Privatisation: Interview d'un travailleur de la poste

Très mal, c'est assez violent. Tout d'abord un manque de personnel flagrant, on travaille deux fois plus lourd qu'avant. Tout le secteur rentable de la poste part dans des filiales. On ne peut pas privatiser la poste donc on va privatiser les filiales, c'est l'ironie de la chose.

# Quelles sont les conséquences sur vos conditions de travail?

On nous oblige a prendre du poids énormément. Pour l'instant, on part avec des vélos de 70kg. On fait des tournées à éclater les services ce qui fait qu'on nous change 2-3 heures après le départ de notre travail. Ce n'est pas tenable! A côté de ça, il y a plein d'autres choses, notamment le harcèlement des chefs, des plus vieux qui râlent parce que tu suis pas. On nous pousse à être concurrents entre nous. Cela fait monter le stress et il y a beaucoup de dépressions.
Le service au public n'est plus respecté, on a plus le temps. Certaines payes de pension, on peut encore prendre le temps mais autrement quand on nous appelle, les trois quarts du temps, on a pas le temps, il faut rentrer à une telle heure, il faut être concurrentiel, il faut aller vite et bien. Donc automatiquement, les gens en prennent plein la gueule. Quand on te change deux heures après que t'ai commencé une tournée là où tu rattraper 2 heures de travail, tu fais des erreurs, tu peux te tromper d'une lettre. Et çà, ce n'est pas toléré, c'est inacceptable vis-à-vis de la poste mais c'est acceptable qu'on te change deux heures après.

# Et comment la poste perçoit-elle ses usagers?

C'est pas rentable. Bien non, les gens ne sont pas rentables. Ce qui est rentable ce sont les grosses entreprises qui déversent énormément courrier. Pratiquement plus personne n'écrit, mais tu sais le vieux qui écrit la lettre à son petit-fils et que ça arrive chez son voisin et qu'il la jette, ils s'en foutent la poste, mais ce sera encore le facteur qui s'en prendra plein la gueule et on le virera. Pour la poste, les usagers, c'est pas rentable. C'est clairement dit, ça vaut rien.

# Et au niveau syndical?

Ils suivent bien, ils sont là pour faire passer la pilule. Mais dans certains bureaux comme chez moi, ils se mangent entre eux pour que les facteurs n'aillent pas chercher à lutter contre la privatisation et on va chercher des sujets complètement hors la poste où c'est sur des individus entre eux alors comme c'est le bureau où tout le monde se connaît et forcément, tout ce qui est privatisation passe en second plan.
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arch/ive/ief (2000 - 2005)