arch/ive/ief (2000 - 2005)

Elections en France: Ni le voleur, ni le nazi
by Nadine RR Monday April 22, 2002 at 06:10 PM

En France, les «valeurs éternelles » de la république du capital ont produit un deuxième tour entre le plus grand délinquant de France et l'extrême droite classique, deux purs produits du capital.

La République a produit tout ce qu'elle est capable de produire : une classe politique dirigeante complètement alignée sur les volontés des multinationales européennes et corrompue par elles sur toute la ligne. En France, les «valeurs éternelles » de la république du capital ont produit un deuxième tour entre le plus grand délinquant de France et l'extrême droite classique, deux purs produits du capital. Jospin, porté aux nues par toute la social-démocratie européenne, applique le mot d'ordre : « Courage, fuyons » et se retire de la vie politique. Toute la classe politique bourgeoise est en crise.

Le Pen a tiré un bilan en trois points de la journée de dimanche: l'abstention massive des électeurs français, la défaite historique du Parti Communiste et le sursaut national. Il a déjà annoncé que les manifestations spontanées de la jeunesse française étaient antidémocratiques. Sans attendre Le Pen, la police de la République a déjà mis en pratique ses valeurs éternelles en actionnant les gaz lacrymogènes contre la génération du GSM.

Le Parti Communiste, avec 3,5 pour-cent, reçoit des travailleurs la sanction bien méritée pour sa participation au pouvoir, à la guerre en Yougoslavie et en Afghanistan, aux privatisations, bref pour son reniement total de tous les idéaux communistes.

Le jour avant les élections, un politologue français analysait lucidement le dégoût des Français pour la campagne électorale. Les électeurs, disait-il, ne voient pas la différence entre le programme de Chirac et de Jospin, et, ajoutait-il, de toutes façons ces différences seront laminées par les multinationales européennes.

Le même problème se posera dans quinze jours aux électeurs français. Quelle différence y a-t-il en effet entre Chirac, qui s'est fait élire président en 1995 avec un programme d'économie de marché, une démagogie sociale sans précédent et la promesse de rétablir le leadership de la France en Europe et dans le monde, et le programme actuel de Le Pen, qui se dit «socialement de gauche, économiquement de droite et nationalement de France » ?

De plus en plus en Europe, en Italie, en Autriche, aux Pays-Bas, en Belgique, partis bourgeois classiques et partis de l'extrême droite se disputent le pouvoir. Et il devient chaque jour plus difficile de faire la part des choses entre le programme et la pratique des partis bourgeois traditionnels et ceux de l'extrême droite.

Les classes politiques dirigeantes européennes, toutes tendances confondues, sont les marionnettes des multinationales européennes. Celles-ci ont revendiqué depuis trente ans un marché unique, une politique étrangère unique, une armée unique, tout cela pour pouvoir concurrencer, par la force quand il le faudra, les multinationales américaines et japonaises sur le marché mondial. Et pour obéir à leurs injonctions, les partis libéraux, socialistes, chrétiens, écologistes et les renégats du communisme qui ont participé au pouvoir, ont tout mis en place : privatisations, restrictions des budgets sociaux, éducatifs et culturels, répression des populations immigrées, participation aux guerres impérialistes.

Le gouvernement Jospin a privatisé trois fois plus que celui de Juppé, et n'a pas hésité un instant à se lancer dans la guerre aux côtés de Bush. Toute la classe politique dirigeante européenne a obéi aux quarts de tour aux injonctions de va-t-en-guerre des USA et a soutenu Bush sans sourciller dans sa prétendue chasse au terrorisme. Tout cela parce que l'Union européenne n'a pas l'intention de laisser les USA seuls maîtres du monde et qu'elle profite de chaque guerre, de chaque crise pour avancer ses pions, renforcer l'intégration de ses polices et de ses armées. Tous les politiciens bourgeois continuent de présenter les Etats Unis comme une grande république démocratique, alors qu'il n'y a pas un état au monde où la fascisation et la militarisation soient poussées aussi loin.

Quant aux valeurs éternelles de la République française qui seraient en danger aujourd'hui, laissez-moi rire un peu. Le peuple français avait à peine fini de renverser les rois, en 1789, que la bourgeoisie lui votait déjà la loi Le Chapelier pour lui interdire de s'organiser. La république de Thiers a massacré les Communards en 1871; la république éternelle a assassiné Jaurès en 1914 pour s'engager avec allégresse dans la première guerre mondiale et y agrandir ses colonies; la république de Pétain a éduqué Mitterrand et enfermé les communistes en 1940-45, du temps où le Parti Communiste français portait encore le titre glorieux de «parti des fusillés»; la république française a inventé la question (expression pudique en France pour la torture) pour les militants nationalistes algériens et introduit des nids de fourmis dans le vagin des résistantes vietnamiennes, et j'en passe, et des pires.

Tous les dirigeants politiques européens sont aujourd'hui prêts à courir au secours de Chirac, un type qui volerait en taule s'il n'était pas président de la République. Avec un tel programme, le dégoût des travailleurs des politiciens bourgeois ne fera que croître. Et c'est une bonne chose. Les communistes véritables en Europe ont du pain sur la planche. Il faudra regagner à l'extrême droite les travailleurs en leur démontrant que leur haine justifiée du capitalisme ne trouvera pas de solution dans le fascisme. Et aux progressistes, aux jeunes, qu'un antifascisme qui n'est pas résolument anticapitaliste condamne le peuple à confier son sort aux Chirac, Jospin, et Cie.

La reconstruction d'un véritable mouvement communiste européen, révolutionnaire, anti-impérialiste, internationaliste est la tâche la plus urgente. Contre toute la classe politique dirigeante, vendue depuis longtemps au capital, les communistes dirigeront le combat pour abattre un système qui sue l'insécurité par tous les pores en organisant la misère et les guerres.

Et finalement, le seul attribut républicain qui puisse inspirer quelque vision de l'avenir, c'est encore le début de l'hymne national français : « Aux armes, citoyens, formez vos bataillons ». Au 21 ème siècle, il est temps que les travailleurs de tout le continent se débarrassent des républiques monarchiques ou des monarchies républicaines de toutes sortes et instaurent un véritable pouvoir des travailleurs.

Nadine Rosa-Rosso

Enfin une analyse claire et correcte
by Pauline Monday April 22, 2002 at 06:31 PM

Merci pour cet article qui ne se contente pas de crier au scandale, à l'horreur, à l'étonnement mais qui donne une analyse claire et correcte de la situation mais aussi des perspectives aussi claires et aussi correctes. Debout donc les travailleurs !