Après l'Afghanistan, Bush veut s'attaquer à l'Irak

Suite au discours sur l'Etat de l'Union dans lequel Georges Bush a pointé «l'axe diabolique » Irak, Iran, Corée du Nord, le journal Anglais The Guardian révèle que la prochaine cible américaine sera l'Irak. L'objectif est clair : faire tomber le régime de Saddam Hussein.

Article écrit sur base des informations du Guardian du 14 février 2002

Pour The Guardian, les récentes déclarations de Bush sur «l'axe diabolique » montre que les Etats-Unis usent du prétexte de la guerre anti-terroriste pour mettre au pas des Etats qui résistent à son hégémonie mondiale(1). L'Irak résiste à la domination américaine depuis maintenant plus de 10 ans, l'Iran depuis 23 ans et la Corée du Nord depuis 52 ans. La première étape de cette guerre sera l'Irak contre lequel les menaces se précisent.
D'après des sources diplomatiques, les Etats-Unis se préparent à lancer 200.000 soldats américains stationnés à partir du Koweït contre l'Irak. Pour George Bush, la politique d'embargo menée jusqu'à présent est un échec. Les Etats-Unis préparent des plans de guerre ouverte et secrète. Et George Bush de préciser : « Je me réserve l'option que je choisirai (…) Saddam Hussein doit comprendre que je suis sérieux concernant la défense de notre pays »(2). Défendre son pays contre quoi ?
Le prétexte est toujours le même. Les Etats-Unis accusent l'Irak d'entretenir un stock d'armes de destructions massives biologiques et bactériologiques qui menaceraient les troupes américaines stationnées au Koweït et Israël. Pour minimiser ce danger, l'état major américain se dit prêt à lancer une campagne intensive de bombardement et de lancement de missiles contre des cibles irakiennes.

Les 200.000 hommes prévus seraient appuyés par des opérations de guerres secrètes menées par les Forces Spéciales. Les opérations seront dirigées à partir des différents centres de commandement de la région : le centre de commandement de l'Air Force basé en Arabie Saoudite, celui de l'armée de terre basé au Koweït et celui de la marine basé à Bahreïn. Les Marines sont également mobilisés. Les Etats-Unis envisagent de déployer le Centre de Commandement Central des Marine à Bahreïn, immédiatement après leur retrait d'Afghanistan.
Les préparatifs vont bon train. Des exercices militaires rassemblant les forces américaines, israéliennes et turques ont déjà eu lieu cette année en Anatolie (centre de la Turquie) tandis que trois autres exercices de manœuvres sont déjà programmés sur la base turque de Konya pour les mois à venir. Celle-ci pourrait servir de base de départ pour des frappes aériennes sur le nord de l'Irak.

Un scénario à l'Afghanistan.

Comme en Afghanistan, les Etats-Unis prévoient de s'appuyer sur l'opposition interne au régime de Saddam Hussein. Le Congrès National Irakien (CNI) a déjà été, à de nombreuses reprises, approché par la CIA afin de mettre au point une logistique d'entraînement et d'armement de ses partisans. La CIA a néanmoins des doutes sur les capacités militaires du CNI. Pour y pallier, la CIA est déjà occupée à armer et entraîner des combattants kurdes dans le Nord de l'Iraq ainsi que des combattants Chiites au Koweït. The Guardian révèle en outre que la CIA et les Forces Spéciales sont à pied d'œuvre pour préparer dans les mois à venir une intense campagne de sabotage et de propagande.

Des alliés divisés.

Pour leur part, les principaux alliés des Etats-Unis sont divisés sur la question d'une intervention militaire en Iraq. Ceux-ci espèrent que les Etats-Unis reviennent sur leur position si Bagdad accepte une inspection internationale inconditionnelle des capacités militaires de l'Irak. Ceci alors que le régime international de sanctions contre l'Irak doit être réévalué en mai prochain.
De leurs côtés, les irakiens, par la voie du vice-président Taha Yassin Ramadan, ont assuré qu'il n'y avait aucune raison que les inspecteurs de l'ONU ne continuent pas leur inspection. Cette bonne volonté irakienne est très mal perçue par les Etats-Unis, ce qui fait dire à une source des services secrets américains que Washington vise à provoquer une crise, et d'ajouter que la guerre pourrait commencer immédiatement après l'ultimatum du mois de mai. Les alliés des américains au Moyen-Orient soutiennent l'initiative militaire mais sont confrontés à la pression de la rue qui voit, à juste titre, dans cette nouvelle menace qui plane sur l'Irak une nouvelle expression de l'impérialisme américain.
Du côté européen, la France et l'Allemagne ont affirmé qu'ils ne suivraient pas Washington dans une nouvelle guerre contre l'Irak.
Tony Blair, pour sa part, refuse de se joindre à la désapprobation française et allemande alors que le Foreign Office (Ministère des Affaires Etrangères anglais) confirme que le début des actions militaires pourrait survenir d'ici quelques mois.
Pour le Foreign Office, les choses sont claires : « Le Premier Ministre (Tony Blair) a clairement exprimé que la campagne (contre le terrorisme) était composée de deux phases : la première s'est concentrée sur l'Afghanistan et la deuxième s'intéresse à différents aspects du terrorisme international, comme les armes de destructions massives ». Dans ce contexte, de nombreux contacts ont déjà lieu entre le Département d'Etat américain et le Foreign Office anglais sur la stratégie à utiliser contre l'Iraq. L'hypocrisie atteint ici des sommets. Car si l'on suit la définition de terrorisme que donne Tony Blair, il faudrait en priorité s'attaquer aux Etats-Unis même qui produisent, financent et fournissent de par le monde une quantité invraisemblable d'armes de destruction massive.

Une nouvelle guerre se prépare et qui en annonce d'autres. L'axe diabolique décrit par Bush est constitué de l'Iran et de la Corée du Nord en plus de l'Irak. Ces deux pays sont déjà dans la ligne de mire des Etats-Unis. Il est temps de développer un vaste mouvement pour la paix. Dans ce but, SOS Enfants d'Irak et Médecine Pour le Tiers Monde organisent un voyage de solidarité en Irak du 13 au 27 avril 2002.

arch/ive/ief (2000 - 2005)