Rapport du procès des trois manifestants de Brême by Cecily Tuesday February 12, 2002 at 11:40 AM |
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Hier 11 février, c'était la deuxième audience devant le Tribunal correctionnel de Bruxelles. Prochaine audience: 11 mars. Si l'Etat de droit est respecté, ils doivent être acquittés faute de preuves. Le sera-t-il? Suspense!
(D'après les reportages de
de Mara et de Raf Custers parus en NL sur Indymedia)
Niels, Marek et Benjamin, qui ont tous les trois entre dix-huit et vingt ans, sont inculpés d'avoir jeté des pierres à la police le 14 décembre 2001 à Tour et Taxi, après l'arrivée de la manifestation du D14. Ce matin, tous trois étaient pour la deuxième fois devant le tribunal correctionnel de Bruxelles. Le juge, en lisant le rapport de la police, a révélé que la police les accuse d'avoir été armés et d'avoir utilisé des techniques de guerilla. La prochaine audience aura lieu le 11 mars.
Une affaire médiatisée
Les trois prévenus sont venus avec une quinzaine de membres de leur famille et d'amis. Ils sont toujours restés en contact avec les avocats du legal team bruxellois. Ils ont aussi dû prendre chacun un avocat belge non engagé dans le D14, donc extérieur au legal team. Leur problème avec la justice belge a, par ailleurs, été très médiatisé en Allemagne. C'est pourquoi la presse était là également.
Les armes défensives
Au début de l'audience, le juge discuta avec les trois jeunes, qui étaient assistés d'un interprète. Le premier est encore à l'école secondaire, l'autre est étudiant en sociologie et le troisième est employé dans une librairie. Tous trois portaient un foulard le 14 décembre, mais, répondirent-ils, pas pour se cacher le visage. Tous trois étaient également munis d'un masque à gaz et d'un casque. Le juge leur demanda dans quel but. Il leur demanda aussi pourquoi ils étaient venus à la manifestation du 14 décembre. Ils répondirent: « Parce que nous ne voulons pas la guerre et que nous voulons une autre Europe. » « Mais si vous êtes des pacifistes, demanda le juge, pourquoi aviez-vous besoin d'une tenue de protection? » Il supposait que les manifestants paisibles n'ont jamais d'ennuis avec la police, et que si ceux-ci avaient amené cet attirail, c'était dans une intention belliqueuse. Benjamin expliqua qu'ils l'avaient pour se prémunir contre la violence policière qui peut survenir durant ces manifestations. Après avoir vu les images de Gènes, où la police chargeait sur les manifestants, ils avaient décidé de venir à Bruxelles avec quelques vêtements de protection.
Et les jeunes de nier avoir lancé des pierres sur la police.
Le film
Le Ministère public possède un film video de 16 minutes, mais celui-ci n'a pas été montré. Le procureur en dit que de toute façon, personne n'y est identifiable. Cela vient du fait que les policiers ne sont pas des cameramen experts, et aussi du fait que les manifestant du noyeau dur étaient habillés en gris ou en noir. Et parmi ces silhouettes, on ne reconnaît pas les trois inculpés. C'est pourquoi, dit le procureur, il n'est pas nécessaire de montrer les images.
Cette video fait partie d'un « dossier général » qui n'a rien à voir le procès des trois Allemands. On regrette que la défense n'ait pas insisté pour qu'on visionne quand même ce film, car qui sait, il contenait peut-être des éléments de nature à discréditer quelque peu les policiers en tant que témoins de leur propre action.
Témoignage à charge
Le procureur avait en effet cité quatre policiers comme témoins. Un seul d'entre eux s'est exprimé ce matin: Serge Vanhollebeek, de la police de Bruxelles, qui était ce jour-là en civil et se trouvait à l'avant de la manifestation, fournissait des informations au commandement central. Monsieur Vanhollebeek raconte que ses collègues en civil et lui furent très vite repérés et talonnés par ceux du legal team, ce qui les mettait en danger. Ils ont dû fuir et ont sonné à la porte d'un bâtiment dont il se trouvait qu'on y disposait d'une bonne vue sur la fin de la manifestation et sur le site de Tour et Taxi. Alors que Monsieur Vanhollebeek décrit ce lieu comme un refuge improvisé, il apparaît bientôt que c'est l'immeuble de la KBC, dont il était prévu longtemps à l'avance qu'il serait prêté par ses propriétaires à la poluce afin qu'elle y observe les manifestants à leur arrivée à Tour et Taxis.
Monsieur Vanhollebeek, à l'audience, répète qu'il reconnaît formellement les trois garçons comme ayant fait partie du noyeau dur, car dit-il, au moment d'entrer dans le domaine, ils ont enlevé leurs foulards.
D'autres films
La police avait barré deux rues dans le voisinage de Tour et Taxi et voulait entrer dans le domaine avec une autopompe. Les manifestants ont fermé les grilles pour l'en empêcher. C'est alors que des manifestants ont lancé de projectiles sur le véhicule. Mais la police prétend le contraire: les manifestants ont d'abord fait pleuvoir des objets contondants sur les policiers et c'est pour cela que l'autopompe est venue rafraîchir les esprits.
Monsieur Vanhollebeek affirme qu'il existe un autre film de ces événements, un film fait par la police d'Elsene avec une vieille camera VHS. Selon lui, ces images sont tout aussi inutilisables que celles qui ont été communiquées au parquet. Par ailleurs, peut-être que certains manifestants ont remarqué que dans chaque autopompe, il y avait un policier qui filmait tout avec un mini DV. De plus, la police a confisqué six cassettes aux collaborateurs d'Indymedia. Avec tout cela, il paraît bien invraisemblable que la police ne dispose d'aucun matériel video utilisable, et ceci renforce le soupçon que la police ne sortirait pas à son avantage de la publication de ces images.
Remise
Les trois autres policiers n'ont pas eu la parole ce lundi. Le procureur suggérait que le juge s'en tienne au témoignage de Monsieur Vanhollebeek et que les trois autres agents se contentent de le confirmer. Mais le juge a estimé qu'il serait plus respectueux pour les droits de la défense que les autres témoins aient aussi la parole, et a ordonné une prochaine audience le 11 mars.