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Tractebel dans la tourmente
by yannindy Wednesday June 19, 2002 at 11:48 AM
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Suite au rachat par Tractebel de deux centrales électriques au Pérou, des émeutes éclatent.

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Tractebel dans la tourmente

Tractebel, la filliale belge du groupe Suez, fait beaucoup parler d'elle en Amérique Latine ces derniers temps. Il y a quelques semaines, on apprenait que la société avait invité des journalistes européens à visiter son nouveau barrage de Cana Brava au Brésil. Quelques journalistes sont allés plus loin que le tour organisé, et ont pu voir que la réalité est très différente de celle présentée par Tractebel (Plus d'informations ici et ici).

Aujourd'hui, c'est au Pérou qu'il y a des problèmes. Des émeutes se sont déclarées dans la ville d'Arequipa (photo), la seconde ville du pays, pour protester contre la revente de deux centrales électriques à Tractebel. Ces centrales fournissent de l'électricité pour tout le sud du pays. Tractebel était le dernier postulant à cet appel d'offre. Les autres postulants se sont en effet désistés. Malgré cela, l'appel d'offre n'a pas été suspendu, et Tractebel a pu acquérir les deux centrales pour la somme de 167,4 millions de dollars (175,3 millions d'Euros).

Les émeutes ont éclaté dès l'annonce de la vente de ces deux centrales. L'état d'urgence a été déclaré dans toute la province, qui est placée sous l'autorité du commandement militaire. Les libertés fondamentales sont suspendues pour 30 jours par Mr Toldeo, le président péruvien. Un couvre-feu a été imposé par l'armée, de 22 heures à 5 heures du matin. Le bilan actuel est de un mort (un manifestant touché à la poitrine par une grenade lacrymogène) et d'environ 100 blessés. Les  dégâts s'élèveraient quant à eux officiellement à quelques 100 millions de dollars (104,8 millions d'Euros).

La raison principale de ces émeutes est simple: Mr Toledo a menti. En effet, il avait signé avec les organisations qui appellent aux actions pour le moment, un document dans lequel il s'engageait à ne pas privatiser ces deux centrales. Mais c'était il y un an, lors de la campagne présidentielle. A l'heure actuelle, Mr Toledo a simplement réaffirmé sa détermination à poursuivre les privatisations "avec fermeté, sans ambiguïtés et détermination".

Depuis, 22 maires de villes du sud ont commencé une grève de la faim, pour pousser Mr Toledo à renoncer à son plan de privatisations, alors que les manifestants exigent sa démission.

Mais ce n'est pas le seul problème de Tractebel au Pérou. En effet, une information judiciaire est ouverte contre la compagnie belge pour corruption. Il semblerait que Tractebel ait versé 10 millions de dollars (10,5 millions d'Euros) au président destitué Fujimori entre 1996 et 1998. Des commissions rogatoires cherchent aussi à éclaircir le rôle de l'ingénieur Pierre Bocquet, qui aurait, selon le quotidien La Republica (proche du pouvoir), joué un rôle clé dans cette affaire.