arch/ive/ief (2000 - 2005)

L'Europe des voleurs et des fascistes
by david pestieau Tuesday April 23, 2002 at 08:56 PM
dpestieau@wol.be

Après l'Autriche, l'Italie, les Pays-Bas et la Belgique, la France connaît un séisme politique avec un deuxième tour opposant le plus grand bandit du pays et le porte-parole de l'extrême droite. Les dirigeants politiques européens suivent toujours plus les multinationales, ce qui provoque inévitablement des crises majeures.

A propos du séisme politique en France

L'Europe des voleurs et des fascistes
Après l'Autriche, l'Italie, les Pays-Bas et la Belgique, la France connaît un séisme politique avec un deuxième tour opposant le plus grand bandit du pays et le porte-parole de l'extrême droite. Les dirigeants politiques européens suivent toujours plus les multinationales, ce qui provoque inévitablement des crises majeures.

David Pestieau

Aucun parti bourgeois ne décide de la politique: ils suivent docilement les directives des multinationales européennes qui sont à la base des directives de la Commission européenne. Or, 60% des nouvelles lois des pays européens sont instaurées au niveau de l'Union1.

La construction de l'Europe a connu un coup d'accélérateur phénoménal après la chute du camp socialiste à l'Est en 1989. Dix ans après le traité de Maastricht, qui a fixé l'ambition européenne de concurrencer économiquement, militairement et politiquement les Etats-Unis et le Japon, les travailleurs ont pu faire leurs comptes. Privatisations des services publics, suppression des aides d'Etats, restrictions des budgets dans la Sécurité sociale et dans l'enseignement, ont apporté plus de misère et de chômage. La construction de l'Europe forteresse a amené plus de répression des populations immigrées. La volonté d'intervention de l'Union européenne dans le monde l'a amenée à directement participer aux guerres contre l'Irak, l'Afghanistan et en Europe même, en ex-Yougoslavie.


Quelques-uns des dizaines de milliers de syndicalistes français manifestant à Bruxelles, le 13 décembre, contre cette Europe qui exerce la dictature des multinationales. (Photo Solidaire, Salim Hellalet)

La soif de profit et d'expansion a amené l'Union européenne à coloniser les pays ex-socialistes d'Europe de l'Est et à tenter de préserver ses parcelles de domination néo-coloniale en Afrique.

Aucun parti politique bourgeois, des Verts aux fascistes, ne remet fondamentalement en cause ces orientations. Particulièrement en France, qui constitue avec l'Allemagne, l'axe central de la construction européenne. Les partis réformistes peuvent pendant quelque temps semer des illusions avec leur démagogie sur l'Europe plus sociale, plus proche des citoyens, plus démocratique. Mais la réalité vécue par les travailleurs les rattrape.

Le dégoût des travailleurs vis-à-vis des politiciens bourgeois est justifié

En France, le gouvernement de la «gauche plurielle» a privatisé pour plus de 11 milliards d'euros (450 milliards de FB). Bien plus que durant les cinq ans de gouvernement dit de droite. Il a voté une loi sur la semaine des 35 heures qui a complètement déréglementé la législation sociale: ainsi le temps de travail n'est plus compté sur base hebdomadaire, mais bien annuelle, laissant la place à une flexibilité à outrance.

Le dégoût des travailleurs vis-à-vis des politiciens bourgeois et de l'Union européenne est justifié. Ce n'est pas ce dégoût qu'il faut dénoncer, comme le proclament les Di Rupo et Chirac. Il faut au contraire l'encourager. Et il faudra inlassablement expliquer que la haine des travailleurs du capitalisme ne trouvera pas de solution dans le fascisme. Que la démagogie sociale que les partis fascistes avancent parfois ne diffère fondamentalement en rien de celles des autres partis bourgeois. Les exemples autrichiens et italiens le démontrent.

En Autriche, les partis sociaux-démocrates et conservateurs ont pris une raclée en 2000. Le parti fasciste de Haïder, soutenu par certains grands capitalistes autrichiens comme Prinzhorn (papeterie) ou Wlaschek (immobilier), est alors entré dans un gouvernement de coalition avec le parti conservateur.

Et le parti de Haider a laissé sa dénonciation verbale de la politique de l'Union européenne au vestiaire pour appliquer avec encore plus de rapidité les plans européens de démantèlement social et les lois antidémocratiques. La vice-chancelière Riess-Passer, numéro deux du parti de Haider, a «réformé» le secteur public en licenciant 30.000 agents. Christopher Leitl, chef du patronat autrichien, l'a d'ailleurs déclaré: «Nous avons toujours dit: centre-droit ou centre-gauche, peu importe. L'important est ce qu'un gouvernement fait ou pas pour l'économie et l'avenir du pays.»

En Italie, il y a quelques mois, les électeurs ont renvoyé le gouvernement social-démocrate de l'Olivier, coupable d'attaques sur les pensions et la sécurité sociale. Le bandit Berlusconi et les fascistes Fini-Bossi ont promis de rétablir l'honneur du pays. Mais ils ont appliqué directement les directives européennes sur la flexibilité du marché du travail en tentant de supprimer l'article 18, qui protège les travailleurs de licenciements abusifs. Des millions de travailleurs italiens sont en train de leur barrer la voie, comme lors de la grève générale du 16 avril.

Les sociaux-démocrates ont aussi participé
à la fascisation

Mais partout en Europe, la bourgeoisie peut jouer l'alternance au pouvoir entre les partis fascistes, de droite et les partis sociaux-démocrates. Elle l'envisage en Italie comme demain peut-être elle le fera à nouveau en France, quand les Jospin et Cie seront remplacés par de nouveaux cadres pratiquant la même politique. Aussi l'antifascisme qui ne s'attaque pas résolument à la source du mal, le capitalisme, condamne le peuple à confier son sort aux Chirac, Blair, Schröder et leurs successeurs.

Car le capitalisme aujourd'hui impose sa dictature et ses orientations guerrières aussi bien par la méthode de la fascisation et du fascisme que par la méthode de la démagogie et de la manipulation de la population. Et l'ensemble des partis bourgeois recourent à ces deux méthodes en même temps, avec une intensité variable.

Certains sociaux-démocrates dénoncent la campagne sécuritaire de Chirac. Mais ils ont aussi participé, à la propagation de l'idéologie fascisante et à la fascisation, par la mise en oeuvre des politiques répressives contre les jeunes d'origine immigrée et contre les travailleurs sans-papiers. Ils ont mis en place les embryons de police et de justice européennes qui ont fait leurs premiers pas lors de la répression des manifs anti-mondialistes de Göteborg et Bruxelles.

A l'instar de Bush, ils ont traduit à la vitesse grand V les lois prétendument antiterroristes qui criminalisent tout le mouvement social contestataire. Ceci dans toute l'Europe: les sociaux-démocrates participent ou ont participé à entre 9 et 13 des gouvernements de l'Europe des 15 durant ces 5 dernières années.

1 Selon l'organisation patronale Unice. Cité dans «L'Europe de tous les dangers», Etudes Marxistes, janvier-mars 2002, p.51.

pensée unique
by luigi mongini Tuesday April 30, 2002 at 12:07 PM
luigi.mongini@wanadoo.be

Parfait.Ce qui est frappant c'est que meme dans les journaux americains commencent à apparaitre des doutes sur le marché global ( voir Herald Tribune aujourd'hui "In praise of good old-fashioned protectionism").En Europe au contraire, la pensée unique sur le marché global,les privatisations et le soutien à l'état de guerre permanent voulu par Bush sont devenus meme pas une pensée,mais un axiome.Pour rédonner à l'Europe un consentement populaire il faut que les décisions du Conseil des chefs d'Etat et des ministres européens soient sous le controle du Parlement Européen.