arch/ive/ief (2000 - 2005)

1e Mai : Jour de Fête?
by alison Tuesday April 30, 2002 at 12:08 AM
emma@partidonenhum.zzn.com

Le premier mai est une journée de mobilisation. Ses thèmes sont la réduction du temps de travail, la célébration de la résistance à la terreur policière et la lutte contre la répression des mouvements sociaux.

Tout commença lors des manifestations pour la réduction du temps de travail. Ce jour-là, la police chargea et tira dans la foule. Le lendemain, lors d'une action de protestation contre cette violence policière, une bombe fut lancée en direction de la police lorsque celle-ci tenta de disperser les manifestants à la fin de la manif. La réaction des autorités fut radicale : un tribunal d'exception prononça la peine maximale à l'encontre d'un poingnée de dirigeants syndicaux et d'anarchistes connus.

Ce récit peut paraître tout-à-fait contemporain, mais les faits se sont déroulés en…1886. Cette histoire est à la source de notre fête du travail.

Les origines de May Day

En 1884, l'American Federation of Labor* vota une résolution selon laquelle, à partir du 1e mai 1886, la durée légale d'une journée de travail serait de 8 heures. A l'époque, des journées de 10 ou de 14 heures étaient normales, et cet appel à été suivi par les organisations de travailleurs à travers tout le pays.

Manifs et grèves

Cependant, la répression policière grandissait avec la mobilisation ouvrière. Lors d'attaques sanglantes menées contre des grévistes des chemins de fer en 1877, la police locale a été soutenue par la US Army. Chicago, où les anarchistes étaient nombreux, était le centre de l'agitation pour la RTT. Une association patronale de cette ville avait été jusqu'à financer l'achat d'une mitrailleuse afin que la police puisse agir de manière efficace contre les grévistes. En 1886, la mobilisation était à son apogée : des manifestations et grèves massives ont eu lieu partout, dans certains endroits les usines étaient complètement fermées.

Le 3 mai 1886

Ce jour-là, la police chargea et tira dans la foule. Un anarchiste, Auguste Spies, faisait un discours sur la solidarité des ouvriers contre les patrons lors d'un meeting syndical. L'intervention de la police qui matraqua les participants et tira des coups de revolver dans la foule a profondément choqué l'orateur.

Le soir même, Spies publia un article exprimant ses sentiments face à la brutalité policière et appelant à manifester.

Le lendemain, lors d'une action de protestation contre cette violence policière, une bombe fut lancée en direction de la police lorsque celle-ci tenta de disperser les manifestants à la fin de la manif.

La manifestation, qui se déroula au Haymarket, avait été très calme. Le maire de Chicago lui-même avait dit au chef de la police que ces hommes pouvaient rentrer chez eux. Pour une raison inconnue, cet ordre n'a pas été respectée : à la fin de la soirée, quand il ne restait que peu de manifestants, la police a ordonné la dispersion du groupe. La bombe lancée dans les rangs de la police a tué une personne sur le coup et a grièvement blessé environ 70 autres.

Persécutions et terrorisme d'Etat

Dans les semaines qui suivirent, les forces de l'ordre ont fait règner un régime de terreur dans Chicago. Les médias et les églises exigeaient une vengeance, et appellaient à des condamnations exemplaires pour les responsables. Des descentes de la police eurent lieu dans les bureaux des syndicats, dans des domiciles et des imprimeries. Tous les responsables syndicaux et les activistes anarchistes connus furent arrêtés.

Auguste Spies, Albert Parsons et Samuel Fielden ainsi que Adolph Fischer, George Engel, Michael Schwab, Louis Lingg et Oscar Neebe furent trainés devant la 'justice'. Tous étaient des activistes syndicalistes et des anarchistes.

Une justice pervertie

Un tribunal spécial a été organisé : les jurés n'étaient pas tirés au hasard, mais sélectionnés par le procureur. Celui-ci garantissait, avant le procès, que les inculpés seraient pendus. Au procès, aucune preuve des accusations n'a été présentée, ni touchant à la responsabilité directe des accusés, ni concernant les appels à la violence qu'ils auraient lancé.

Lors du procès, tous sauf Neebe furent condamnés à mort.

3 hommes furent pendus le 11 novembre. <3>Grâce à la mobilisation internationale et nationale, les autres furent pardonnés. Cependant, le Gouverneur de l'Etat qui prononça le pardon disait clairement qu'il croyait le procès injuste et les hommes innnocent.

Plus tard des indications apparaissaient selon lesquelles la bombe aurait été lancée par un agent provocateur au solde des patrons de l'industrie de l'acier….

Depuis?

En 1889 la 1e Internationale déclara que le 1e mai serait un jour férié international, pour commémorer les Haymarket Martyrs.

De nos jours, les américains ne fêtent plus le 1e mai - il fut annulé pendant la période de hystérie anti-communiste du McCarthyism.

En Europe, on profite encore d'un jour de congé…mais l'histoire du Haymarket se répète sous d'autres guises de nos jours et les procès politiques ne sont pas des évènements mythiques que se déroulent en d'autres continents ou sous des régimes que nos médias appellent totalitaires.

Appel à la solidarité : la comparaison de ces faits historiques avec la procédure de "Snelrecht" qui est en cours contre 3 manifestants arrêtés à Tour et Taxis est tentante. L'ampleur et l'échelle des évènements est moindre, mais il y a des ressemblances entre les techniques et les mécanismes...

Pour rappel, leur procès continue au Palais de 'Justice' de Bruxelles, le 13 mai à 8h30.

* AFL était appelé à l'époque : "Federation of Organized Trades and Labor Unions of the United States and Canada"

sources :http://www.powertech.no/anarchy/mayday.html
http://flag.blackened.net/revolt/about/mayday.html