Expulsion manquée d'un squat à Barcelone (Can Masdeu)

Can Masdeu est une maison occupée par une trentaine de personnes de différentes nationalités depuis décembre et est située sur les hauteurs de Barcelone, au beau milieu de la nature. Les habitants ont beaucoup travaillé pour améliorer l'édifice qui était vide depuis 53 ans!, ils y ont installé une machine a laver á pédales, ont rouvert la source et installé des canalisations pour la cuisine, les plantes, la douche en plein air et la piscine. Aussi, les occupants organisent régulièrement des activités (carnaval, journées de la terre, fêtes, ateliers de recyclage et d'anglais, agriculture biologique, participation a beaucoup de manifestations comme celle contre le sommet européen ou celle contre le plan hydrologique national,...).

Le 31 avril, à 9h30, la police s'est présentée aux portes du squat avec l'ordre d'expulsion accompagnée des pompiers et du service médical, au cas ou... Les occupants étaient prevenus d'une expulsion imminente et le temps que la police défonce littéralement les portes et les multiples barricades (une demi-heure), onze d'entre eux se sont pendus de différentes façons à la façade pour protester, avec de quoi survivre pendant 48 heures. Ils disent avoir décidé de protester de cette façon afin de dénoncer l'irresponsabilité des administrations et des entités financières impliquées. Les pompiers ne voulant pas les déloger étant trop dangereux et la police ayant reçu l'ordre du juge de ne pas quitter l'endroit avant que la maison ne soit vide, un véritable siège s'est installé. Une soixantaine de policiers a entouré l'édifice, ne laissant aucun passage libre.
Une chaîne téléphonique s'est créée et tres vite de nombreux manifestants, comités officiels de quartier, le forum social mondial, squatteurs, les organisateurs du contre-sommet européen de mars,... se sont rassemblés le plus près possible de la maison, devant le cordon de police qui ne laissait passer personne, ni les avocats ni les journalistes ni les parents des occupants pendus à la façade. Certains (une petite centaine) sont venus avec des tentes, des bâches et des provisions pour soutenir les occupants jour et nuit et deux d'entre eux ont quitté la façade le soir même suite à un manque d'énergie et d'eau, le soleil ayant été très présent durant toute la journée.

Après les manifestations du premier mai, vers 4 heures, 300 personnes ont tenté de rentrer pacifiquement dans la maison afin de donner de la nourriture et du matériel de survie aux occupants, la police a directement chargé, trois manifestants et deux policiers en sont resortis blessés. Quelques instants plus tard, ce sont les mères et les voisines qui ont tenté à leur tour de s'introduire dans la maison et ont été immédiatement stoppées par la police équipée de boulcliers, matraques et fusils à balles en caoutchouc. Elles se sont installées durant une petite heure afin de protester contre la violation des droits de l'homme, le droit de manger et de boire. Vers 19 heures, 200 manifestants ont bloqué le ring de Barcelone ,situé a 1 km de Can Masdeu, pendant une demi-heure et ont quitté l'autoroute quelques minutes avant que la police n'arrive en forçe. Le soir même, trois des occupants ont quitté la maison, deux d'entre eux sont repartis en ambulance.

Durant la deuxème nuit, une quarantaine de manifestants ont dormi sur plaçe en esperant une possibilité de rentrer dans la maison, en vain...

Le troisième jour, 2 mai, vers 14 heures, une manifestation spontanée s'est déroulée devant la maison communale de Barcelone et trois personnes ont entamé une grève de la faim.
Mais à 19 heures, le juge a suspendu l'expulsion et a déclaré que le droit à la santé est plus important que le droit à la propriété privée. La police a quitté le site et les habitants ont réoccupé le bâtiment. C'est une victoire mais le combat n'est pas fini.

Can Masdeu n'est pas seulement une maison occupée, c'est aussi une lutte politique, sociale et écologique

arch/ive/ief (2000 - 2005)