arch/ive/ief (2000 - 2005)

Si on veut la paix, il faut soutenir la résistance palestinienne
by Herwig Lerouge Tuesday April 02, 2002 at 07:41 PM

L'invasion de Ramallah est la réponse d'Israël et des Etats-Unis à la proposition de paix arabe de Beyrouth, mais aussi à la remarquable réconciliation entre le Koweït, l'Arabie saoudite et l'Irak. Dans les pays arabes et dans le monde entier, la résistance palestinienne entraîne les masses dans la lutte contre l'impérialisme...

Bush et Sharon mettent le Moyen-Orient à feu et à sang

Si on veut la paix, il faut soutenir la résistance palestinienne

L'invasion de Ramallah est la réponse d'Israël et des Etats-Unis à la proposition de paix arabe de Beyrouth, mais aussi à la remarquable réconciliation entre le Koweït, l'Arabie saoudite et l'Irak. Dans les pays arabes et dans le monde entier, la résistance palestinienne entraîne les masses dans la lutte contre l'impérialisme...

Herwig Lerouge

La guerre contre le peuple palestinien est une terreur fasciste ouverte. Et elle s'opère avec le soutien ouvert des Etats-Unis. Ceux-ci ont signé la résolution de l'ONU exigeant le retrait des troupes israéliennes des territoires palestiniens, mais quelques heures après l'invasion, un représentant officiel du ministère américain des Affaires étrangères déclarait sur la chaîne CNN: «Nous comprenons ce que font les Israéliens. Ils disent vouloir pourchasser les responsables du terrorisme et les infrastructures des terroristes. Ce qu'ils font actuellement en fait partie.»1

Sharon fait en Palestine ce que Bush applique à l'échelle mondiale. A propos d'Al Quaïda, le président américain déclare: «Nous les pourchassons. Nous allons détruire leurs infrastructures et tous ceux qui les soutiennent. C'est une guerre de longue durée, une guerre sur beaucoup de fronts.» Lui faisant écho, Sharon répond: «Israël interviendra en vue de détruire l'infrastructure terroriste et toutes ses composantes. Israël déploiera une action sur tous les plans pour atteindre cet objectif. Ce sera une action de longue durée contre les divers centres terroristes.»2

Chaque jour rassemblement de solidarité sur les marches de la Bourse à Bruxelles de 16h30 à 18 heures. (photos du dimanche 31 mars). · Dimanche 7 avril, 14h, manifestation à Bruxelles de la Bourse à la place Bethléem. Plus d'infos à la page 4. (Photo Solidaire, Salim Hellalet)

L'action de Sharon, soutenue par les Etats-Unis, montre le véritable enjeu de la «lutte contre le terrorisme»: chaque mouvement, chaque gouvernement qui ne se soumet pas docilement aux intérêts du capital occidental sera écrasé par une pluie de bombes.

Depuis plus de cinquante ans, Israël occupe le sol palestinien, comme l'Allemagne nazie occupait en 40 l'Europe occidentale, et ce avec le soutien des gouvernements américain et européens. Israël vole l'eau des Palestiniens. Il leur refuse le droit à leur propre Etat et interdit le retour aux trois millions de réfugiés. Ceux qui résistent à cette oppression sont traités de «terroristes». La «lutte contre le terrorisme» sert de prétexte à l'utilisation des armes les plus sophistiquées contre des gens qui n'ont que leur corps et quelques pierres pour se défendre. Elle sert d'alibi pour le viol de toutes les lois internationales. En réalité, la «lutte contre le terrorisme» signifie que l'impérialisme a choisi la guerre pour étouffer la résistance populaire à l'oppression.

Après les tromperies de Clinton, le fascisme de Bush

Si les impérialistes sont obligés de recourir à la guerre et au fascisme, c'est qu'ils n'arrivent plus à tromper le peuple. Clinton, l'Union européenne et la social-démocratie israélienne avaient espéré qu'Arafat serait disposé à imposer un mini-Etat invivable à son peuple. L'Intifada, l'insurrection populaire, l'en a empêché. Maintenant qu'elle refuse d'être le bourreau de son propre peuple, Sharon et Bush estiment que l'Autorité palestinienne a fait son temps.

Par une occupation de longue haleine et la terreur fasciste, Bush et Sharon espèrent démanteler la résistance palestinienne, neutraliser Arafat et, à plus ou moins brève échéance, mettre en place une direction palestinienne fantoche.

Car, pour mener sa prochaine guerre, celle contre l'Irak, Bush a besoin que le calme règne sur le front palestinien. Car la solidarité très large et radicale des masses arabes avec la résistance force les dirigeants arabes à se distancier des Etats-Unis et à prendre le parti de la lutte palestinienne.

C'est ce qui est apparu la semaine dernière, lors du sommet arabe de Beyrouth. Les dirigeants arabes ­ et même les alliés les plus fidèles des Etats-Unis ­ «confirment le droit du peuple palestinien, syrien et libanais à opposer une résistance à l'occupation et l'agression israélienne» et déclarent qu'«il est indispensable d'établir une distinction claire entre le terrorisme, qu'ils condamnent, et la résistance légitime d'un peuple contre une occupation étrangère».3

Le sommet de Beyrouth a proposé à Israël des relations normales avec le monde arabe, pour autant qu'il se retire de tous les territoires conquis en 1967, y compris les hauteurs du Golan, qui appartiennent à la Syrie. En même temps, un Etat palestinien doit être mis en place, avec Jérusalem-est comme capitale et une solution équitable doit être trouvée pour les réfugiés palestiniens.

Israël a aussitôt rejeté la proposition. Quant à Bush, il a tenté de la torpiller en espérant faire approuver au Conseil de sécurité de l'ONU une vague résolution à propos d'un «Etat palestinien». Mais il a échoué.

Dans ces circonstances, le vice-président américain Dick Cheney a lui aussi ramassé le couvercle sur les doigts au cours de sa tournée des pays arabes, par laquelle il cherchait du soutien pour la nouvelle guerre contre l'Irak. Le 11 mars, les ministres arabes des Affaires étrangères avaient déjà déclaré au Caire que Cheney ferait mieux de s'occuper du processus de paix israélo-palestinien. La déclaration finale de Beyrouth «rejette toute forme d'utilisation abusive de la «guerre contre le terrorisme» pour menacer de violence un pays arabe». La menace contre l'Irak a été qualifiée de «minage de la sécurité et de la stabilité de la région». Le sommet arabe a défendu l'intégrité territoriale de l'Irak et exige la levée des sanctions de l'ONU contre le pays. Lors du sommet, on a également assisté à une réconciliation entre le Koweït et l'Irak, lorsque ce dernier a assuré qu'il allait respecter «l'indépendance, la souveraineté et la sécurité» du Koweït.4

L'Intifada ne cause pas uniquement de sérieux problèmes à la «politique sécuritaire» agressive de Sharon. Elle est également à la base des problèmes que rencontrent les Etats-Unis dans leurs préparatifs de guerre contre l'Irak. Et puis, il y a les manifestations massives dans le monde entier. Du Bangla Desh à la Turquie, de Beijing au Caire. Partout la résistance palestinienne contre Israel et son maître, l'impérialisme américain, le porte drapeau du système impérialiste, augmente la combativité des peuples contre ce système inhumain, responsable de la misère, de la famine et des guerres qui sont le lot des trois quarts de l'humanité. Avec chaque bombe, avec chaque assaut de char, Bush creuse un peu plus la tombe de l'impérialisme.

L'évolution au Moyen Orient montre : celui qui désire arrêter Bush et qui veut la paix doit soutenir la résistance populaire, en Palestine, en Irak et partout où le peuple se bat pour mettre un terme à l'impérialisme.

1 CNN, 29 mars 2002.· 2 idem ·3 AP, 28 mars 2002. · 4 AP, 28 mars 2002.

Chaque jour rassemblement de solidarité sur les marches de la Bourse à Bruxelles de 16h30 à 18 heures. · Dimanche 7 avril, 14h, manifestation à Bruxelles de la Bourse à la place Bethléem.