arch/ive/ief (2000 - 2005)

le ghetto de la pensée 'jeune'
by bérénice haeghen Thursday April 25, 2002 at 01:35 PM
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drawer thoughts in connection with the reaction of the young French electorate front of Le Pen's score, last sunday

Dans le Monde sur le Net du 25 avril 2002, Wilson, 18 ans, déplore avoir permis l'accession au deuxième tour de Le Pen par son abstention. Mais Wilson ne veut pas être seul à faire son examen de conscience. "Les premiers coupables, ce sont les politiques et leur langue de bois". Il poursuit : "Les jeunes sont rarement associés à la vie politique. Pourquoi voulez-vous qu'ils s'engagent en faveur de tel ou tel ?".

Mais qu'est-ce qui les empêche donc de s'engager dans la vie politique ? Peut-être bien le fait qu'ils devraient comprendre et se faire comprendre par des spécimens d'autres tranches d'âge.
Or, les jeunes gens, pour parler comme quand les gens n'étaient pas encore catalogués selon les lois de l'empereur Marketing, ne semblent plus boire, danser, s'habiller, rire et penser qu'entre jeunes.
Mais qu'est-ce qui différencie la pensée d'un humain de moins de 26 ans d'un autre ?
Et bien, il semblerait qu'ils réfléchissent différemment à partir d'un postulat de base : ce qui intéresse les ‘vieux' ne peut pas les intéresser, eux. Donc, face à un phénomène, comme une élection, qui ne serait pas estampillé ‘jeunes', une abstention massive semble s'imposer (37% des jeunes français).
Faudrait-il aussi inventer, après le go-pass et toutes les marques qui remplissent les espaces publicitaires d'émissions comme LoftStory, les élections spécial jeunes pour que ceux-ci puissent enfin se sentir mobilisés ? Et puis, on passerait au ghetto, peut-être…
Mais que se passera-t-il quand un ex-jeune devra quitter son ghetto parce qu'il aura vécu un jour de trop ? Que lui diront les membres de sa bande ?
En revanche, pour les fabricants de ses boissons, de ses vêtements, de ses loisirs, ils ne changeront pas de nom, juste de logo. Car ce seront les mêmes via d'autres filiales parce que, eux, savent bien qu'ils s'agit de la même société à qui il faut vendre même s'il faut pour cela inventer une autre forme de discrimination, compartimenter grâce au label ‘jeunes'. Ce fabuleux concept marketing leur aura rapporté des milliards et surtout les moyens d'en avoir encore plus puisqu'à force de les anesthésier avec leurs produits estampillés ‘jeunes', ceux-ci ne sont même plus capables de se sentir citoyens dans une société qu'ils devraient aussi contribuer à construire.
Dis, Wilson, crois-tu qu'Olivier Besancenot, ce facteur de 27 ans, a demandé la permission de rentrer dans la vie politique ?