arch/ive/ief (2000 - 2005)

Ce que Verhofstadt n'a pas pu accepter
by Juan Domingo Friday February 01, 2002 at 12:14 AM
juandomingo@skynet.be

Guy Verhofstadt a voulu participer au FSM. Le Comité International du FSM lui a rappelé que pour celà, il devait souscrire la Charte du Forum. En voici le texte.

Le comité des entités brésiliennes qui a pensé et organisé le premier Forum social mondial, tenu à Porto Alegre du 25 au 30 janvier 2001, estime, après avoir évalué les résultats de ce Forum et les attentes qu'il a suscitées, qu'il est nécessaire et légitime d'établir une Charte des principes qui oriente la continuité de cette initiative (…).
Le Forum social mondial est un espace ouvert de rencontres pour l'approfondissement de la réflexion, le débat démocratique d'idées, la formulation de propositions, le libre-échange d'expériences et l'articulation d'actions efficaces, d'entités et de mouvements de la société civile qui s'opposent au néolibéralisme et à la domination du monde par le capital et par n'importe quelle forme d'impérialisme, et qui sont investis dans la construction d'une société planétaire centrée sur l'être humain.

Le Forum social mondial de Porto Alegre fut un événement situé dans le temps et dans l'espace. A partir de maintenant, dans la certitude proclamée à Porto Alegre qu' "un autre monde est possible", il devient un processus permanent de recherche et de construction d'alternatives, qui ne se réduit pas aux événements sur lesquels il s'appuie.

Le Forum social mondial est un processus de caractère mondial. Toutes les rencontres qui prendront part à ce processus ont une dimension internationale.

Les alternatives proposées au Forum social mondial s'opposent à un processus de globalisation capitaliste commandé par les grandes entreprises multinationales et par les gouvernements et institutions internationales au service des intérêts de celles-ci. Elles visent à faire prévaloir, comme nouvelle étape de l'histoire du monde, une globalisation solidaire qui respecte les droits de l'homme universels, ceux de tous les citoyens et de toutes les citoyennes de toutes les nations, et de l'environnement, soutenue par des systèmes et institutions internationaux démocratiques au service de la justice sociale, de l'égalité et de la souveraineté des peuples.

Le Forum social mondial réunit et articule seulement des entités et des mouvements de la société civile de tous les pays du monde, mais ne prétend pas être une instance représentative de la société civile mondiale ni exclure de ses débats les responsables politiques (…).

Les rencontres du Forum social mondial n'ont pas un caractère délibératif en tant que Forum social mondial. Personne ne sera donc autorisé à s'exprimer au nom du Forum (…).

Les entités ou ensembles d'entités qui participent aux rencontres du Forum doivent être assurés cependant de pouvoir délibérer en toute liberté pendant ces rencontres sur des déclarations et des actions qu'ils décideront de développer, seuls ou coordonnés avec d'autres participants. Le Forum social mondial s'engage à diffuser largement ces décisions par les moyens qui lui sont possibles, sans imposer de directions, de hiérarchies, de censures et de restrictions (…).

Le Forum social mondial est un espace pluriel et diversifié, non confessionnel, non gouvernemental et non partisan, qui articule de façon décentralisée, en réseau, des entités et des mouvements engagés dans des actions concrètes, du niveau local au niveau international, pour la construction d'un autre monde. Il ne se constitue pas cependant comme une instance de pouvoir disputée par les participants de ses rencontres, ni ne prétend se constituer en alternative unique d'articulation et action des entités et mouvements qui y participent.

Le Forum social mondial pense la démocratie comme étant le chemin pour résoudre politiquement les problèmes de société. Comme espace de rencontres, il est ouvert au pluralisme et à la diversité des engagements et actions des entités et mouvements qui décident d'y participer, comme à la diversité des sexes, des races, des ethnies et des cultures.

Le Forum social mondial s'oppose à toute vision totalitaire et réductionniste de l'histoire et à l'usage de la violence comme moyen de contrôle social par l'Etat. Il y oppose le respect des Droits de l'Homme, des relations équitables, solidaires et pacifiques entre les personnes, les races, les sexes et les peuples, condamnant toutes les formes de domination ainsi que l'assujettissement d'un être humain par un autre.

Les rencontres du Forum social mondial sont toujours des espaces ouverts à tous ceux qui veulent y participer, excepté les organisations qui attentent à la vie des personnes comme méthode d'action politique.

Comme espace de débat, le Forum social mondial est un mouvement d'idées qui stimule la réflexion et la diffusion transparente maximale des résultats de cette réflexion, sur les mécanismes et les instruments de la domination du capital, sur les moyens et les actions de résistance et de victoire sur cette domination, et sur les alternatives qui peuvent être proposées pour résoudre les problèmes d'exclusion et d'inégalité que le processus de globalisation capitaliste actuellement hégémonique est en train de créer ou d'aggraver, internationalement et à l'intérieur des pays.

Comme espace d'échange d'expériences, le Forum social mondial stimule la connaissance et la reconnaissance mutuelles des entités et des mouvements qui y participent (…).

Comme espace d'articulation, le Forum social mondial cherche à fortifier et à créer de nouvelles articulations nationales et internationales entre les entités et les mouvements de la société civile qui augmentent, tant dans la sphère de la vie publique que de la vie privée, la capacité de résistance sociale au processus de déshumanisation que le monde est en train de vivre, et qui renforcent les initiatives humanisatrices en cours par l'action de ces mouvements et entités.

Le Forum social mondial est un processus qui stimule les entités et les mouvements qui contribuent à situer leurs actions comme des questions de citoyenneté planétaire, introduisant dans l'agenda global les pratiques transformatrices qu'ils expérimentent dans la construction d'un nouveau monde.
São Paulo, le 9 avril 2001