arch/ive/ief (2000 - 2005)

L'Observatoire de l'Europe industrielle (Corporate Europe Observatory : CEO) est un groupe militant et de recherche basé à Amstersdam, qui expose les menaces que le pouvoir économique et politique des grands groupes industriels et de leur lobbies font planer sur la démocratie, l'équité, la justice sociale et l'environnement.
Leur dernier ouvrage - dont je conseille vivement la lecture- "Europe inc. Liaisons dangeureuses entre institutions et milieux d'affaires européens" (de Belén Balanyà, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma'anit, Erik Wesselius Aux éditions contre-feux; Agone Editeur) analyse et démonte l'arrière cour de l'Europe qui apparaît dés lors en étroite collaboration avec les lobbies industriels.
Ci dessous, un (très très)bref aperçu de leur analyse sur l'ERT, la table ronde des industriels européens.

Les multinationales (...) sont devenues d'importants partenaires politiques dans le processus de prise de décision de l'Union européene. (...). Plus de 10.000 professionels du lobbying hantent les couloirs de la comission, du conseil et du parlement.(...). Aujourd'hui, on estime a 3000 le nombre de personnes qui font pression sur le parlement, presque toutes directement employées par l'industrie. Une moyenne, donc, de cinq par deputé européen.(...)

L'ERT

Parmi les principaux groupements industriels présents sur la scène politique européene(...), l'ERT (table ronde des industriels européens; ndla) qui réunit 45 dirigeants des plus grandes entreprises européenes est, sans aucun doute, la plus influente. (...)Parmi les firmes actuellement representées figurent Investor AB, Bayer, BP, DaimlerChrysler, Ericsson, Fiat, Nestlé, Nokia, Petrofina, Philips, Renault, Shell, Siemens, Solvay, Total Fina, etc. (...).
Les effets de son influence crèvent les yeux : un mouvement progressif vers des politiques toujours plus favorables aux grandes firmes et à la mondialisation économique. (...)
Au début des annees 1980, la communauté européene s'est montrée incapable de répondre a une crise économique generalisée. (...)
En 1982, Pehr Gyllenhammar, alors directeur exécutif de Volvo tira la sonnette d'alarme. (...). En étroite collaboration avec Etienne Davignon (membre de la comission européenne à l'époque; ndla), Gyllenhammar rassembla les PDG issus de divers secteurs. (...) Ce nouvel organisme industriel avait l'objectif ambitieux de "relancer l'Europe".(...).
L'exemple le plus révélateur de l'amicale collaboration entre les lobbies et un président de la comission est le célèbre livre blanc sur la croissance, la compétitivité et l'emploi de Jacques Delors (...) qui fut preparé en étroite cooperation avec l'ERT- qui préparait alors son rapport "vaincre la crise". Rien de surprenant donc a ce que ces documents présentent tant de ressemblances (...) dans les solutions préconisees : dérèglementation, flexibilité du marché du travail, investissements dans l'infrastructure des transports et competivité internationale.(...).
La mise en oeuvre du "plan d'action pour le Marche unique" (proposé par la comission et "corrigé" par l'ERT) a conduit a un accroissement de la libéralisation des marchés des télécommunications, des transports et de l'énergie. (...)
Pour l'ERT, presque tout finit par se rapporter a la compétitivité, y compris les politiques écologiques et sociales.
C'est la raison pour laquelle l'ERT encourage l' "évaluation comparative".(...) Cela signifie "scruter le monde afin d'y decouvrir ce que les autres ont de meilleur, ou que ce soit, pour ensuite, essayer de l'égaler ou de le surpasser".(...) Les consequences sont de taille : la compétitivite se trouve institutionalisée comme critère premier, et les politiques adoptées le sont en fonction de spécificités techniques plutôt que par déliberation politique. (...)

Les aspects cauchemardesques du marche libre mondial dérèglementé - une arène mondiale aux normes sociales et écologiques réduites, transformée en melée génerale ou seul les plus forts survivent- sont le cadet des soucis de l'ERT.
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