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a conférence sur le sida va tenter de repenser la prévention
by véronique Saturday July 13, 2002 at 02:53 PM
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Faute de solutions en vue pour les pays du tiers-monde dévastés - ou sur le point de l'être - par le virus du sida, la XIVe conférence internationale qui se tient à Barcelone sur cette maladie, devait s'efforcer, mardi, de repenser la prévention, alors que tous les indicateurs de l'épidémie sont au rouge.

La conférence sur le sida va tenter de repenser la prévention

BARCELONE :

 - Faute de solutions en vue pour les pays du tiers-monde dévastés - ou sur le point de l'être - par le virus du sida, la XIVe conférence internationale qui se tient à Barcelone sur cette maladie, devait s'efforcer, mardi, de repenser la prévention, alors que tous les indicateurs de l'épidémie sont au rouge.

Le paysage dressé par le Centre américain de contrôle des maladies (CDC) sur le sida montre que la seule prévention possible, le préservatif, n'est jamais acquise et doit être reprise, constamment.

Plus de vingt ans après l'identification du virus de l'immuno-déficience humaine (VIH), après des centaines de millions de dollars de fonds dépensés, et alors qu'il ne se distribue toujours qu'un peu plus de deux préservatifs par an et par homme, nouveaux-nés et vieillards compris, l'épidémie ne fléchit pas, contrairement aux prédictions des immunologistes. Et ce, même chez les homosexuels américains.

Dans cette communauté qui fut la première touchée, au début des années 80, et qui a durement bataillé pour l'information, le taux de contamination par le VIH et les maladies sexuellement transmissibles, est maintenant neuf fois plus élevé que chez les femmes et les hommes hétérosexuels.

Seul changement notable, selon cette étude, ce sont maintenant les homosexuels afro-américains ou hispaniques qui forment le gros du bataillon des contaminés. Avec plus de 6 % de taux d'infection, ils sont trois fois plus touchés que les "gays" de race blanche.

Une autre étude du CDC révèle que la grande majorité des jeunes afro-américains homosexuels séropositifs - entre 75 % et 91 % - ignorent qu'ils sont infectés. Elle montre aussi que les problèmes psychologiques - dépression, toxicomanie, violence du partenaire - sont liés aux comportements à hauts risques et aux contaminations et contribuent à la multiplication des rapports non-protégés avec des partenaires plus jeunes.

A Moscou, toujours selon une étude du CDC, plus de 30 % des sans-abri sont porteurs du virus.

En Chine, une enquête menée dans sept régions auprès de plus de 7.000 personnes montre que 17 % de la population n'a jamais entendu parler du sida et que plus de la moitié (54 %) ne connaît pas la cause de la maladie. Et 75 % des Chinois ne savent pas que la contamination par voie sexuelle peut être évitée avec des préservatifs, et que la transmission par voie sanguine peut être évitée en refusant les transfusions sanguines dangereuses ou, pour les toxicomanes, le partage des seringues.

Dans les pays en développement, le préservatif continue à ne pas passer, même chez les habitants au fait des ravages de la maladie : "dans les pays où l'infection est très haute, le virus du sida tue les enseignants plus vite qu'ils ne peuvent être formés et met en péril le projet de ces nations qui s'étaient fixé comme objectif de parvenir, d'ici 2015, à offrir un enseignement primaire à tous les garçons et filles", constate la Banque Mondiale dans un rapport présenté à Barcelone.

Le sida touche toujours à 90 % des pays en voie de développement. Mais, selon la Fondation Bill and Melinda Gates, seulement 10 % des fonds mondiaux consacrés au sida vont à ces pays. La fondation affirme, pour sa part, avoir consacré, depuis sa création, 2,5 milliards de dollars à la lutte contre le sida.

Le virus, porté aujourd'hui par environ 40 millions de personnes dans le monde, en a déjà tué plus de 20 millions, plus que toutes les guerres du XXème siècle.

A la fin de la conférence de Barcelone, vendredi, il en aura tué 50.000 de plus, selon les calculs de Michael Weinstein, président de la Fondation américaine Heath Care pour qui ce rassemblement n'est rien d'autre qu'"un grand show commercial".

BARCELONE (AFP) - La XIVe conférence internationale sur le sida, qui se tient à Barcelone jusqu'à vendredi, a soufflé le chaud et le froid lundi, avec la présentation d'un nouvel antiviral particulièrement efficace et des déclarations on ne peut plus sinistres sur l'avenir du virus.

"Même avec des antiviraux très efficaces, nous ne pourrons pas éradiquer le virus avant au moins 73 ans", a expliqué lundi le Pr Robert Siliciano, un des plus hauts responsables des Instituts Nationaux (américains) de la Santé américains.

En outre, "le virus serait capable de conserver en mémoire toutes les erreurs de traitement commises dans le passé", a indiqué ce chercheur en insistant pour que soient gérés "au mieux" les moyens dont les médecins disposent et en prêchant pour de "nouvelles approches".

Les propos du Pr Siliciano reposent sur des projections mathématiques effectuées sur la diminution de la quantité de virus présent dans le sang -la charge virale- mesurée chez les malades actuellement traités dans les pays développés.

Presque au même moment, les laboratoires américain Trimeris et suisse Roche ont annoncé l'arrivée prochaine d'un nouveau médicament anti-sida, le T20 (enfuvirtide, selon son nom international), qui devrait être disponible en Europe et en Amérique du Nord dans les mois à venir.

Ce médicament, le premier d'une nouvelle classe d'antiviraux, les "inhibiteurs de la fusion", empêche le virus de l'immuno-déficience humaine (VIH) qui provoque le sida d'envahir les cellules de l'organisme.

Tous les autres médicaments actuellement disponibles agissent, au contraire, contre le virus quand il est déjà présent dans les cellules du système immunitaire (CD4).

Présenté comme un quasi "miracle" par le Dr Jacob Lalezari, un des responsables des essais, le T20 a été mis en concurrence avec le meilleur traitement combiné disponible.

"Il a fait baisser la charge virale au-dessous des niveaux de détection chez deux fois plus de patients (respectivement 37 % et 28 %) que le traitement de comparaison qui n'obtient, lui, que 16 % et 14 %", a indiqué le Pr Bonaventura Clotet, responsable de la section sida à l'hôpital Germans Trias i Pujol de Barcelone qui s'est dit "très surpris et très heureux des résultats".

Le T20, qui a été essayé sur les patients déja lourdement traités ou devenus résistants aux traitements disponibles, est considéré par les experts comme le médicament "le plus complexe produit jusqu'ici par l'industrie pharmaceutique".

Ce médicament, qui se prend à raison de deux injections par jour, a été testé sur plus de 1.000 patients dans deux essais, en Amérique du Nord et au Brésil, ainsi qu'en Europe et en Australie.

"La découverte de l'AZT, dans les années 80, puis celle des inhibiteurs de la protéase, en 1995 ont, été les deux premières clefs de voûte de la bataille contre le sida et l'arrivée des inhibiteurs de la fusion est la troisième", a estimé le Pr Clotet en soulignant la tolérance "exceptionnelle" de ce médicament. Seulement 3% des patients ont quitté l'essai.

Déception en revanche du côté de la société américaine VaxGen: la firme, qui organisait une conférence sur laquelle les chercheurs comptaient beaucoup pour obtenir des informations sur le premier essai de vaccin mené sur l'homme, n'a donné aucune indication sur les résultats enregistrés.

"Nous espérons disposer de très bonnes nouvelles dans les quelques mois à venir et nous sommes optimistes", a seulement indiqué le Dr Donald Francis, un ancien du Centre américain de contrôle des maladies (CDC) d'Atlanta et de la société de biotechnologie californienne Genentech, devenu président et co-fondateur de VaxGen.

En prévision du succès de son vaccin potentiel, baptisé AIDSVAX et actuellement testé par 7.500 volontaires, l'entreprise -qui a consacré 300 millions de dollars à l'exploration de cette piste vaccinale- a déjà des projets d'implantation d'usine, dans le sud de San Francisco et en Corée du sud.

"Quand nous serons prêts, AIDSVAX sera vendu au prix fort dans les pays riches et à bas prix dans les pays en développement", a promis le Dr Francis