La sauvegarde du Lappersfortbos: aperçu
by Lappersfront (Trad. et adapt. Françoise) Thursday July 25, 2002 at 01:17 PM |
|
Un joli bois, situé à moins de 2 kms. du centre de Bruges, et abandonné par l'homo sapiens depuis de nombreuses années, est menacé de disparition partielle pour l'aménagement d'une nouvelle route, d'un nouveau parc industriel et d'un dépot de bus.
Commençons par un petit aperçu de la situation belge
La Belgique est scindée en deux: la partie flamande au nord, et la partie
francophone au sud.
Il n'y a plus en Belgique d'endroits vraiment sauvages, mais le sud du pays héberge beaucoup
plus de nature et de forêts.
Bruges se trouve dans le nord du pays, en Flandre Occidentale, une province qui à l'origine
était fort boisée et marécageuse, mais où les terres sont maintenant entièrement consacrées
à l'agriculture, à l'industrie, aux routes et aux maisons... (Entre parenthèses, la
Belgique a le réseau routier le plus dense du monde) Il est donc important de prendre soin
du peu de nature qui subsiste.
Le bois
Le Lappersfort est situé au sud de Bruges, près du canal qui relie la
ville à Gand. On dispose de peu d'information à propos du site, car les archives furent
entièrement détruites lors d'un incendie après la seconde guerre mondiale.
Ce qui est sûr, c'est que l'endroit fut utilisé pour le stockage d'armes par la FN (usine
d'armes) pendant l'entre-deux-guerres. A l'heure actuelle, le domaine est la propriété de
Fabricom, un géant de l'industrie sidérurgique, qui à l'intention de le vendre.
L'absence d'activité humaine pendant de nombreuses années, a permis à la nature d'y
reprendre ses droits. Le bois contient sept biotopes naturels différents, et de par sa
situation près du canal, de nombreux oiseaux viennent s'y reposer pendant leurs migrations.
Il y a aussi un marais où de nombreux oiseaux viennent se reproduire. Nous y avons détecté
trois types de hiboux, des rouge-gorges, des mésanges et des pics-verts. De nombreux
écureuils, des chauve-souris et pleins de moustiques occupent les lieux. Les vieux arbres
sont plutôt la norme que l'exception: des chênes, des marronniers et des bouleaux. Dans les
marais, on trouve aussi de nombreux peupliers, qui y furent plantés afin de les dessécher
(pour y planter des bâtiments). En ce moment, ces peupliers sont en train de mourir un à un,
et le marécage renaît dans toute sa splendeur. Le bois a une superficie totale de 24
hectares.
Les plans
Le problème fondamental, c'est qu'une toute petite partie seulement est
réservée comme zone boisée sur les plans d'aménagement de la ville. Une grande partie du
terrain est réservée aux petites et moyennes entreprises. Pour le moment, le bois est menacé
par trois projets différents, ce qui rend la lutte encore plus difficile...
- La route
La ville de Bruges a l'intention de construire une nouvelle route pour connecter l'autoroute
et le périphérique de Bruges. En fait, il s'agit plutôt de relier l'autoroute à la gare, où
il est prévu de bâtir un nouveau complexe de cinémas. Grâce à la publicité faite aux actions
du camp du Lappersfort, ce projet a été revu et il ne s'agirait plus que de l'élargissement
d'une petite route pour le trafic local. Cet élargissement aurait toutefois lui aussi un
effet négatif sur la nature.
- Dépot de bus
A l'endroit où se trouvait l'usine d'armes avant qu'elle ne soit incendiée, la nature a
regagné du terrain. C'est la que le conseil communal voudrait construire un dépot pour la
compagnie de transports en commun, De Lijn. Elle prétend que le dépot dont la ville dispose
actuellement est inefficace. Le Lappersfront estime que le sacrifice de jeunes arbres est
tout à fait disproportionné par rapport au gain de place et d'efficacité, et que le bruit et
la pollution des bus seraient destructeurs pour le reste du bois.
- L'industrie
Une grande part de la partie marécageuse est réservée à la petite industrie. La ville
affirme maintenant que si la route est construite, elle est disposée à discuter avec le
propriétaire pour en changer la destination. (Le conseil communal semble sentir la pression
suite aux actions, et tient à redorer son blason). Le Lappersfront craint qu'en cas de
négociations, une partie importante des marécages sera transformée en parking.
Si tous les plans mentionnés ci-dessus sont réalisés, un quart seulement du site serait
préservé dans l'état actuel.
Présentation de l'action et historique
Un camp d'action est l'un des moyens les plus efficaces pour protéger un
bois, parce qu'on le protège activement par le seul fait qu'on est présents. C'est pourquoi
le Lappersfront occupe le bois.
Comme le Lappersfront était le premier à organiser une telle action en Belgique, ils ont eu
un tas de choses à apprendre, tant sur le plan juridique que d'un point de vue
pratique.
Une semaine après le début de l'occupation, le Lappersfront a informé la presse, la police
et le propriétaire. La presse locale semblait intéressée, mais la presse nationale n'a pas
suivi. Une semaine plus tard, la police est venue annoncer que l'action était illégale. Il
est juridiquement impossible d'empêcher la police d'accéder au site, mais il leur faut un
préavis pour entrer dans les tentes ou dans les cabanes. Pour l'instant, ils ne viennent sur
le site que lorsque des personnes disparaissent dans un périmètre de cent kilomètres. Le
conseil communal a déclarée que l'action était prématurée, puisque ses plans n'en étaient
qu'à la phase préparatoire. Le propriétaire s'est montré assez aimable au début. En
septembre 2001, la police voulait évacuer les lieux, car elle craignait qu'on y hébergerait
de violents manifestants anti-mondialistes. Le propriétaire s'est interposé car il voulait
toujours négocier avec le Lappersfront. Les négociations n'eurent finalement pas lieu, car
le propriétaire a finalement compris que les occupants voulaient sauvegarder toute la
région.
Peu de temps après les premières publications à propos du bois, de nombreuses personnes
originaires de Bruges vinrent visiter ce bois qui jusqu'alors leur était resté inconnu et
furent charmés par la beauté des lieux. Des sympathisants sont arrivés du monde entier. Des
activistes hollandais ont aidé à construire les huttes dans les arbres et à restaurer
l'ancienne maison cochère. Quelques personnes du ‘Nine Ladies Protest Site' sont venues
construire une tour sur la maison. Des gens sont venus apporter de la nourriture, du
matériel de construction et d'alpinisme…
Au début, les activistes se réunissaient tous les soirs autour du feu. Maintenant la
fréquence de ces réunions est réduite à une réunion hebdomadaire. Pendant l'hiver, le
silence a entouré l'action, mais les activistes ont découvert qu'ils étaient capables de
faire bouger les choses autour d'eux en organisant des réunions de quartier avec des
reportages, des débats, des crêpes végétaliennes, … Ces soirées ont beaucoup de
succès.
Dans le courant du mois d'avril, le Lappersfront a bénéficié de pas mal d'attention de la
part de la presse. Ils ont entre autres organisé une conférence de presse avec des
organisations plus traditionnelles pour attirer l'attention sur d'autres endroits menacés
par l'industrie. Lorsque le presse a entendu que le Lappersfront en était à son 250e jour
d'occupation, la presse nationale s'est montrée fort intéressée : après la publication d'un
article dans un journal national, des activistes furent interviewés pour le journal de 19h,
on vint tourner un reportage, le Lappersfront fit la une d'un journal français, un membre du
Lappersfront fut invité à participer à un important débat télévisé, …
Si le Lappersfront a appris une chose au cours de cette unique occupation, c'est bien qu'il
faut se méfier de l'hypocrisie de la presse, plus encline à apporter des messages à propos
de la vie quotidienne qu'à montrer la nature qui risque d'être détruite. D'un autre côté, la
presse s'est montrée globalement positive.
Activités à venir
- Les 27 et 28 juillet, un projet artistique, "Schepsels" ("Créatures")
aura lieu dans le bois.
- La semaine du 5 au 11 août, le Lappersfront organise un camp d'action à l'occasion du
premier annicersaire de l'occupation.
Comment y arriver?
En sortant de la gare de Bruges par l'entrée principale, traversez la
place de la gare et tournez à droite. Avant le grand pont, prenez à nouveau à droite
(Vaartdijkstraat) et longez le canal. Vous longerez un terrain industriel, mais continuez
tout droit. Après le carrefour, vous n'aurez plus qu'un bois à votre gauche. Prenez le
sentier bordé de saules.
www.lappersfront.tk
Je suis très très impressionnèe!Bravo!Je me joindrai volontier a votre action.Si seulement il y avait une pétition à signer,les dates de vos prochaines réunions ou un numéro de téléphone où vous joindre ce serait plus facile!Ca permetterait au moins de faire quelquechose en attendant d'avoir le temps ou les moyens de venir faire quelquechose sur place.Je vous envoie tous mes encouragements.Stand up strong inna Babylone and fight for your rights!