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Dossier infos Sida: polémique autour de la contribution des pays riches à la lut
by véronique Saturday July 13, 2002 at 02:46 PM
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La grand-messe du sida sur fond de requiem Deux ans après l'amorce d'une mobilisation internationale à Durban, le bilan reste plus que mitigé à Barcelone...

Dossier infos Sida: polémique autour de la contribution des pays riches à la lutte contre la pandémie

La grand-messe du sida sur fond de requiem
Deux ans après l'amorce d'une mobilisation internationale à Durban, le bilan reste plus que mitigé à barcelone...

'est hier, en fin d'après-midi, à Barcelone, que s'est ouverte la quatorzième conférence mondiale sur le sida. Une conférence unique, fourre-tout, énorme comme une foire agricole avec ses stands commerciaux qui remplissent un immense hall. Mais aussi une rencontre dramatique, à l'image de l'épidémie : avec ses trois millions de morts par an, ses quarante millions de personnes touchées aujourd'hui, avec la perspective de plus de 45 millions de nouveaux cas d'ici à 2010 si rien n'est fait et ce constat dressé la semaine dernière par l'Onusida : «La pandémie n'est pas arrivée à son terme.

En matière de sida, 90 % des malades sont au Sud et 

90 % des traitements au Nord.(http://www.liberation.fr/page.php?Article=40572)

BARCELONE :

- En matière de traitement contre le sida, le fossé médical entre riches et pauvres ne cesse de se creuser, et la contribution des pays développés à la lutte contre l'épidémie demeure largement insuffisante, dénoncent certains experts internationaux. Un constat qui suscite une polémique grandissante à la 14e conférence internationale sur la maladie.

Le gouffre médical et la disparité des systèmes de santé entre pays riches et pauvres ont fait l'objet de débats passionnés à Barcelone. Car si tous les délégués s'accordent sur la nécessité d'une aide financière de taille pour juguler l'épidémie, les opinions divergent quant à ceux qui devront payer la facture, qui s'élève à au moins 10 milliards d'euros par an.

Au coeur de la polémique, les États-Unis ont essuyé mardi la colère d'une quarantaine de manifestants qui ont empêché le secrétaire américain à la Santé Tommy Thompson de prononcer son discours. Aux cris de "Honte! Honte!", les militants ont envahi le podium, brandissant des pancartes accusant le président américain George W. Bush et Tommy Thompson de "meurtre" et de "non-assistance à sidéens".

Annoncé par M. Bush le mois dernier, le plan quinquennal américain, doté de 500 millions de dollars pour lutter contre la transmission du VIH de la mère à l'enfant en Afrique et dans les Caraïbes, est jugé insuffisant par les ONG. Les États-Unis devraient donner chaque année 2,5 milliards de dollars (d'euros) à la lutte contre le sida, selon l'économiste Jeffrey Sachs, qui considère l'administration Bush mal-préparée face à la pandémie.

Responsabilité morale des pays industrialisés, devoir des compagnies pharmaceutiques de distribuer gratuitement les licences des médicaments, nécessité des pays africains d'apporter eux-mêmes un financement: les arguments fusent et la polémique enfle, sur fond de catastrophe mondiale annoncée... et confirmée par les chiffres alarmants d'Onusida.

Plus de 90% des 37 millions de personnes infectées par le virus d'immunodéficience humaine (VIH) vivent dans des pays en voie de développement, dont 26 millions, soit plus de 70%, en Afrique, selon l'agence américaine pour le développement international.

Autre chiffre, glaçant: d'ici dix ans, l'espérance de vie dans certains pays africains avoisinera 30 ans (26,7 ans au Botswana). "Comment pouvez-vous créer un avenir pour un pays où l'espérance de vie est de 27 ans?", a demandé Paul De Lay, un intervenant.

Seul un plan de financement de grande envergure pourrait contrôler l'épidémie mais, dans la plupart des pays africains, les fonds disponibles servent plus souvent à rembourser leurs dettes aux pays riches qu'à améliorer leurs systèmes de santé, explique une étude de l'institution britannique Oxfam.

D'après Kevin Watkins, auteur de l'enquête, une annulation de 1,6 milliard d'euros de dettes dégagerait à elle seule des revenus significatifs pour lutter contre le sida. "Cela représente moins de deux jours" sur les 350 milliards d'euros de subventions accordées aux agriculteurs des pays développées, a-t-il souligné.

Également sur la sellette, les compagnies pharmaceutiques tentent de justifier leur refus de donner les licences des médicaments aux pays en voie de développement. Pour Martin Sutton, de GlaxoSmithKline, fabricant de deux traitement antirétroviraux, donner les patentes reviendrait à tuer la recherche. Pour lui, la question des licences demeure accessoire: "évidemment, il y a plus à faire mais nous avons donné notre part".

En 2001, les fonds affectés à la lutte contre le sida dans les pays à faible et moyen revenu s'élevaient à 2,8 milliards d'euros, loin des 10 milliards annuels nécessaires, selon le président de la conférence Peter Piot, directeur d'Onusida, pour financer des programmes de prévention et le traitement antirétroviral de... 5% des personnes infectées au tiers-monde.