arch/ive/ief (2000 - 2005)

Universalisation contre Mondialisation
by Serge Z. Saturday August 03, 2002 at 04:56 PM
serge@universalisation.zzn.com

Principes de l'action universelle

Universalisation contre Mondialisation
« principes de l'action universelle »

La mondialisation est la nouvelle définition de l'ordre nouveau sensé racoler les nations autour des valeurs communes du commerce et de la finance supranationale.
Il ne s'agit pas là bien entendu de construire une mondialisation politique, où des valeurs profondes et des objectifs « utopiques » unifieraient le monde dans la construction d'une humanité nouvelle. Les nations restent les nations, les guerres restent les guerres, le pouvoir garde le pouvoir, seul la finance et le commerce sur lesquels la mondialisation est basée se libèrent de toutes contraintes.
Il faudra bien finir par se le mettre en tête et surtout en conserver la mémoire de génération en génération, depuis le tout début des luttes populaires utopiques le camp du pouvoir n'a pas modifié d'un iota son mode de fonctionnement. L'indifférence et le dédain, puis la force brutale, vient le temps de la récupération, et on recommence.

La problématique est clairement identifiée, et la science psychanalytique l'explicite suffisamment. Une éducation ego centrée, d'importantes frustrations sexuelles, un besoin irraisonné de reconnaissance, un désir de possession immesuré en sont quelques composantes.
Les gens de pouvoir sont avant tout des malades, qu'il faudrait pouvoir guérir à leur insu.
Tel est le véritable enjeu, mais nous y reviendrons certainement en temps utile.

Mais revenons au mondialisme triomphant, victorieux de tous les « ismes » dérangeant des siècles précédant.
Mon propos n'est pas de faire un énième bilan de l'empire du pouvoir, d'autres l'ont déjà fait bien mieux que je ne pourrais le faire. Il est plutôt d'envisager les objectifs, les formes et les moyens d'un contre pouvoir utopique, et de préparer le passage à une ère nouvelle de l'humanité, car c'est bien entendu de ça dont il s'agit.
Mais avant tout, je rejette avec force l'image qu'ils nous donnent et nous font donner. Nous ne sommes pas « le mouvement de l'anti-mondialisation », mais bien « les forces de l'Universalisation ». Reste encore à définir le qui de « nous sommes », mais nous allons y venir.

Depuis Gênes principalement, les nombreuses composantes sur le terrain, parfois d'apparences antinomiques, ont réalisé la nécessité d'une coordination de tous ceux qui s'opposaient à la mondialisation sauvage du capital, de la finance, et des injustices et inégalités qui en découlent.
Face à la quasi ignorance des grands médias, objets disciplinés des « maîtres de la mondialisation », en regard de la brutalité barbare des hordes policières de ces « maîtres », seule une action coordonnée et orchestrée pourra éclairer les masses consommatrices asservies du piège dans lequel elles se trouvent.
Cette première réflexion, commune à beaucoup d'entre nous, est à la base de cet écrit.

L'objectif de ce document est de préparer le nécessaire « manifeste de l'universalisation » à venir, qui permettra de fédérer les sensibilités les plus diverses autour d'une base commune de civilisation, et par voie de conséquence autour des possibles actions à mener en commun pour y parvenir.

Dans tous les coins de la planète, des associations d'hommes et de femmes défendent des idéaux communs de liberté et de droits fondamentaux. Liberté pour un pays, une ethnie, une langue, droit d'être différent, de penser et de vivre différemment, droit d'exister, de circuler, droit de vivre, de manger, de se protéger, et bien d'autres encore.
Bien entendu il s'agit uniquement du respect des droits individuels n'entravant pas le respect des droits individuels d'autrui.
La liberté individuelle prévaut du droit d'une collectivité quelconque, dans la mesure où elle n'entrave pas une autre liberté individuelle.

Toutes ces associations, de par leur propre combat, sont aptes à imaginer les besoins de liberté défendus par d'autres regroupements. Elles sont, dans les faits, solidaires, et partagent de nombreux idéaux communs.
Très souvent, la critique de civilisation est identique, et les maillons du pouvoir supra mondial sont par tous clairement identifiés.
Toutes peuvent prétendre faire partie des « forces de l'universalisation ».
C'est le pas à franchir, la construction d'une confédération mondiale, quelque chose comme l'Organisation des Humains Unis (OHU - UHO).

Un enjeu, pas forcément le premier, sera donc d'élaborer le manifeste des règles du jeu de l'aventure humaine, le manifeste des droits universels, universellement partagés :
- volume 1 : principes fondateurs de l'aventure humaine et droits fondamentaux universels
- volume 2 : droits de l'animal et devoirs humains
- volume 3 : droits de la planète et devoirs humains
Libre aux générations éloignées d'y ajouter les volumes devenus nécessaires dans un prochain futur.

Les questions qui se posent de prime abord sont
- comment identifier toutes ces associations ?
- comment entrer en contact ?
- que proposer d'amblé ?
- comment définir les objectifs ?
- comment mettre en place une coordination ?
- comment mener des actions communes « universelles » ?
A court terme, le principal objectif, long et laborieux, consistera à répertorier toutes ces associations (un système de relais par pays, ethnie ou autre devra être utilisé), et à définir pour chacune d'entre elles un canal de communication suffisamment rapide, via e-mail ou par relais intermédiaire jusqu'à toucher les groupes d'individus dans la rue. La mise en place d'une telle structure prendra du temps, mais elle est un pilier de la mutation qui se prépare. On verra par contre que cette phase de construction pourra être progressive et itérative.
La définition d'une première version d'un manifeste devra être établi, mais ceci n'est pas la tâche la plus ardue, nous y reviendrons. Il s'agira là de fédérer autour de quelques grandes idées simples formant le noyau de base du manifeste des droits universels.
Très rapidement des actions communes devront être menées, parce qu'elles sont en elles mêmes fédératrices et servent de vecteur de communication. Il ne faut pas oublier que la grande masse des « universalistes » ne sont affiliés à aucune association ou groupe, bien que solidaire et souvent présent dans les actions communes.
Le premier objectif, consolidateur, sera de pouvoir mener une action locale, commune, instantanée, dans le monde entier. Il s'agira là avant tout de se compter et de mesurer l'universalisme et la puissance de la démarche.
Les actions possibles ressembleront dans un premier temps à ceci :
au même instant, dans le monde, dans les pays où il fait jour, allumer tous systèmes électriques (surcharge de consommation), pendant que dans les pays où il fait nuit, éteindre tous systèmes électriques (chute de consommation). Avec une campagne bien instrumentée (AFP, Reuter, etc …) et la possibilité d'obtenir les graphiques de consommation afin de visualiser l'impact de l'action, cela pourrait être une étape importante dans la concrétisation de la puissance que nous représentons, ensemble, tant dans les médias que dans nos propres rangs. De plus, l'action pourrait spécifier, par exemple, que tous le monde arbore au même moment, dans la rue, les entreprises, les organes officiels, le même signe distinctif, tel qu'un mouchoir blanc ou autre. Ainsi les différents groupes et individualités pourraient se reconnaître et entamer les stratégies locales, voir commencer à construire des « zones libérées » (nous reviendrons sur ce concept). Je suis sur que sur ce point de bien meilleurs stratèges que moi apporteront de bien meilleurs stratégies.
Bien entendu, avec le temps, lorsque nous serons prêt à parer au contre coup programmé de la répression, les actions deviendront plus ciblées et correspondront à une stratégie plus combative (mécanisme du lobbying).

Pour revenir au manifeste des droits universels, je suis sur qu'il en existe déjà de nombreuses propositions, d'autres ont du y réfléchir avant moi. Mais il s'agit avant tout de ne pas se noyer dans l'écriture d'une constitution universelle, mais de partager ensemble quelques grandes valeurs universelles. Par exemple, l'article 1 du manifeste des droits de l'homme pourrait être gardé, et amendé d'un certain nombre de précisions sur les égalités et les droits à la naissance. Un travail d'universalisation du manifeste des droits de l'homme pourrait être une bonne base de départ du manifeste des droits universels.

Le décor rapidement posé, on perçoit déjà la nécessité d'une organisation de base pour entamer les chantiers qui s'ouvrent à nous, recensement des associations, groupements et autres, élaboration des stratégies, pénétration des milieux médiatiques (de nombreux acteurs individuels du champs des médias sont proches de nos idées), orchestration de la communication interne, pilotage des actions universelles, etc … .
Il nous faut donc aussi réfléchir à l'organisation nécessaire et à ses composantes. Par définition, et dans la mesure où elle n'est pas une fin en soi, elle ne représente qu'une étape vers l'universalisation, et à ce titre elle sera dissoluble.
Sa mission sera strictement limitée à l'organisation et l'orchestration des actions universelles menées par les associations ou les individus fédérés. Elle fonctionnera sur les critères d'une créativité et d'un professionnalisme des plus affûtés. Toutes les actions, internes ou médiatiques, qu'elle mènera, seront confrontées au respect le plus absolu des droits universels fédérateurs. Ce sera sa mission première.

Un point important, souvent objet de nos désaccords, concerne l'action violente ou non violente. Et bien sur, là aussi, il nous faut trouver à fédérer.
Je pense qu'aucune association apte à fédérer autour du manifeste des droits universels n'a pour finalité la violence. Certaines l'utilise comme un moyen.
Déjà, ensemble, nous pouvons admettre que
- la violence n'est pas une finalité universelle
- des actions autres que violentes peuvent être envisagées.
Dans la mesure où les actions menées par la fédération seront basées sur la puissance du nombre, il n'y aura pas dans ce cas nécessité à répondre à la violence par la violence, à priori.
Bien que je me range parmi les non violents, j'admets que le respect de la vie est un devoir universel et qu'il peut exister des situations de terreur telles que le réflexe de vie m'amène à me défendre, voir à m'y préparer.

L'action universelle peut avoir pour objet la nécessaire déstabilisation de tel ou tel groupement d'intérêt. Dans ce cas, elle utilise l'action de boycotte universel, avec ou sans avertissement.
Ses actions devront acquérir un haut degré de science stratégique, et pour ce faire une connaissance pointue des mécanismes utilisés par le camp de la mondialisation.
A terme, après quelques actions universelles bien menées et particulièrement remarquées, des actions plus déstabilisatrices du système pourront être élaborées (la bourse, les banques, les administrations pourront en être les objets). On pourra imaginer des mécaniques de déstabilisation de titres boursiers, des opérations de retraits massifs de liquide, d'encombrement de certaines administrations détentrices de pouvoirs particuliers, etc … là encore d'autres auront certainement de meilleurs idées, mieux ciblées.

Le concept de « zones libérées » existe déjà, et chacun en comprend le sens. Mais la dimension nouvelle des actions universelles offre un champ nouveau à la concrétisation de ces zones.
Les « zones libérées » sont la suite logique des actions universelles.
Nous l'avons vu, l'action universelle à deux objectifs majeurs :
- Mesurer notre puissance et le communiquer
- S'identifier localement
L'identification locale est majeur dans le processus, elle seule assurera la véritable mutation vers une ère nouvelle.
Sur le sujet il y aura beaucoup à construire, et surtout à imaginer.
Quelles pourront être les bases d'une zone libérée ?
D'abord et avant tout, et afin de garder la cohérence d'ensemble, elle devra se fédérer autour des « droits universels », qu'elle prendra comme chartre.
Sur cette base, elle mènera toutes les actions locales nécessaires pour rendre effective ces droits universels, telles que des actions fédérées pour défendre ou soutenir telle ou telle cause « en danger », ou la constitution effective de fédérations locales pouvant prétendre à lobbying ou à la prise de responsabilités politiques locales.
Une zone libérée pourra être limitée à une maison, un étage, un block, ou devenir un quartier, un village, un espace rural ou urbain.
D'un strict point de vue organisationnel, la création de fédération locale, lorsque cela deviendra possible, facilitera la création d'actions universelles.
Une zone libérée placera la charte des droits universels au dessus de toutes les autres constitutions. La transformation des constitutions, des lois et des habitudes ne répondant pas aux critères de base de la charte des droits universels deviendront le champ du combat politique. Vaste programme, ce combat ne sera pas des plus simples et amènera, en son temps, beaucoup de polémique, même au sein de la fédération.

- Création d'un manifeste des droits universels
- Fédération des associations et groupements, et élaboration de la structure de communication
- Elaboration des stratégies d'actions universelles
- Démarrer le cycle des actions universelles
- Structuration de la démarche des zones universelles libérées
Voilà quelques bases posées d'un combat à venir.

Le camp du pouvoir ne passera jamais la main, sauf à y être contraint, et dans ses temps lointains à venir, il faudra entamer sa véritable guérison.
Universalisation de la lutte et fédération autour d'actions communes sont les mots clés du combat de demain, faute de quoi, dispersés, nous serons un jour récupérés, puis cette fois ci définitivement lobotomisés.

Peut être tenterai je de continuer seul à structurer la démarche, mais mon propos aujourd'hui est de faire partager, circuler, cet embryon d'approche globale.
Je m'attends à des critiques, certaines seront certainement bienvenues. On me dira peut être que la démarche existe, bravo qu'on m'en informe donc.
Peut être, dans sa globalité, cette approche suscitera-t-elle des intérêts, voir des velléités à participer à son élaboration, à y poser les premières pierres.
Une cellule de réflexion et des objectifs concrets à court terme, tel que l'élaboration d'un « pré-manifeste et mode d'emploi général » me semblerait un point de départ intéressant.
La traduction de ce texte dans les langues les plus partagées dans le monde, ainsi que son introduction dans les réseaux correspondant peuvent fortement participer au lancement de l'action, il suffit juste d'un peu d'organisation.

Qui se lancera dans l'aventure ?

Donnons sa chance au Forum Social Mondial
by arty Saturday August 03, 2002 at 06:16 PM
arty@ARTivisme.net

Un atelier intitulé "Identité et stratégies des altermondialistes", et organisé par ATTAC, CADTM, CETRI, et le Centre Libertaire, aura lieu lors de la journée de lancement du Forum Social de Belgique, le 21 septembre à la VUB (Vrije Universiteit Brussel).

Je t'invite à y participer, soit en tant que personne, soit en tant que nouvelle organisation membre du FSdB (dans ce second cas, contacter Paola.Peebles@CNCD.BE). Le but du FSdB est de créer des locales (je préférerais le termes "zones libérées") dans chaque ville, quartier, et village.

Donnons sa chance au Forum Social Mondial en y participant chacunE à notre façon.

Pour plus d'infos -->
http://www.wsf.be

Devoirs et droits
by Dominique Saturday August 03, 2002 at 09:22 PM
dominique_pifpaf@hotmail.com

Texte intéressant et qui ne manque pas d'humour.

Première remarque: Parler de droits est bien mais des droits ne seront jamais que des concepts qui dans une société aussi individualiste que la notre et ils seront toujours condamnés à ëtre récupérés par les intérêtes individuels et par les puissances de l'argent.
Devans une telle situation, la maière dont les droits de l'homme sont si souvent bafoués en est la preuve, seuls de DEVOIRS FRATERNELS peuvent permettrent de coriger efficacement le tir et d'instaurer une ère nouvelle.
Cette distinction entre droits et devoirs est fondamentale à faire. Des droits sont des concepts, des devoirs sont des actes. Le fait que ces actes soient fraterenels permet de dépasser complétement les concepts du plus grand, du plus riche, du plud fort, du plus con.

Je trouve que ces devoirs devraient être introduits déjà dans le volume 1 comme des devoirs fondamentaux universels. N'avoir que des droits et principes à cet endroit est ouvrir la porte à toutes les dérives actuelles et ce n'est pas le but, au contraire. Dans la même optique, plus qu'un manifeste des droits universels qui dans une société individualiste ne seront jamais que des droits individualistes et donc facilement récupérables, l'humanité à besoin d'un manifeste des devoirs universels car seuls des devoirs sont capables de rompre ce cercle du diviser pour régner et, à long terme, de changer les mentalités qui entretiennent la violence et l'inégalité de notre système.

À part cela, bravo pour l'initiative, c'est déja assez rare de voir quelqu'un ayant compris que parler de droits n'est pas suffisant et prêt à le mettre en pratique.

concepts
by Dominique Sunday August 04, 2002 at 05:37 AM
dominique_pifpaf@hotmail.com

Les concepts, disait saint Grégoire de Nysse, créent des idoles de Dieu.
Dans le context où il le disait. c'etait une mise en garde contre l'hellénisme du christianisme, càd contre les faux dieux véhiculés par les religions.

Ce n'en est pas moins valables en politique où les concepts permettent de se livrer à n'importe quelles récupérations au nom des intérêts particulier des uns et des autres.

Amen !
by shtroumf Sunday August 04, 2002 at 01:26 PM

Merci Père Dominique pour cet obscur sermon de curé new-age.

Commentaires
by himalove Sunday August 04, 2002 at 03:34 PM

"Seuls la finance et le commerce, sur lesquels la mondialisation est basée, se libèrent de toutes contraintes."

Il y a un effroyable paradoxe dans le projet du libéralisme, à l´oeuvre dans le monde entier: plus il se libère du cadre des nations, des Etats, des institutions, des idéologies, plus il enchaîne les hommes à une seule pratique: celle de l´argent. Amasser, perdre et gagner: le jeu est sans fin et implique guerre, destruction des ressources, pillage, gaspillage, consommation et productivisme à outrance.
L´argent s´est affranchi de l´humanité, et arrive même, à sa seule évocation, à incarner la réalité.
Il serait temps de nommer le libéralisme comme la forme suprême du nihilisme...
Ce n´est pas seulement l´expression d´une classe sociale, c´est un antihumanisme, à l´oeuvre, dont l´humanité entière est victime.