arch/ive/ief (2000 - 2005)

Unanimité moins une voix pour la fin du minimex au Parlement
by Vincent DECROLY Thursday April 18, 2002 at 08:40 PM
vincent.decroly@lachambre.be -32 2 549 88 98 ou 89 09 Palais de la Nation 1008 Bruxelles

C'est à l'unanimité moins une voix que la Chambre a adopté, ce jeudi 18 avril en début de soirée, le projet de loi PRL-ECOLO-PS remplaçant le droit au Minimex par un "droit à l'intégration sociale". Ce dernier est caractérisé par l'obligation, pour tous les jeunes et pour pas mal de plus de 25 ans, d'accepter un travail n'offrant pas les garanties de la notion de "travail convenable" du droit social.

La loi adoptée inverse radicalement les termes de la législation de 1974 sur le Minimex, pour laquelle le revenu était une condition nécessaire de l'intégration sociale. Désormais, c'est au contraire l'intégration qui sera la condition d'obtention du revenu minimum (une intégration définie par le seul travail, et par un travail sous-statutaire à durée déterminée).

Le déséquilibre de la relation entre le CPAS et son usager est aggravé : par exemple, des sanctions pouvant aller jusqu'à la suspension pendant 12 mois du droit au revenu, même en l'absence d'intention frauduleuse, frapperont l'usager qui ne respecterait pas le "contrat" d'insertion qui lui est imposé (art. 30, § 1er, al. 2).

L'analyse de la pauvreté comme problème d'abord individuel dont les pauvres seraient les principaux responsables sert de justification idéologique à un dispositif qui transforme le droit à l'aide en faveur à mériter. Evolution notoire depuis 1995 et les débats saluant le Rapport général sur la pauvreté, cette vision des choses est à présent partagée par l'ensemble des partis représentés à la Chambre (de l'extrême-droite aux socialistes).

Sous l'impulsion de cette loi, les CPAS vont devenir des organismes de placement, au détriment de leurs autres missions (logement, santé, etc.) désormais moins rémunératrices pour leur budget. La systématisation des mises au travail sous les régimes dérogatoires des "articles 60" et "61" offrira aux employeurs (notamment aux compagnies d'intérim) de la main-d'oeuvre sous-payée. Elle renforcera la compétition entre travailleurs sous-statutaires et travailleurs statutaires, l'emploi précaire chassant le bon.

En s'attaquant aux pauvres plutôt qu'à la pauvreté, les députés remplissent sans doute leur "contrat d'insertion" de la Belgique dans la société de marché exigée par l'Union européenne à la demande de l'UNICE (patronat européen). Ils tournent par contre le dos à leur contrat de responsabilité politique, dont la légitimité essentielle réside dans l'engagement de protéger le faible contre le fort.

Détail des votes :
- 132 voix pour (l'ensemble des partis représentés à la Chambre)
- 15 abstentions (Vlaams Blok, "qui partage la philosophie, mais regrette que le bénéficiaire de l'aide ne soit pas plus sérieusement mis devant sa responsabilité")
- 1 voix contre (la mienne, en fonction du programme sur lequel j'ai été élu)

Salauds d'ECOLO !!!
by arty Friday April 19, 2002 at 12:27 AM
arty@ARTivisme.net

Ils donnent la haîne
Ils font gerber
Trop c'est trop !!!!

l'idéologie de la libération par le travail forcé
by koala Friday April 19, 2002 at 12:54 PM

J'ai été particulièrement choqué que l'on supprime le minimex pour le remplacer par un revenu lié à la soumission à l'idéologie du travail. La "gauche", malheureusement, n'a pas bronché. Mis à part, vous, M. Decroly.

Mais vos ex-collègues écologistes, comment ont-il pu voter cela ? Que reste-t-il du mouvement écologique, celui qui critiquait la folie de la croissance perpétuelle ? Des traîtres et des technocrates. Comment ont-il pu trahir à ce point et en si peu de temps ?

Les progrès technologiques actuels doivent nous permettre de vivre mieux mais aussi d'être moins abrutis. Du temps pour souffler. De l'espace pour penser. Le droit de paresser, si on le désire. Eh oui : il y a bien assez d'excités sur la planète que pour laisser en paix les quelques autres. Ah, ce délirium de la croissante perpétuelle de la fourmilière économique !

Faut-il rappeler que le salariat n'est que le descendant de l'esclavage et du servage ?

Le progrès c'est de dépasser le salariat, de libérer toujours plus les humains de toute corvéabilité.

Quant à la gauche radicale, mais quand donc va-t-elle adapter son projet au siècle d'aujourd'hui ? La question n'est pas de protéger l'emploi là où des machines peuvent remplacer des tâches abrutissantes. Elle n'est pas de développer à tout prix des tas d'activités, quitte à massacrer encore ce qu'il reste de nature, afin de créer du … travail. C'est absurde.

S'il y a moins de travail, tant mieux. Pourquoi s'acharner à créer des emplois bidons et nous matraquer le cerveau en nous faisant croire que sans emploi, nous ne sommes rien. C'est honteux que d'avancer une chose pareille. Il y a bien des activités plus intéressantes , et moins nécrosantes, que le travail obligatoire. Et pourtant, les communistes continuent à partager avec les capitalistes ce genre de conceptions aberrantes.

L'homme doit-il se résumer à un simple producteur/consommateur ? Ce n'est pas là une vision progressiste. C'est de l'aliénation.

Avoir un travail pour pouvoir se payer des herbicides sélectifs pour en foutre sur son petit gazon monotone, pour se payer un écran 16/9 pour suivre "loft story", … ? C'est ça, trouver sa place ? C'est ça, une identité ?


Il faut se mobiliser, se battre, pour la juste répartition des richesses. Pour une société et une vie plus saine, moins violente. Arrêter la construction de mégalopoles étouffantes, angoissantes. Proposer à nos enfants un monde qui donne l'envie de sourire plutôt que l'envie de se suicider.

Le monde actuel est si laid, si futile, si injuste.

Mais où est la gauche radicale, celle qui s'inscrirait dans la poursuite du combat contre l'aliénation ?


En France, TOUS les candidats, de gauche radicale jusqu'aux fascistes en passant même et tout autant par les écologistes, proposent de pousser encore plus l'infernale machine économique. Ce qui nous broie, ce qui nous empêche d'avoir le temps d'écouter nos enfants …

Comme si surtout nous devions rester à genoux et continuer à dire "Oui, oui".

Continuez vos interventions, M. Decroly. Vous êtes sans doute le seul parlementaire honnête du pays. Mais que nous proposez-vous pour lutter de manière efficace contre la dérive droitière et aliénante ?

Le salaire de la peur...
by Jean-Pascal Friday April 19, 2002 at 01:39 PM
jpl@totalzoo.com

tout ce brol capitaliste ne tient que par la peur de manquer, d'être exclu d'un système qui renforce encore son emprise chaque fois qu'il exclu.
Si tu bouges, l'étau se ressert, et le quidam flippe encore plus.
Alors un appel à la jeunnesse peut-il être entendu?
Que les jeunes, les moins impliqués englués dans le système, les moins dépendants, fassent des sittings quotidiens en dénonçant cette logique de travail, et réclament le droit de glander avec l'allocation universelle.
Là, on renverse le processus de peur, en faisant flipper leur parents, leurs gd parents qui vont trembler pour leur pension.
Le deal est simple: on s'arrête de jouer, de produire, tant qu'une allocation universelle n'est pas attribuée à tous. Cette aloocation sera, bien plus qu'un moyen de glander en rond, un signal fort quant à la confiance que cette société met dans ses membres à oeuvrer pour le confort de tous.
Que ferions-nous si nous étions tous rentiers du jour au lendemain. Les sondages le montre: l'immense majorité travaillerait.
Mais plus sous la seule coupe d'un patronat-actionnariat anonyme, tout simplement...
Pour que les jeunes débraillent?
Je ne vois que l'organisation de colloques dans les écoles par des commandos de sensibilisateurs.
La raison première de cette sensibilisation? Dire aux jeunes qu'il ne sert à rien de se suicider, il faut se battre, et leur montrer les armes hyper pacifiques dont ils disposent. Stopper, arrêter tout, jusqu'à obtention d'une loi qui reconnaît le droit des gens avant celui de l'argent. Sans faiblir, jusqu'à ce que cette grêve visible foute le bordel total s'il le faut.