arch/ive/ief (2000 - 2005)

Monsieur Di Rupo,

j'ai eu la surprise, sur le site de ps.be, de voir une déclaration assez étrange, signée Laurette Onkelinx.
En effet, à l'adresse
http://www.ps.be/home.htm
je peux lire que le PS a assuré ses promesses électorales, dont entre autres
"les engagements pris envers les allocataires sociaux ont été intégralement respectés".
Je ne sais pas exacetement ce que vous aviez promis aux personnes émargeant au CPAS (je crois qu'on peut les qualifier d'allocataires sociaux), mais il me semble que vous avez été un peu vite pour écrire cette phrase.
En effet, d'après une loi que VOUS avez voté (en tant que président du PS), il semble que les choses vont sérieusement changer pour eux. D'un véritable acquit socialiste (le DROIT à un revenu de substitution pour TOUS), vous avez substitué la possibilité d'un revenu pour ceux qui en passeront par un contrat qui leur sera imposé.
Puis-je vous rappeler que les gens qui sont obligés d'aller au CPAS n'en ont pas vraiment envie. Que tout le monde souhaiterait bénéfiecier d'un travail épanouissant, et ne pas être obligé de s'abrutir dans des conditions précaires.
La pauvreté n'est pas le fait des pauvres, mais des riches qui refusent de redistribuer les richesses. Ce n'est pas une faure individuelle qui conduit des gens au CPAS, c'est le monde dans lequel on vit, et qui ne semble pas vous gêner plus que cela.
Que VOUS, vous puissiez voter un tel projet de loi, en vous attaquant sans vergogne à ceux que vos prédécesseurs ont cherché à défendre, me sidère quelque peu.

Auriez-vous la bonté:

1/ de m'expliquer pourquoi le PS a voté cette loi?
2/ de m'expliquer quelle sera la position du PS aux prochaines élections législatives sur ce sujet?
3/ de me donner copie de la position du PS sur cette question dans son programme en juin 99?

Merci d'avance.

YM

Devant une assemblée de membres et de sympathisants socialistes réticents mais polis (beaucoup trop polis), les socialistes au gouvernement ont défendu avec bec et ongles leur magnifique projet de loi de désintégration sociale. Idem pour les écolos.
On peut lire sur le site de la Chambre le compte rendu du vote de ce projet par nos députés élus, le 19 avril 2002.
Ce jour-là, la loi sur la désintégration sociale a été votée par 116 voix pour, contre 15 abstentions (le Vlaams blok) et une voix contre, une seule, celle de l'ex-écolo dissident Vincent Decroly.
Dans les dernières déclarations avant le vote, Vincent Decroly s'est fait huer, tandis que D'haeseleer a dit dans le calme au nom de son parti: "Le Vlaams Blok adhère au principe de ce projet de loi: la meilleure intégration est celle qui passe par le circuit du travail; Toutefois, le projet ne met pas suffisamment l'accent sur la nécessité, pour les bénéficiaires du revenu d'intégration, de s'engager personnellement et de fournir des efforts. C'est pourquoi le VB s'abstiendra lors du vote."
On voit ainsi de qui tous les partis dits traditionnels sont les plus proches. Et après ils font semblant de gesticuler contre l'extrême-droite. Bon sang mais c'est bien sûr: c'est de la concurrence!

Une anecdote sur la relation de Mr. Di Rupo avec le monde du big business.

Certains d'entre vous se rappellent probablement le "fameux" projet « Wallonie Intranet » (le WIN, dont est issu le provider Internet « Swing »).

Le WIN était un projet de la Région Wallonne (RW) visant à développer Internet dans l'ensemble de la société wallonne : administrations, écoles, entreprises et particuliers. Pour se faire la RW avait rédigé un cahier des charges décrivant de façon détaillée la mission qui serait celle de WIN s.a.. C'est également sur base de ce cahier des charges que la RW avait émis un appel d'offre ayant pour but de sélectionner un (indispensable) opérateur télécom qui accompagnerait WIN s.a. dans sa mission.

Belgacom, l'opérateur télécom belge (et quasi monopolistique), n'a jamais eu d'intérêt particulier de s'investir dans le projet WIN pour la simple raison que le projet WIN ne concernait que la région francophone belge alors que Belgacom disposait déjà de plusieurs filiales actives dans le secteur Internet, et ce sur l'ensemble du territoire belge.

Par contre, lorsque Belgacom a vu que France Télécom répondait à l'appel d'offre de la RW, Belgacom s'est empressée de faire de même afin d'empêcher France Télécom d'utiliser WIN comme cheval de Troie pour concurrencer Belgacom sur son territoire (il faut savoir que les sommes en jeu se chiffrent en milliards de FB ...).

La RW demanda alors à une société de consultance de réputation internationale, de remettre un avis sur les candidatures de France Télécom et Belgacom. Cette société de consultance recommanda évidemment France Télécom.

Elio Di Rupo se prononça pourtant publiquement en faveur de Belgacom, en évoquant la protection de ... l'emploi en Wallonie (sic). Mr. Di Rupo ne présenta (évidemment) aucun argument permettant de valider un raisonnement aussi étrange. Mais de toute façon il était du devoir moral de Mr. Di Rupo, étant donné les liens d'amitié qui l'unissent à John Goossens, directeur général de Belgacom, de ne pas prendre position dans ce dossier. C'est ce qu'on appelle de l'éthique politique, concept qui manifestement ne fait pas partie des préoccupations de Mr. Di Rupo.

Alors de deux choses l'une : ou bien Mr. Di Rupo s'est rendu coupable de collusion, voire de corruption passive en faveur de Belgacom, ou bien Mr. Di Rupo s'est fait roulé par Mr. John Goossens (car aujourd'hui WIN a été transformée par Belgacom en coquille vide). Mais dans cette seconde alternative, l'incompétence de Mr. Di Rupo serait incontestable.

Alors, Mr. Di Rupo est-il corrompu, incompétent, ... ou les deux ?