COMMENT ERADIQUER L'EXTREME DROITE ? by Patrick Tuesday April 30, 2002 at 10:23 AM |
Les rassemblements et refondations politiques de dernière minute, tant à droite qu'à gauche, ne répondent pas sérieusement au prétendu - l'extrême droite n'est quand même pas née hier - "11 septembre" électoral que la France vient de vivre. Tout au plus s'agit-il d'un sursaut démocratique, au pire de manoeuvres politiciennes en vue des prochaines échéances électorales.
COMMENT ÉRADIQUER L'EXTRÊME DROITE (en Belgique) ?
Les rassemblements et refondations politiques de dernière minute, tant à droite qu'à gauche, ne répondent pas sérieusement au prétendu - l'extrême droite n'est quand même pas née hier - "11 septembre" électoral que la France vient de vivre. Tout au plus s'agit-il d'un sursaut démocratique, au pire de manoeuvres politiciennes en vue des prochaines échéances électorales.
Sous un certain angle, la réaction politique française peut même être comparée à la riposte militaire disproportionnée des États-Unis et de ses alliés en Afghanistan en réponse aux attentats du 11 septembre : dans les deux exemples, l'analyse en profondeur des faits est absente.
Dans le cas qui nous préoccupe, les vrais questions se résument pourtant à :
Pourquoi l'extrême droite progresse-t-elle partout en Europe ? Est-il possible d'endiguer sa progression ? Si oui, comment ?
Même s'ils bénéficient parfois - comme chez nos voisins dimanche - des votes de protestation d'un certain nombre d'électeurs en colère, les partis d'extrême droite n'en rassemblent pas moins un électorat croissant de vrais sympathisants. Il est clair que, véhiculé par des slogans simplistes, le message raciste et populiste du Front National touche davantage à chaque scrutin la "France rurale" et le "petit peuple". En revanche, ces "petites gens" comprennent de moins en moins le langage des ténors politiques au pouvoir qui leur promettent des tas de choses, depuis des lustres.
Pour soi-disant combattre le message de Le Pen et consorts, nos autorités politiques imaginent des solutions qui n'en sont pas et/ou appliquent des mesures qui ne font qu'effleurer la question ou tourner autour du problème.
Pourrons-nous réellement éradiquer l'extrême droite :
- en reprenant ses thèmes favoris de campagne et/ou une partie de son discours sécuritaire ? (VLD et MR)
- en débattant avec ses représentants (Patrick Dewael e.a.) ?
- en érigeant de prétendus cordons sanitaires dont on est prêt, dix ans après, à remettre en cause l'utilité (Antwerpen) ?
- en les invitant demain - qui sait ? - à exercer des parcelles de pouvoir (Antwerpen) ?
La solidarité humaine est pourtant la seule réponse valable à donner à l'extrême droite.
Malgré l'individualisme qui caractérise notre société occidentale lancée tête baissée sur la voie du libéralisme économique et dont nous sommes tous un peu responsables, le peu de vie associative qui y subsiste - je veux dire en comparaison de celle qui existait jadis - à travers les groupements où des gens de tous bords se rencontrent, se connaissent et s'apprécient, constitue le terreau dans lequel nous pourrons ériger d'indestructibles cordons solidaires. Mais seulement si nous le voulons tous, chacun en particulier et nos responsables politiques également à l'échelon de l'intérêt général.
Le politique peut en effet, avec les moyens dont il dispose, favoriser l'émergence et le développement de nouvelles solidarités.
Imaginons une formule de parrainage individuel bénévole grâce à laquelle des citoyens belges pourraient accueillir et "encadrer" les candidats à l'immigration chez nous et des demandeurs d'asile dans leurs démarches et premiers pas chez nous. Voilà une action solidaire digne d'un pays qui se veut terre d'accueil.
Ce simple exemple montre que le monde politique peut, s'il le souhaite vraiment, monter avec l'aide de la société civile des projets visant à recréer ou redynamiser des solidarités humaines aujourd'hui disparues.
Car l'extrême droite n'aura jamais de place dans un monde solidaire.
Bruxelles, 25 avril 2002