droits et libertés démocratiques suspendus by Alison Sunday March 17, 2002 at 05:32 PM |
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Le récit d'une tentative infructueuse de participer aux manifestations à Barcelone
Les droits et libertés démocratiques suspendus pendant le sommet européen
La coordination D14 a organisé le départ de trois cars de Bruxelles, ce jeudi soir. Destination : Barcelone, pour participer aux activités festives, au Forum des Alternatives et à la grande manifestation du contre-sommet.
Notre groupe est arrivé à la frontière espagnole vers 11h30, le vendredi matin. Au poste de frontière, un policier nous a demandé nos passeports, les soutes des cars ont été fouilées et nos bagages ouverts. Les agents ont photographié nos calicots et banderoles, et nous ont intérrogé-e-s sur nos intentions en Espagne. Leurs investigations ont duré environ deux heures et demie; pendant ce temps, ils auraient proféré des menaces voilées aux chauffeurs de car, et ont refusé de parler aux membres de nos Legal Teams.
En nous laissant croire que nous pourrions continuer notre voyage, ils nous ont fait remonter dans les cars, pour ensuite faire signe aux chauffeurs de retourner en France.
Sur le parking devant le poste frontière français, nous avons été rejoint par des militant-e-s d'ATTAC Marseille, ensuite par un groupe de Montpellier. Nous avons tenté de faire valoir nos droits: une motivation individuelle sur le refus de nous laisser pénétrer en Espagne. Les membres des Legal Teams - dont deux avocates - ont tenté de parler aux agents, mais ceux-ci ont refusé toute négociation, et n'ont pas donné de raisons pour leurs actions.
Les groupes alors ont fait un "sit-in" sur l'autoroute, bloquant partiellement le passage dans les deux sens. La police française a ensuite ordonné aux cars belges de quitter ce lieu, où le stationnement aurait été d'une durée limitée. Après le départ des cars belges, les CRS auraient violemment réouvert la route : de jeunes activistes françaises ont été matraquées, des hommes alpagués.
Nous avons essayé de nous retrouver sur un aire de repos, mais les CRS qui nous suivaient, ont séparé les bus belges et les bus français, obligeant ces derniers à continuer vers Perpignan.
Sur l'aire du "Village Catalan" des membres du Legal Team de Girona nous ont rejoint. Ils nous ont expliqué que d'autres points de passage vers l'Espagne étaient fermés ou controlés et que des tentatives de pressions légales et diplomatiques étaient en cours.
Le groupe D14 s'est alors replié vers Perpignan. Avec les groupes d'ATTAC, nous y avons manifesté devant la Préfecture des Pyrénées Orientales. Nous avons reçu un soutien merveilleux, ainsi que la solidarité des activistes de la région, notamment des syndicats indépendants SUD.
Le lendemain, nous avons manifesté à Perpignan; environ 1500 personnes ont défilé devant le Consulat d'Espagne et la Préfecture. Dans la nuit, d'autres cars avaient été refoulés à la frontière.
Au moment de la manifestation, il y avait une vingtaine de bus échoués à Perpignan. Certains auraient été fouillés, d'autres n'auraient même pas pu ouvrir leurs portes, mais auraient été renvoyés immédiatement. D'autres, encore, étaient immobilisés de part la France: les autoroutes ont été interdites aux bus!
Après la manifestation, tout le monde est reparti vers la frontière, nous avons pris l'autoroute sous escorte policière. Certains groupes ont à nouveau essuyé un refus à la frontière, mais à partir de 18h - après le début de la manifestation à Barcelone - certains ont pu passer.
La délégation belge a pu persuader les chauffeurs d'un bus de partir vers Barcelone. Les courageux et courageuses qui ont continué dans celui-ci sont arrivé-e-s à Barcelone vers 20h20.
Les deux autres bus ont ramené les autres membres du groupe à Bruxelles.
Au moins un millier de personnes a voulu participer à des manifestations et à des débats à Barcelone. Ces personnes rêvaient que la liberté de circulation existait encore dans l'Union Européenne et que la police était soumise à des règles et à un contrôle démocratique.
Vain espoir!
L'action concertée des autorités françaises et espagnoles nous a démontré que le règne de l'arbitraire, et le totalitarisme de l'état policier étaient, et seront les réactions de l'Europe du Capital contre tou-te-s celles et ceux qui la contestent.