arch/ive/ief (2000 - 2005)

Procès Clabecq #45: compte rendu.
by Fico Monday March 11, 2002 at 04:12 PM
Fico@perso.be

Un témoin de la défense parle.

La cour a entendu aujourd'hui les témoins de la défense. Ceux-cis sont interrogés par le juge Collin sur les 4 événements suivants : la manifestation à Tubize le 20 décembre 1997 et qui a finit par la prise d'assault d'un commissariat, les paires de claques qu'a reçut Alain Zenner lors d'une réunion des curateurs à Ittre, la fameuse manifestation de Wauthier Braine où l'on vit buldozers et autopompes s'affronter et une aggression qu'aurait commis Roberto D'Orazio envers un automobiliste à Bruxelles. Le but de ces témoignages consiste à prouver ou non la responsabilité des délégués syndicaux (et particulièrement de D'Orazio et de Marra) dans chacun de ces événements.
Malgré l'insistance du juge sur ce point, les témoins sont unanimes: à aucun moment, Roberto D'Orazio, Silvio Marra ni aucun autre délégué n'ont incité ou provoqué directement à commettre des délits ou des crimes. De plus, à plusieurs reprises, les témoins soulignent que lors des échaufourées, le souci principal des inculpés était de calmer les esprits et non de les exiter.
Voici ci-dessous le témoignage de Eric Lejeune. Toutes les questions sont du juge Collin.


- Vous avez travaillé aux Forges de Clabecq?
- Oui, depuis 1980. En 1992, j'ai été mandaté pour le comité de sécurité et d'hygiène et à partir de 1995, j'ai été élu comme délégué.

- En ce qui concerne la manifestation devant la maison communale à Tubize le 20 décembre, quel était le but de la manifestation?
- Rencontrer le bourgmestre.
- Comment se fait-il que la tension a monté?
- Tout ce que je sais, c'est qu'un policier en civil a envoyé un gaz lacrymogène et que cela a énervé les manifestants.
- Avez vous entendu des menaces à l'encontre des forces de l'ordre?
- Non.
- De la part de D'Orazio non plus?
- Non, je n'ai rien à reprocher à la conduite de Roberto D'Orazio.
- La délégation syndicale a-t-elle été reçue par le bourgmestre?
- Non, après l'échaufourée, on s'est dispersés.
- Avez-vous vu des gens se diriger vers le commissariat?
- Oui, des manifestants sont allés vers le commissariat car un membre des forces de l'ordre prenait des photos.
- Est-ce que D'Orazio est allé vers le commissariat?
- Non, il est resté près de moi. Le principal souci de Roberto était de calmer les esprits.
- Avez vous assisté au saccage du commissariat?
- Je l'ai appris par la suite.

- En ce qui concerne les incidents de Ittre (les claques de Zenner; nda), vous souvenez-vous que des travailleurs y sont allés?
- Oui, j'ai appris que des travailleurs avaient décidé de leur propre initiative (donc sans l'accord de la délégation syndicale), d'aller rencontrer les curateurs qui tenaient une réunion. Les travailleurs voulaient leur demander une explication sur les retenues sur salaire. Quand la délégation syndicale a appris cela, elle a décidé de se rendre également au "relais du marquis" (là où se tenait la réunion; nda). Quand nous sommes arrivés avec la délégation, nous avons vu une vingtaine de travailleurs. J'étais avec D'Orazio et Marra ainsi que d'autres membres de la délégation. (...) Sur le parking, on a vu Zenner qui avait pris des coups.
- Quelle était l'attitude de D'Orazio et Marra?
- Tous les membres de la délégation syndicale ont tenté de calmer les travailleurs car ceux-cis étaient énervés.
- D'Orazio a-t-il proféré des menaces?
- Non, il n'a même pas parlé aux curateurs.
- Etes vous restés longtemps?
- 10 minutes et on est repartis?
- Des membres de la BSR ne vous-ont ils pas accompagnés?
- Oui, deux gendarmes nous ont accompagnés dans la camionette car ils voulaient en savoir plus.
- Sont-ils montés volontairement?
- Oui.
- Est-ce que l'un de vous a parlé energiquement ou pris par le bras un gendarme?
- Non, ce gendarme aurait put refuser de monter dans la camionette ou prendre son véhicule de service. Il nous accompagnait de son plein gré.
(...)
- En ce qui concerne la manifestation du 28 mars sur l'autoroute, avez- vous assisté à l'assemblée générale?
- Oui, ainsi qu'aux réunions préparatoires.
- Quel était le but de la manifestation?
- C'était d'aller bloquer l'autoroute. Nous avons clairement visé l'objectif lors de l'assemblée générale.
- Cette manifestation était-elle autorisée?
- La veille ou l'avant-veille, un chef de la BSR a signalé à Silvio Marra que nous pourrions occuper l'autoroute pour maximum deux heures. J'étais présent lors de leur accord.
- Que s'est-il passé lorsque vous êtes arrivés sur la bretelle d'autoroute?
- Un gendarme nous a fait savoir que nous n'avions plus l'autorisation de la bloquer et c'est alors que nous avons vu qu'ils avaient fait un barrage.
- A-t-il été question de forcer le barage?
- Il n'en a jamais été question.
- Que s'est-il passé ensuite?
- Roberto D'orazio a essayé de prévenir les travailleurs que l'on ne pouvait pas monter sur l'autoroute.
- Est-ce qu'il n'a pas dit: "on y va quand même"?
- Je ne l'ai pas entendu dire ça.
- Qu'a-t-il fait quand il a vu que certains voulaient forcer le barage?
- (...)Le but des délégués était de calmer les travailleurs et non de s'attaquer aux forces de l'ordre.
- Beaucoup de travailleurs avaient pourtant des batons, des intercalaires?
- C'était symbolique, pour faire du bruit et du feu comme on fait d'habitude et non pour s'en servir comme arme.
- Et les buldozers?
- C'était aussi symbolique, à chaque manifestation, on utilise les engins de manoeuvre.
- Ce n'était donc pas pour affronter les gendarmes?
- Quand on a sorti les bulls, nous n'envisagions nullement de les utiliser car nous étions dans l'ignorance que les gendarmes nous interdiraient l'accès à l'autoroute. Nous étions convaincus que nous pouvions manifester.
- Vous avez vu que les forces de l'ordre utilisait de grands moyens?
- Oui, un ouvrier a même été gravement blessé à la jambe. Pendant tous les incidents, les membres de la délégation syndicale sont restés à une centaines de mètres en retrait.
- Nont-ils rien fait pour exiter les manifestants?
- Ils ont tout fait pour calmer les travailleurs. Il faut dire que nous étions tous extrèmement surpris de ce qui se passait.

- En ce qui concerne l'agression d'un automobiliste par D'Orazio à Bruxelles ?
- Les faits relatés par les médias faisant état que D'Orazio aurait commis des voies de fait à Bruxelles. Je m'en souviens très bien que ce jour là, je suis resté toute la journée avec D'Orazio aux Forges de Clabecq. Cela m'a frappé car je me suis dit que c'était impossible car il était avec moi. On en a même fort rigolé, car on s'est dit que tout ce qui se passait en Belgique allait être mis sur le dos de D'Orazio.

Prochaîne sceance, lundi 18 mars au palais de justice de Bruxelles.
.