Quinze mille Européens s'opposent au contrôle systématique de leurs communicatio by yannindy Monday June 10, 2002 at 06:23 PM |
yannindy@yahoo.fr |
Quinze mille Européens s'opposent au contrôle systématique de leurs communications
Quinze mille citoyens ont signé la lettre
ouverte à Pat Cox, président du Parlement européen, demandant aux députés
de ne pas voter le projet de révision de la Directive européenne de 1997 sur
les données de télécommunications. Ce projet doit permettre aux Etats de
conserver toutes les données relatives aux communications téléphoniques et à
Internet et d'en garantir l'accès aux services de police et de renseignements.
Reporters sans frontières a également écrit le 24 mai dernier à Pat Cox et
aux députés pour leur demander de rejeter ce projet. Le
dossier de libertes-immuables.net sur cette affaire.
La mobilisation bat son plein. Outre Reporters
sans frontières, qui a interpellé les élus européens et alerté la presse,
plusieurs dizaines d'organisations internationales tentent elles aussi de faire
barrage à ce projet. Le collectif allemand Stop1984, qui s'est chargé de
collecter les signatures individuelles à la lettre ouverte adressée par
quarante organisations non gouvernementales (ONG) à Pat Cox, président du
Parlement européen, remettra mercredi 29 mai à ce dernier et à des membres du
Parlement une pétition qui a récolté quinze mille signatures de citoyens
européens. Par cette lettre, les quinze mille citoyens signataires recommandent
fortement au Parlement de rejeter la position commune du Conseil européen au
sujet du premier alinéa de l'article15, qui porte atteinte à leurs droits
fondamentaux : droit à la libre expression, droit à la confidentialité
et droit à la présomption d'innocence. Le projet sera soumis au vote des élus
le 30 mai 2002 à Bruxelles.
Le "prétexte" de la
lutte antiterroriste
"La lutte contre le terrorisme ne doit pas
constituer un prétexte pour porter atteinte aux droits fondamentaux dont bénéficient
les citoyens des pays démocratiques. Une conservation systématique des données
de communication électronique des citoyens de l'Union européenne à des fins
de surveillance généralisée et exploratoire ne peut pas être acceptée.
Lorsqu'une mesure de conservation des données est autorisée, elle doit présenter
un caractère nécessaire, approprié, proportionné et temporaire. Dans une
société démocratique, les opérations de surveillance doivent être limitées
au strict nécessaire et clairement définies par la législation. Nous espérons
que le Parlement européen tiendra compte de l'opinion exprimée par les
citoyens, qu'il fera preuve de sagesse dans son jugement et que nos droits
fondamentaux demeureront respectés", affirme l'organisation Stop 1984 au
nom des quarante ONG. Une conférence de presse sera organisée le 29 mai à
Bruxelles par le rapporteur du projet de Directive, le député européen Marco
Cappato, en présence de quelques membres de la coalition internationale GILC
(Global Internet Liberty Campaign).
libertes-immuables.net / rsf.org avec
Statewatch, GILC (Global Internet Liberty Campaign), IRIS (Imaginons un Réseau
Internet Solidaire), Stop 1984
Lire
la lettre ouverte des quarante organisations signée par quinze mille Européens
14/05/2002 - Europe :
L'Union européenne souhaite contrôler les communications de ses citoyens
Nouvel acte dans la lutte
antiterroriste : le Parlement européen examinera, à compter du mercredi
29 mai 2002, une requête formulée par plusieurs Etats de l'Union visant à
garantir aux services de police et de renseignements le libre accès, la rétention
et l'examen des données de télécommunications (téléphoniques et électroniques).
Pour Statewatch*, partenaire de Libertés Immuables qui a révélé l'affaire en
exclusivité, il s'agit d'une atteinte grave aux libertés fondamentales des
Européens. Le point de libertes-immuables.net sur ce dossier et l'interview de
Tony Bunyan, directeur de l'organisation non gouvernementale.
Les eurodéputés se pencheront le 29 mai
prochain sur la proposition de révision de la Directive européenne de 1997 sur
la protection des données et informations dans le secteur des télécommunications.
Selon l'organisation non gouvernementale Statewatch, spécialisée dans l'examen
des lois et projets de lois pouvant restreindre les libertés fondamentales,
cette révision obligerait les Etats membres de l'Union à voter des textes qui
permettraient de conserver toutes les données relatives au trafic des télécommunications
(téléphone, communications électroniques) et à garantir leur accès aux
services de police et de renseignements (polices, douanes, services de
l'immigration, services d'espionnage et de contre-espionnage, etc.). Statewatch
révèle aussi que les Etats qui réclament cette révision ont mené des
discussions secrètes pour faire avancer le dossier sans déclencher une polémique
médiatique et l'ire des opinions publiques.
"Se distinguer des régimes
autoritaires "
Pour Statewatch tout comme pour the Committee on
Citizen's Freedoms and Rights (Comité pour la liberté et les droits des
citoyens), qui a réalisé un rapport sur le sujet à l'attention des députés
européens, "il est impératif de s'opposer à cette modification
fondamentale de la Directive européenne". Les organisations rappellent
qu'en vertu de ce texte de 1997, les données concernées ne peuvent être
conservées que durant une courte période, et à des fins précises. Ensuite,
elles doivent être détruites. Le Parlement de Strasbourg semble d'avis de
maintenir le statu quo dans ce dossier : permettre la rétention et
l'examen de ces données, mais au cas par cas et dans le cadre de dossiers
particuliers. Pour Statewatch, l'enjeu est de taille : "C'est l'avenir
de l'esprit démocratique de l'Union européenne qui est en jeu, affirme Tony
Bunyan, directeur de l'organisation. Si toutes les télécommunications téléphoniques,
les télécopies, les emails, les connexions Internet peuvent être interceptés
librement par les services de sécurité et examinés en toute impunité,
qu'est-ce qui va distinguer nos Etats des régimes autoritaires ?"
libertes-immuables.net avec
Statewatch.
Lire
le rapport de Statewatch sur le sujet
Interview
Tony Bunyan (Statewatch) :
"Une dangereuse pêche aux informations"
En primeur pour Libertés Immuables, le
directeur de Statewatch explique en quoi ce projet est dangereux pour la liberté
d'expression
Cette proposition de révision
de la Directive européenne sur la protection des données et informations dans
le secteur des télécommunications est-elle directement liée, selon vous, à
la lutte antiterroriste post-11 septembre ?
Certainement. L'Union européenne tente depuis
1995 d'adopter les méthodes et outils du FBI en la matière. En 1995, elle
s'est dite favorable à cette doctrine et a tenté de mettre en place les
dispositifs nécessaires à son application en 1998. Mais la réaction de la
société civile et des organisations de défense de la liberté d'expression a
été si violente que l'Europe a dû faire machine arrière. Les propositions
sont revenues au-devant de la scène en 2001 mais ont une nouvelle fois été
repoussées. Comme par hasard, la rétention des données de télécommunications
et leur libre accès par la police et les services de sécurité ont été placés
dans les priorités de l'agenda européen lors du Conseil des ministres de l'Intérieur
et de la Justice des Quinze, le 20 septembre 2001, soit au lendemain des
attentats de New York et de Washington.
Ce projet est dangereux pour les
journalistes : n'hypothèque-t-il pas, par exemple, le principe du secret
des sources ?
Oui. Les journalistes pâtiront de telles
mesures. Mais d'une manière générale, elles pourraient restreindre les libertés
fondamentales de tous.
On a le sentiment que les
gouvernements, y compris dans les grandes démocraties, se sentent moins concernés,
depuis le 11 septembre, par les questions de protection des libertés
collectives et individuelles, les droits fondamentaux garantis par les
Constitutions, la protection de la vie privée. Est-ce votre avis ?
Absolument. Depuis les attentats, à chaque fois
qu'une nouvelle proposition est faite et qu'elle met en balance les droits et
libertés des citoyens d'une part, et un besoin de renforcer les dispositifs sécuritaires
d'autre part, c'est la deuxième problématique qui l'emporte systématiquement.
Si ces propositions sont adoptées,
quels dangers font-elles peser sur la liberté d'expression, les libertés
fondamentales, le droit à la protection des données privées ?
Aujourd'hui, les données relatives aux télécommunications
doivent être conservées très peu de temps. Et si les services de police, la
justice ou les services de renseignements souhaitent y accéder, ils sont très
encadrés dans leurs démarches. Demain, ce ne sera plus le cas. Ils pourront
agir librement, en toute impunité. Et le pire, c'est que les défenseurs de ce
projet ne s'abritent même pas derrière la nécessaire recherche de preuves
dans telle ou telle affaire, derrière la nécessité de pister tel ou tel type
de public sensible. A l'instar des déclarations faites en décembre 2001 par
les porte-parole du ministère britannique de l'Intérieur, l'objectif "est
de conserver toutes ces données pour aller à la pêche aux informations".
Propos recueillis par la rédaction
de libertes-immuables.net
Consulter
l'Observatoire de Statewatch des nouvelles lois votées depuis le 11 septembre
Statewatch est une organisation
non gouvernementale basée à Londres qui recense et dénonce les lois et
dispositifs juridiques qui restreignent les libertés collectives et
individuelles. Statewatch est partenaire de Libertés Immuables. En page
sommaire de notre site, un lien permet d'accéder à l'Observatoire mis en place
depuis le 11 septembre.