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Clabecq: Interview d'un ancien délégué de la CSC aux Forges
by Fico Tuesday March 05, 2002 at 05:10 PM
Fico@perso.be

Entrevue avec Salvatore Alba, ex-délégué principal CSC aux Forges de Clabecq.

# Vous êtes ancien délégué syndical des Forges de Clabecq à la CSC?

Tout à fait, oui

# Qu'est-ce qui motive votre présence aujourd'hui?

Je suis ici aujourd'hui plus par esprit de solidarité avec mes camarades qui se trouvent du côté des inculpés parce que mon devoir était d'être présent et de par ma présence j'exprime ma solidarité avec eux et j'espère que quelque part, cela les réconforte.

# Quelle est votre vision de la lutte syndicale de Clabecq, en tant qu'ancien syndicaliste des Forges?

Avec le temps qui passe, je dis que c'est triste car nous avons vécut ce qu'il y a de plus beau dans la lutte syndicale et on essaye aujourd'hui de démontrer tout le contraire. Les valeurs syndicalistes sont en train de se perdre. On est en train d'essayer au niveau politique de prouver qu'il faut devenir des moutons car toute façon, si vous voulez revendiquer le droit, le simple droit au travail, alors vous êtes considérés comme les pestiférés de Clabecq et vous allez payer le restant de votre vie.

# Que se serait-il passé à Clabecq sans la délégation des treizes?

La toute première chose, plus de 1000 travailleurs à un moment donné, n'auraient pas put bénéficier de 5 ans de travail. De plus, si Duferco a put reprendre les Forges de Clabecq dans un état impeccable, c'est tout simplement parce que la délégation syndicale de l'époque qui était au chômage, car nous étions chômeur, a fait en sorte que l'usine soit en bon état de marche pour un éventuel repreneur. Pour moi, c'est la plus grande victoire car on a put, nous, délégation syndicale locale, faire travailler des milliers de personnes et faire en sorte que des enfants vivent dans de bonnes conditions. Pour moi, déjà ça, c'est déja une grande victoire.

# Que pensez-vous du rôle de la justice par rapport aux syndicats?

Je pense que la justice devrait mettre plus d'énergie à juger des gars comme Dutroux, et mettre plus de moyens pour essayer de combattre la fraude fiscale, je pense notamment à la KBlux, plûtot que d'aller embêter les travailleurs qui participent pleinement à la vie économique du pays et qui, eux, ont de bonnes intentions. Moi, je ne sais pas frauder des milliards, je ne gagne pas ça. La KBlux a fraudé je ne sais combien de milliards et on ne dit rien et pour nous, petits travailleurs, on met des moyens, on met de l'argent, des juges et des années et des années de procédure. Si ce temps et cette énergie, ils les mettaient pour combattre la fraude fiscale, il y aurait plus de moyens pour trouver de l'emploi pour les jeunes.

# Quel est votre regard sur la délégation de Ceux de Clabecq?

J'étais très jeune à l'époque (je le suis toujours), et pour moi, les Forges de Clabecq, ça a été une grande école de la vie dans le sens où j'ai acquis une énorme expérience au niveau humain. L'esprit de solidarité, que je n'ai pas encore retrouvé, je ne sais pas si je le retrouverai un jour, une combativité et le souci surtout du bien-être de son collègue et vice versa. C'est toujours, pour moi, une grande famille, c'est toujours une grande joie de rencontrer les anciens travailleurs des Forges de Clabecq. On a toujours eût cette flamme qui fait que nous sommes des frères.

# Que pensez-vous de la position du syndicat en ce qui concerne le procès?

Je vais parler pour ce que je connais moi. J'étais l'ancien délégué syndical principal de la CSC aux Forges de Clabecq. Dans la CSC, du moins dans le secteur métalurgique, sans mâcher mes mots, je dirais qu'il y a des personnes dans la structure hiérarchique qui ne sont absolument pas à leur place et certainement pas, et là je peut l'affirmer haut et fort, ils n'ont certainement pas la fibre syndicale et ce ne sont que des administratifs, je dirais même des sbires du monde patronnal.

# Que pensez-vous de la fermeture du haut fourneau et de l'acièrie à Clabecq? La reprise par Duferco est-elle un leurre?

La reprise par Duferco a eut un aspect positif, certaines personnes ont put, via la reprise, pouvoir bénéficier de la prépension. Maintenant, d'un autre côté, il était clair qu'a l'époque, si il n'y avait pas un investissement qui se faisait, cela se destinait à une bête fermeture comme on le voit aujourd'hui. C'est triste mais n'étant plus à l'intérieur, je ne peux que suivre ça de l'extérieur et être impuissant face à ce qui se passe. L'actuelle délégation syndicale locale de Duferco a étée conditionnée, par là, je ne lui en veut pas, ce sont des gens qui ont fait du mieux qu'ils pouvaient mais c'est la structure qui a joué un drôle de jeu et on a placé la des gars qui, franchement, n'avaient aucune expérience du milieu syndical et il faut savoir que à Duferco-Clabecq, personne, je dis bien personne n'a été repris. Aucun travailleur protégé dans le sens qu'il figurait sur les listes syndicales, n'a put avoir la chance de pouvoir être repris aux Forges. Donc on a placé là des garçons qui n'avaient aucune expérience syndicale devant un monde patronnal, qui, eux ont 42 longueurs d'avance sur nous dans le sens de la formation, qu'est-ce que vous voulez, les pauvres, je suis convaincu qu'ils ont fait du mieux qu''ils ont put mais c'était aussi une volonté de la structure, de la hiérarchie syndicale, de placer là des gens qui ne les embêttait pas trop et cela leur convenait amplement
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