arch/ive/ief (2000 - 2005)

Depuis septembre 2000, le gouvernement espagnol tente de faire accepter son Plan Hydrologique National.

Ce project, qui rencontre une forte résistance, a comme but de transvaser des volumes très importants d'eau provenant de la vallée de l'Ebre, des Pyrénées et du Rhône, vers les régions méditérranéennes. Cette opération nécessiterait la construction de 118 barrages, et de 529 kms de canalisations. Les estimations des coûts dépassent les 4 milliards d'euros, dont le tiers viendrait des fonds européens.

Les populations aragonaises, ainsi que des scientifiques et des groupes écologistes, s'insurgent pour des raisons multiples.

Catastrophe écologique:

• Le delta de l'Ebre est une zone marécageuse sensible, et la région n'est plus excédentaire en eau, donc lui soustraire de l'eau provoquerait des dommages environnementaux importants (disparition de flore et de faune, salination…)
• Le PHN est en contradiction avec des directives européennes existantes selon lesquelles, afin de protéger l'environnement, chaque bassin fluvial doit être géré de façon individuelle.
• On ne propose aucune mesure contre le gaspillage de l'eau.

• Le PHN apporterait une eau fortement subsidiée à des cultures bénéficiant déjà d'une manne publique. Ces cultures sont souvent inadaptées au climat local, donc très gaspilleuses en ressources.

• La construction de barrages inonderait des zones rurales et impliquerait donc le déplacement des populations locales, avec les inévitables conséquences sociales, culturelles, économiques…
• La ressource naturelle serait transporté de la région à croissance et PIB inférieure, vers la région plus riche. Les populations du Nord se révoltent à l'idée qu'elles seraient pillées au bénéfice du tourisme, et d'un système agricole connue pour un quasi-esclavagisme pratiqué vis-à-vis des immigré-e-s.

• Sous le PHN, le prix de l'eau monterait à 150 pts par m3 - le prix actuel est de 40 pts /m3
• Dans les documents d'analyse provenant de gouvernement espagnol, les côuts de la désalination de l'eau de mer sont surévalués. Les études indépendantes démontrent que la désalination est une option plus économique que le transvasement.

En octobre 2000, 400.000 personnnes ont défilé contre le PHN à Saragosse, une ville de 650.000 habitants. Les préoccupations des manifestants ont été suivies par le Parlement Européen qui a voté (novembre 2001) une motion exprimant une profondé inquiétude au sujet du projet. Une Marche Bleue est partie de l'Ebre pour déferler sur Bruxelles en décembre 2001.

Des scientifiques et des ONG ont coulé leurs critiques du Plan dans un rapport destiné à la Commission Européenne (février 2002). Leur condamnation de la manque d'objectivité et de rigeur dans l'analyse de la part du gouvernement espagnol est sévère, elle rejoint les idées des activistes sur le terrain, qui ont lancé un manifeste plaidant pour une révision radicale de la politique du gouvernement.

La solution est une nouvelle culture de l'eau. Il faut apprendre à mieux utiliser l'eau disponible, améliorant sa qualité et dévéloppant une gestion efficace, économe et juste. Selon le manifeste, une grand nombre d'expériences à travers le monde démontrent que ceci serait possible, nécessaire et aurait un effet social beaucoup plus positif que le fait de consacrer de vastes sommes d'argent public à des projects qui alimentent le réseau corrompu de quelques grands constructeurs.

Le 10 mars ces revendications seront portées par une marche à Barcelona, dans le cadre du Sommet Européen.
www.ebre.net

Le PHN doit être étudié dans le cadre des politiques de libéralisation européennes. L'eau se trouve dans la liste de secteurs à privatiser. Le project du gouvernement espagnol vise à développer un marché pour cette "or bleue".

Selon Pedro Arrojo, professeur d'économie à l'université de Saragosse et président du Congrès Ibérique de Gestion de l'Eau:

"Derrière le plan on trouve bien sûr les lobbies traditionnels du béton et de l'hydroélectrique, mais il y a un nouvel intérêt qui apparaît. Depuis l'adoption d'une nouvelle loi sur l'eau proposée par le Parti Popular en 1998, la gestion des eaux urbaines a été privatisée. Les marchés d'eau pour les villes sont devenus très importants et les grandes entreprises françaises sont fortement impliquées sur la côte méditerranéenne."
http://www.rivernet.org/Iberian/planhydro.htm