arch/ive/ief (2000 - 2005)

le conflit israélo-palestinien
by zaldseller Tuesday June 04, 2002 at 03:19 PM

Précisions sur le conflit israélo-palestinien

Le Larousse définit le mot « conséquence » comme étant « la suite logique entraînée par un fait qui en est la cause ». Analyser une conséquence sans tenir compte de sa cause relève donc de l'illogisme. Et pourtant, ce raccourci semble avoir acquis ses lettres de noblesse dès lors que l'on traite du conflit israélo-palestinien. Aujourd'hui, une incursion de Tsahal dans les territoires palestiniens est présentée comme étant la cause d'un attentat suicide, alors qu'elle en est la conséquence. Il est utile de rappeler que la veille de l'Intifada «Al-Aksa», aucun char n'était en Cisjordanie, pas plus qu'un soldat israélien ne se trouvait dans les zones A (territoires sous contrôle palestinien).

Nombreux sont ceux qui prêtent leur concours à une réécriture de l'histoire, par ignorance ou par orgueil. Mais se rendent-ils seulement compte que leur démarche dessert les peuples palestinien et israélien ? Plutôt que d'investir dans la perestroïka palestinienne, dont Sari Nusseibeh (représentant de l'Autorité palestinienne à Jérusalem) pourrait bien être la figure emblématique, de nombreuses démocraties continuent à accorder leur confiance et leurs subsides à Yasser Arafat. Un homme qui rechigne à troquer son habit militaire pour celui de chef d'État. Un homme qui prétendait avoir tout mis en oeuvre pour arrêter les assassins du ministre israélien du Tourisme ainsi que Fouad al-Choubaki (le commanditaire du navire Karin A chargé de 50 tonnes d'armes et explosifs), avant d'être surpris en leur compagnie dans son QG à Ramallah. Un homme à la tête d'une fortune colossale et d'un peuple désoeuvré.

Flash-back. Oslo, 1993. Yitzhak Rabin et Yasser Arafat s'engagent à apporter la paix à leurs peuples respectifs. Les Palestiniens y gagnaient un Etat, les Israéliens la sécurité. Neuf ans plus tard, Oslo n'a pas tenu ses promesses alors que, lors des sommets de Camp David (juillet 2000) et de Taba (janvier 2001), Ehud Barak a proposé à Yasser Arafat ce pour quoi ce dernier prétend se battre depuis 35 ans : un Etat palestinien sur 100 % de la bande de Gaza et 97 % de la Cisjordanie, avec Jérusalem-Est pour capitale. Arafat oppose pourtant une fin de non-recevoir à la proposition israélienne en exigeant le « droit de retour » ‹ ce qui équivaudrait à un suicide démographique pour l'État d'Israël ‹ et met le feu à la rue palestinienne en déclenchant l'intifada. Interrogé par le président indonésien Abdel Wahid, en automne 2000, sur les raisons qui l'ont amené à refuser les propositions de Camp David, Arafat lui répondit : « Ça va nous prendre 150 ans, mais nous les jetterons [les Israéliens] à la mer ».

Une précision importante sur le « droit de retour ». Par cette formule, Arafat demandait à Barak d'accepter l'arrivée potentielle de 4 millions de Palestiniens dans les frontières israéliennes de 1967. Il s'agit là d'une première historique, un mouvement indépendantiste qui réclame le droit à l'autodétermination sur une terre et exige, en parallèle, l'établissement de ses citoyens dans l'Etat voisin. Attendu que la population d'Israël s'élève à 6 millions et demi d'habitants (parmi lesquels 5.200.000 sont juifs et 1.200.000 musulmans), accepter en son sein 4 millions de Palestiniens signifierait la fin d'Israël en tant qu'Etat juif. Ne pas s'élever avec la plus grande fermeté contre la revendication palestinienne du « droit de retour » relève du délit de non-assistance à pays en danger.

Et, pendant ce temps, Israël est accusé de perpétuer un « massacre » à Jénine. Les 500 morts annoncés par Saeb Erakat sur CNN se résument aujourd'hui à 52 victimes, pour la plupart tombés l'arme au poing au cours de rudes combats qui entraînèrent la mort de 23 soldats israéliens. Si tant de maisons furent détruites, il faut probablement en trouver l'explication dans les confidences d'Omar, artificier du Jihad Islamique, lorsqu'il déclare à l'hebdomadaire égyptien « Al-Ahram » avoir truffé Jénine d'engins piégés : « Nous avions piégé plus de 50 maisons ». Kofi Annan, lui, prône l'envoi d'une mission onusienne afin d'établir si « massacre » il y a eu. Annan nomme trois humanitaires, là où des experts militaires seraient bien plus indiqués pour évaluer objectivement les faits. Parmi ces trois hommes, l'on retrouve Cornelio Sommaruga, président de 1987 à 1999 du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Au cours de sa présidence, Sommaruga a fortement soutenu la politique d'exclusion qui frappe Israël au sein du CICR (Israël est la seule nation à ne pas être reconnue par cette institution), allant jusqu'à comparer l'étoile de David à la croix gammée. En fait, Israël n'a rien à cacher ‹ plusieurs ONG ont pu enquêter à Jénine en toute liberté, confirmant par la suite qu'il n'y a pas eu de massacre ‹ mais refuse de faire le jeu de ses détracteurs.

Certains se plaisent aussi à accuser Israël de pratiquer l'« apartheid ». Pourtant, la place importante occupée par la minorité arabo-musulmane (19% de la population) dans la société israélienne apporte un démenti éclatant à cette allégation. En 2000, le député arabe Saleh Tarif devient ministre du gouvernement d'Ariel Sharon. Un an auparavant, Abd el-Rahman Zouabi, musulman pratiquant, fut nommé juge à la Cour suprême de l'État d'Israël. Un troisième exemple de cette intégration réussie pourrait être celui de Youssef Mishlav, général de l'armée israélienne. Et, malgré le fait que cette accusation émane des pays les moins respectueux des droits de l'Homme ‹ et surtout de la Femme ‹ que compte notre planète, il se trouve quelques « humanistes » naïfs pour s'en faire l'écho.

Il y a quelques jours, le Comité central du parti d'Ariel Sharon s'est prononcé contre l'établissement d'un Etat palestinien. Toutefois, le Premier ministre israélien a réaffirmé son soutien à la création dudit Etat. Cette attitude peut expliquer la récente déclaration du président américain, qualifiant Ariel Sharon d'« homme de paix ». Il est peu probable qu'Arafat soit le « Mandela » du Moyen-Orient, mais Sharon pourrait bien en être le « de Gaulle ».

tout est faux !!!
by Francis Tuesday June 04, 2002 at 11:30 PM
bk338832@skynet.be

et vous croyez à ce que vous écrivez ?

Renseignez vous mieux


...Char on a toujours été contre un état palestinien, pourquoi changerait il d'avis maintenant, alors qu'il est en posi sion de force ?

VÉRITÉS SUR LE CONFLIT ISRAÉLO-PALESTINIEN
by Patrick Gillard Wednesday June 05, 2002 at 11:32 AM

Le texte qui précède est déjà paru, sous forme d'une carte blanche, dans l'édition du 28 mai dernier du journal Le Soir. Cet article, signé Joël Rubinfeld, secrétaire général des <Amitiés belgo-israéliennes>, se terminait par un appel pour la manifestation européenne de solidarité avec Israël et pour la paix (sic) du 29 mai à Bruxelles.

Voici le texte que j'ai fait parvenir au journal Le Soir et à l'auteur.

VÉRITÉS SUR LE CONFLIT ISRAÉLO-PALESTINIEN

Que nous le voulions ou non, nous sommes tous dépendants de la qualité et de la fiabilité des sources d'information dont nous disposons et nous sommes tous également tributaires de la déformation plus ou moins grande qu'opère sur celles-ci notre lecture subjective, encombrée qu'elle est de nos croyances et idéologies. Conscients de ces problèmes, nombre d'historiens et de journalistes ont donc pris la bonne habitude de citer leurs sources.

Quant à savoir qui des attentats palestiniens ou des incursions de Tsahal sont les causes ou les conséquences des actes de violence qui endeuillent actuellement le Proche-Orient, cela peut évidemment mener très loin sur la ligne du temps - étant donné que les événements s'enchaînent les uns aux autres depuis toujours - mais cela ne constitue tout compte fait qu'un jeu relativement stérile. Si un attentat palestinien peut effectivement être la cause d'une incursion de Tsahal, cette même incursion de l'armée israélienne peut devenir assez rapidement la cause d'un nouvel attentat palestinien, et ainsi de suite. La conséquence d'une cause devient très vite la cause d'une autre conséquence. De plus, où faut-il vraiment commencer à chercher, dans l'histoire, les causes de ce conflit ? A la Guerre des Six jours de 1967 ? A la création de l'État d'Isarël en 1948 ? A la fin du dix-neuvième siècle, lorsque naquit le sionisme ? Ou au-delà encore, dans les textes bibliques ?

Messieurs Yossi Beilin, ancien ministre travailliste israélien de la justice, et Yasser Abed Rabbo, ministre palestinien de l'information et de la culture qui sont les fondateurs de la Coalition israélo-palestinienne pour la Paix - une coalition créée le 14 janvier 2002 - rejoignent mon propos lorsqu'ils écrivent que « chacune des deux parties trouve des arguments convaincants pour justifier l'escalade ; chacune explique à son peuple et au monde : " Nous ne pouvons laisser tel incident sans riposte ", et elle utilise alors des méthodes qui n'ont pas été employées jusque-là ». Ces pacifistes décrivent aussi « les adversaires [...] comme deux lutteurs, chacun enserrant l'autre dans une mortelle étreinte [...] qui continuent de se meurtrir sans que ni l'un ni l'autre en tire le moindre bénéfice. Si, dans quelques années, on montrait aux deux protagonistes le film de ces événements, personne n'accorderait de la crédibilité à un scénario aussi stupide. Il faut mettre un terme à cette danse de la mort, et tout de suite » concluent-ils. (1)

Les hommes de paix ne manquent donc pas dans l'Israël d'aujourd'hui. Bon nombre d'entre eux n'attendent heureusement pas une éventuelle bénédiction du bon président Bush pour avancer sur l'exigeant chemin de la paix. Samedi 11 mai 2002, par exemple, ils étaient quelque 60.000 Israéliens - ce qui représente la plus grande manifestation pacifiste en Israël depuis le début de la seconde Intifada - à marcher à Tel-Aviv contre l'occupation des territoires. (2) A ces pacifistes-là, s'ajoutent encore les nombreux militaires qui de plus en plus disent «non». (3)

Même si sa biographie contredit à plusieurs endroits son titre d'«homme de paix», Ariel Sharon n'en demeure pas moins - que cela nous plaise ou non - le Premier ministre israélien, qui a été choisi à l'issue d'un processus démocratique, tout comme Yasser Arafat est le représentant légitime des Palestiniens.

Bien qu'il ait, comme tous les plus récents protagonistes du conflit israélo-palestinien et/ou israélo-arabe, sa part de responsabilité, Yasser Arafat ne peut pas pour autant endosser la responsabilité entière de la situation actuelle au Proche-Orient.

En effet, « si une dizaine d'accords furent signés entre 1993 - date de la signature des accords d'Oslo - et 2000, seule une faible proportion des obligations inscrites dans les textes furent appliquées : tous les prisonniers politiques ne furent pas libérés, le port de Gaza ne fut pas construit, le "passage sûr" entre la Cisjordanie et Gaza fut entrouvert avec cinq ans de retard sur le calendrier, etc. ». Faut-il rappeler - autre exemple - que c'est un extrémiste israélien qui assassina, le 4 novembre 1995, le Premier ministre israélien Itzhak Rabin ? (4)

Arafat est aussi accusé d'avoir rejeté la prétendue offre généreuse d'Ehoud Barak à Camp David, en juillet 2000, puis à Taba, en janvier 2001, en exigeant d'abord le droit de retour des 4 millions de réfugiés palestiniens et en déclenchant ensuite la seconde Intifada.

Que la venue d'Ariel Sharon, le 28 septembre 2000, sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem pourrait avoir causé, ne fut-ce que partiellement, le déclenchement de l'Intifada ne vient même pas l'esprit de notre correspondant : il ne se pose tout simplement pas la question !

Oublié dans le texte des accords d'Oslo, le droit au retour des réfugiés palestiniens ne représente quand même pas un caprice d'Arafat. Ce droit « reconnu par les Nations Unies en 1948, et jamais appliqué, avait été l'une des conditions de l'admission d'Israël à l'ONU (11 mai 1949) et engage jusqu'à ce jour la responsabilité de la communauté internationale ». Il « n'est [donc] pas négociable mais son application l'est dès lors que ce même droit est reconnu ».(5) « Les négociateurs de Taba l'ont [d'ailleurs bien ] compris. La partie israélienne [y] a entériné deux idées majeures. Elle a d'abord reconnu que toute solution devait conduire à l'application de la résolution 194 de l'Assemblée générale des Nations unies, qui affirme le droit des réfugiés palestiniens à rentrer dans leurs foyers. Israël a ensuite avoué, pour la première fois, une part de responsabilité dans la création du problème des réfugiés.(6) Loin de concrétiser un retour immédiat et inconditionnel des 4 millions de réfugiés palestiniens en Israël, Taba offre finalement cinq possibilités à ces réfugiés : « le retour en Israël ; le retour dans des territoires israéliens cédés par Israël à la Palestine ; le retour dans l'État palestinien ; l'installation sur leur lieu de résidence (Jordanie, Syrie, etc.) [et] le départ pour un autre pays ... » (6) Dans l'optique de Taba, les réfugiés palestiniens auront donc un large choix et ne s'établiront évidemment pas tous en Israël. Qui peut vraiment dire ce qu'ils choisiront ?

Mais - et cela est certain - les réfugiés palestiniens ne reviendront certainement pas dans une terre découpée en huit zones distinctes où, « sans qu'aucune annonce officielle n'ait été faite, l'armée israélienne s'emploie à ériger des barrières et creuser des tranchées autour des huit principales villes de Cisjordanie, pour accentuer la lutte contre les terroristes. Selon des sources militaires et internationales, il s'agirait de ne laisser subsister, dans chacune des enclaves ainsi constituées, qu'un seul point de passage contrôlé par les forces israéliennes, et d'imposer un laissez-passer d'un mois, valable seulement de 5 à 19 heures pour chaque personne désireuse de passer d'une zone à l'autre à l'intérieur de la Cisjordanie ». (7) Et l'on s'étonne malgré tout que l'on puisse parler d'apartheid !

Patrick Gillard

Notes

(1) Yasser Abed Rabbo et Yossi Beilin, Pour apprendre à vivre ensemble, dans Le Monde diplomatique, avril 2002, p. 24.
(2) http://www.tf1.fr/news/monde (60.000 Israéliens contre l'occupation des territoires, 12 et 14/05/02)
(3) International Herald Tribune du 12/3/2002 cité par Le Monde diplomatique, avril 2002, p. 1 n. 6.
(4) Alain Gresh, Israël, Palestine. Vérités sur un conflit, Fayard, 2001, p. 165-166.
(5) Marina da Silva, Droit au retour, dans Le Monde diplomatique, avril 2002, p. 35.
(6) Alain Gresh, Israël, Palestine. Vérités sur un conflit, Fayard, 2001, p. 182-183.
(7) http://www.lemonde.fr (Territoires palestiniens : "apartheid" et élections, revue de presse réalisée par Martine Jacot, 24/05/02). Cf. aussi http://www.letemps.ch (Luis Lema, Un plan de redécoupage de la Cisjordanie provoque l'irritation de l'Union européenne, 24/05/02).