arch/ive/ief (2000 - 2005)

Le Pen président? Cette question provocatrice montre que le fascisme dispose de ressources encore larges. Le séisme politique provoqué par le résultat du 1er tour des élections présidentielles françaises ne peut que nous inciter, non seulement à la vigilance, mais également à une lutte sans concessions contre l'extrême droite et tout ce qui lui permet de se développer, y compris par les politiques traditionnelles, lorsque celles-ci ne répondent pas aux aspirations légitimes des citoyens.
Sachant que chaque année, le 8 mai est l'occasion, en commémorant la chute du régime nazi et la fin de la guerre, de rappeler à tous le devoir de vigilance face aux résurgences modernes du fascisme, du racisme et de l'antisémitisme, la situation française nous renforce dans notre analyse..
En effet, si, depuis les dernières élections de 1999, les partis fascistes francophones sont devenus quasi inexistants, il n'en est pas de même en Flandre, avec la pression grandissante du Vlaams Blok, ni dans divers pays européens.
Depuis l'an 2000, il faut rappeler que l'Autriche connait un gouvernement à participation fasciste. Celui-ci, tout en étant le plus discret possible, multiplie les mesures discriminatoires envers différentes couches de la population autrichienne: suppression de plusieurs services sociaux, expulsions massives de demandeurs d'asile, conduisant parfois à l'assassinat, tout comme ce fut le cas avec Sémira Adamu, censure contre la presse, fermetures musclées de centres sociaux, de squatts, de centres culturels, etc., intimidations policières et judiciaires contre les opposants,...
Face à cette situation, les antifascistes autrichiens ne désarment pas. En effet, tous les jeudis sans exceptions, ceux-ci organisent une manifestation dans les rues de Vienne. Il s'agit des "jeudis antifascistes", qui peuvent rassembler jusqu'à plusieurs milliers de personnes. Malgré les intimidations, les menaces, les arrestations, ces manifestations ne s'arrêteront que lorsque ce gouvernement aura expulsé les fascistes. Dès lors, il est important de montrer notre soutien à ces manifestations.
Depuis juin 2001, l'Italie connaît également un gouvernement à participation fasciste. La prise de pouvoir par Berlusconi n'a pu se faire qu'avec la participation active des partis fascistes italiens que sont l'Alliance nationale et la Ligue du Nord. Chacun peut constater, via les informations de la presse, à quel point ce gouvernement mène sa barque avec arrogance, démagogie et cynisme.
Après une période de flottement, l'opposition s'est enfin réveillée, conduisant, notamment, à la manifestation de 3 millions de travailleurs dans les rues de Rome. La politique italienne, outre les mesures racistes et discriminatoires prises à l'encontre des réfugiés et la répression violente des mouvements sociaux, particulièrement depuis le sommet du G8, consiste à promouvoir un ultra-libéralisme pur et dur, avec une vague de privatisations sans précédents et la main-mise sur les médias publics.
A cela, il faut ajouter les menaces fascistes directes qui pèsent sur plusieurs autres pays européens: Danemark, Suisse, Espagne et Pays-Bas. Le 15 mai prochain, les élections législatives hollandaises verront peut-être l'apparition, au gouvernement, du même parti fasciste qui a obtenu 33% des voix aux élections municipales de Rotterdam!
Il est nécessaire de comprendre que le fascisme aujourd'hui se transforme et s'adapte à la mondialisation capitaliste. Il prend des formes nouvelles, plus "policées", plus subtiles, faisant passer ses idées dans la classe politique traditionnelle et utilisant toutes les ficelles de la propagande moderne.
Déjà en 1935, Palmiro Togliatti, dans ses Huit leçons sur le fascisme, déclarait: "Il ne faut pas considérer le fascisme comme quelque chose de définitivement caractérisé, il faut le considérer dans son développement, jamais fixé, jamais comme un schéma, comme un modèle, mais comme la conséquence d'une série de rapports économiques et sociaux réels, résultants de facteurs réels, de la situation économique, de la lutte des masses".
Il ne croyait pas si bien dire! C'est pourquoi le Front antifasciste, en collaboration avec les Territoires de la Mémoire et le Collectif d'Outremeuse contre l'extrême droite, organise une manifestation antifasciste ce 8 mai 2002.