arch/ive/ief (2000 - 2005)

Clabecq : l'avocat Diagre (CSC) à la barre
by danielco Tuesday April 02, 2002 at 06:00 PM

Maître Diagre, avocat d'un des 13 accusés, Michele Orlando (CSC) au procès de Clabecq, a fait à la séance du 25 mars 2002 une plaidoirie fort intéressante.

Maître Diagre, avocat d'un des 13 accusés, Michele Orlando (CSC) au procès de Clabecq, a fait à la séance du 25 mars 2002 une plaidoirie fort intéressante.
Cet avocat représentant la CSC, a remis d'abord le conflit des Forges dans son contexte: «Fait unique dans l'histoire sociale: en 1992, les travailleurs de Clabecq vont concéder un prêt de 695 millions de francs par l'entremise d'une perte de 10% de leurs salaires, en plus de la suppression des primes et pécules de vacances. Dessy, patron des Forges, confronté à une situation catastrophique, déclarera en novembre 1995: «Nous avons la volonté de ne pas nous noyer, de ne pas nous laisser emporter par la tempête». Mais le 18 décembre 1996, quand la Commission européenne décide d'interdire toute recapitalisation des Forges, le Conseil d'Administration des Forges décide,en une séance, de faire aveu de faillite, de fermer l'usine jusque début janvier. Et les directeurs sont partis en laissant l'entreprise en plan.»
Diagre interpelle le président de séance: «Je vous demande, monsieur le président, aurions-nous dû dire aux travailleurs de ne rien faire et de se résigner? Ce qu'on reproche aux treize prévenus, c'est d'avoir eu la volonté de ne pas se laisser emporter par la tempête. Même si la comparaison ne plaît pas à monsieur D'Orazio, il était comme Jésus apaisant la tempête! Je sais qu'il préférerait qu'on le compare à Jésus chassant les marchands du temple…Mais je vais arrêter ici mes comparaisons liturgiques.»
Eclats de rire. Diagre, qui défend le délégué Orlando accusé d'avoir frappé un gendarme lors l'action sur l'autoroute à Wauthier-Braine en mars 97, démonte l'accusation, documents à l'appui. La gendarmerie, par l'entremise de témoins, accuse les délégués D'Orazio et Marra de les avoir trompés: ils auraient demandé l'autorisation d'occuper le zoning de Wauthier-Braine pour ensuite décider d'aller occuper illégalement l'autoroute. Mais une lettre du ministère de l'Intérieur l'atteste, explique Diagre: l'opposition à une occupation de l'autoroute doit être «symbolique» et «ne pas entraîner de rapports de forces».
Quant à Michel Orlando, personne ne le reconnaît formellement. Un gendarme affirme le reconnaître après avoir vu les images du reportage d'RTL-TVIoù il répond à une interview. «Oserait-on imaginer que les gendarmes aient cherché des preuves à posteriori contre ceux qu'ils voyaient comme les meneurs?», s'interroge Diagre. Car aucun gendarme ne l'a reconnu formellement dans la confusion de la foule et des gaz lacrymogènes. Pourtant, Orlando portait à chaque manifestation une casquette typique «Magic Orlando» ainsi qu'une chasuble verte de la CSC, plutôt rare aux Forges. Personne, sauf une gendarmette qui, un an et demi après les faits, dira dans une audience: «Je l'ai reconnu à ses yeux bleus». Il faut le faire! «C'est vrai qu'à la gendarmerie, on voit tout en bleu» glisse malicieusement un spectateur. Une nouvelle preuve que ce procès est une affaire montée de toute pièce.