arch/ive/ief (2000 - 2005)

Entrevue avec Roberto D'Orazio
by Fico Friday March 08, 2002 at 09:35 PM
Fico@perso.be 0473.57.56.76

"Debout c'est ne pas s'aplatir devant les difficultés, ne pas se laisser embobiner, c'est se mettre debout pour faire face aux problèmes et la lutte de Clabecq a démontré que lorsque l'on se met debout, on arrive à régler des choses importantes".

Entrevue avec Robert...
robertzbakgm.jpg, image/jpeg, 384x293

# Quel bilan tirez vous de toutes ces années de lutte ?

Le bilan mérite une réflexion qui n'a pas encore été faite mais en tout cas ce qui peut ressortir comme un thème c'est que lorsque les travailleurs sont bien organisés, ils peuvent faire face à la dérive de ce système.

# Quelle est la réalisation dont vous êtes le plus fier dans votre carrière de délégué syndical ?

C'est la participation à la délégation syndicale des Forges de Clabecq et certainement à toutes les manifestations et ce combat que l'on a fait pour combattre le système et sauver l'entreprise.

# Si c'était à refaire, y aurait-il des choses que vous feriez autrement ?

Non, j'aurai peut-être intensifié certaines choses que l'on a faites mais pas autrement.

# Quelle est la particularité de votre lutte, en quoi diffère-t-elle des précédentes ?

C'est qu'elle a mobilisé autour d'un thème essentiel. D'abord elle a refusé en partie le volet social en disant que le volet social ce n'est pas l'alternative pour les travailleurs. L'alternative pour les travailleurs, c'est les entreprises et la production de richesses. Après se pose une autre question c'est de savoir pourquoi ces richesses continuent d'être accumulées quelque part. Si elles ne sont plus productives, c'est l'instauration de la misère. Cette lutte a eut comme particularité de s'attaquer directement au système économique étant donné les tenants et les aboutissants, et elle a été une lutte politique. Donc elle se différencie des précédentes par le fait que nous nous sommes mis debout face à la réalité et aux dérives de ce système pour les combattre.

# Votre livre s'appelle debout, votre parti lors des élections européennes aussi. Pourquoi debout ?

car debout c'est faire allusion à une grande partie de l'histoire, à l'internationale . Debout c'est ne pas s'aplatir devant les difficultés, ne pas se laisser embobiner, c'est se mettre debout pour faire face aux problèmes et la lutte de Clabecq a démontré que lorsque l'on se met debout, on arrive à régler des choses importantes. C'est donc dans ce sens, debout, pour faire face.

# Quel est pour vous le sens profond de ce procès, quels enjeux sont à la clé ?

Dans ce procès, le tribunal utilise l'article 66§4 qui est politiquement lié aux événements de 1887, période de la révolte de la faim au moment où la classe ouvrière n'était même pas reconnue, le système censitaire garantissait un gouvernement de gens riches qui s'élisaient entre eux. Et donc c'est un article qui a été établit pour réprimer des gens qui se révoltaient contre la faim et la misère. Si aujourd'hui, il est appliqué dans le conflit des Forges de Clabecq, c'est effectivement pour démolir la volonté des délégués de différentes associatives, pour empêcher la liberté d'expression et pour casser la lutte des Forges de Clabecq.

# Quel bilan tireriez-vous d'une condamnation ?

De toute façon, condamnation ou pas, on est entraînés en temps que délégués depuis plus de quatre ans au tribunal et c'est déjà une lourde condamnation. Il faut absolument faire prendre conscience qu'il y a un appareil de l'état qui s'appelle la justice et qui n'est pas différend de l'état, qui vient de lui et défend ses intérêts et l'état défend ceux de l'économie capitaliste. Et donc un instrument qui est créé par l'état ne va pas défendre une autre justice que celle du système économique capitaliste dans toutes ses composantes et dans toute sa compréhension.

# Vous avez soulevé par votre lutte toute une vague de répressions notamment du monde politique, des médias, de la justice et même du monde syndical. Comment interprétez vous que tout ces gens vous en veulent ?

Je ne sais pas si ils m'en veulent, mais moi en tout cas, je leur en veux, ça c'est sûr. Le fait est qu'il se sont coalisés car ils défendent les mêmes intérêts. C'est un élément grave car on y retrouve l'organisation syndicale, on y retrouve certains partis politiques qui prétendent être les représentants des travailleurs et qu'ils ne le sont pas. Donc ils défendent un intérêt de l'économie capitaliste, du monde patronal et des banquiers. C'est pourquoi ils se sont coalisés contre les travailleurs des Forges de Clabecq qui, évidemment, affrontaient de face le système car ils n'acceptaient pas la fermeture. Dans cette coalition chacun à son rôle comme dans un jeu d'échec, il y a le roi, la reine et les valets. L'organisation syndicale est en train de jouer le rôle du valet.

# Pourquoi avoir créé le M.R.S (mouvement du renouveau syndical) ? Quel message contient-il ?

Le M.R.S est un mouvement qui a des hauts et des bas. Il vise à conscientiser toute personnes et cela même en dehors du monde syndical de l'exclusion que le syndicat fait de la liberté d'opinion et d'expression. Quand on n'est pas d'accord avec leur vision de valet du système économique actuel qui balaye toute la valeur humaine, alors ils excluent. Alors nous voulons soulever une réflexion sur le fait qu'il n'est pas question d'accepter cette discrimination, cette exclusion du monde syndical auquel il faudrait rappeler qu'il appartient aux travailleurs.

# Que tirez-vous comme conclusions de l'occupation de la rue Haute ?

C'est un événement très important dans la mesure où ils ont démontrés aussi leur incapacité à vouloir dialoguer. Il y a eût occupation pour pouvoir dialoguer avec les responsables de la FGTB pour discuter le problème du coût du procès. Nous sommes des gens du syndicat et ils doivent prendre cela en charge. Ce que Michel Nollet et la structure syndicale nous a envoyé comme réponse, c'est de nous envoyer les gendarmes pour nous tabasser et nous mettre dehors. Je connaît très peu de patrons qui ont fait ça en Belgique. Quand on occupait l'entreprise pour défendre les salaires, une partie du syndicat comprenait cette action comme étant un moyen de pression pour aboutir à des négociations. Le président général de la FGTB, d'ailleurs je crois qu'il perd complètement les pédales, tout ce qu'il a trouvé comme réponse, c'est d'appeler les forces de l'ordre pour nous déloger. manu militari.

# Comment percevez vous la fermeture du haut fourneau et de l'acièrie à Clabecq ? La reprise par Duferco est-elle un leurre ?

On l'avait déclaré à l'époque et c'est un problème quand on anticipe les raisonements économiques et politiques car en on connaît les règles de fonctionnement et c'est difficile d'être accepté par tout le monde. Nous avions déclaré que Duferco ne vennait pas pour faire tourner les Forges de Clabecq. En attendant, c'était le seul repreneur potentiel et il représentait un espoir pour le monde du travail. C'est un faux espoir car n'amenant pas d'argent et de plan industriel, ils ne pouvaient asssurer la viabilité de l'entreprise.

# Que voudriez vous dire a tout ceux qui vous soutiennent depuis toutes ces années ?

Ils me soutiennent et je les remercie pour cela mais ils soutiennent aussi un événement beaucoup plus important et qui me paraît être essentiel, ils luttent contre la répression qui est exercée à l'encontre des gens qui n'acceptent pas la misère, le chomâge, la discrimination ni le système tel qu'il est avec toutes ses dérives et qui visent à une meilleure société. Aujourd'hui, c'est autour du procès mais nous aurons certainement l'occasion de se mobiliser pour beaucoup d'autres problèmes par la suite.

# Le mot de la fin ?

C'est de dire aux gens qu'ils ne doivent pas se décourager. Le problème devient très difficile aujourd'hui car le système est en train d'y mettre beaucoup du sien pour alièner les gens et pour leur faire croire n'importe quoi. Il faut absolument qu'on arrrive à se regrouper pour dire non. Que toutes les saloperies qui sont en train d'arriver dans notre pays et dans le monde ne peuvent pas être faites à notre nom. Il faut se détacher de ça et ne pas être d'accord avec toutes ces guerres, ces fermetures, tout ce système qui balaye la valeur humaine.
.