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500 jours de grèves de la faim!
by tayadkomite Tuesday March 05, 2002 at 11:32 PM
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APPEL POUR UNE MISSION URGENTE D'OBSERVATION DANS LES PRISONS TURQUES

500 jours de grèves ...
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APRES 500 JOURS DE GREVE DE LA FAIM, LE MINISTRE DE LA JUSTICE TABLE SUR L'EXTERMINATION DE TOUS LES DETENUS POLITIQUES D'ICI UN AN

APPEL POUR UNE MISSION HUMANITAIRE EN TURQUIE
Cela fera bientôt 500 jours que dure le mouvement de grève déclenché par près d'un millier de détenus politiques peuplant les grandes chambrées caractéristiques des prisons de «type E». Depuis, 85 détenus et leurs proches ont décédé suite à leur jeûne. Sur ce nombre total de victimes, 28 détenus avaient été sauvagement tués durant un assaut perpétré par les forces militaires le 20 octobre 2000 dans le but de transférer les détenus vers les nouvelles prisons de type F. Et c'est précisément par refus de ce nouveau système pénitentiaire basé sur l'isolement, causant des dégâts aigus d'ordre psycho-physique, et les rendant davantage vulnérables face à leurs tortionnaires, que les détenus refusent toujours de s'alimenter.
Récemment, quatre barreaux du pays ont lancé une proposition appelée «3 portes, 3 clés» prévoyant l'ouverture de trois portes de cellules communiquant sur un seul corridor, ce qui mettrait un terme à l'isolement puisque les détenus pourraient désormais se rencontrer par groupes de neuf. Cette proposition est largement soutenue par les forces démocratiques et les grévistes eux-mêmes, qui, le cas échéant, seraient prêts à cesser leur jeûne. Mais le ministre de la justice Hikmet Sami Türk refuse tout compromis allant jusqu'à déclarer à la presse que si celle-ci «venait à cesser de parler de cette grève de la faim, le mouvement s'essouflerait de lui-même et prendrait fin dans un délai minimum de 6 mois et maximum d'un an.» (Cumhuriyet, 18 février 2002).
En toute évidence, au lieu de résoudre le conflit, les autorités cherchent avec un acharnement criminel à ôter aux détenus toute possibilité de faire entendre leur voix. Pour venir à bout d'eux, les autorités ont successivement utilisé :

1. la violence et la torture, notamment en perpétrant des assauts militaires appelés «opérations de retour à la vie» (le 19 décembre 2000, dans 20 prisons, le 5 et le 13 novembre 2001 dans le quartier stanbouliote de Küçükarmutlu, faisant quatre morts)
2. la censure pour tuer les détenus par le silence et l'indifférence.
3. le mensonge et la démagogie en prétendant notamment que les grévistes de la faim étaient «forcés à jeûner par leurs leaders vivant à l'étranger dans l'opulence», que les grévistes étaient des «fanatiques suicidaires agissant sans le moindre but» ou encore que «l'intention des grévistes était de mettre la sécurité nationale en danger» etc. Plus les autorités mentaient et plus le nombre de volontaires de grévistes s'est accru.
4. les pressions, les poursuites judiciaires et les condamnations contre les journalistes, les ONG, mais aussi les familles, les avocats et les médecins qui ont soutenu, même passivement, les grévistes de la faim.
5. le «lock out»par la mise en liberté conditionnelle des détenus qui poursuivent la grève de la faim, tablant sur le décès des grévistes à l'extérieur pour se laver de toute responsabilité.
6. les interventions médicales forcées comme forme de torture redoutable, car celles-ci provoquent le syndrome de Wernicke-Korsakoff, c'est-à-dire une amnésie rétrograde (avec des troubles comme l'ataxie, l'apathie, des hallucinations…). Plus de 400 détenus ont été mutilés des suites de ce supplice médical.
7. la légalisation de la torture par la perfusion forcée alors que les conventions médicales internationales comme les traités de Malte et de Tokyo interdisent formellement ce genre de pratiques.
8. le chantage sur les détenus en les autorisant à rencontrer leurs co-détenus s'ils font preuve de repentance en renonçant officellement à leur convictions politiques.

Aujourd'hui, quelques 140 détenus politiques observent toujours la grève de la faim. Chaque seconde, ils meurent un peu plus parce qu'ils veulent simplement vivre dans la dignité.
L'association d'entraide avec les familles des détenus (TAYAD) appelle des observateurs internationaux à se rendre en Turquie pour contribuer à mettre fin à cette tragédie humaine.

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