arch/ive/ief (2000 - 2005)

procès des manifestants du sommet de Laken
by Renaud Monday May 13, 2002 at 03:53 PM
rvelewij@ulb.ac.be

Le rassemblement prévu pour montrer le soutien aux manifestants allemands arrêtés lors du sommet de Laeken a bien eu lieu ce lundi matin à 8h30 devant le palais de justice. Une grosse soixantaine de sympathisants s'étaient déplacés et ont décidé de suivre le déroulement du procès. Sans surprise, la plaidoirie du procureur fit basée sur des éléments plus que fragiles, tandis que le juge exprimait publiquement son mépris pour les accusés et leurs supporters.

Le rassemblement prévu pour montrer le soutien aux manifestants allemands arrêtés lors du sommet de Laeken a bien eu lieu ce lundi matin à 8h30 devant le palais de justice. Une grosse soixantaine de sympathisants s'étaient déplacés et ont décidé de suivre le déroulement du procès. Sans surprise, la plaidoirie du procureur fit basée sur des éléments plus que fragiles, tandis que le juge exprimait publiquement son mépris pour les accusés et leurs supporters.

Les assistants furent dès l'entrée passés au détecteur de métaux tandis que certains voyaient leur sac fouillé.
Le procès fut retardé par les dispositions d'autres affaires mais aussi par un accident du traducteur. En entrant, le juge prévint sèchement que toute « manifestation » conduirait à l'évacuation immédiate de la salle, mais le calme de l'audience fut respecté par les spectateurs.

Le procureur du roi prit le premier la parole afin de charger les accusés. On retiendra de son attaque l'absence de preuves solides, mais surtout un discours basé sur des insinuations et des convictions toutes personnelles. Généralisant les incidents de la manifestations aux trois jeunes accusés, il parla « d'incendie de voitures de luxe comme symboles de réussite sociale » et de bris de vitres de banques. Plus loin dans son discours, il émailla le propos d'anecdotes personnelles sur le hooliganisme et les émeutes afin de créer un état d'esprit hostile. Les spectateurs furent choqués de l'entendre prétendre que les accusés s'étaient montrés très peu coopératifs... par la seule raison qu'ils avaient refusé d'avouer les délits qu ‘il leur soufflait !

Il termina son intervention en réclamant des « peines exemplaires » d'un an de prison assorties de sursis au vu du casier judiciaire vierge des prévenus.
Les avocats de la défense s'exprimèrent donc ensuite, niant la validité des témoignages et des éléments à charge. On notera parmi les nombreuses irrégularité le recours à la violence par les policiers en civil, les PV tachés d'irrégularités (quatre PV présentent des phrases similaires alors que ces documents sont supposés être rédigés isolément), des incohérences sur les dates (des PV parlent de déclarations effectuées quelques jours après…), l'occupation illégale d'un immeuble à des fins d'observation (la police aurait du demander une autorisation écrite de visite domiciliaire, ce qui ne fut pas le cas), la longue distance à laquelle se situaient les « témoins » (25 mètres au minimum, pour des manifestants cagoulés et masqués par les grilles et les autopompes). Les versions des témoignages des gendarmes varièrent d'ailleurs en cours de procès, puisque l'un d'eux soutint que l'immeuble se trouvait à quatre mètres des faits, information invalidée par le plan général.

Les conditions mêmes de l'arrestation furent discutées : il s'agissait d'une arrestation judiciaire, qui devait être effectuée par un gradé judiciaire qui bien entendu n'était pas présent. Les trois allemands furent violemment pris à partie et leur témoignage fait état de brutalités (l'un d'eux dut aller à l'hôpital) ainsi que d'insultes diverses.
L'accusation de flagrant délit ne tient d'ailleurs pas puisque plusieurs heures se sont écoulées entre les évènements reprochés (jets de pierres) et l'arrestation illégale. La charge de « rébellion » fut ainsi sérieusement mise en doute même au sein des PV de la police, puisque les trois manifestants ont opéré une simple « résistance passive », ne cherchant pas à fuir ni à user de violence, mais refusant de prêter leur concours aux policiers qui tentaient de les menotter.

Le juge s'étant aussi ému de la présence de masques à gaz et de casque de moto dans les sacs, les avocats précisèrent que ce matériel entrait dans une logique de protection personnelle compréhensible après les débordements des autres sommets européens.
Notons encore que si certains policiers disent avoir vu les trois allemands « vider leurs sacs de pavés devant le barrage de police », il leur reste à expliquer pourquoi ils se seraient alors fatigué à effectuer un « manège » pour ramasser des cailloux sur le site alors qu'ils en avaient soi-disant dans leurs vestes et leurs sacs.

A ces accusations de non-conformité des méthodes et donc de nullité des poursuites, le procureur du roi répondit de façon très évasive, justifiant les importants écarts avec le code de police par la « précipitation »et « l'habitude de la pratique ». Ceci ne permet néanmoins pas de justifier le piétinement de plusieurs règles élémentaires du code légal, d'autant que certaines irrégularités furent commises plusieurs jours après les faits et donc sans précipitation. Le procureur basa donc sa réplique sur une minimalisation des faits, faisant passer les avocats pour chicaniers et reprenant des parallèles hors de propos avec les émeutes et les hooligans de l'Euro 2000.

Alors que les trois allemands souhaitaient parler, droit qui leur avait été refusé tout au long du procès, le juge marqua plus encore le dédain affiché envers les avocats de la défense en commettant des sorties sur l'heure tardive. Il n'écouta d'ailleurs ostensiblement pas une bonne partie de la courte intervention. Il fit taire l'allemand qui parlait après lui avoir interdit de lire un papier (« pas de manifeste ») en menaçant d'ajourner la séance si ils se bornaient à vouloir encore ajouter un mot pour leur défense !

La séance fut donc levée sur le champ, laissant un amer goût de partialité dans la bouche des sympathisants. Le juge leur ordonna d'ailleurs de vider la salle au plus vite.
Le jugement sera prononcé le 24 juin.

On peut dès à présent se poser la question, comme cela a déjà été fait, sur les bases qui sous-tendent ce procès éminemment politique. Le juge a clairement refuser de s'intéresser à la question brûlante de la provocation policière effectuée avec les autopompes (certains s'en souviendront…). Ce procès met aussi en doute les droits de base du manifestant : être libre de se rendre à une manifestation autorisée, et surtout être libre de la quitter sans craindre d'être arrêté ou suivi. Les spectateurs auront pour leur part noté l'incorrection du juge qui dans ses interventions mais aussi dans son attitude générale montre qu'il a déjà fait sa décision : refus de laisser les manifestants s'exprimer, mimiques dédaigneuses à l'avocat, intimidation des jeunes, et discussion avec son voisin alors même que l'avocat de la défense s'adressait à lui.

En bref, soyons nombreux le 24 juin même si nombre d'entre nous seront déjà à Séville.

Renaud

Comme ça pue...
by Ninon Monday May 27, 2002 at 05:34 PM

C'est vraiment indigne d'un juge, c'est à dire d'un représentant de la justice dans un état ddroit de se comporter de la sorte... Si ces garçons se montrent aussi opiniâtres à clamer leur innocence, c'est qu'ils ont de bonnes raisons, aucune somme mirobolante n'étant en jeu.

Cela dit, je ferai remarquer que des petits groupes en noir,dont certains membres étaient masqués, il y en avait à T&T. La preuve? Certains d'entre eux m'ont craché dessus, parce que j'arborait fièrement mon badge ATTAC. Sans parler des insultes relatives au fait que toutes les "intellos" sont des mal baisées, et que ce n'était pas étonnant, roulée comme je suis (avec 4 pulls et un manteau, ils ont de sacrément bons yeux!). Donc, ils essayaient de foutre la merde au sein du site également... Bizarre pour des gens militant pour un monde plus juste. Qu'en pensez-vous?
Moi, j'ai tellement l'habitude de me faire traiter de boudin par les flics que j'ai ma petite idée là-dessus.