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Affaire Clabecq: Interview d'un délégué syndical de Caterpillar
by Fico Monday March 04, 2002 at 04:21 PM
Fico@perso.be

Interview de Antonio Cocciolo, délégué syndical à Caterpillar.

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Interview de Antonio, délégué syndical à Caterpillar :

# Donc, vous êtes délégué syndical à Caterpillar?

Oui, depuis 1987, donc cela fait 15 ans.

# Qu'est-ce qui motive votre présence aujourd'hui?

Je crois que à travers ce procès, c'est une atteinte directe aux libertés syndicales, et donc à la démocratie dans ce pays.
Et donc la motivation de ma présence c'est effectivement de pouvoir continuer à s'organiser dans une organisation syndicale qui a pour objectif de défendre les travailleurs et si aujourd'hui le tibunal juge et condamne les délégués de Clabecq, il est évident que dans les prochaines semaines ou les prochains mois ou les prochaines années, c'est les délégués de Caterpillar et les autres qui ont un syndicalisme de combat qui seront condamnés.

# Quelles ressemblances a votre usine avec les Forges de Clabecq?

Clabecq et Caterpillar ont toujours eut des liens proches, des liens politiques et syndicaux. Il y a eu une lutte similaire qui a étée menée dans les deux entreprises et on a historiquement des liens très forts sur la politique à mener et sur le genre de syndicalisme et donc un syndicalisme de combat.
Il y a donc une ressemblance significative, bien que nous n'avons pas vécut tout à fait le même scénario. Clabecq a vécu une fermeture d'entreprise et a réagit par rapport à une attaque frontale. Nous n'avons pas encore vécut cette situation mais cela peut venir et si jamais, un jour on en arrive à fermer Caterpillar, nous aurons la même réaction qu'eux, il n'y a pas d'autres solutions.

# Quel est votre vision de la lutte syndicale de ceux de Clabecq ?

La délégation de Clabecq, depuis des années, a une histoire syndicale. Ils ont mis en application un syndicalisme de combat et pas un syndicalisme de réalisme économique. Donc je pense qu'on est liés depuis des années avec ceux de Clabecq. Effectivement, nous avons ensemble, une conception bien particulière du syndicalisme.

# Pour un syndicalisme Debout?

Je pense que pour survivre, il faut un syndicalisme de combat, qui reste debout.

# Quel est, pour vous, la position que doivent tenir les syndicats par rapport à ceux de Clabecq?

L'organisation syndicale doit soutenir ceux de Clabecq car il en va de la viabilité de l'organisation syndicale et je le répète,de la liberté syndicale dans ce pays.

# Que pensez vous du rôle de la justice par rapport aux organisations syndicales et particulièrement dans le conflit de Clabecq?

La justice est dans ce cas une justice de classe, une justice à deux vitesses. Aujourd'hui, je pense qu'il est plus dangereux de mettre en balance un système économique que d'assassiner une personne et je crois que aujourd'hui c'est clair pour tout le monde quand vous mettez en cause le système économique, le système capitaliste, il est évident que vous risquez gros, c'est la preuve encore aujourd'hui.

# Donc il y a beaucoup d'enjeux dans ce procès pour la protection des droits syndicaux?

Tout va dépendre de la finalité, du jugement. Si le jugement est négatif et condamne les délégués, Roberto D'Orazio et Silvio Marra, je pense que dans les prochains mois, dans les prochaines années, cela va être difficile de s'organiser pour défendre les travailleurs car il est évident que par rapport à ce jugement, il y a énormément de délégués et de travailleurs qui vont se méfier un peu de tout et quand on se méfie, on est pas aussi efficace que l'on voudrait l'être.

# Et si le jugement débouche sur un acquitement?

Si il y a acquitement des délégués, se sera encore une démonstration que c'est dans la rue que les choses doivent changer. Si on arrive a ce que les gens se mobilisent dans la rue, et manifestent contre un pouvoir politico-judiciaire, alors on arrive à faire changer les choses. Si c'est pas le cas, alors on doit se reposer nous même les questions de mobilisation.

# Qu'avez vous tiré comme conclusions, comme "leçons" de la lutte de ceux de Clabecq?

Je crois que l'on a énormément de leçons à retirer du conflit de Clabecq. C'est que effectivement on ne peut compter que sur la solidarité des travailleurs pour résoudre les problèmes. Il est évident que certaines structures politiques ou syndicales, qui dès qu'il y a des difficultés qui les dépassent, laissent tomber les organisations syndicales et les délégués qui sont dans les entreprises. il est évident que seul le rapport de force est la seule force que l'on peut avoir en temps que délégué, c'est le rapport de force à travers ses travailleurs et c'est d'avoir le sentiment et l'assentiment des travailleurs dans une entreprise. Quand on mêne une lutte aussi forte que ceux de Clabecq, si vous n'avez pas les travailleurs derrière vous, vous n'avez personne pour vous aider. La solution et la seule possibilité pour que des délégués qui défendent les travailleurs puissent survivre, c'est d'avoir le rapport de force des travailleurs, c'est ça qui permet de survivre, le reste, je crois que c'est de la fumée, du bluff. Je crois que la vraie solidarité, c'est celle des travailleurs.
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