grève de la faim à la prison d'Anvers

Pendant six semaines les syndicats de matons ont bluffé tout le monde, et surtout les prisonniers. Ils ont fait croire que la surpopulation était la raison principale de leurs interventions et actions de grève. Pendant les négociations avec les ministères concernés le véritable visage de leur demandes s'est montré : retraite à 55 ans, primes ou/et augmentations de salaire et plus de personnel. Ces demandes ont été acceptées après que les matons aient pris en otage 600 personnes pendant quatre jours. Depuis il n'y aurait plus de « problème de surpopulation »...

Le peu de droits que nous avons, nous, prisonniers, ont été bafoués pendent ces actions. Car nous avons bien des droits : le droit de visite, le droit à une promenade, le droit d'espace minimum de 12 m2 dans une cellule, le droit à l'hygiène, le droit à une nourriture saine et variée, le droit à une défense. Mis à part le bafouement de ces droits, les prisonniers ont été poussés à se révolter. Les mots de plusieurs matons n'étaient pas des mots en l'air : »Vous devez vous révoltez, et de préférence tout de suite bien, car de cette manière nous serons entendus et Bruxelles devra plier ».

Des gens – dont on n'a pas encore prouvé la culpabilité– ont été utilisés comme monnaie d'échange. La question est : « qui sont les criminels dans cette histoire ? » Nous ne mettons pas en doute le droit de grève, qui est un acquis social. Mais il faut se poser la question de quelle manière ce droit est utilisé. Une lutte sociale ne se fait pas avec des moyens asociaux, et pas sur le dos de gens qui ne peuvent pas se défendre vue leur situation.

Mais qu'est qu'on veut alors ?

Nous voulons que la surpopulation –la soit-disant raison des actions de matons- revienne à l'ordre du jour. Tout le monde doit comprendre que nous sommes en premier lieu des êtres humains qui ont fait quelque chose de mal ou pas et qui, après avoir purgé une peine, vont se retrouver dans la société. La préventive ou la peine de prison est selon la loi rien de plus que la privation de liberté. La peine ne stipule pas que nous pouvons être traités comme des marchandises qu'on déplace, classe et réorganise selon les souhaits. La prison d'Anvers est pleine à craquer. Il y a 600 personnes entassées dans un endroit conçu pour en accueillir 350. D'autres prisons, et en particuliers les maisons d'arrêt, ont le même problème. Depuis des années une loi traîne au Parlement qui donne le droit au directeur de prison de refuser des gens une fois la limite dépassée. Cette situation inhumaine doit cesser !!

[De plus il y a besoin d'une politique structurée au sein des prisons. Il y a des années, un prof en criminologie de Louvain avait déjà proposé au gouvernement un statut de devoirs et de droits pour les personnes séjournant en prison. Aujourd'hui des membres de la direction pénitentiaire peuvent appliquer des sanctions comme ils le veulent. Ils peuvent instaurer la visite derrière une vitre pendant 6 mois par simple mesure de prévention. Il n'y a aucun règlement auquel le prisonnier puisse référer].

Nous refusons d'accepter cette tendance dans la société d'intervenir d'une façon de plus en plus répressive. La construction de nouvelles prisons n'est pas une solution. Ce n'est que déplacer le problème. Nous devons réfléchir au causes des crimes dans notre société.

Avec notre grève de la faim nous voulons au moins demander de chercher des alternatives pour ces cachots de la société qui débordent.

- l'utilisation abusive de l'enfermement préventif doit être réduite
- Les peines alternatives comme les travaux d'intérêt général doivent être developpées.
- Le nombre de prisonniers doit être réduit aux capacités des bâtiments et installations.
- Un débat public doit avoir lieu sur l'utilité de la prison pour certains crimes.

Conclusion : les ministres responsables doivent se mettre au travail, aborder les problèmes d'une manière structurée et chercher des réponses qui ne mènent pas vers un état policier.

Mise à jour 2ième semaine : Situation d'un des grévistes de la faim critique, il refuse tout liquide.

Depuis lundi 10 juin Erik Hellemans, Luc Vermeulen et Geert Waegemans sont en grève de la faim principalement contre la surpopulation carcérale. Erik Hellemans –qui a refusé tout sucre dès le début- a arrêté de boire depuis aujourd'hui, ce qui peut entraîner sa mort dans la semaine qui vient.

Directement après l'annonce de la grève de la faim Erik Hellemans et Geert Waegemans ont été transféré vers une autre aile de la prison d'Anvers pour éviter toute extension de l'action. En raison de la surpopulation la situation est très tendue. Depuis le début de leur action Erik Hellemans et Geert Waegemans ont perdu respectivement 7,5 et 5,5 Kg. Nous savons peu de choses sur Luc Vermeulen car il est dans une autre aile. Il semble y avoir un quatrième gréviste de la faim, mais à cause des problèmes de communication entre les ailes, nous ne pouvons le confirmer.
Aujourd'hui nous avons reçu la nouvelle que Erik Hellemans refuse aussi de boire de l'eau. Cette évolution peut l'amener vers une situation critique dans la semaine à venir. La surveillance médicale des prisonniers est réduite à une mesure du poids.

Les grévistes veulent particulièrement pousser un débat politique et de société sur la surpopulation carcérale. Le sénateur et leader de la groupe parlementaire verte (écolo) s'est engagé à questionner le ministre de la Justice Verwilghen. Espérons que sa réponse n'arrive pas trop tard.

arch/ive/ief (2000 - 2005)