Ils veulent l'acquittement des Treize de Clabecq

Walter Baseggio, RC Anderlecht Diables rouges
«On aurait préféré que l'usine reste et qu'il n'y ait pas de prison»
«Etant de Clabecq, je connais un peu D'Orazio comme être humain et c'est un super monsieur, très sympathique. Ce qu'il a fait pour les Forges, il l'a fait pour les gens. Beaucoup de personnes d'ici le connaissent et l'apprécient. Si l'usine a continué à tourner, c'est un peu grâce à lui. Mon père, mon grand-père, mon beau-père, mon oncle ont travaillé aux Forges et j'ai plein de copains qui y travaillent.»
D'Orazio un bandit? «Pas du tout. S'il y a eu de la bagarre à Wauthier-Braine, ce n'est pas lui tout seul qui l'a faite, ce n'est pas lui qui a renversé le camion de la gendarmerie. Ils ont cherché à faire l'impossible pour maintenir un avenir à Clabecq et ils ont réussi. Simplement, c'était lui le patron. Ce serait bête qu'il soit condamné car c'est vraiment un grand monsieur».
La prison juste à côté des Forges de Clabecq, dont la construction s'achève? «J'étais justement là ce matin. C'est très impressionnant. Les gens ici ne sont pas contents. On aurait préféré que l'usine reste et qu'il n'y ait pas de prison»

Dan Van Raemdonck, président de la Ligue des droits de l'Homme
«Si on les condamne sur base de cette loi obsolète, il faudra changer la loi»
Dan Van Raemdonck. «Il est difficile de se prononcer dans le cadre d'une action en justice et je n'ai pas à parler d'un résultat qui n'est pas encore là, mais ce genre de procès doit pouvoir tenir compte de la situation socio-économique. Même si des actes de violence ont pu être commis, ils doivent être replacés dans le contexte d'une violence d'entreprise, celle des licenciements et de la faillite. Je ne connais pas l'ensemble du dossier, mais s'il n'y a pas de responsabilités au-delà du contexte du mouvement social, il faut un acquittement. On ne peut pas accepter un procès utilisé pour mettre fin à la contestation.
On cherche clairement à criminaliser un mouvement social. Cela, c'est inacceptable. Les droits des travailleurs doivent être respectés, même si l'on sait que cela peut donner lieu à l'un ou l'autre débordement.»
Comment jugez-vous le recours à l'article 66§4 du code pénal?
Dan Van Raemdonck. «Le recours à cette loi obsolète de 1887 serait ridicule s'il n'était pas tragique. Visiblement, on ne savait plus qu'elle existait, mais ceux qui la voulait l'ont retrouvée et exhumée. Cette loi, il faut la relire pour voir son caractère ridicule: plein de gens pourrait être condamnée sur base de celle-ci. S'il y a une condamnation sur base de cette loi aberrante, il faudra une réaction politique, voir s'il ne faut pas changer la loi. D'un autre côté, il faut également voir, dans un cadre plus large, les autres projets de loi qui existent, notamment au niveau européen.»
Ce procès vous semble-t-il cadrer dans une dynamique plus globale de répression des droits démocratiques?
Dan Van Raemdonck. «Il est clair que le procès Clabecq est emblématique. Il ne faudrait pas qu'il donne des idées à d'autres. Un procès comme celui visant le collectif contre les expulsions est aussi une criminalisation de la résistance. Ce qui pose problème dans ce procès, c'est la volonté de saucissonnage des infractions par exemple le fait d'avoir arracher un appareil photo pour faire perdre le caractère général, politique, des actes commis.»
Ce que l'on voit aussi dans le procès Clabecq
Dan Van Raemdonck. «Oui. C'est symptomatique d'une manière d'agir qui est de ne pas vouloir accepter la contestation.»

arch/ive/ief (2000 - 2005)