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D'Orazio: la victoire la plus importante
by david pestieau Wednesday May 22, 2002 at 01:48 PM
dpestieau@wol.be

La lecture du jugement a pris plus de deux heures, après 5 ans de procès, pour finalement accoucher d'une souris. 64 audiences, des journées de procédure, des années de tension dans les familles des 13 de Clabecq, toute cette machinerie judiciaire n'a pu même justifier avec ses propres lois, dont le fameux article 66§4, les accusations portées contre ceux de Clabecq.

Victoire fantastique au procès Clabecq

La joie immense s'empare des marches du Palais de Justice. Deux mille manifestent acclament D'Orazio, Marra et les autres de Clabecq : « Tous tous ensemble, ouais, ouais ! ».
Les 13 de Clabecq sont sortis libres du jugement de l'interminable procès : ils sont acquittés pour l'immense majorité des charges qui pesaient contre eux. Le fameux article 66§4 n'a pas été appliqué. Quatre inculpés (D'Orazio, Orlando, Fontaine et Benattou) sont condamnés pour des faits mineurs. Mais ils ont une suspension de prononcé (aucune condamnation n'est appliquée, sous réserve d'absence de nouvelles condamnations dans les 3 ans à venir). « C'est grâce à l'énergie déployée par des milliers de gens que nous avons pu emporter cette victoire. » a déclaré D'Orazio à la foule. « Mais l'appareil judiciaire a cru bon de trouver quelques faits inventés pour se tirer de l'embarras d'avoir monté toutes ces procédures judiciaires pendant 5 ans. »


La lecture du jugement a pris plus de deux heures, après 5 ans de procès, pour finalement accoucher d'une souris. 64 audiences, des journées de procédure, des années de tension dans les familles des 13 de Clabecq, toute cette machinerie judiciaire n'a pu même justifier avec ses propres lois, dont le fameux article 66§4, les accusations portées contre ceux de Clabecq.
Pour Roberto D'Orazio, président FGTB de la délégation de Clabecq et Silvio Marra, président de la délégation sécurité aux Forges, aucune des charges principales n'est retenue. Le fameux article 66§4 n'a pas été appliquée à leur encontre. Cet article, votée au 19ème siècle aux lendemains des révoltes ouvrières, permet la poursuite, non seulement des « auteurs de délits » mais aussi des « meneurs» qui ont incité ou provoqué par leurs discours à commettre ces « délits ».

Seuls 3 préventions mineures sur les 43 contre D'Orazio sont finalement retenues par le tribunal (mais toujours réfutées par la défense): outrage à policier ; menaces verbales sur Zenner ; menaces sur un automobiliste à l'avenue Louise.
L'ex-ouvrier de Renault, Fontaine et deux militants syndicaux, le FGTB, Benattou et le CSC Orlando sont condamnés pour rébellion simple pour des faits commis lors de l'affrontement du 28 mars 1997 entre les ouvriers des Forges et l'ex-gendarmerie sur l'autoroute à Wauthier-Braine. Ces quatre inculpés (D'Orazio, Orlando, Fontaine et Benattou) sont condamnés pour des faits mineurs. Ils ont une suspension de prononcé (aucune condamnation n'est appliquée) et n'auront donc aucun casier judiciaire. Le juge doit reconnaître que tous le sfaits se sont passés dans le contexte d'un conflit social, que la procédure interminable et la campagne médiatique ont déjà sanctionné les quatre. Tous les autres accusés sont complètement acquittés.

Le début de la séance avait débuté par une standing ovation durant 5 minutes dans l'enceinte même du tribunal au son « Acquittez nos délégués ». A la lecture du verdict, beaucoup avaient les larmes aux yeux : combien n'ont pas assisté à toutes les séances du procès, prenant jusqu'à leur dernier jour de congé pour apporter leur soutien à ceux de Clabecq. Sans exagération, on peut qualifier ce jugement de victoire historique pour le mouvement ouvrier anti-capitaliste en Belgique.

Mais devant une foule compacte, composée de beaucoup de syndicalistes, D'Orazio a commencé son discours tout autrement: « Il y a une jeune fille qui a quitté l'Afrique. Mais dès qu'elle est arrivé ici , dans ce qu'elle croyait être une démocratie, elle a été enfermé. Et elle a été finalement assassiné à cause d'une loi qui permettait de mettre un cousin sur la bouche de ceux qui se révoltent. Une loi qui avait été approuvé par les ministres de la Justice et de l'intérieur, le Parlement. Cette jeune fille c'était Sémira Adamu et cette injustice est inacceptable. Comme c'est inacceptable ceux qui prétendent qu'on ne peut accepter toute la misère du monde. Car comme immigré, je ne suis pas venu en Belgique pour la misère mais pour venir travailler. Et nous, à Clabecq, nous n'avons jamais accepté ces injustices et c'est grâce à l'énergie déployé que nous avons pu faire redémarrer les Forges et qu'aujourd'hui nous avons remporté cette victoire. Mais c'est surtout grâce à vous, à tous ceux qui nous ont soutenus que nous devons cette victoire. C'est une victoire très importante, la plus importante que nous ayons jamais obtenu »
D'Orazio revient alors sur le jugement : « Mais l'appareil judiciaire a cru bon de trouver quelques faits inventés pour se tirer de l'embarras d'avoir monté toutes ces procédures judiciaires pendant 5 ans. Elle a voulu me donner une condamnation fictive pour l'affaire Zenner pour qu'il n'y ait pas une condamnation effective de Zenner lui-même. »
Roberto lance un appel au soutien financier : « Nous ne pouvons pas dire que nous sortons indemnes de cette épreuve. Nous faisons face maintenant aussi à tous les frais judiciaires et nous devrons nous battre pour combler ce trou financier. » Mais donne déjà une idée des combats à venir : « Si nous avons obtenu victoire face à la justice bourgeoise, nous sommes toujours exclus de notre organisation syndicale. Et si on croit qu'avec une suspension de prononcé, ils pensent qu'ils vont me faire taire, ils font une grave erreur. Il va falloir s'organiser camarades pour défendre une alternative de société et former un grand front pour s'opposer à toutes les dérives du système. »
Et D'Orazio, entouré d'une femme brandissant le drapeau palestinien conclut : « Je me suis souvent dit que notre combat était difficile. Mais qu'est-ce que cela doit être autrement plus dur encore, quand on assassine ces enfants, qu'on est écrasé par des chars d'assaut, qu'on vous accuse d'être terroristes quand vous vous défendez avec les maigres armes que vous avez. Ce combat nous appartient aussi camarades.»
Emu, Roberto fait alors applaudir les épouses des inculpés, comme la courageuse Marie-Jeanne (femme de Silvio Marra) et la sienne, qui ont tenu bon aux côtés de leurs hommes durant ces 5 longues années.
Au Palais de Justice ce matin, il régnait une atmosphère de joie et de combat qui empliront encore longtemps les coeurs de tous les présents.

LA CLASSE OUVRIERE UNIE JAMAIS SERA VAINCUE!!
by Pavel Wednesday May 22, 2002 at 02:04 PM

NON A LA JUSTICE DE CLASE
HASTA LA VICTORIA SIEMPRE COMPAÑEROS!!

Une victoire, c'est à voir...
by Thitho Wednesday May 22, 2002 at 02:15 PM

Je me réjouis de ce qui arrive aux 13. Et j'en profite pour embrasser Silvio (le seul que je connaisse personnellement). C'est un soulagement. Mais, quant à une victoire, je me le demande...

Restons prudents face à la récupération par la presse et la politique bourgeoises de ce quasi-acquittement... Allez de cet acquittement (ne gâchons pas notre plaisir, quand même).

Que vive la révolution!

"Qu'il vienne, qu'il vienne, ce temps dont on s'éprenne."

hasta etc.

thitho

reaction
by Ptit Pierre Wednesday May 22, 2002 at 03:13 PM

Un peu comme Thito, beaucoup de joie mais je ne suis pas encore vraiment totalement rassuré ... Quand cela risque de péter, le système fait tjrs un pas en arrière mais c'est pour mieux nous enc... par après.

De toute façon, le combat ne fait que commencer. Le vrai combat c'est maintenant de proposer une alternative au syndicalisme actuel et à cette société en général.

Ptit Pierre