Vaccins cubains: axe du mal pour G.W. Bush! by katrien demuynck Friday May 10, 2002 at 04:43 PM |
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Les USA vont de plus en plus loin dans leur politique envers les pays qui affirment leur indépendance. Voici quelques mois, la Corée du Nord, l'Irak et l'Iran étaient dépeints comme composantes de «l'Axe du Mal». Aujourd'hui, le dirigeant autoproclamé du monde s'en prend à Cuba.
Les USA vont de plus en plus loin dans leur politique envers les pays qui affirment leur indépendance. Voici quelques mois, la Corée du Nord, l'Irak et l'Iran étaient dépeints comme composantes de «l'Axe du Mal». Aujourd'hui, le dirigeant autoproclamé du monde s'en prend à Cuba.
Déclaration fracassante du vice-secrétaire d'Etat américain Bolton le 6 mai dernier, devant la très conservative Heritage Foundation, à Washington: «Nous devons voir plus loin que seulement l'Axe du Mal et surtout ne pas perdre des yeux les autres Etats-voyous.» Il visait plus précisément Cuba, la Syrie et la Lybie.
En 1998, un rapport des autorités US confirmait encore que Cuba ne représentait aucune menace militaire, ni pour les USA, ni pour la région. Bolton n'est pas de cet avis. Cuba est l'un des rares pays en voie de développement à disposer d'une industrie biotechnologique hautement développée. Cuba peut donc, toujours selon Bolton, mener une guerre biologique! C'est la première fois que les USA vont jusqu'à accuser officiellement Cuba de développer des armes biologiques. Plus fort encore: pour Bolton, la fabrication de vaccins nouveaux et uniques sert de couverture à la guerre biologique. Ses allégations arrivent à un moment où Cuba est en train d'envoyer gratuitement un million de vaccins contre la méningite-B en Uruguay. Ce pays est actuellement touché par une épidémie. Le vaccin cubain est le seul capable de protéger contre cette maladie. Il sauvera beaucoup de vies en Uruguay. L'importation des vaccins n'a même pas été arrêtée quand le gouvernement uruguayen a porté plainte contre Cuba le 18 avril à la commission de l'Onu pour les droits de l'homme à Genève.
Proyecto Cuba, sale guerre américaine
Où les USA trouvent-ils le droit de lancer ces calomnies? Ont-ils peur que les vaccins cubains ne soient des armes dans la lutte pour la conscientisation des peuples opprimés? Ou bien sont-ils blessés par l'accord conclu entre Cuba et le géant pharmaceutique SmithKline Beecham pour la commercialisation de ce nouveau vaccin en Europe?
Cuba a plusieurs fois été lui-même victime de la guerre biologique menée par les USA. Des maladies endémiques ont plusieurs fois décimé les récoltes. Dans le cadre du Proyecto Cuba, un projet secret et illégal de la CIA sous Nixon pour renverser le gouvernement cubain, la peste porcine africaine a été introduite à Cuba en 1971. Cuba a été obligé d'abattre demi-million de porcs pour enrayer la maladie.
Le cas le plus grave de guerre biologique contre la population cubaine date de 1981. A l'époque, les USA ont répandu dans l'île des germes de la fièvre hémorragique dengue. En quatre mois, 344.203 personnes ont contracté cette maladie grave, qui ne s'était encore jamais déclarée à Cuba auparavant. Le 6 juillet 1981, on a enregistré le nombre record de 11.400 nouveaux cas. Au total, 116.143 malades ont été hospitalisés. Plus de 24.000 patients ont souffert d'hémorragies sévères, provoquant 10.224 états de choc. L'épidémie a fait 158 morts, dont 101 enfants. Grâce à un énorme effort, qui a fait appel à l'ensemble de la population, l'épidémie a pu rapidement être enrayée et des milliers de vies ont pu être sauvées. Des membres de l'organisation terroriste anticubaine Omega 7ont reconnu plus tard devant un tribunal américain qu'ils avaient coopéré avec la CIA pour répandre des germes destructeurs à Cuba. Cette organisation et d'autres du même genre ont introduit dans l'île la fièvre dengue, mais aussi plusieurs maladies visant à détruire les récoltes ou le bétail.
Cuba n'est pas seulement accusé de mener une guerre biologique et de vendre des armes biologiques – camouflées en vaccins – à d'autres «Etats-voyous». Bolton prétend aussi que Cuba héberge et finance des terroristes. Cette affirmation témoigne d'une insolence jamais vue. Otto Reich, vice-secrétaire d'Etat US qui a l'Amérique latine dans ses attributions, est un homme au passé pour le moins douteux. D'origine cubaine, Reich est étroitement lié aux organisations terroristes anticubaines à Miami. Il a été impliqué dans la sale guerre au Nicaragua, avec Olliver North et le terroriste notoire Luis Posada Carriles. Il a aussi protégé un autre terroriste, Orlando Bosch. Bosch a été condamné pour avoir fait exploser en plein vol un avion de ligne cubain en 1976, causant la mort de 73 personnes. Reich l'a aidé à s'évader d'une prison vénézuelienne et lui a fourni l'asile politique aux USA. L'implication ouverte de la CIA et du FBI dans des attentats terroristes visant des cibles ou des personnalités cubaines a été plus que clairement prouvée.[1]
Luis Fernandez, porte-parole de la représentation cubaine à Washington, a qualifié les déclarations de Bolton de sales mensonges. Il a accusé le gouvernement Bush de vouloir dépeindre Cuba comme un Etat terroriste afin de pouvoir justifier sa ligne dure envers l'île.
Participez à la campagne pour la libération des cinq camarades cubains, prisonniers politiques aux USA, parce qu'ils ont essayé de protéger Cuba contre des actions terroristes. Info:ics@lai-aib.org, tel. 02/504 01 40, http://www.lai-aib.org.
Liens
Granma (article en anglais) • Radio Habana • CNN (anglais) • Demanda del pueblo de Cuba al gobierno de Estados Unidos por daños humanos. Editora Politica. La Habana. 1999.
Dans Solidair: Cuba: la recherche scientifique atteint des sommets
Magasine Solidarité Internationale sur Cuba: Che Presente! (n°157 - Novembre 2000)
[1] Voir à ce sujet l'excellent ouvrage Dissidents ou mercenaires de H. Calvo Ospina, aux éditions EPO.