arch/ive/ief (2000 - 2005)

Complicité US dans le 11/9?
by Biörn Ivemark Monday January 28, 2002 at 11:35 AM
biorn_ivemark@hotmail.com

Beaucoup indique une complicité, pour ne pas dire une culpabilité américaine dans les attaques du 11 septembre. Les preuves accumulent indiquant un coup monté. La gauche la plus critique est pourtant restée silencieuse sur ces questions, pendant que la critique a surtout tourné autour de la question ridicule de la guerre comme outil pour combattre le terrorisme. En cela ils se sont fidèlement alignés à la lignée de propagande. Pendant ce temps un assaut mondial sur les libertés civiles a été lancé, et le contrôle américain d'une des régions les plus "stratégiquement significatives" du monde, aux frontères de la Russie et de la Chine, devient de plus en plus réelle.

1. LA LIBERTE EST L'ESCLAVAGE: L'ennemi intérieur et les fondations d'un état policier. "Evidemment que les gens ordinaires ne veulent pas de guerre; ni en Russie, ni en Angleterre, ni d'ailleurs en Allemagne. Tout cela est compris. Mais après tout, c'est les dirigeants du pays qui déterminent la politique, et c'est toujours simple de traîner le peuple avec soi, que ce soit dans une démocratie, une dictature fasciste, un parlement ou une dictature communiste. Qu'elle ait une voix ou non, le peuple peut toujours être mis aux ordres des décideurs. C'est facile. Tout ce que tu dois faire est de leur dire qu'ils sont attaqués, et d'accuser les pacificateurs de manque de patriotisme et d'exposer le pays au danger. Ca marche pareil dans n'importe quel pays". / Hermann Goering Rappelons nous d'une chose que nous avons souvent tendance à oublier. Nous vivons dans la partie la plus riche et privilégiée du monde, et nous avons à travers l'histoire, par des moyens plus qu'abominables, conquis et mis sous notre contrôle la plupart de ce qui en restait. Cette violence est encore vivante aujourd'hui, dans nos rapports politiques, économiques, sociaux, culturels (…) avec les autres peuples du monde. Nous venons d'assister à un changement significatif. Le pays le plus puissant du monde vient à son tour de subir les ravages d'une violence inouïe - malheureusement loin d'être rare. Comme dans le passé, des apologistes de notre barbarisme historique refont surface, clamant que "Il faut être conscient de la supériorité de la civilisation occidentale" (Berlusconi) lorsqu'elle pénètre dans cette "guerre entre le monde civilisé et le fanatisme" (Blair). Les faibles nuances de gris ayant laissé place au noir et blanc caractéristique, Bush junior nous donnera le choix: "vous êtes avec nous ou avec les terroristes". L'envie d'en rire sera vite passée. Après les ruines, les cadavres et l'avenir politique incertain de l'Afghanistan, Washington se prépare maintenant à passer au deuxième acte de son "Opération Liberté Durable". Et les peuples des pays alliés sont toujours mobilisés sous leur drapeau bien que quelques-unes de leurs libertés aient été laissées piétinées au passage. Depuis les attentats du 11 septembre, plus d'un millier d'immigrés orientaux ont été arrêtés aux Etats-Unis. Il est difficile de savoir où et dans quelles conditions ils sont détenus, et s'ils ont accès à des avocats. L'un d'eux est mort en état d'arrestation, certains rapports affirment que la torture en est la cause. Et avec l'adoption des législations anti-terroristes, le FBI prévoit une augmentation "très sensible" du nombre de détenus. Le ministre de la justice John Ashcroft prévoit que 5000 personnes de plus vont être arrêtés, dans des raids que l'histoire ne jugera pas timidement. Le sénateur républicain Trent Lott confirme l'inquiétude générale: "Nous allons connaître les restrictions les plus fortes de notre histoire sur nos libertés". A ce jour, les politiques poursuivies ont déjà violé trois amendements de la Constitution des Etats-Unis. Et Parallèlement, des tribunaux militaires se mettent en place, les prisonniers de guerre perdent leurs droits, et le FBI envisagerait de "faire usage de drogues ou de moyens de pression" ou d'extrader les soupçonnés "vers des pays alliés où les services de sécurité emploient des menaces contre les familles ou recourent à la torture". (1) Le climat paranoïaque qui plane sur l'Occident est aussi l'opportunité idéale pour faire passer des mesures depuis longtemps soumises à la résistance populaire. Jo Moore, conseillère du gouvernement britannique, expliquait à ses collègues quelques minutes après l'attentat que c'était "une très bonne journée pour faire sortir tout ce qu'on voulait enterrer". Sa sagesse est comprise dans de nombreux cercles . Tout le monde veut sa part du gâteau, en proclamant comme d'habitude les intentions les plus nobles qui soient. Le ministre des finances Paul O'Neill veut aller jusqu'à éliminer tous les impôts pour les multinationales et abolir la Sécurité Sociale, la politique de taxation américaine étant une "abomination". Il trouvera du moins une exception évidente: "La défense nationale est une nécessité féderale, mais tous les autres dépenses doivent être revues". Robert Zoellick, le représentant américain du commerce, a multiplié les discours et les écrits vantant les bienfaits du projet de loi Fast Track, qui permet au président de négocier et ratifier des accords de commerce sans interférence du Congrès. Il assure que c'est un des meilleurs outils pour combattre le terrorisme. Le projet de loi a été adoptée à une voix près début décembre. Ce scénario ne sera sans doute pas innové pour justifier et imposer le projet de "défense" anti-missile de Bush. Et les forces qui depuis longtemps s'opposent à ces développements sont efficacement neutralisés par la surveillance et l'intimidation, s'ils ne sont pas directement criminalisés . Des analogies sont souvent faites entre les coupables présumés de l'attentat qui a fait des milliers de morts et ces "primates vociférateurs et casseurs de l'antimondialisation" (Jean-François Revel) - Zoellick prétend qu'ils partagent des "connections intellectuelles", et ils ont la même tendance à faire preuve d'un "comportement violent", selon David Hartridge du secrétariat de l'OMC. Les accusations totalitaires d'"antiaméricanisme" avaient déjà une désagréable tendance se propager librement, mais nous sommes aujourd'hui rentrés dans le surréel. Ceux qui prennent le risque de dénoncer ce qu'ils voient sont vite remis à leur place avec des méthodes rappelant la fanatique chasse aux communistes que le pays avait connu pendant la guerre froide. "Nous parlons d'exactement le même phénomène" dit la présidente de ACLU, l'Union Américaine pour les Libertés Civiles. Et les médias participent férocement à la fête. Les organes indépendants de surveillance médiatique avertissent que la liberté de presse est menacée, décrivant les médias comme une "zone militarisée" . Certains journalistes aux commentaires ou aux articles trop audacieux sont licenciés, et diffamés au point que des excuses sont nécessaires "pour le bien de la nation". Le rôle de la presse en ce temps de crise a été très clairement défini par Ari Fleicher, le porte parole de la Maison Blanche, quand il affirmait qu'elle "doit rappeler à tous les Américains qu'ils doivent faire attention à ce qu'ils disent et à ce qu'ils font". Après ces rappels à l'ordre, la rigueur patriotique et la peur étouffant l'esprit critique, les médias s'autocensurent à la demande du gouvernement ou par simple "question de goût", pour se transformer en pures machines à propagande guerrière. (2) 2. L'IGNORACE EST LA FORCE: Le troupeau dérouté et la guerre des 'cœurs et des esprits' "Il n'y en a pas un de vous qui ose écrire vos opinions honnêtes, et si vous le faisiez, vous sauriez en avance que ça ne serait jamais imprimé. Je suis payé à la semaine pour laisser mes opinions honnêtes hors du journal. D'autres parmi vous sont payés des salaires similaires pour des choses similaires, et n'importe lequel d'entre vous qui serait bête au point d'écrire vos opinions honnêtes serait dans les rues en train de chercher un autre emploi... Le travail des journalistes est de détruire la vérité, de mentir purement, de pervertir, de diffamer, et de vendre le pays pour son pain quotidien... Vous le savez et je le sais, et quelle folie cette célébration d'une presse indépendante... Nous sommes les outils et les vassaux des hommes riches derrière la scène. Nous sommes les marionnettes, ils tirent les ficelles et on danse. Nos talents, nos possibilités et nos vies sont la propriété d'autres hommes... Nous sommes des prostitués intellectuels." / John Swinton (éditeur du New York Times, dans un discours devant Le Club de la Presse de New York en 1953) En temps de guerre, la démocratie n'a plus sa place, et c'est peut-être une des meilleures occasions pour comprendre la flexibilité de sa définition. La première expérience américaine de propagande institutionnelle date justement de la première guerre mondiale, où la Commission on Public Information a été créée pour faire consentir la population américaine, majoritairement pacifiste, à entrer en guerre. Son succès était retentissant. Un membre de la commission était l'influent Walter Lippmann , décrit dans le dictionnaire encyclopédique d'histoire Mourre comme "le journaliste américain le plus écouté au monde après 1930". Visiblement inspiré par ses expériences propagandistes, il parlait plus tard d'une "révolution dans la pratique de la démocratie" où une "minorité intelligente" chargée du domaine politique, était responsable de "fabriquer le consentement" du peuple, lorsque elle n'était pas automatiquement accordée aux décisions de la "classe spécialisée". Cette "formation d'une opinion publique saine" servirait à se protéger "du piétinement et de l'hurlement du troupeau dérouté", une allusion au peuple, un "intrus ignorant qui se mêle de tout", dont le rôle est d'être un "spectateur", et non un "participant". Edward Bernays, un autre membre de la commission, concluait en 1925 que c'était maintenant possible de "discipliner les esprits du peuple tout comme une armée discipline ses corps". Ces accomplissements propagandistes ont évidemment charmé la communauté intellectuelle, et ont eu une influence indéniable sur le fonctionnement des grands appareils idéologiques, comme les médias de masse . L'analyste politique Noam Chomsky signale que "partout les médias de masse tendent à servir les intérêts importants qui dominent l'état et à sélectionner et supprimer des faits pour transmettre l'impression que la politique nationale est bien intentionnée et justifiée… Si les intérêts dominants d'une société libre appellent à une agression extérieure, les médias de masse vont volontairement mobiliser la population aussi efficacement que dans un système complètement censuré". Par conséquent, "des états voyous qui sont intérieurement libres - et les Etats Unis sont aux limites extrêmes à cet égard - doivent compter sur la volonté des classes éduquées pour faire des louanges et tolérer ou nier des crimes horribles". (3) Le pire environnement pour la presse est bien sûr la guerre. Le journaliste Salim Muwakkil avertit que "Les passions de guerre déchaînent des démons qui doivent être scrupuleusement surveillés. Si les médias américains avaient été plus consciencieux pendant la deuxième guerre mondiale, des milliers de citoyens américains de souche japonaise n'auraient pas été internés [dans des camps de concentration]. La presse allemande, pourtant dès l'origine méfiante et critique envers le parti Nazi, a commencé à se mettre en ligne après que l'incendie du Reichstag en 1933 l'a convaincu que les menaces extérieures étaient un danger potentiel". Ces idéologies propagandistes ont également été la source de l'industrie des relations publiques (PR) - une autre énorme institution qui est mobilisée pour la guerre. Selon une récente lettre d'informations de l'industrie, les PR "ont un rôle vital à jouer dans la promotion de la mondialisation économique et dans le combat contre le terrorisme" (décidément, c'est à la mode). La guerre donne néanmoins de nouveaux défis à l'industrie. La lettre cite Jack Leslie, président de Weber Shandwick Worldwide, qui propose d'appliquer une "doctrine Powell", consistant à utiliser "une force écrasante" dans sa stratégie de communication: "Aucune tactique ne doit être exclue… toute approche tactique qui peut délivrer le bon message aux bonnes cibles, avec de la crédibilité, doit être considérée". Tous les secteurs semblent faire appel à ces professionnels de l'hypocrisie dans cette période idéologiquement tendue: l'industrie pharmaceutique, désirant être positionnée comme la "source principale d'information au public" sur le sujet du bioterrorisme; la banque américaine Carlyle (auquel sont affiliés le père Bush et d'autres de même pointure) voulant masquer le fait qu'elle compte des membres de la famille Ben Laden dans ses investisseurs majeurs; ainsi que le Pentagone, troublé par le manque de support dans le monde arabe pour sa guerre sainte. Comme l'explique un de ses fonctionnaires "nous sommes visiblement en train de perdre la question des 'cœurs et des esprits'". L'aide des spécialistes du contrôle et de la manipulation de ce domaine s'avère donc nécessaire.(4) Le New York Times rappelle que "gagner la guerre de l'information a été un élément essentiel de la stratégie militaire dans tous les conflits". Mais bien que toutes les institutions idéologiques sont mobilisés, et que le président parle d'un combat entre le "bien et le mal" dans lequel sa "bonne nation" largue du beurre de cacahuète et des cachetons entre les bombes, il est essentiel de comprendre quelle réalité se dissimule derrière ces voiles opaques de rhétorique cynique. (5) 3. LA GUERRE EST LA PAIX: "Nous sommes une nation pacifique" (George W. Bush) "A travers le monde, à n'importe quel moment, un homme, une femme, ou un enfant est devant l'éventualité d'être déplacé, torturé, tué ou 'disparu' aux mains de gouvernements ou de groupes politiques armés. Le plus souvent, les Etats-Unis en partagent la responsabilité" / Amnesty International, 1996 Tout d'abord il faut mettre la chose dans son contexte, et se souvenir que les terroristes d'Afghanistan sont une création américaine - recrutés pour leur brutalité dans tout le Moyen-orient, ils étaient à l'époque de l'invasion soviétique considérés comme les "équivalents moraux des pères fondateurs" (Père Bush), grassement financés par la CIA. Ils ont maintenant étrangement perdu leur charme. Benazir Bhutto, la présidente du Pakistan à l'époque, avait pourtant averti le père de Bush: "Vous avez créé un monstre de Frankenstein". Alors que la pression montait sur l'Afghanistan après le drame aux Etats-Unis, un ambassadeur Taliban a proposé aux Etats-Unis de faire juger le millionnaire saoudien s'ils avançaient des "preuves solides qui le lie aux attaques" du 11 septembre - cette proposition a été rejetée par Bush, qui la qualifiait de "non-négociable". Les autres propositions diplomatiques qui ont émergé depuis ont aussi été rejetées. Jean Paul II propose "que ceux qui sont coupables de ces actes soient tenus pour responsables une fois que des preuves seront avancés, mais personne d'autre". Une idée apparemment fanatique et incompréhensible dans notre partie du monde. (6) Les solutions légales qui devraient généralement être entreprises dans ce genre de conflits existent, malgré qu'elles ne soient jamais mentionnés ou discutés dans les médias. La présupposition serait bien sûr que les Etats-Unis commencent par respecter le droit international. Mais certaines choses ne changent jamais: "Un signe de l'insistance de Washington pour que ses mains ne soient pas attachés, était son rejet des supplications de Kofi Annan, secrétaire général des Nations Unis, que n'importe quelle action militaire des Etats-Unis soit sujette à une autorisation du Conseil de Sécurité" (New York Times 7/10). Mais le refus d'explorer des voies diplomatiques pourtant proposés, et le refus d'inscrire cette opération militaire sous l'ONU, n'empêche pas les intellectuels occidentaux à parler d'une guerre "juste", parfois même "humanitaire". Les autres voix sont efficacement exclus des médias, malgré leur nombre. Le professeur de droit Michael Mandel , spécialisé dans le droit pénal international, explique que "du point de vue de la loi, cette guerre est illégale. Bien sûr, elle est aussi immorale, et ne va pas arrêter le terrorisme... Cette guerre est illégale parce qu'elle est une violation flagrante des mots explicites de la Charte des Nations Unies. En fait, elle n'est pas seulement illégale, elle est criminelle. Elle est ce que le tribunal de Nuremberg a appelé 'le crime suprême', le crime contre la paix". Respecter le droit international est loin d'être nécessaire dans un monde gouverné par la force - si on a la chance d'être en haut de la pyramide. John Bolton, le nouvel assistant de Colin Powell aux affaires étrangères, sera encore plus clair: "le droit international n'existe pas". Mais cette option légale a pourtant des antécédents. Prenons l'exemple d'un chapitre dans l'histoire du Nicaragua. Il y a une vingtaine d'années, les Etats-Unis ont lancé une attaque contre ce pays, faisant une cinquantaine de milliers de morts. Face à cette opération effectuée pour "promouvoir la démocratie", le Nicaragua n'a pas répondu en bombardant Washington, mais en allant à la Cour Internationale de Justice. Le tribunal a jugé en faveur du Nicaragua , a rejeté l'affirmation de "légitime défense" des Etats-Unis et les a ordonné de cesser leur "emploi illégal de la force" et de payer d'importantes réparations. Les Etats-Unis ont répondu en refusant, à l'avenir, la juridiction du tribunal, et en intensifiant l'attaque. Le Nicaragua est ensuite allé au Conseil de sécurité de l'ONU, puis à son Assemblée Générale, qui ont tous deux voté des résolutions demandant à tous les Etats de respecter le droit international, auxquels les USA ont à chaque fois imposé leur veto. Les USA sont maintenant le seul pays au monde à avoir été condamné pour du terrorisme international par un tribunal international, à avoir rejeté son jugement, sa juridiction et une telle résolution de l'ONU. Ironique de savoir qu'elle dirige maintenant une coalition internationale dont la mission est la "guerre contre le terrorisme". Le manque de résultats de ces procédures légales est évidemment la conséquence des lois naturelles du pouvoir. Si les Etats-Unis se servaient aujourd'hui de ces moyens légaux, ils auraient encore plus de soutien mondial qu'ils ont déjà aujourd'hui pour leurs bombardements totalement illégitimes de l'Afghanistan. (7) Dans le passé, les Nations Unies avaient pourtant déjà voté plusieurs résolutions condamnant le terrorisme international. Celle du 7 décembre 1987 condamnait le fléau dans les termes les plus forts, et était adoptée à quasi-unanimité. Néanmoins deux pays ont voté contre: Les Etats-Unis, et Israël, poursuivant leur longue tradition d'opposition aux résolutions de l'ONU. La résolution affirmait dans un paragraphe "le droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance de tous les peuples sous des régimes coloniaux ou racistes, ou d'autres formes d'occupation extérieure". A l'époque, les deux pays soutenaient activement le régime d'Apartheid de l'Afrique du Sud, et Israël était dans sa vingtième année d'occupation militaire, qui perdure encore aujourd'hui, prenant des formes de plus en plus répressives. Des terroristes sont aussi entraînés sur le territoire des Etats-Unis. La "School of the Americas" (SOA) forme entre autres des dirigeants d'escadrons de la mort, principalement actifs en Amérique Latine (3 camps de concentration sous Pinochet étaient par exemple dirigés par des diplômés de la SOA), qui sont coupables de "violations des droits de l'homme les plus atroces" selon les Nations Unies. Tout ceci n'est qu'une maigre ébauche des exemples qui pourraient être cités. Les Etats-Unis n'ont aucune raison de tolérer la limitation qu'implique l'adhérence aux principes du droit international - ce serait en contradiction avec la logique du pouvoir. On pourrait aussi dire que "les Etats-Unis agissent multilatéralement quand il le peuvent et unilatéralement quand il le doivent" comme Madeleine Albright a exprimé l'attitude de son gouvernement envers la communauté internationale. Par la même logique du pouvoir, les conséquences dévastatrices des précédentes "croisades de la vertu" ne pourront qu'être secondaires, et la justice ne pourra être rendue à ses victimes. Cette logique nous enseignera aussi que ces actions sont entreprises dans le nom de la "liberté" et la "démocratie" - des concepts très flexibles, comme on peut facilement le constater en regardant l'état des paradis qui ont vécu l'heureuse bénédiction de cet humanisme militaire. (8) 4. DOMMAGES COLLATERAUX: "La Justice ne doit pas précéder la vengeance" (New York Post) "Non seulement le nationaliste ne désapprouve pas les atrocités commises par son propre camp, mais il a aussi une capacité remarquable pour ne jamais en avoir entendu parler" / George Orwell Et le peuple afghan, ravagé par deux superpuissances, doit maintenant en savoir quelque chose. Le plus tragique reste le silence qui accueille les victimes civiles de cette guerre. Le seul rapport sérieux sur le sujet, publié par le professeur Marc W. Herold début décembre, indique que les victimes civiles des bombardements dépassent déjà les 3700 personnes, et des centaines d'autres s'y sont rajoutés depuis sa publication. Un sujet qui n'a pas particulièrement intéressé nos médias. Mais les conséquences à plus long terme sont encore plus ignorés, comme celles de la situation humanitaire en Afghanistan qui risquent d'être catastrophiques. L'Afghanistan est un des pays les plus pauvres du monde, et a longtemps été dépendant de l'aide humanitaire internationale. Avant les bombardements, les USA avaient demandé au Pakistan la fermeture de sa frontière vers l'Afghanistan, et "l'élimination des convois de camions qui fournissent beaucoup de la nourriture et d'autres approvisionnements à la population civile d'Afghanistan" (New York Times 16/9). Les frappes aériennes ont ensuite forcé le retrait des employés d'aide internationale qui étaient chargés de la distribution de la nourriture dans le pays, mais elles ont aussi rendu le transport de nourriture très difficile. L'ONU comptait que 7 à 8 millions d'afghans risquaient la famine, vu que l'aide ne pouvait être apportée qu'à la moitié ou au quart de l'intensité normale sous les bombardements. Jean Ziegler , rapporteur spécial de la commission des droits de l'homme des Nations Unies pour le droit à l'alimentation, a dit le 15 octobre: "Les bombardements doivent arrêter tout de suite. Il y a une urgence humanitaire… En hiver les camions ne peuvent plus rouler. Des millions d'afghans seront inaccessibles, et l'hiver arrive très, très bientôt". Les organes de presse Reuters et AP ont reporté que "les Nations Unies ont prévenu qu'une une catastrophe touchera jusqu'à sept millions d'afghans si une assistance n'est pas portée" (selon plusieurs analystes, aucune mention n'y a été faite dans la presse américaine). Les grandes organisations humanitaires exigeaient entre autre pendant la période des bombardements intensifs "une pause dans les bombardements" la "réouverture immédiate des frontières" pour éviter "une catastrophe humanitaire", où "l'Occident serait responsable d'une tragédie massive". Malgré ces avertissements des Nations Unies et des organisations humanitaires les plus respectés, notre presse Occidentale tournait exclusivement ses regards vers la psychose de l'Anthrax. Mais le "bio-terrorisme" peut visiblement être d'une toute autre nature. La situation humanitaire est actuellement sur un fil de rasoir. Des millions de personnes en besoin urgent sont inaccessibles ou au point de l'être à cause de l'insécurité et des fortes chutes de neige. (9) 5. 11 SEPTEMBRE ET SES ONDES DE CHOC: Mensonges, incohérences, et circonstances douteuses. "Si nous espérons comprendre quoi que ce soit de la politique extérieure de n'importe quel pays, c'est une bonne idée de commencer à étudier la structure sociale domestique: Qui établit la politique extérieure? Quels intérêts représentent ces personnes? Quelle est la source domestique de leur pouvoir? C'est une supposition raisonnable de dire que la politique qui évolue va refléter les intérêts de ceux qui la conçoivent. Une étude honnête de l'histoire va révéler que cette attente est très généralement confirmée. J'estime que les preuves sont accablantes que les Etats-Unis ne sont pas une exception à la règle générale - une thèse qui est souvent caractérisée comme une 'critique radicale' dans une démarche intellectuelle curieuse... Un peu d'attention aux antécédents historiques, aussi bien qu'au bon sens, mène à une seconde attente raisonnable: Dans toute société, il va émerger une caste de propagandistes qui peinent pour déguiser les évidences, pour dissimuler les véritables fonctionnements du pouvoir, et pour tisser une toile d'intentions et d'objectifs mythiques, totalement bienveillants, qui prétendent guider la politique nationale. Une thèse typique du système de propagande est que 'la nation' est un agent dans les affaires internationales, et non des groupes spécifiques à son intérieur, et que 'la nation' est guidée par certains idéaux et principes, qui sont tous nobles... Une thèse subsidiaire est que la nation n'est pas un agent actif, mais répond plutôt à des menaces posées à sa sécurité, ou à l'ordre et la stabilité, par d'effrayantes forces maléfiques." / Noam Chomsky Il semblerait qu'une amnésie collective ait touché les peuples occidentaux. Il semblerait que les mensonges qui enveloppaient les croisades criminelles du passé aient été emportés par le vent de la panique. Même les petits enclos critiques de la gauche ont été emportés dans le flot de propagande. Nous savons pourtant pertinemment que les interventions du passé nous ont tôt ou tard montré leurs désagréables coulisses. Et celle-ci semble plus désagréable que la plupart. On peut déjà rejeter avec certitude que l'attaque sur l'Afghanistan était une réponse spontanée aux attentats du 11 septembre. L'Afghanistan était une cible choisie bien plus tôt pour des raisons très concrètes. Niaz Naïk, ancien ministre des affaires étrangères du Pakistan, a révélé à la presse que lors d'une conférence sur l'Afghanistan à Berlin au mois de Juillet, les représentants américains ont menacé d'attaquer l'Afghanistan au plus tard à la mi-Octobre si les pakistanais ne les aidaient pas à influencer les Talibans pour qu'ils livrent Ben Laden. Le Pakistan a ensuite averti l'Afghanistan de ces menaces (BBC 18/09). Le journaliste John Pilger affirme que le ministre de affaires étrangères Colin Powell était déjà en train de rassembler une coalition de guerre en Asie Centrale pendant cette période. Le stratège américain Zbigniew Brzezinski , membre du Council on Foreign Relations (Conseil des Relations Etrangères) et ancien conseiller de sécurité nationale pour le président Carter, éclaircit bien des choses dans son livre récent, qui a pour but de "formuler une géostratégie Eurasiatique compréhensive et intégrée". Brzezinski avertit que "la primauté globale américaine est directement dépendante de la durée et de l'efficacité du maintien de sa prépondérance sur le continent Eurasiatique". Pour contrôler le continent, il faut contrôler ce que Brzezinski appelle les Balkans Eurasiatiques - la région du conflit actuel, qu'il entoure sur une carte. Ces "Balkans Eurasiatiques sont infiniment plus importants comme un prix économique potentiel: une énorme concentration de gaz naturel et de réserves de pétrole est localisée dans la région, en addition à des minéraux importants, y compris de l'or". Le vice-président Dick Cheney, ancien PDG de la grosse multinationale pétrolière Halliburton, a dit devant ses collègues en 1998: "Je ne peux pas me souvenir d'une époque où nous avons vu apparaître une région aussi soudainement, qui deviendrait aussi stratégiquement significative que la région Caspienne". Effectivement, plusieurs projets d'oléo/gazoducs en Afghanistan - conçus par la compagnie pétrolière américaine Unocal - avaient jusqu'ici échoué à cause de la guerre civile. Mais deux jours après les premières bombes, le projet a été remis sur la table "en vue de développements géopolitiques récents". Et la "reconstruction de l'Afghanistan" est en bonnes mains: Le nouveau président de l'Afghanistan Hamid Karzaï était un ancien consultant d'Unocal, et l'envoyé spécial du Président Bush, Zalmay Khalilzad , qui va aider à la "reconstruction" du pays, est un ancien assistant de la compagnie pétrolière. (10) Brzezinski avertit que la région, vu son importance cruciale sur le plan géopolitique, "risque de devenir le chaudron de conflits ethniques et de rivalités de grandes puissances". Les Etats-Unis doivent donc faire en sorte "qu'aucune puissance ne vienne à contrôler cet espace géopolitique". Pour éviter ce scénario, il conseille de "mettre la priorité sur la manœuvre et la manipulation pour prévenir l'émergence d'une coalition hostile qui pourrait éventuellement chercher à défier la primauté américaine". Il résume clairement sa vision avec les mots qui y appartiennent: "les trois grands impératifs de la stratégie impérialiste est de prévenir la collusion et de maintenir la dépendance sécuritaire entre les vassaux, de laisser les tributaires manœuvrés et protégés, et d'empêcher les barbares de se réunir". Pour les lecteurs qui pour une raison quelconque verraient un inconvénient à ces méthodes, il prend la précaution d'expliquer que "le retrait américain du monde... provoquerait l'anarchie globale". Nous voilà rassurés. (11) Avant les attentats du 11 septembre, des dizaines de milliers de troupes américaines et britanniques se dirigeaient déjà étrangement vers le Moyen-Orient. "Le contrôle de l'Eurasie" semble déjà être une partie gagnée . Dans un article du 5 janvier dans le Los Angeles Times, William M. Arkin écrit: "Derrière un voile d'accords secrets, les Etats-Unis créent un cercle de nouvelles bases militaires qui entourent l'Afghanistan et augmentent la capacité de frapper des cibles à travers une grande partie du monde musulman. Depuis le 11 Septembre, selon des sources du Pentagone, des bases militaires ont émergé à 13 localités dans 9 pays voisins de l'Afghanistan, étendant solidement le réseau de bases dans la région. De la Bulgarie et Ouzbékistan à la Turquie, le Koweït et au delà, plus de 60.000 personnels militaires américains vivent et travaillent à ces bases". Le secrétaire américain à la défense, Paul Wolfowitz explique que "leur fonction peut être plus politique que militaire", ces nouvelles bases "envoient un message à tout le monde, y compris à des pays importants comme l'Ouzbékistan, que nous avons la capacité d'intervenir à nouveau, et que nous interviendrons à nouveau". Les projets de contrôler l'Asie Centrale sont une vraie menace, mais une chose qui étonne peu. Ce qui est par contre alarmant, c'est les nombreuses indications que le gouvernement américain avait connaissance des projets d'attaquer le WTC et le Pentagone. Trois mois avant les attentats, les services de renseignements (SR) allemands ont averti la CIA et Israël que des terroristes du Moyen-Orient "planifient de détourner des avions commerciaux pour les utiliser comme des armes pour attaquer des symboles importants de la culture américaine et israélienne". A la même période les SR Russes ont averti la CIA que 25 pilotes terroristes avaient été entraînés spécifiquement pour des missions suicides. Le Président russe Vladimir Putin avait deux mois plus tard ordonné à ses SR d'alerter le gouvernement américain "dans les termes les plus forts possibles" d'attaques imminentes sur des aéroports et des bâtiments gouvernementaux. Un mois avant les attentats, les SR israéliens ont averti de "l'imminence d'attaques terroristes à grande échelle sur des cibles très visibles sur le sol Américain". Le président égyptien Hosni Mubarak aurait également "averti les Etats-Unis d'une attaque 12 jours avant l'atrocité du 11 septembre". Malgré ces avertissements multiples, la réactions aux attaques du 11 septembre ont été pratiquement inexistantes. Les premiers rapports affirmaient qu'aucune force aérienne a été déployée pour abattre ou intercepter les avions, alors que des procédures de routine existent et sont régulièrement appliqués pour gérer ce genre de situations. Deux jours plus tard, l'histoire a convenablement changé. Le Général de l'Air Force Richard B. Myers a déclaré que "quand la menace est devenue claire, nous avons rassemblé des forces…pour commencer à établir des orbites au cas où d'autres avions détournés apparaissaient… Cet ordre a été donné, si mes souvenirs sont bons, après que le Pentagone avait été touché". C'est à dire plus d'une heure après avoir appris que quatre avions avaient été détournés simultanément - pour la première fois dans l'histoire. (12) Le Général Mahmud Ahmad était à la tête des SR militaires pakistanais (ISI) depuis 1999, "approuvé" pour sa position par le gouvernement américain, et était en liaison avec ses semblables à la CIA et au Pentagone. Le jour avant les attentats, le quotidien pakistanais The News s'interrogeait sur "la raison de ses réunions mystérieuses au Pentagone et au Conseil de Sécurité Nationale". Le Général était effectivement présent à Washington une semaine avant les attentats, dans ce qui était appelé "une visite régulière de consultations". Mahmud y est resté jusqu'après les attentats, participant à d'autres "consultations" qui se conclurent par une décision américaine de "coopérer" avec le Pakistan. Le pays est depuis l'allié le plus important dans l'opération militaire américaine en Afghanistan. Mais début Octobre, les SR de l'Inde ont révélé que le Général a demandé pendant l'été un transfert de $100.000 à Mohammed Atta, le terroriste à la tête des attentats suicides du 11 septembre, selon le FBI. Ce transfert d'argent a aussi été confirmé par le FBI. L'Agence France Presse (AFP) cite une source du gouvernement Indien: "Les faits que nous [le gouvernement Indien] avons transmis aux Etats-Unis sont d'une profondeur et d'une portée beaucoup plus vaste qu'un morceau de papier liant un général voyou à un acte de terrorisme déplacé". Inutile de commenter la réaction médiatique. Un document déclassifié du gouvernement américain datant de 1962, s'intitulant "Justification pour une intervention militaire des Etats-Unis à Cuba", renforce l'angoisse. Le rapport explique que la première stratégie pour "résoudre le problème cubain" consistait à soutenir une "révolte interne". L'échec de cette stratégie "va requérir une décision des Etats-Unis de développer une 'provocation' cubaine pour justifier une action militaire américaine". Cette "provocation" consisterait entre autre à faire exploser des avions, des bateaux et des cibles dans des bases américaines, les faisant suivre de faux enterrements, et de listes de victimes américaines fictives dans la presse qui "causeraient une vague utile d'indignation nationale". La "provocation" pourrait aussi consister de la création d'une "campagne de terreur cubano-communiste" en Floride, en coulant des bateaux de réfugiés "vrais ou simulés", et "favoriser des attentats sur des réfugiés cubains aux Etats-Unis", pour que les images soient "vastement publiés". Quelques bombes, "l'arrêt d'agents cubains" et la publication de "documents préparés prouvant l'implication cubaine" seraient aussi "utiles pour projeter l'idée d'un gouvernement irresponsable". En bref, "le résultat désiré de l'exécution de ce plan serait de placer les Etats-Unis dans la position apparente de souffrir d'injustices d'un gouvernement cubain téméraire et irresponsable, dont elle peut se défendre, et de développer une image internationale d'une menace cubaine à la paix dans l'hémisphère occidental". Brzezinski explique dans son livre que "L'attitude du public américain envers la projection externe du pouvoir américain à été beaucoup plus ambivalente. Le public supportait l'engagement des Etats-Unis dans la deuxième guerre mondiale essentiellement à cause de l'effet choc de l'attaque japonaise sur Pearl Harbor". Mais les spectateurs ne soutiendraient jamais une guerre sans un ennemi maléfique contre qui il faut se défendre: "les Etats-Unis devenant une société de plus en plus multiculturelle, elle pourrait trouver plus difficile de façonner un consensus sur des questions de politique extérieure, sauf dans la circonstance d'une menace externe directe, réellement massive et vastement perçue". (13) 6. UN AVENIR ENDURABLE? "Les individus ont des devoirs internationaux qui transcendent les obligations nationales d'obéissance… Par conséquent, [des citoyens individuels] ont le devoir de violer des lois domestiques pour empêcher que des crimes contre la paix et l'humanité se produisent" / Tribunal des crimes de guerre de Nuremberg 1950 Nous allons bientôt assister au deuxième acte de la guerre qui "ne se terminera pas avant que chaque groupe terroriste à portée globale aura été trouvé, arrêté et vaincu" (Bush). Une guerre "qui pourrait ne pas se terminer au cours de notre vie", selon le vice-président Dick Cheney, qui a récemment averti que "40 ou 50 pays" sont concernés, parmi lesquels la priorité est accordée à l'Iraq et la Somalie. Les projets extrémistes se bricolent déjà. Le ministre de la défense Donald Rumsfeld a demandé au Pentagone de "penser l'impensable", les premières "options post-Afghanistan" proposées par le Pentagone n'étant selon lui "pas assez radicales". Nous n'avons donc encore rien vu. Mais les élites américaines sont conscientes du risque que représentent ces projets, notamment à cause de l'influence que peut avoir une opposition populaire. Pendant la guerre du golfe, la fuite d'un document du gouvernement de Bush senior en témoigne. Il révélait la stratégie américaine face aux "menaces du Tiers-Monde" et expliquait que "dans les cas où les Etats-Unis confrontent des ennemis beaucoup plus faibles, notre défi n'est pas seulement de les vaincre, mais de les vaincre décisivement et rapidement". D'autres développements seraient "embarrassants" et pourraient "éliminer le soutien politique". (14) Au cours des "guerres éclairs" que nous pouvons déjà distinguer à l'horizon, les écrans et les journaux du monde "civilisé" continueront à gracieusement nous faire part de leur silence caractéristique. Et dans ce silence, où tous les innocents sacrifiés seront ignorés ou enterrés dans des justifications diverses, les architectes de guerre et leurs alliés seront confortablement privés du "piétinement et de l'hurlement du troupeau dérouté", jusqu'ici efficacement désinformé, exclu et passivisé, comme il se doit. Par conséquent, dans le monde insensé où nous vivons, le président des Etats-Unis peut dire, sans l'ombre d'une indignation quelconque dans les médias occidentaux: "Nous sommes les amis du peuple afghan". Mais la réalité reste difficile à ignorer. Les dirigeants occidentaux sont maintenant en rang derrière une "coalition anti-terroriste" avec le soutien des plus gros états terroristes du monde, comme la Chine, la Russie, la Turquie et l'Algérie. Les mots de Paolo Friere semblent avoir été écrits pour aujourd'hui: "ne pas se mêler du conflit entre le puissant est le faible revient à prendre partie pour le puissant, pas à être neutre". Et quelque soit notre jugement sur notre rôle dans ce "conflit", l'évidence s'impose: "On ne peut pas combattre le terrorisme avec une action militaire considérable", disait la ministre suédoise des affaires étrangères Anna Lindh à propos de l'assaut Russe sur la Tchétchénie en 1999. Par les subtils mécanismes de cette logique torturée, les même principes parviennent à ne pas s'appliquer pour nous. Les mesures que nos dirigeants soutiennent vont évidemment multiplier les Ben Laden au lieu de les éliminer. Mais ces évidences flagrantes ne changeront pas les objectifs de ceux qui nous guident vers la catastrophe tout en nous assurant le contraire. Ce que l'avenir nous réserve dépend maintenant essentiellement des choix que nous, les peuples occidentaux, ferons dans les semaines à venir. NOTES (1). Pour une analyse de la situation générale, voir "Les libertés sacrifiés sur l'autel de la guerre" de l'avocat Michael Ratner dans Le Monde Diplomatique du mois de novembre et "Adieu Libertés" de Ignacio Ramonet dans celui de janvier. Ratner explique dans un article plus récent que "la situation est devenue inimaginablement pire; des droits que nous imaginions intégrées dans la constitution et protégés par la loi internationale sont sérieusement en péril ou ont déjà été éliminés. Ce n'est pas une exagération de dire que nous allons vers un état policier". L'avocat Francis Boyle émet des craintes similaires: "Ce à quoi nous assistons depuis le 11 Septembre, c'est un coup d'état contre la Constitution des Etats-Unis.... Il n'y a pas d'autre mot". Face à ces développements, Mary Robinson, la haute commissionnaire des droits de l'homme de l'ONU (commission dont les USA ont étés exclus) prévient que: "en poursuivant l'objectif d'éradiquer le terrorisme, il est essentiel que les états adhèrent strictement à leurs obligations et engagements internationaux à maintenir les droits de l'homme et les libertés fondamentales". Pour une collection d'articles sur l'état de ces libertés fondamentales et des droits de l'homme dans le monde, voir le site français Libertés Immuables créé par la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l'Homme, Human Rights Watch et Reporters sans Frontières (www.enduring-freedoms.org ) (2). Pour de nombreux exemples de ces intimidations, voir (en anglais) McCarthyism Watch . Quoique moins gravement, les pays alliés versent aussi facilement dans la propagande, voir une collection d'articles et de citations à L'Observatoire des médias ACRIMED . (3). Pour une description plus détaillée du modèle (en anglais), que Chomsky définit comme "une des plus solidement soutenues des sciences sociales", voir son livre (en anglais) avec Edward S. Herman "Manufacturing Consent - The Political Economy of the Mass Media". (4). Philip Lesly, une des personnalités majeures des PR expliquait en 1974 que "La tâche des relations publiques est de réduire les espérances démocratiques des américains". (5). Les largages de nourriture et de médicaments avaient évidemment été critiqués par la quasi-totalité des organisations humanitaires, le docteur Jean-Hervé Bradol de Médecins Sans Frontières dit par exemple le 8/10/2001 que "la soi-disant action 'humanitaire', était en fait un outil de pure propagande, de petite valeur réelle pour le peuple afghan" qui "peut même faire plus de mal que de bien" (6). La plupart des "preuves" dans le rapport du gouvernement de Blair sont presque embarrassants à citer: "Oussama Ben Laden est toujours le chef et le cerveau d'Al-Qaida. Dans cette organisation, une opération de l'ampleur de celle du 11 septembre aurait été approuvée par Oussama Ben Laden personnellement". Quant à convaincre les pays musulmans, l'intérêt de ce document reste un mystère. Il ne peut pas non plus servir de pièce à conviction. Mais sa traduction est en tout cas disponible sur le site du Monde. (7). Une loi depuis longtemps contestée a été adoptée le 7 décembre aux Etats-Unis pour immuniser les citoyens américains aux poursuites de la Cour Pénale Internationale, qui serait responsable des accusés de génocide, de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre. Parmi la poignée de pays qui opposent le tribunal, les USA sont rejoints par l'Iraq, la Libye et le Yémen. Le directeur du programme de justice internationale de Human Rights Watch espère que "ce genre d'arrière-garde brutale" ne réussira pas à mettre en échec le tribunal. (8). SOA a récemment changé son nom en "L'Institut pour la Coopération Sécuritaire de l'Hémisphère Occidental", défini par le sénateur de Géorgie Paul Coverdell (qui supporte l'école) comme "fondamentalement cosmétique". L'attitude du gouvernement envers les institutions internationales a également son reflet dans les médias. Herbert I. Schiller, ancien professeur de communication à San Diego explique que "Depuis des décennies, les campagnes de dénigrement se succèdent contre l'ONU, l'Unesco ou l'organisation mondiale de la santé" et "ce n'est pas leur fonctionnement qui est attaqué, mais bien leurs missions, dans la mesure où elles renvoient à des principes de solidarité internationale". Voir son article "Décervelage à l'américaine" dans Manière de voir n°57 "La culture, les élites et le peuple" (Hors-Série Mai-Juin 2001 du Monde Diplomatique) (9). La chute des Talibans a momentanément redonné l'espoir pour les livraisons de vivres, mais le désordre qui a suivi a fait rechuter les livraisons à la moitié de ce qui est nécessaire. La situation la plus grave est dans les régions contrôlés par l'Alliance du Nord. Selon un porte-parole de Christian Aid, les Services d'Information de la Coalition "essaient désespérément de créer l'impression que tout est la faute des Talibans, pour qu'ils puissent continuer à les accuser quand l'hiver frappera". Voir les deux plus gros distributeurs de nourriture dans le pays: Christian Aid et OXFAM . (10). Le vice-président des relations internationales d'Unocal déclarait en 1998: "nous avons été clairs que la construction des oléo/gazoducs que nous avons proposés en Afghanistan ne pourraient pas commencer avant qu'un gouvernement reconnu soit en place, qui ait la confiance des gouvernements, des investisseurs, et de notre compagnie". Le livre "Ben Laden: La vérité interdite" de Jean-Charles Brisard et Guillaume Dasquie décrit ces négociations pétrolières en détail. Dans une interview, Brisard a expliqué que "A un moment durant les négociations, les représentants américains ont dit aux Talibans: 'ou bien vous acceptez notre offre d'un tapis doré, ou nous vous enterrons sous un tapis de bombes'". Les auteurs soulèvent aussi l'histoire de John O'Neill, qui menait une investigation sur Ben Laden, et avait prévu la possibilité d'une attaque organisée par des terroristes opérant au sein du pays. Ses investigatiopns ont été bloqués par le gouvernement, au point qu'il a démissionné en signe de protestation. Il est mort dans les attentats du 11 septembre, à son premier jour de travail, en tant que chef de sécurité. (11). Voir "Le Grand Echiquier: La primauté américaine et ses impératifs géostratégiques" de Zbigniew Brzezinski. (12). Le jour après les attentats, le commandeur en chef de l'Air Force russe Anatoli Kornukov (équivalent de Richard B. Myers) confirme les soupçons: "Généralement, il est impossible d'effectuer un acte de terrorisme avec le scénario qui a été utilisé aux Etats-Unis hier… Dès que quelque chose comme ça arrive ici, j'en suis averti sur le champ et en une minute nous sommes tous dans les airs". (13). Johannes Koeppl, représentant de l'OTAN et du Ministère de la Défense de l'Allemagne dans les années 70, a longtemps fréquenté les sphères de Brzezinski (Council on Foreign Relations, Bilderberger group…). Dans les années 80 il a averti à travers plusieurs écrits que Brzezinski faisait partie d'un groupe qui planifiait de mettre sous contrôle tous les gouvernements du monde. Sa chute a été immédiate: "C'était une société criminelle que je confrontais. Ce n'était plus possible de se faire publier chez les éditeurs soi-disant respectés. Ma carrière politique de 30 ans s'est terminée". Quand au conflit actuel, Koeppl exprime ses inquiétudes les plus graves: "Ceci est plus qu'une guerre contre le terrorisme. Ceci est une guerre contre les citoyens de tous les pays. Les élites créent tellement de peur que les gens ne savent pas comment réagir. Mais ils doivent se souvenir. Ceci est une démarche pour implémenter une dictature globale dans les cinq ans qui viennent. Il pourrait ne pas y avoir une autre chance". (14). Cité dans le New York Times du 23/02/1991

Histoire des négociations secrètes
by Patrick Gillard Tuesday January 29, 2002 at 10:45 AM
Sponsorcomgillard.be@skynet.be

J'ai pacouru rapidement votre article ; je le lirai attentivement.

Je souhaite compléter votre information, en signalant l'article de Pierre ABRAMOVICI, L'histoire secrète des négociations entre Washington et les talibans, dans Le Monde diplomatique, janvier 2002, p. 10-11.

Bonne lecture.