 4
Ces attaques «aggravent le conflit» affirme Michel. C'est le même discours que celui des capitulards pendant la seconde guerre mondiale. Ils disaient que la résistance à l'occupant nazi était à l'origine des prises d'otage et des exécutions de civils par les Allemands.
Le gouvernement israélien ne «répond» pas aux attentats suicides mais suit une stratégie réfléchie à long terme, d'occupation et de terreur militaire. Il est, avec le soutien du gouvernement US, la source qui aggrave toujours plus le conflit contre le peuple palestinien.
En réalité, avec cette liste «noire» des organisations terroristes, les partis européens sociaux-démocrates et verts, qui feignent parfois un soutien à la cause palestinienne, se joignent à la droite classique pour enlever légalement aux Palestiniens leurs instruments de résistance.
1 Décision Conseil de l'Union européenne, 18.06.02, 2002/460/CE · 2 Débat parlementaire au Sénat, 27 juin 2002, voir http://www.ps-senat.be · 3 Décision Conseil européen des Ministres des affaires étrangères, 27.12.01, 2001/931/PESC · 4 Discours sur les marches de la Bourse, 27 mars 2002
Soutien tottal à la résistance palestinienne by himalove Tuesday August 06, 2002 at 05:43 PM |
Aux heures sombres où les palestiniens résistent, solitairement, aux panzers et à la soldatesque israélienne, nous nous devons de faire taire nos différences et nous joindre au combat.
Plus jamais, je me laisserais enfermer dans ces prétendues questions morales, dans lesquels souhaitent nous enfermer nos ennemis.
VIVE LA JUSTE ET LEGITIME RESISTANCE PALESTINIENNE
Aveuglement total by Christophe R. Wednesday August 07, 2002 at 10:39 AM |
Belle profession de foi Himalove !
Quand pars-tu te faire exploser au milieu de civils israéliens ? (l'Irak verse de très bonnes primes il parait...)
Mon camp n´a jamais été celui de l´argent by himalove Wednesday August 07, 2002 at 01:30 PM |
Christophe "Calliclès",
Je ne ferraillerais plus avec toi.
Tu as choisi ton camp; j´ai choisi le mien.
Brisons-là!
conscience by R.B. Wednesday August 07, 2002 at 03:09 PM |
quel camp ? Israël est né de et par le terorisme (Irgoun, Lehi, Groupe Stern, attentats dans els lieux publics, contre les anglais etc..)
Pourquoi le terrorisme d'hier, quand Israël n'était encore que dans les limbes, serait-il sacré et magnifique quand le terrorisme d'aujourd'hui serait le mal en soi, parce que palestinien ?
Le terrorisme me fait horreur. Autant que ce qu'Israël a conduit, et continue de conduire, au titre de sa "politique".
Sharon tue depuis qu'il a 14 ans - l'âge où il est entré dans l'Armée (ah bon, les enfants ça doit pas faire la guerre ?) et il n'est pas le seul. La GADNA ouvre à tous les enfants juifs du monde dès 13 ans - GADNA organisme para militaire dépendant de l'armée israélienne- ses "camps de vacances" où l'on est endoctriné, et où on apprend les bases de la vie militaire, fonctionnement des armes compris.
LA 4è armée du monde occupe et colonise la terre palestinienne depuis un demi siècle : il faudrait que les palestiniens disent amen et se laissent faire ?
Israêl a besoin d'une révolution en profondeur : révolution politique, mais aussi culturelle et intellectuelle (pour ne rien dire de la morale, qu'Israël prétend avoir en d'autres temps apportée au monde....)
Non seulement Israël est devenu un état fasciste, dirigé par un militaire parano, soutenu par une population aveugle mais pas irresponsable, mais malheureusement, Bush est son meilleur allié : forcément, dans sa guerre à venir contre l'Irak Bush, ce Zorro de pacotille, a besoin d'un porte-avion géant dans larégion : israêl, dont le principal de l'armement est américain, est le porte-avion idéal. Hélas, l'heure est à la guerre tous azimut, merci Bush, sûrement pas à la volonté de paix
Et la résistance des palestiniens est formidable : au fait, quand on lutte contre la 4è armée du monde et qu'on n'a pas d'armée, on fait quoi ? On fait comme les sionistes dans les années 30 : on utilise le terrorisme
Assez curieusement, chacun fait comme si Israël était vierge de tout terrorisme, alors qu'il l'a toujoursp ratiqué et qu'aujourd'hui il pratique, en plus, le terrorisme d'état.
Histoire de feraille by Christophe R. Wednesday August 07, 2002 at 03:15 PM |
Tu te prends pour Socrate Himalove ?
Ainsi c'est comme cela que ça marche ? on est dans un camp ou dans l'autre, du côté des Gentils ou des Méchants, du côté de l'opprimé ou de l'oppresseur. Le débat s'arrête là ?
Les petits philosophes militants n'ont décidément pas beaucoup de conversation... et ça veut faire allusion à Platon...
Allez, va écrire le petit livre rouge de la résistance palestinienne à coup d'explosifs, de kalashnikovs et de missiles kassam.
créez un détachement belge de kamikazes by Christophe R. Wednesday August 07, 2002 at 03:33 PM |
R.B., ce que je dit à Himalove vaut aussi pour toi (t'es vraiment juif toi ? j'ai jamais vu quelqu'un cracher autant sur sa propre ethnie et montrer tant de dégout pour son peuple d'origine... si t'es juif, tu dois avoir un sacré problème mon vieux)
Engagez-vous au lieu de faire la parlote bien au chaud en Europe. Montez au front, joignez-vous aux cohortes de kamikazes palestiniens, puisqu'il s'agit de résistance légitime, créez votre division belge des martyrs d'el-aksa... en avant la globalisation de la "résistance" par delà les frontières, chassons le facho où qu'il se trouve ! La fin justifie les moyens (en plus les Israéliens, ces fachos, ils mettent leur bébés colons juste dans la ligne de mire des courageux résistants palestiniens, quels lâches ! ), il faut extirper le grand satan et ses apôtres ! A bas le mal ! Vive le bien !
Embrigadons tout le monde, plus on est de fous, plus ça va pêter !
Quelle bonne comédie se serait s'il n'y avait toute cette souffrance sur le terrain.
Les gens comme vous n'ont strictement rien à foutre du bien-être du peuple palestinien. Leur souffrance sert vos petits fantasmes idéologiques personnels. Allez, partez en croisade pour votre petit gloriole personnelle... Vos idées de "Justice", franchement, c'est de la merde.
Quelle tristesse et quel abdication by Manro Wednesday August 07, 2002 at 05:35 PM |
Ah bon, il y a des panzers en Israël? et pourquoi pas des SS. himalove, ton raisonnement fait extraordinairement peur. Ne plus se laisser enfermer dans ces prétendues questions de morales? soutien total à la résistance palestienne? acceptation des kamikazes qui sont embrigader dès leurs plus jeunes âges pour se faire exploser au milieu de civils innocents? Si tu penses réellement cela laisses moi te dire deux choses:
Premièrement, accepter que les autres meure victime d'un attentat est très simple assis devant son ordinateur à paris, Bruxelles, ou ailleurs. C'est une position très confortable et très à la mode. Qu'attends-tu pour aller vivre en Israël et risquer de mourir en prenant le bus (ou à défaut pour te faire sauter dans un hôtel lors d'une fête pour le troisième âge). Tu me diras qu'en tant que supporter du peuple palestinien, tu ne vivras jamais en Israël... Soit sur que parmis les victimes de ces attentats, un bon nombre étaient pour la création d'un état palestinien à coté de l'état israélien et ne souhaitaient que pouvoir vivre en paix à coté des palestiniens.
Deuxièmement quand on a décidé d'enfreindre les lois existant dans un pays, on se retrouve à devoir faire ses propres lois, à s'imposer des limites. C'est ce qui différentie les résistants et les terroristes. Pendants la seconde guerre mondiale, il n'y a pas eu d'attentats de la part des résistants qui visaient délibérément la population civile qu'elle que soit sa nationalité. D'autres mouvements de résistances armées actuels ont choisi la même voie. Ils l'on fait notamment parce qu'ils ont refusé d'ignorer ces questions morales que tu rejettes avec dédain. Je te conseille de relire les "mains sales" de Camus, pour te rendre compte que la fin ne justifie pas les moyens.
Quant à R. B. je ne peux lui conseiller que deux choses:
premièrement lire un livre sérieux sur l'histoire d'Israël cela permettra de ne pas écrire des bêtises, de lire le journal Haaret'z ce qui l'éclairera sur ce que pense cette population aveugle...
Deuxièmememnt, si tu es juif, je te conseil une petite psychanalyse. Je ne sais pas si tu te le sais, mais tu es le digne descendant d'une longue lignée de juif honteux qui vont de torquemada (grand inquisiteur) à des philosophes nazis (qui ont été tués par la machine qu'ils ont mis en branle).
Il est toujours plus confortable d'avoir une vision binaire du monde avec d'un coté les mauvais états (autrement dit le grand satan et le petit satan dixit les Iraniens) et de l'autre les bons opprimés innocents. L'histoire, les évenements deviennent alors limpides(d'ailleurs les fachos ont exactement le même type de vision). Seulement ce type d'analyse, qui frise la trisomie 21, est totalement faux et n'aide sûrement pas le camp de la paix qui d'un coté comme de l'autre condamne les attentats et souhaite que les deux pays vivent en paix.
Vous me rappeler toute ces personnes qui soutenaient inconditionnellement "Pol-phot" qui incarnait au moment de la guerre du vietnam les opprimés qui ont fermé les yeux sur son idéologie (car la lutte des peuples est parfaite, c'est bien connu) et qui ont fermé leur gueule lors du génocide qui a suivi.
Je terminerais par vous demander avec insistance d'aller vous faire sauter, pour LA CAUSE au lieu de jouer les boutes feux à 1.000km des combats. Vous me faites penser aux chefs du Hamas qui envoies depuis leurs villas des pauvres être se faire tuer.
En tout cas vos deux messages montre à quel point on peut laisser tomber tout sens critique et devenir des machines à slogans (faites gaffe, les fachos sont exactement comme vous).
Salutation à Christophe R.
Manro
PS: désolé pour les fautes d'ortographe.
Savez-vous discuter ? by red kitten Wednesday August 07, 2002 at 05:59 PM |
redkitten@indymedia.be |
... parce que les échanges d'insultes, les questions façon 'inquisition', les propos avec zéro nuance, zéro discernement et zéro argument sérieux, c'est pas vraiment la peine ...
lire au delà des lignes by Nickfree Wednesday August 07, 2002 at 08:28 PM |
RK, Il y a peut-être des invectives, mais il y a qussi des arguments très intéressants - pour moi à démonter chez himalove et ses cops et à relever chez Christophe et Manro -. Je pense qu'il faut aussi pouvoir lire entre les lignes, dans un contexte violent ou beaucoup de gens qui se disent de gauche se répendent en haine, révisionisme et autres desseins nauséabonds, à coup de sophismes, sur le dos des peuples opprimés.
Vive la liberté de penser contre les modes de toutes tendances.
Nickfree
Mon nom n´existe plus by inconnu Wednesday August 07, 2002 at 08:30 PM |
A Red Kitten
Discuter, aujourd´hui, c´est comme être au milieu d´un guet et attendre la montée des eaux...
Nous savons tous que les Etats-Unis préparent la guerre.
Nous savons tous qu`Israel est en guerre, et par sa pannique menace le monde entier.
Nous savons tous que le peuple palestinien est sous le Talon de fer; que le peuple irakien regarde le ciel avec appréhension.
A quoi bon occuper la Toile et planter de dérisoires drapeaux... Alors que tout concourt autour de nous à nous signifier la Guerre.
La Guerre ne dort pas.
Elle vote des budgets, astique ses canons, ravitaille ses avions et paye ses ministres.
Et n´allez pas croire qu´elle ait besoin de nous: les va-t-en-guerre, les pacifistes, les munichois, les arc-en-ciel, les himalove, les christophe, les RB, elle est autonome et s´est affranchie des lois.
Elle viendra vous saisir et vous n´aurez entendu qu´un vague vrombissement dans le lointain, comme feu cette dame à ombrelle dans une rue d´Hiroshima.
think free by Nickfree Wednesday August 07, 2002 at 08:43 PM |
Tu as tout a fait raison, RK, les Hommes (certains,... beaucoup, peut-être...) semblent tirer une réelle jubilation de la guerre. Mais ton nom comme celui du tous, existe. Nous avons tous une responsabilité à assumer. Même si les choses ne se passent pas directement chez nous. Il faut aussi rester modeste et ne pas prétendre tout comprendre à distance. Le principe n'est pas de chercher à tout prix l'action. Ce que chacun pense participe au grand tourbillon. Au moins penser en liberté est un pas fondamental pour enrayer le grand merdier. Or en ce moment qu'il soit de droite ou de gauche c'est le prêt-à-penser idéologique qui l'emporte, dans un monde séparé en deux camps : les bons et les méchants.
Nickfree
A capitulard, capitulard et demi... by Thierry Pierret Thursday August 08, 2002 at 06:39 AM |
Alors c'est ça ton alternative, David? Se faire sauter dans une pizzéria, un bus ou un marché en semant la mort au hasard autour de soi? Laisse-moi tout d'abord te dire, David, que ton article n'en est pas à une contradiction près. Tu suggères dans un premier temps que le FPLP serait différent du Hamas car il ne frapperait pas arbitrairement les civils en Israël... sauf pour riposter aux attaques de l'armée israélienne contre la population de Gaza et de Cisjordanie! Le Hamas n'invoque-t-il pas la même "raison" pour "justifier" les attentats-suicides en Israël? Tu dis que "les attaques suicides ne font pas partie de la stratégie des communistes dans le monde, ni de celle du FPLP", mais c'est pour ajouter aussitôt que, vu les circonstances, elles sont admissibles!
Quand je lis les propos de Souha Béchara, une image me vient aussitôt à l'esprit: celle du Christ lors de la dernière Cène ("Prenez et mangez, ceci est mon corps livré pour vous,..."). "Nous sommes déjà morts": est-ce là le discours d'une résistante qui lutte ou celui d'une pleurnicharde qui se lamente sur son sort? Je comprends autant que toi les raisons qui poussent des Palestiniens à se transformer en bombes humaines. Mais l'empathie, David, ne peut tenir lieu de politique. Ton empathie est d'ailleurs sélective car elle fait peu de cas du désarroi de la population israélienne endeuillée, meurtrie et terrorisée par les attentats. Mais sans doute penses-tu comme R.B que la population israélienne est "aveugle". Tu écris que "le gouvernement israélien ne <<répond>> pas aux attentats suicides mais suit une stratégie réfléchie à long terme, d'occupation et de terreur militaire". C'est vrai, mais ce n'est qu'une partie de la vérité. Ne comprends-tu pas, David, que ce sont justement les attentats-suicides qui permettent à Sharon d'agir à sa guise? Les attentats dissuadent beaucoup de travailleurs Israéliens de lutter contre la politique d'austérité de Sharon qu'ils voient comme un mal nécessaire pour financer la "guerre contre le terrorisme". Ils dissuadent également beaucoup de soldats de rejoindre le mouvement des "refuzniks", ces soldats qui refusent de servir dans les territoires occupés. La plupart des soldats israéliens sont persuadés qu'ils mènent une juste guerre contre le terrorisme et le fait qu'ils déjouent régulièrement des attentats lors de leurs incursions dans les villes palestiniennes les renforcent dans cette conviction. T'es-tu déjà imaginé, David, la menace que représenterait pour Sharon un élargissement du mouvement des refuzniks au sein de l'armée? Sharon et sa clique l'ont bien compris, eux, à tel point qu'ils ont perpétré un massacre à Gaza au moment même où Arafat négociait avec le Hamas un accord pour mettre fin aux attentats en Israël... La poursuite des attentats permettra à Sharon de continuer à faire payer sa sale guerre aux travailleurs et aux allocataires sociaux israéliens: les coupes sombres dans les budgets sociaux, les hausses d'impôts vont appauvrir encore davantage une population qui compte déjà un million et demi de pauvres et qui subit un chômage de masse. Car les Israéliens ne sont pas un bloc, David. Pas plus que les Palestiniens d'ailleurs. Ton article fait totalement l'impasse sur les divisions de classe que la guerre ne fait pas disparaître. N'est-ce pas surprenant de la part de quelqu'un qui se dit "communiste"? Les travailleurs israéliens ne retirent aucun avantage de l'oppression des Palestiniens; les travailleurs palestiniens n'ont rien gagné de l'installation de l'Autorité palestinienne corrompue et dictatoriale. "La source qui aggrave toujours plus le conflit contre le peuple palestinien", pour reprendre tes propres termes, n'est pas principalement tel ou tel gouvernement réactionnaire, mais bien l'absence d'une alternative socialiste parmi les travailleurs israéliens et palestiniens. Un parti ouvrier de masse qui unisse les travailleurs israéliens et palestiniens et qui lie la lutte pour la coexistence de deux états - l'un à majorité juive, l'autre à majorité arabe - à la lutte contre le capitalisme qui condamne les deux peuples à la misère. Ce n'est que dans le cadre d'un système qui met l'économie au service des besoins humains qu'on pourra trouver une solution satisfaisante au problème des frontières, des réfugiés palestiniens, des colons juifs,...
Libre à toi, David, de balayer tout cela d'un revers de la main, de n'y voir qu'une utopie naïve, voire dangereuse. Ce que je vois, c'est que ton refus d'adopter une position de classe dans ce conflit te conduit à laisser le champ libre aux forces les plus réactionnaires (islamistes et nationalistes arabes d'un côté, sionistes de l'autre). Dans ce sens, ton texte est l'un des plus défaitistes et des plus capitulards qu'il m'ait été donné de lire sur cette question. En définitive, toi aussi tu soutiens le peuple palestinien comme la corde soutient le pendu.
sur la résistance palestinienne by david pestieau Thursday August 08, 2002 at 09:44 AM |
A Thierry Pierret:
"Les Palestiniens ont manifesté pacifiquement et ont été réprimés. Lors de la première Intifada (1987-1993) et au début de la deuxième, ils ont jeté des pierres pour se défendre, ils ont été assassinés. Israël a coupé toutes les possibilités d'organisation politique entre les villes palestiniennes en bouclant systématiquement les territoires. Quand l'armée israélienne a attaqué avec des chars et des F-16, les Palestiniens se sont défendus avec les maigres troupes de l'Autorité palestinienne et les combattants du Fatah, du FPLP et du Hamas. Ils ont été massacrés.Dans ces conditions extrêmement difficiles, que reste-t-il aux Palestiniens aujourd'hui pour poser un acte de résistance à l'occupation?"
Ma question est simple à ceux qui veulent condamner à tout prix les attentats suicides:
quelles sont les autres formes de résistance qu'ils proposent dans le contexte actuel où les Israéliens ont détruit toute forme d'organisation? comment explique-t-il que des jeunes gens qui ne sont pas tous des intégristes fanatiques font de tels actes désespérés? Ce que je souligne dans l'article est qu'on ne peut appeler ça un acte terroriste dans ce contexte
Surtout que les fonds du Likoud ou du parti travailliste ne sont pas saisis en Europe pour participation au terrorisme d'Etat
Thierry, parle de solidarité entre travailleurs palestiniens et israéliens. Pas de problème mais il n'y a pas d'unité complète possible tant qu'Israël dominera la Palestine, la colonisera, l'exploitera et qu'elle entraînera derrière elle une partie des travailleurs du pays colonisateur .
Exactement comme il faut que le Congo se dégage de la tutelle de la Belgique et autres puissances impérialistes. Exactement comme les Irlandais avec la domination de la Grande-Bretagne.
Donc, je suis pour soutenir tous les mouvements qui existent en Israël qui veulent refuser de participer à la sale guerre comme il fallait soutenir les mêmes mouvements aux USA contre la guerre au Vietnam. Et ce mouvement pourra vraiment s'unir à la résistance palestinienne quand il aura pris conscience de la nature impérialiste de l'Etat d'Israël même. Or, certains de ceux qui sont Peace Now et autres mouvements continuent à défendre le projet colonisateur d'Israël même.
Sur Sharon et les attentats suicides: Sharon et Israël utilisent tous les prétextes qu'il a pour faire la guerre. Il a envahi le Liban car les Palestiniens au Liban menaçaient la sécurité d'Israël (il n'y avait pas encore d'attentats suicides). Il a justifié le siège d'Arafat pendant des semaines essentiellement car il n'enfermait pas les leaders du FPLPresponsables de l'attentat contre Zeevi.
Encore une chose: beaucoup des progressistes ont soutenu la lutte du peuple algérien contre la France dans les années 50-60. A la fin de cette guerre, il y eut aussi des attaques contre les colons, des civils français en Algérie. Fallait-il aussi condamner ces actes de résistance?
Ma dernière question: êtes-vous pour la liste noire des "organisations terroristes" de l'UE qui inclut les 4 principaux partis palestiniens qu'ils se sont choisis?
attentats suicide suite by david Thursday August 08, 2002 at 11:59 AM |
à thierry pierret:
il n'y a pas de contradiction entre affirmer que les attaques suicides ne font pas partie de la stratégie des communistes et ensuite dire qu'on ne doit pas les condamner.
Les communistes développent une stratégie propre, notamment dans les conflits armés: voir notamment aux Philippines avec le PCP ou les FARC en Colombie. Ils s'appuient sur une mobilisation populaire, sur des actions de guérilla contre l'armée qui opprime le peuple,...
De l'autre, dans tous les pays du tiers-monde, les communistes participent à des fronts unis contre l'impérialisme, avec d'autres forces paysannes, boourgeoises nationalistes,...
Dans le cas de la Palestine, ce front s'étend aux forces nationalistes du Fatah et aux forces islamiques du Hamas, ce que toutes les factions du peuple palestinien reconnaissent comme le front de la résistance, bien qu'ils ne partagent pas tous la vision de société du Hamas ou des Brigades des martyrs. Et même s'ils n'utilisent pas les mêmes moyens d'actions.
En tout cas, c'est au peuple palestinien, opprimé, vivant dans deux camps de prisionniers à ciel ouvert que sont Gaza et la Cisjordanie, de décider ce qu'il doit utiliser comme moyen de résistance.
Encore une précision quand Michel affirme que l'acte terroriste est de s'en prendre délibérément aux civils, pourquoi ne pas condamner alors les Etats-Unis et tous les pays comme la Belgique qui ont bombardé des civils en Afghanistan , en Yougoslavie, en Irak ?
Balayons d'abord les Michel et autres défenseurs (dans les faits) de la plus grande violence de notre temps: l'impérialisme occidental.
Tentative de réponse à une question pas simple by Thierry Pierret Thursday August 08, 2002 at 05:22 PM |
A David Pestieau:
Je crois que tu fais un bilan erroné de la première Intifada. C'était un mouvement de masse dont la répression israélienne n'est jamais venue à bout. En réalité, c'est Arafat qui l'a brisée. La direction palestinienne réfugiée à Tunis craignait ce mouvement qui risquait d'échapper à son contrôle. Arafat a donc signé les accords d'Oslo et a utilisé son immense autorité pour faire cesser le mouvement. Les accords d'Oslo sont significatifs à cet égard: ils accordaient à l'Autorité palestinienne le contrôle de 3% du territoire... et de 90% de la population palestinienne. Arafat craignait davantage son propre peuple qu'Israël. Israël a profité d'Oslo pour multiplier les faits accomplis jusqu'à rendre Oslo caduc.
La première Intifada a donc arraché à Israël plus de concessions en 6 ans que 20 ans de lutte armée à partir du Liban ou de la Jordanie. La direction palestinienne a brisé le mouvement, ce qui a permis à Israël de reprendre une à une toutes les concessions arrachées par le mouvement de masse. Il faut en tirer les leçons pour la lutte actuelle.
L'Intifada actuelle est une combinaison de manifestations de masse, de lutte armée et de terrorisme. Car pour moi il ne fait pas de doute que les attentats anti-israéliens relèvent du terrorisme. Attardons-nous un peu sur cette notion de terrorisme, car il y a beaucoup de confusion à ce sujet, non seulement dans ton article mais également dans celui de Manro. Comment déterminer si une opération armée relève du terrorisme ou de la résistance légitime? A cette question, toi et Manro apportez des réponses aussi différentes qu'erronées. D'après toi la nature d'une opération armée dépend des motivations subjectives de son auteur: un jeune Palestinien qui se fait sauter dans un bus ne commettrait pas un acte terroriste car son désespoir serait "légitime" ou "compréhensible". Pour Manro, c'est la nature de la cible qui est décisive (soldat ou civil). D'autres encore privilégieront peut-être le lieu de l'action (Israël ou les territoires occupés). Pour moi la question décisive est la suivante: l'opération armée contribue-t-elle, oui ou non, à renforcer le mouvement de masse contre l'occupation tant dans les territoires occupés qu'en Israël même? Si oui, il s'agit d'un acte légitime de résistance ou d'auto-défense. Sinon, il s'agit d'un acte terroriste quel qu'en soit le lieu, la cible ou les motivations subjectives de l'auteur. Cette ligne de conduite ne permet évidemment pas de trouver automatiquement une réponse adéquate à toutes les situations qui se présentent. Je n'ai pas la prétention, comme certains ici, de diriger la lutte armée en Palestine à partir de mon bureau! Certains cas ne souffrent cependant aucune discussion: un attentat dans un lieu public en Israël est toujours un acte terroriste, car il isole les gens de gauche et les militants pour la paix, renforce la détermination des gens de droite, fait basculer les hésitants dans le camp des bellicistes. Un attentat contre un ministre israélien (fût-il d'extrême droite...) ou contre des colons qui font la navette entre leur implantation et leur lieu de travail en Israël me semble produire le même effet. En revanche la résistance armée contre une "descente" de colons armés dans un village palestinien ou contre une incursion de Tsahal me semble toujours justifiée. Et puis il y a tous les cas qui prêtent à discussion: faut-il utiliser les armes contre les soldats qui stationnent aux check-points, contre les implantations sauvages qui essaiment à l'initiative de colons extrémistes, contre les collaborateurs d'Israël,...? Le problème, justement, c'est que cette discussion n'a pas lieu. Le problème, c'est que la lutte armée est confisquée par les différentes milices qui choisissent les cibles, observent ou rompent une trève sans devoir rendre des comptes à qui que ce soit. Mais c'est la population qui subit de plein fouet les représailles de Tsahal. Il est donc vital que la population palestinienne reprenne le contrôle de la lutte armée des mains des milices. Pour ce faire, elle pourrait former des comités d'auto-organisation élus dans les quartiers, les entreprises et les villages. Dans ces comités, toutes les organisations soutenant l'Intifada seraient représentées. Toutes les questions intéressant la survie de la population et le développement de la lutte, y compris les questions de tactiques militaires, y seraient débattues démocratiquement. Toutes les organisations, des islamistes aux socialistes (ou les communistes, c'est comme tu voudras) devront y confronter leurs programmes respectifs et passer le test devant les masses sans possibilité de se débiner. Ces comités éliraient des délégués, révocables à tout moment, dont le salaire ne dépasserait pas le salaire moyen d'un travailleur palestinien, pour autant que cela veuille encore dire quelque chose dans un pays où la majorité de la population active est privée de travail... Ces délégués seraient chargés de coordonner l'action du mouvement de masse dans les différentes villes. Il y a quelques jours, les habitants de Naplouse ont réussi une action massive de désobéissance civile: ils ont boycotté le couvre-feu imposé par l'armée. Certes, Tsahal a rapidement repris le contrôle de la ville à la faveur d'une soi-disant opération anti-terroriste. Mais Tsahal aurait été dépassé par la situation si cette action de désobéissance civile avait eu lieu simultanément dans toutes les villes palestiniennes. Les attentats-suicides prouvent que le bouclage des villes palestiniennes n'est pas étanche. Les réseaux logistiques qui servent actuellement à infiltrer des kamikazes en Israël pourraient être reconvertis pour infiltrer des délégués de ville en ville pour coordonner le mouvement de masse. Les délégués seraient aussi chargés de prendre contact avec des partenaires au sein de la population israélienne. A ce propos, je dois absolument te citer: "Thierry parle de solidarité entre travailleurs palestiniens et israéliens. PAS DE PROBLEME (mis en majuscules par moi) mais il n'y a pas d'unité complète possible tant qu'Israël dominera la Palestine (...)". En écrivant "pas de problème", tu sembles considérer que la solidarité entre travailleurs israéliens et palestiniens serait acquise ou sur le point de l'être. En réalité, c'est un très gros problème étant donné le mur de haine qui les sépare et dont tu ne sembles pas mesurer la hauteur. C'est non seulement "UN" gros problème, mais c'est même "LE" problème crucial. Les Palestiniens ne pourront jamais conquérir leur indépendance nationale sans l'appui massif des travailleurs israéliens. Inversément, les travailleurs israéliens ne pourront jamais conquérir leur émancipation sociale et renverser le capitalisme s'ils ne sont pas capables de lutter pour l'indépendance palestinienne. La solidarité entre travailleurs israéliens et palestiniens n'est donc pas un slogan de circonstance qui "sonne bien" dans les meetings. Il s'agit d'une exigence vitale qui exige de la gauche qu'elle sache élaborer un programme susceptible de gagner la confiance des 2 communautés. Or tu écris plus loin: "Et ce mouvement (contre la guerre, ndlr)pourra vraiment s'unir à la résistance palestinienne quand il aura pris conscience de la nature impérialiste de l'Etat d'Israël même". Tu mets la charrue devant les boeufs, David. Les travailleurs israéliens ne vont pas D'ABORD perdre tous leurs préjugés sionistes et ENSUITE s'unir aux Palestiniens. C'est un processus dialectique et non pas mécanique. Le mouvement des Refuzniks illustre bien ce processus. En surfant sur un forum d'Israéliens francophones, je suis tombé par hasard sur le témoignage du soldat Tal qui explique comment il est devenu un refuznik à la suite d'une série d'incidents qu'il serait trop long de raconter ici. Or Tal est un sioniste convaincu. Il est même membre des Nahal, un bataillon d'élite qui a combattu le Hezbollah au Liban. S'il refuse de servir désormais dans les territoires occupés, il se dit prêt "à bombarder Beyrouth" si Israël est attaqué. Des soldats Tal, il y en a potentiellement des milliers au sein de Tsahal. Le problème c'est que tant qu'ils sont persuadés de combattre pour la sécurité d'Israël, ils continueront à faire le coup de feu contre les Palestiniens. Pour gagner la confiance des travailleurs Israéliens, il faut leur garantir le droit de vivre dans un état à majorité juive, ce qui implique des restrictions au retour intégral des réfugiés. Il faut garantir aux 200.000 colons juifs qu'on leur donnera un logement équivalent en Israël à ce qu'ils avaient dans leur implantation. Il faut garantir aux travailleurs israéliens qu'ils ne devront pas payer de leur poche l'indemnisation des réfugiés palestiniens empêchés de rentrer. Les capitalistes israéliens devront payer le programme de construction de logements et les indemnisations. Ce qui implique la nationalisation de l'économie sous contrôle ouvrier et donc la transformation socialiste de la société.
Ce que tu dis sur le Liban ne me contre-dit pas. Sharon n'a en effet pas eu besoin des attentats-suicides pour envahir le Liban. Par contre, je peux t'assurer que si le Hezbollah avait commis des attentas-suicides en Israël à partir du Sud-Liban, l'armée israélienne y serait toujours aujourd'hui. Tsahal n'a pas évacué le Sud-Liban parce qu'il était vaincu militairement par le Hezbollah, mais bien parce que l'opinion publique israélienne ne supportait plus les pertes israéliennes - pourtant bien moins nombreuses que celles des Libanais - au Sud-Liban. L'attitude de l'opinion publique aurait été tout différente en cas d'attentats-suicides. Le facteur militaire joue bien sûr un rôle, mais c'est le facteur politique qui est décisif.
Maintenant pour ce qui est de la fameuse "liste noire", je suis contre bien sûr, vu que l'UE entretient des relations suivies avec un état dont le gouvernement se permet de décider en petit comité quel leader palestinien doit mourir dans la semaine. Et qu'il n'hésite pas à revendiquer cette "élimination" comme le ferait l'ETA. Il y a donc deux poids, deux mesures.
programme by david pestieau Thursday August 08, 2002 at 06:01 PM |
Thieery fait toute une réponse qui se révèle dans sa conclusion pratique.
Thierry écrit:"Pour gagner la confiance des travailleurs Israéliens, il faut leur garantir le droit de vivre dans un état à majorité juive, ce qui implique des restrictions au retour intégral des réfugiés. Il faut garantir aux 200.000 colons juifs qu'on leur donnera un logement équivalent en Israël à ce qu'ils avaient dans leur implantation. Il faut garantir aux travailleurs israéliens qu'ils ne devront pas payer de leur poche l'indemnisation des réfugiés palestiniens empêchés de rentrer. "
Autrement l'unité entre travailleurs palestiniens et israéliens qu'entend Thierry, doit se faire en acceptant les conditions qu'un Peres pourrait avancer demain. Il va en-deça des résolutions élementaires de l'ONU 190 et 242, qui sont la base minimale pour résoudre la question nationale palestinienne.
Le droit au retour des réfugiés palestiniens doit être total. Tu sais aussi qu'il y a des millions de palestiniens au Liban, en Syrie, en Jordanie qui ont le droit de retourner en Palestine. Sauf si on accepte l'occupation israélienne comme on l'a fait au texas quand les yankees ont chassé les mexicains.
"Il faut garantir de vivre dans un Etat à majorité juive": c'est bien là le propre de l'Etat sioniste et raciste d'Israël et pas celle d'un Etat laïc où coexisterait habiutants de religions différentes comme le propose justement le FPLP.
Dans toutes les guerres de libération nationale, les travailleurs de speuples oppresseurs ont changé aussi quand ils ont vu que leurs dirigeants les envoyaient au casse-pipe et qu'il y avait des morts de leur côté. Voir les Français en Algérie.
Sur tes propositions d'organisation de résistance, on voit que dtu as un raisonnement loin de la réalité:
la réalité est qu'Israël détruit les formes d'organisation légales des Palestiniens, qu'il empêche la communication entre les villes et que malgré ça, il existe une direction à l'intifidah, des organisations populaires, des grèves mais aussi des actions armées qui portent des coups à Israël. c'ets ce que fait par exemple le FPLP. Et l'attaque contre Zeevi était aussi un rude coup pour Israël.
Mais Thierry, tout ton raisonnement ne part que du point de vue des travailleurs de la nation dominatrice et pas de ceux de la nation opprimée, les palestiniens.
Parlons programme! by Thierry Pierret Thursday August 08, 2002 at 11:54 PM |
"Mais Thierry, tout ton raisonnement ne part que du point de vue des travailleurs de la nation dominatrice et pas de ceux de la nation opprimée, les palestiniens."
Mais David, si je ne m'occupais pas du point de vue des travailleurs de la nation dominatrice, qui le ferait ici? J'ai l'impression que vous pensez tous qu'il y aurait moyen d'arriver à une solution juste et durable sans, voire contre, les travailleurs israéliens. Dis-moi franchement si tu as déjà sérieusement pensé à intégrer leur point de vue dans ta réflexion. Tu peux les sommer tant que tu veux d'accepter ta Palestine laïque et démocratique, ils t'enverront paître. Mon point de vue sur l'Etat juif diffère radicalement de celui des sionistes. Je ne suis pas un sioniste de gauche, David, comme tu sembles le suggérer par ta référence à Peres (à supposer qu'il soit de gauche, ce dont je doute). Les sionistes partent du préjugé réactionnaire que Juifs et non-Juifs ne peuvent coexister durablement en dehors de la Palestine. Ils y ont créé un état juif en dépit du bon sens vu qu'il n'y avait pas une majorité juive. Il a fallu un nettoyage ethnique et un régime de discrimination contre les Arabes restants pour donner corps à cette chimère. Mais en 50 ans, cette majorité juive s'est consolidée avec l'immigration d'1 million de Juifs venus du monde arabe et de centaines de milliers de Juifs venus d'Europe et de Russie. Aujourd'hui la majorité juive en Israël est un fait comme la majorité anglo-saxonne est un fait au Texas. Si tu fais revenir brusquement au Texas les descendants des Mexicains qui en avaient été chassés, tu créeras un nouveau conflit et un mal plus grand que celui que tu voulais réparer. Vouloir créer un état certes laïque, mais tout de même à majorité arabe, sur un territoire actuellement à majorité juive reviendrait à commettre la même erreur que les sionistes en 1948 qui ont créé un état juif sur un territoire à majorité arabe. Ce serait faire du sionisme à rebours. Ce n'est pas que je sois contre un seul état palestinien laïque où Juifs, musulmans et chrétiens coexisteraient. Mais l'âpreté du conflit israélo-palestinien a rendu cette perspective irréalisable à court et à moyen terme. Les Juifs craignent de se retrouver minoritaires dans un état avec ceux qu'ils ont opprimés pendant si longtemps. La question de savoir si cette crainte est justifiée n'a aucun intérêt. Le fait est qu'ils le craignent. Même des pacifistes israéliens (donc acquis à la cause palestinienne) se demandent ouvertement: "Les Arabes nous pardonneront-ils tout ce que nous leur avons fait?" C'est pourquoi il faut garantir deux états, l'un à majorité juive, l'autre à majorité arabe. Il ne s'agit pas de créer 2 états ethniquements purs. Juifs, chrétiens et musulmans coexisteront dans les 2 états qui seront également laïques. Mais les Juifs auront la garantie dans l'état où ils seront majoritaires de ne pas dépendre de ceux avec qui ils ont été si longtemps en conflit. Le projet du FPLP d'une seule Palestine laïque et démocratique se verra toujours offrir une fin de non-recevoir de la part des Juifs. Abu Khalil, un dirigeant du FPLP, le reconnait implicitement puisqu'il confiait dans une interview à Solidaire à l'approche du 1 mai de l'année passée que "la lutte palestinienne est peut-être à mi-chemin". Le problème, c'est qu'elle dure depuis 50 ans. Si elle n'est qu'à mi-chemin, ça veut dire qu'il y a encore 50 ans à tirer avant d'atteindre la Terre promise. Est-ce cela la perspective qu'on va donner aux jeunes Palestiniens d'aujourd'hui? Encore 50 ans à tirer? Sans compter que dans 50 ans la colonisation juive en Cisjordanie sera sans doute devenue irréversible.
Est-ce que mon programme est pour autant en deça des résolutions 190 et 242? Si je ne me trompe, elles prévoient le retour d'Israël dans ses frontières de 1967 et le retour des réfugiés. Je pense effectivement qu'elles ne sont plus applicables telles quelles. Les Palestiniens devraient accepter des limitations au retour des réfugiés. En revanche, les Juifs recevraient un territoire bien en deça des limites de 1967. La Galilée et le Néguev, sous-peuplés, pourraient être rattachés à l'état palestinien et accueillir la quasi-totalité des réfugiés. Toute la technologie israélienne serait mise à contribution pour mettre en valeur ces 2 territoires (surtout le Néguev). Cela n'est possible que sous le régime d'une économie planifiée démocratiquement par la population. Est-ce que tu vois un Peres proposer des chose pareilles, David? Il me surprendrait agréablement...
Par contre je ne vois nulle référence au socialisme dans ton programme ou dans celui du FPLP. Pensez-vous vraiment qu'il soit possible de réinstaller des millions de réfugiés en Palestine et des centaines de milliers de colons (dans le cadre de 1 ou de 2 états, peut importe ici) dans le cadre de l'anarchie capitaliste, sans planifier rigoureusement l'économie? Même l'Israël capitaliste relativement développé n'a jamais su intégrer décemment les vagues successives d'immigrés juifs qui se sont succédés. Beaucoup vivent aujourd'hui dans les quartiers dégradés de Tel-Aviv ou d'ailleurs. Quand on ne les envoie pas dans les colonies! Le régime sioniste essaye de surmonter ses contradictions sociales en envoyant ses pauvres dans les implantations où il leur donne des logements meilleur marché qu'en Israël. D'après plusieurs sondages, l'écrasante majorité des colons seraient prêts à partir pourvu qu'on leur fournisse un logement bon marché en Israël. Mais le gouvernement préfère utiliser l'argent disponible pour la guerre. Le lien entre la guerre et le capitalisme est donc évident.
A Thierry by Jean-Michel Friday August 09, 2002 at 06:45 PM |
Tu parles beaucoup des travailleurs israéliens, on dirait à t´entendre qu´il s´agit d´une force, d´une masse importante. As-tu consulté les statistiques quant au nombre de travailleurs immigrés travaillant en Israél: arabes, russes, thais, fallashas, africains, etc.? Il y a selon les statistiques officielles, parues dans le journal francais Le Monde, 27 pour cent de non-juifs en Israel, certains même combattent dans Tsahal! D´après certains analystes de gauche israélien, ces acteurs économiques d´israel - une population hétéroclite avec peu de droits - constituerait même le "vrai" prolétariat d´Israél. Des intellectuels palestinien et israélien affirment que la lutte contre l´ANP est une diversion pour masquer ce vrai problème: Israél "importe", pour son économie, plus de non-juifs que de juifs chaque année. A terme il y aura plus de travailleurs immigrés goys que de juifs travailleurs. C´est ca le rêve sioniste, les juifs, patrons! La militarisation de l´Etat israélien a donc des raisons économiques racistes. C´est pourquoi il est juste de qualifier Israel d´Etat colonial, raciste, où les Askhénasis venus d´Europe centrale et les Sépharades (juifs originaires d´Espagne, du Maghreb, des anciennes colonies francaises et espagnoles) se partagent le pouvoir, les terres, les bonnes places, dans une proportion qui accorde le primat aux premiers.
L´Etat d´Israél n´est pas viable; il ne peut tenir sans la guerre permanente ni le soutien américain.
Exploitation by red kitten Friday August 09, 2002 at 09:43 PM |
redkitten@indymedia.be |
Les données citées par Jean-Michel [ ajouter les liens quand c'est possible, merci ] sont assez intéressante.
Il faut se rappeller à ce sujet que la plupart des Palestiniens des territoires "autonomes" étaient salariés d'entreprises Israeliennes situées hors de ces zones ...
On imagine facilement les conditions de travail et le niveaux des salaires d'ouvrier/e/s déjà opprimés, discriminés et sans-droit.
Je suppose qu'avec le bouclage plus ou moins permanent des 'territoires' les entreprises Israeliennes ont du trouver d'autres 'nègres' à exploiter ...
Israël, un état colonial? by Thierry Pierret Saturday August 10, 2002 at 12:35 AM |
A Jean-Michel
Tu dis qu'il y a 27% de non-Juifs en Israël. Si je sais compter, j'en déduis qu'il y a 73% de Juifs, soit près des trois quarts. Avant l'Intifada, 200.000 Palestiniens venaient travailler chaque jour en Israël. Or, 200.000 c'est relativement peu par rapport à l'ensemble de la population active en Israël qui doit approcher les 3 millions. En outre, ces Palestiniens travaillaient dans des secteurs relativement marginaux de l'économie israélienne (construction, agriculture). D'ailleurs si Israël fait actuellement appel à de la main d'oeuvre immigrée, c'est notamment pour remplacer une partie de ces Palestiniens. Les patrons israéliens trouvent difficilement des Juifs prêts à accepter de travailler aux conditions de travail de ces Palestiniens. Ils vont donc chercher de la main d'oeuvre bon marché dans le Tiers-Monde. Mais Israël n'est en rien une exception. Tous les états capitalistes développés font appel à de la main d'oeuvre immigrée pour exécuter les tâches ingrates que les nationaux ne veulent plus faire. La Belgique a fait de même lorsqu'elle a fait venir des dizaines de milliers d'Italiens pour travailler dans les mines. Elle a ensuite fait venir des Maghrébins et des Turcs. Mais la classe ouvrière belge "de souche" a-t-elle disparu pour autant? Tous les Belges sont-ils devenus des petits patrons exploitant une main d'oeuvre exclusivement d'origine immigrée? Absolument pas et ce ne sera pas non plus le cas en Israël. En revanche, on n'est pas loin de cette situation dans certains états arabes du Golfe. Au Koweït (66%), aux E.A.U. (90%!), au Qatar (86%), à Bahreïn (54%) ou même en Arabie Saoudite (52%), la majorité de la population active est composée d'immigrés(source: Atlas du monde arabe, Rafic Boustani et Philippe Fargues, Bordas, Paris, 1990). Pourtant il ne te viendrait sans doute pas à l'idée de qualifier ces états de "colonialistes" ou de "racistes". Comment peux-tu écrire que les Askhénasis et les Sépharades "se partagent le pouvoir, les terres, les bonnes places". Il y a en Israël 1,5 million de pauvres (1 quart de la population!) et plus de 10% de chômeurs. Même si les Arabes et les immigrés sont probablement surreprésentés parmi ces pauvres et ces chômeurs, il n'en reste pas moins que la majorité d'entre eux sont juifs. La vérité, c'est qu'au fur et à mesure que la récession déploiera ses effets, il y aura de moins en moins de "bonnes places" tant pour les Juifs que pour les Arabes ou les immigrés. Le gouvernement Sharon a fait voter un plan d'austérité draconien qui prévoit des économies et des hausses d'impôts pour plus de 2 milliards $. Ils vont notamment puiser 200 millions de $ dans les allocations familiales. Cette mesure ne touchera que les Juifs puisqu'en Israël un père de famille n'a droit aux allocations familiales que si un de ses enfants a effectué son service militaire. Les Arabes israéliens étant "dispensés" de service militaire, ils n'ont pas droit à ces allocations (ce qui est une injustice et une discrimination flagrante!). L'idée selon laquelle cette "population hétéroclite avec peu de droits" que sont les immigrés représenteraient le vrai prolétariat d'Israël est fausse. Tous ceux qui vendent leur force de travail pour un salaire sont des prolétaires. En Israël comme en Belgique, les immigrés - et encore davantage les sans-papiers - ne représentent que la couche la plus précaire de ce prolétariat. Tu écris que "L'Etat d'Israël n'est pas viable;". C'est vrai dans la mesure ou de moins en moins d'états seront viables au fur et à mesure que la crise du capitalisme déploiera ses effets. L'Argentine est-elle viable aujourd'hui dans les conditions du capitalisme? Ce qui se passe en Argentine aujourd'hui peut survenir en Israël demain, ce qui changerait totalement la donne dans la région. Si les travailleurs et les chômeurs israéliens descendent massivement dans la rue pour exiger une amélioration de leur sort, pillant les magasins, bloquant les routes, Sharon serait obligé de rappeler son armée des territoires occupés pour rétablir l'ordre en Israël. Ce faisant, il prendrait un gros risque vu que Tsahal est une armée de conscrits. Personne ne peut prédire de quel côté les soldats tourneraient leurs fusils dans une telle situation. La bourgeoisie israélienne craint l'énorme force potentielle de la classe ouvrière israélienne. La récente démission du ministre Lévy en est un indice. Tous les observateurs politiques israéliens s'accordent à dire que Lévy est le baromètre de la vie politique en Israël. A chaque fois qu'il a démissionné, le gouvernement tombait quelques mois ou quelques semaines plus tard. Lévy justifie sa démission parce qu'il "ne veut pas être associé au bain de sang social" qu'implique le plan d'austérité du gouvernement. Lévy est un politicien de droite, il n'a aucune affinité avec le mouvement ouvrier. Mais Lévy se rend compte que ce plan d'austérité va entraîner des mouvement sociaux importants, même si le climat de guerre actuel le retarde. Lévy envisage la possibilité que ces mouvements sociaux fassent tomber le gouvernement. C'est pourquoi il se met d'ores et déjà en réserve de la république. Il veut pouvoir jouer le rôle de dernier recours de la bourgeoisie en cas de graves troubles sociaux. C'est pourquoi il ne veut pas être associé à ce plan d'austérité; il veut se rendre acceptable pour les travailleurs israéliens. Mais si les travailleurs israéliens ne représentaient pas une grande force, Lévy n'en aurait cure et serait resté à son poste. En Israël comme ailleurs, la faiblesse de la classe ouvrière est avant tout politique. Il n'existe pas un parti ouvrier de masse armé d'un programme socialiste, qui lie la lutte contre l'austérité et le capitalisme à la lutte contre l'oppression nationale. C'est un tel parti qu'il faut construire là-bas comme ici.